Bienheureuse Colombe de Rieti
Religieuse du
Tiers-Ordre de Saint Dominique (✝ 1501)
ou Angèle.
Elle apprit à lire l'alphabet et aussi les signes de Dieu chez les dominicaines
de Rieti. Aussi, dès l'âge de douze ans, elle voulut les rejoindre. Ses parents
malgré leur désir de la voir mariée, acceptèrent sa vocation, mais la gardèrent
près d'eux pour le travail qu'elle accomplissait et qui les faisait vivre. Elle
put enfin réaliser ce qu'elle attendait. Grande fut sa réputation de sainteté
qu'augmentait celle de ses extases. Le Pape Alexandre VI et bien des évêques et
des grands de son temps lui témoignèrent un vif intérêt.
À Pérouse en Ombrie, l’an 1501, la bienheureuse Colombe ou Angèle, vierge,
sœur de la Pénitence de Saint-Dominique, qui s’appliqua à promouvoir la paix
dans la cité divisée par les factions.
Martyrologe
romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/7004/Bienheureuse-Colombe-de-Rieti.html
Bienheureuse Colomba da Rieti
Religieuse
du Tiers-Ordre de Saint Dominique
Fête
le 20 mai
O.P.
Rieti,
Ombrie, 2 février 1467 – † 20 mai 1501
Béatifiée
en 1627
Autre
mention : 21 mai
Autre
graphie : Angelella Guardagnoli
Colombe
de Rieti († 1501), ouvrière de la paix à Pérouse.
Elle
apprit à lire l’alphabet et aussi les signes de Dieu chez les dominicaines de
Rieti. Aussi, dès l’âge de douze ans, elle voulut les rejoindre. Ses parents
malgré leur désir de la voir mariée, acceptèrent sa vocation, mais la gardèrent
près d’eux pour le travail qu’elle accomplissait et qui les faisait vivre. Elle
put enfin réaliser ce qu’elle attendait. Grande fut sa réputation de sainteté
qu’augmentait celle de ses extases. Le Pape Alexandre VI, comme bien des
évêques et des grands de son temps lui témoignèrent un vif intérêt.
SOURCE : http://www.martyretsaint.com/colomba-da-rieti/
Cosimo Ulivelli. Beata Colomba da Rieti, Florence, San Marco
Religieuse
dominicaine, Bienheureuse
1477-1501
Dans le pays des Sabins, au .pied des Apennins,
du côté du midi, on trouve une vallée charmante qui est comme le cœur de toute l'Italie.
Là s'élève la cité de Rieti, au milieu d'une campagne fertile, parsemée de riches
collines et arrosée de très belles eaux. C'est dans cette ville, où l'on conserve
religieusement le corps de sainte Barbe, où saint Dominique fut canonisé par le
pape Grégoire IX, que naquit, d'une famille honnête et de parents très
chrétiens, la bienheureuse Colombe. Elle vint au monde en 1477, le jour même de
la Purification de la très sainte Vierge, un peu avant le lever du soleil. Son père
s'appelait Ange Antonio, et sa mère n'est connue que par son nom de baptême qui
était Jeanne. Mariée de très bonne heure, Jeanne n'avait encore que quinze ans lorsqu'elle
reçut pour elle et son époux ce précieux don du ciel. Du reste, ils méritaient tous
deux d'avoir une telle fille car ils semblaient ne vivre que pour faire du bien.
Leur charité était si ardente, qu'après avoir épuisé leurs propres ressources, ils
allaient mendier pour subvenir aux besoins des malheureux. L'enfant reçut au baptême
le nom d'Angolella, petit ange, parce que des anges, tenant un cercle d'or surmonté
de sept flambeaux lumineux, avaient apparu à sa naissance mais comme une colombe
s'était reposée sur sa tête pendant la cérémonie sacrée, on la nommait plus familièrement
Colombe. Le père et la mère eurent beau s'y opposer le peuple témoin de ce prodige
lui conserva ce nom, qui lui en rappelait le souvenir.
Dès sa première enfance elle mena une vie mortifiée,
couchant sur la dure, se faisant de petits cilices des morceaux de crins qu'elle
trouvait, fréquentant les églises, où elle récitait les prières avec une piété si
tendre, et si extraordinaire à cet âge, qu'elle arrachait des larmes à ceux qui
en étaient témoins. Elle apprit à lire avec les Dominicaines de la ville, et s'étant
procurée le petit office de la très sainte Vierge, elle le récitait chaque jour.
La bienheureuse Colombe observait très
exactement les jeûnes de l'Église, encore qu'elle n'eût guère plus de huit à dix
ans. Elle jeûnait pendant l'Avent, le Carême, les Quatre-Temps, aux vigiles des
têtes. Ell portait constamment une chemise de laine avec une ceinture de corde parsemée
de gros nœuds. Où avait-elle pris cet amour précoce des austérités ? Dans la
vie de sainte Catherine de Sienne, qu'elle lisait chez les Dominicaines, et qui
faisait ses délices. Elle aimait cette grande sainte, dont le souvenir n'était pas
éloigné de plus d'un siècle ; elle voulait l'imiter, et comme aucun obstacle
ne venait s'opposer à ces inspirations de la grâce, elle parvenait à retracer en
elle quelques-unes de ses vertus.
Les parents de Colombe, quoique issus de
familles opulentes, n'étaient pas riches; c'est pourquoi ils faisaient un petit
commerce pour vivre, ou du moins pour se procurer les moyens d'élever et
d'établir leurs enfants. Mais, à défaut de biens temporels, ils en avaient de
beaucoup plus estimables ; nous voulons dire qu'ils avaient de bonnes
mœurs, une religion pratique, et même de la piété ce qui ne contribua pas peu à
la sainteté de leur chère enfant car ce sont d’ordinaire les parents qui, par
leurs façons et leurs exemples, font naître les vertueuses inclinations ensuite
vient la grâce qui perfectionne les heureux penchants de la nature. Jeanne, en
bonne mère, eut soin d'inspirer de très bonne heure à sa fille l'amour du
travail et de lui apprendre les divers genres d'industries qu!il importe aux
femmes de connaître. Dès l'âge de huit à dix ans, les soins du ménage lui
étaient familiers elle savait remplir tous les offices domestiques, et faire
plusieurs travaux manuels, comme coudre, filer, et confectionner tout ce qui
était nécessaire à sa parure. Ses talents précoces étaient accompagnés des plus
charmantes qualités elle était belle, sage et modeste nous ne savons quel air
de sainteté reluisait sur son visage, dans sa démarche et tout son maintien ce
qui la rendait extrêmement agréable, et inclinait vers elle tous les cœurs. On
eût difficilement trouvé un caractère aussi doux et une humeur aussi égale elle
ne savait dire que des choses aimables, et ne se permit jamais la moindre
parole qui pût blesser ou contrister qui que ce fût. Parfaitement obéissante à
ses parents, elle s'acquittait de tout ce qui lui était enjoint avec autant de
promptitude que de prudence, ce qui ne contribuait pas peu à les rendre joyeux
et contents. Aussi l'aimaient-ils de l'amour le plus tendre, et ne
cessaient-ils de remercier la divine Providence du don qu'elle leur avait fait
de cette incomparable enfant.
Dans le pays des Sabins, au .pied des Apennins,
du côté du midi, on trouve une vallée charmante qui est comme le cœur de toute l'Italie.
Là s'élève la cité de Rieti, au milieu d'une campagne fertile, parsemée de riches
collines et arrosée de très belles eaux. C'est dans cette ville, où l'on conserve
religieusement le corps de sainte Barbe, où saint Dominique fut canonisé par le
pape Grégoire IX, que naquit, d'une famille honnête et de parents très
chrétiens, la bienheureuse Colombe. Elle vint au monde en 1477, le jour même de
la Purification de la très sainte Vierge, un peu avant le lever du soleil. Son père
s'appelait Ange Antonio, et sa mère n'est connue que par son nom de baptême qui
était Jeanne. Mariée de très bonne heure, Jeanne n'avait encore que quinze ans lorsqu'elle
reçut pour elle et son époux ce précieux don du ciel. Du reste, ils méritaient tous
deux d'avoir une telle fille car ils semblaient ne vivre que pour faire du bien.
Leur charité était si ardente, qu'après avoir épuisé leurs propres ressources, ils
allaient mendier pour subvenir aux besoins des malheureux. L'enfant reçut au baptême
le nom d'Angolella, petit ange, parce que des anges, tenant un cercle d'or surmonté
de sept flambeaux lumineux, avaient apparu à sa naissance mais comme une colombe
s'était reposée sur sa tête pendant la cérémonie sacrée, on la nommait plus familièrement
Colombe. Le père et la mère eurent beau s'y opposer le peuple témoin de ce prodige
lui conserva ce nom, qui lui en rappelait le souvenir.
Dès sa première enfance elle mena une vie mortifiée,
couchant sur la dure, se faisant de petits cilices des morceaux de crins qu'elle
trouvait, fréquentant les églises, où elle récitait les prières avec une piété si
tendre, et si extraordinaire à cet âge, qu'elle arrachait des larmes à ceux qui
en étaient témoins. Elle apprit à lire avec les Dominicaines de la ville, et s'étant
procurée le petit office de la très sainte Vierge, elle le récitait chaque jour.
La bienheureuse Colombe observait très
exactement les jeûnes de l'Église, encore qu'elle n'eût guère plus de huit à dix
ans. Elle jeûnait pendant l'Avent, le Carême, les Quatre-Temps, aux vigiles des
têtes. Ell portait constamment une chemise de laine avec une ceinture de corde parsemée
de gros nœuds. Où avait-elle pris cet amour précoce des austérités ? Dans la
vie de sainte Catherine de Sienne, qu'elle lisait chez les Dominicaines, et qui
faisait ses délices. Elle aimait cette grande sainte, dont le souvenir n'était pas
éloigné de plus d'un siècle ; elle voulait l'imiter, et comme aucun obstacle
ne venait s'opposer à ces inspirations de la grâce, elle parvenait à retracer en
elle quelques-unes de ses vertus.
Les parents de Colombe, quoique issus de
familles opulentes, n'étaient pas riches; c'est pourquoi ils faisaient un petit
commerce pour vivre, ou du moins pour se procurer les moyens d'élever et
d'établir leurs enfants. Mais, à défaut de biens temporels, ils en avaient de
beaucoup plus estimables ; nous voulons dire qu'ils avaient de bonnes
mœurs, une religion pratique, et même de la piété ce qui ne contribua pas peu à
la sainteté de leur chère enfant car ce sont d’ordinaire les parents qui, par
leurs façons et leurs exemples, font naître les vertueuses inclinations ensuite
vient la grâce qui perfectionne les heureux penchants de la nature. Jeanne, en
bonne mère, eut soin d'inspirer de très bonne heure à sa fille l'amour du
travail et de lui apprendre les divers genres d'industries qu!il importe aux
femmes de connaître. Dès l'âge de huit à dix ans, les soins du ménage lui
étaient familiers elle savait remplir tous les offices domestiques, et faire
plusieurs travaux manuels, comme coudre, filer, et confectionner tout ce qui
était nécessaire à sa parure. Ses talents précoces étaient accompagnés des plus
charmantes qualités elle était belle, sage et modeste nous ne savons quel air
de sainteté reluisait sur son visage, dans sa démarche et tout son maintien ce
qui la rendait extrêmement agréable, et inclinait vers elle tous les cœurs. On
eût difficilement trouvé un caractère aussi doux et une humeur aussi égale elle
ne savait dire que des choses aimables, et ne se permit jamais la moindre
parole qui pût blesser ou contrister qui que ce fût. Parfaitement obéissante à
ses parents, elle s'acquittait de tout ce qui lui était enjoint avec autant de
promptitude que de prudence, ce qui ne contribuait pas peu à les rendre joyeux
et contents. Aussi l'aimaient-ils de l'amour le plus tendre, et ne
cessaient-ils de remercier la divine Providence du don qu'elle leur avait fait
de cette incomparable enfant.
Lorsqu'on
l'envoyait à la campagne avec les jeunes filles du voisinage, soit pour
travailler à la vendange, soit pour cueillir des herbes de teinture dont on
faisait un assez grand commerce dans ce pays, sa tenue n'avait rien de commun
avec celle de ses compagnes. Au lieu de prendre part à leurs chants et à leurs
vains propos, elle gardait le silence, s'occupant intérieurement à converser
avec Dieu, ce qui, sans nuire à son travail, contribuait singulièrement à son
avancement spirituel et mettait à couvert la pureté de son âme. C'est ainsi
qu'ennemie de l'oisiveté, la jeune Colombe imitait la femme forte, que
l'Esprit-Saint dépeint au livre des Proverbes, enchérissant sa maison des
fruits de son travail. Elle faisait, en effet, le métier de journalière pour
secourir sa famille; il est vrai que ses parents n'exigeaient aucun salaire de
ceux j~ni l'employaient à travailler pour eux; mais ils recevaient ce que
ceux-ci leur offraient par reconnaissance et ces petits présents valaient plus
que le salaire accoutumé, parce que sa bonne conduite ~t sa rare dextérité la
faisaient rechercher de tout le monde. Du reste, ces bonnes gens n'étaient pas
dominés par la cupidité leur vêtement était simple, leur nourriture frugale,
et, contents de pourvoir aux besoins du jour, ils laissaient à Dieu le soin du
lendemain. De cette manière, ils pouvaient venir encore au secours de
l'indigence et ce qu'ils mettaient en réserve, ils le versaient de bien bon
cœur dans le sein des malheureux. Non contents de donner leur argent, ils
employaient volontiers leur temps aux œuvres de la piété et de la miséricorde
ainsi Colombe et sa mère lavaient, cousaient et restauraient par charité les
vêtements des religieuses et des novices de la communauté de Saint-Dominique.
Les pauvres religieux ne se présentaient point dans leur maison sans en
emporter quelques aumônes plus ou moins abondantes. Elles prirent surtout un
soin particulier du Père Jacques de Tiferne, qui fut leur confesseur, ou du
moins celui de la pieuse Colombe, pendant les treize ans qu'il passa à,Rieti,
chargé du gouvernement spirituel du couvent de Saint-Dominique le Père Ange de
Pérouse eut aussi beaucoup de part à leurs bienfaits. Mais leur charité ne se
bornait pas à faire du bien à ceux qui venaient leur demander l'aumône, elles
allaient à la recherche des vieillards, des infirmes et des malades, portant
avec elles du pain, des œufs, de la viande, du bouillon et du vin et lorsque
leurs ressources étaient épuisées, elles réclamaient à leur tour la charité
d'autrui, pour continuer leurs bonnes œuvres. A force de donner, il arrivait
quelquefois qu'elles se trouvaient elles-mêmes réduites à la misère et alors la
pieuse mère disait à sa sainte fille, les larmes aux yeux « Colombe, il faut
nous résoudre à jeûner aujourd'hui, car il n'y a plus de pain à la maison ».
Colombe à cette nouvelle allait faire oraison au pied d'un autel qu'elle avait
dans sa chambre; et bientôt arrivaient ou quelques aumônes envoyées par des
femmes riches, ou quelques pièces de monnaie qui leur étaient dues pour leur
travail en sorte qu'elles pouvaient pourvoir à leurs propres besoins et
continuer à secourir ceux des autres.
La
Bienheureuse avait à peine douze ans, et déjà elle brûlait du désir de
consacrer à Dieu sa virginité. Une nuit qu'elle priait au pied d'un petit autel
élevé dans sa chambre, Notre-Seigneur lui apparut, assis sur un trône
magnifique il avait à ses côtés les apôtres saint Pierre et saint Paul, saint
Jérôme, tenant un livre en main, et saint Dominique. A cette vue, la
Bienheureuse, transportée de joie et d'admiration, s'écria « Donnez-moi,
Seigneur, votre bénédiction ». Et après que le Seigneur l'eut bénie, elle
le pria d'agréer le voeu qu'elle faisait entre ses mains de garder une
virginité perpétuelle.
Notre-Seigneur
accepta l'offrande de sa servante avec la bonté d'un père il lui remit le livre
que tenait saint Jérôme, et qu'elle garda toute la nuit en la quittant, il
laissa sa chambre embaumée d'un parfum du ciel. La Bienheureuse avait un jeune
frère qu'elle aimait particulièrement et qui tout petit disait d'elle et de lui
« Colombe sera religieuse et moi je serai religieux ». Il fut reçu, en effet, à
l'âge de dix ans, chez les Dominicains. Peu de temps' après, la Bienheureuse
obtint la faveur de pouvoir prononcer au pied des autels, chez les bonnes
religieuses de Saint-Dominique, le vœu d'entrer en religion. Quelques jours
après, elle eut une vision elle fut conduite en esprit dans l'église de
Sainte-Scholastique, où deux anges lui remirent, à son frère et à elle, devant
l'autel de la très sainte Vierge, une ceinture d'une blancheur éclatante que
chacun d'eux tenait à la main. C'était une marque de la pureté qu'ils avaient
promis de garder et un secours contre les assauts du démon. A deux mois de là,
le frère de la Bienheureuse mourut, allant recevoir au ciel la couronne qu'il
avait si promptement acquise.
Cependant
la beauté de la Bienheureuse l'avait fait demander en mariage par un jeune
homme fort riche de Rieti ses parents, éblouis par la grandeur de cette
alliance, y consentirent facilement et essayèrent d'y gagner leur fille. Ils
lui parlèrent de la nécessité de s'établir dans le monde, sans toutefois lui
parler ouvertement de l'engagement qu'ils avaient pris. Ils prirent jour avec
le jeune homme pour la remise des cadeaux de fiançailles, et le fixèrent au
lendemain. Pendant la nuit, deux religieux de l'Ordre de Saint-Dominique
apparurent à la Bienheureuse et lui dirent « Aussitôt qu'il fera jour,
hâtez-vous d'aller à la montagne de Saint-Maron, vous y trouverez une
religieuse qui vous avertira d'un danger qui vous menace. Le matin, la
Bienheureuse pria sa mère de l'accompagner à l'église de Saint-Maron sur la
montagne. Comme elle la précédait de quelques pas, elle aperçut une religieuse
qui lui dit « Vos parents vous ont promis en mariage, et vos fiançailles
doivent se faire aujourd'hui. Si vous voulez être fidèle à l'Époux éternel,
armez-vous de courage et coupez vos cheveux ». Après ces paroles, la religieuse
disparut.
La
Bienheureuse entra dans l'église, et, s'y étant confessée, elle demanda conseil
à son directeur sur l'avertissement qui lui avait été donné. Cet homme de Dieu,
qui connaissait sa vocation, approuva le moyen qu'on lui avait suggéré.
« Sainte Catherine de Sienne, lui dit-il, s'est coupé les cheveux dans une
occasion semblable; faites de même et recourez à la prière ».
Le
soir, le jeune homme se présenta, apportant une riche ceinture pour sa fiancée,
selon l'usage du pays. La Bienheureuse demanda quelques instants pour réfléchir
à l'alliance qu'on lui proposait elle monta sur la terrasse de la maison, où
elle coupa ses cheveux, qu'elle remit ensuite à sa famille, en disant qu'elle
ne voulait point avoir d'autre époux que Jésus-Christ. On conçoit assez la
confusion du jeune homme et la colère de ses parents. Ils accablèrent la
Bienheureuse de reproches et d'injures, mais pendant la nuit Notre-Seigneur lui
apparut et la' consola. Il était accompagné de sainte Catherine de Sienne, qui
soutint sur son bras la tête fatiguée de la jeune fille. « Ne crains rien,
lui dit-elle, tu seras religieuse de mon Ordre, ainsi que tu le désires ».
Cette
nuit-là même, le jeune homme qui la recherchait eut une vision. Il la vit
entrer dans sa chambre, magnifiquement parée et couronnée, comme on l'est au
jour de ses noces mais au moment où elle s'approchait, sa couronne tomba et il
la vit défaillir en sorte qu'elle lui semblait morte. Il alla le matin
consulter un théologien célèbre. Cette jeune fille est promise à Jésus-Christ,
lui répondit le théologien, et Notre-Seigneur n'agrée pas que vous soyez son
rival. 11 a voulu vous prévenir par cette vision que si Colombe manquait à sa
promesse, elle mourrait bientôt ». Le jeune homme alla donc retirer la parole
qu'il avait donnée aux parents de la Bienheureuse. Peu après il mourut lui-même
au retour d'un voyage qu'il avait, fait à Rome.
Cependant
les parents de la Bienheureuse rentrèrent en eux-mêmes et curent honte de
disputer leur fille à Notre-Seigneur; son père lui donna même une petite
chambre où elle pouvait se livrer en paix à ses exercices religieux. Elle
commença donc à mener une vie plus retirée, plus austère encore qu'elle n'avait
fait jusque-là. Elle ne mangeait guère que des fruits, peu de pain, et encore
finit-elle par s'en abstenir entièrement. La sainte Eucharistie était presque
sa seule nourriture; mais ce Pain divin soutenait ses forces et son courage.
Toutes
les nuits elle se flagellait trois fois avec une discipline formée de cinq
chaînettes de fer la première fois pour l'expiation de ses péchés, la seconde
pour la conversion des pécheurs, la troisième pour les pauvres âmes du
purgatoire. Elle passait ses nuits presque tout entières en oraison. Les anges
alors venaient la visiter et s'entretenir avec elle. Dieu la favorisa en ce
temps de plusieurs extases dont le souvenir nous a été conservé par le Père
Sébastien do Pérouse, son confesseur.
« Un
jour qu'elle était en oraison, Notre-Seigneur lui représenta toutes les
souffrances qu'il avait endurées dans sa passion. Elle le vit an jardin des
Oliviers, chez Anne et Caïphe, puis au tribunal de Pilate mais quand les
bourreaux lui lièrent les mains pour la flagellation, qu'elle entendit les
coups de fouet et vit couler ce sang adorable, sa douleur devint si vive,
qu'elle commença à se flageller elle-même cruellement pour prendre part au
supplice du divin Époux. Sa mère; qui couchait dans une chambre voisine, réveillée
par le bruit des coups qu'elle se donnait; se leva en pleurant, et, accourant à
la porte de sa chambre; elle lui cria « Ma fille, que faites-vous ?
Pourquoi voulez-vous vous détruire ? » Mais la bienheureuse ravie en
extase, ne pouvait entendre sa voix.
« Une
autre fois, pendant qu'elle assistait au saint sacrifice, ayant aperçu
au-dessus du calice son Jésus attaché à la croix, pâte et défiguré, le côté
ouvert et la tête couronnée d'épines, la compassion qu'elle en eut la fit
tomber par terre et la réduisit à une sorte d'agonie. Cette défaillance se
prolongeant, on avertit son confesseur, qui vint auprès d'elle. Alors la
Bienheureuse lui dit Priez pour moi, mon père, afin que je ne voie plus ce
déchirant spectacle car je suis persuadée que si je le vois encore, je mourrai
de douleur.
Cette
sainte fille avait aussi de fréquentes extases pendant lesquelles son corps,
privé de l'action de son âme, demeurait comme dans un état de mort. Il y avait
déjà longtemps que cela lui arrivait à l'insu de sa mère, lorsqu'un jour
celle-ci, étant entrée dans sa chambre, la trouva en cet état surnaturel qui
lui était ~.out à fait inconnu. Colombe était couchée sur son autel, comme une
personne endormie. Sa mère l'ayant soulevée, pour la réveiller, elle roula par
terre et y resta étendue sans donner aucun signe de vie. Sa mère la croyant
morte, poussa des cris déchirants qui firent accourir les voisines. Ces femmes,
persuadées, à leur tour qu'elle avait cessé de vivre, crièrent vengeance contre
son confesseur qu'elles accusaient de de l'avoir tuée à force d'abstinences et
d'austérités. L'irritation devint si vive, qu'elles parlaient d'aller lui faire
un mauvais parti, lorsque Colombe revint fort heureusement à elle-même.
Depuis
ce jour-là, ses extases ne furent plus secrètes, et les parents et les voisins
né tardèrent pas à s'apercevoir que le confesseur n'était pour rien dans ces
états extraordinaires, qui ne pouvaient venir que d'un principe surnaturel. Le
travail assidu auquel cette sainte &Me se livrait, ne mettait aucun
obstacle à sa contemplation habituelle. Souvent, en tissant sa toile, ses mains
tombaient sur le métier, et elle demeurait immobile pendant plusieurs heures
dans un état extatique. Les femmes du voisinage, prévenues par sa mère,
accouraient à ce spectacle, et ne pouvaient revenir de leur étonnement, en la
voyant aussi dépourvue de mouvement que si elle eût été changée en pierre. La
même chose lui arrivait encore, lorsque, occupée à coudre ou à filer, quelqu'un
venait à parler ou à la faire parler des choses de Dieu.
Une
femme; qui avait chargé Colombe de lui fabriquer une pièce de toile, venait
méchamment se plaindre à sa mère de la lenteur qu'elle y mettait, et faisait
grand bruit tout exprès pour attirer des reproches à cette sainte fille. La
mère, qui n'apercevait pas le mauvais dessein de cette femme, pressait la
pauvre Colombe, exigeait d'elle un travail impossible, et, mécontente de ne pas
l'obtenir, l'accablait de reproches, en disant : « Je vous ai offert
un époux, et vous l'avez méprisé. Je vous charge de procurer quelque profit à
la maison, et vous aimez mieux demeurer à ne rien faire. Je vous dis, ma fille,
que vous devez travailler. Faites en sorte de m'obéir.
Ces
reproches étaient on ne peut plus injustes; car elle était continuellement en
action, autant que Dieu lui en laissait le pouvoir. Cependant, elle ne disait
pas un seul mot pour sa défense. Dieu, content de sa patience, voulut l'en
récompenser. Un jour qu'elle venait d'être ainsi grondée par sa mère, Jésus lui
apparut à la fenêtre de sa chambre qui donnait sur la rue, et lui dit Colombe,
suivez-moi. Transportée de joie et comprenant parfaitement ce que son Bien-aimé
voulait d'elle, Colombe dit à sa mère avec autant de douceur que d'humilité.
« Ma
bonne mère, il est indubitable que Jésus-Christ a droit d'être obéi de
préférence à mes parents. Je le suivrai donc toutes les fois qu'il m'appellera,
sans m'inquiéter du travail que vous m'aurez chargée de faire. Je vous conjure,
ma mère, de prendre en patience ces résistances apparentes à vos volontés, et
de ne point être hostile à ce Dieu tout aimable. A quoi bon tant de sollicitude
pour les choses de la vie ? Ne vaut-il pas mieux travailler pour le
ciel ? » Du reste, il était fort rare que cette sainte fille se
permît de donner des avis à sa mère. Mais, en revanche, elle le faisait souvent
aux voisins qu'attirait auprès d'elle le charme de ses pieuses conversations et
peut-être plus encore celui de ses bons exemples.
Voici
maintenant une autre merveille que Dieu fit en sa faveur. Après avoir longtemps
désiré de contempler les Lieux-Saints et conjuré le Seigneur de lui faire cette
grâce, elle eut un ravissement qui dura cinq jours, pendant lesquels elle fut
conduite à Jérusalem et dans le reste de la Palestine, où Notre-Seigneur lui
montra tous les lieux consacrés par sa vie et par sa mort. Elle voyait aussi
aux jours de ses fêtes les mystères dont l'Église célébrait la mémoire ainsi la
nuit de Noël, Notre-Seigneur lui apparaissait couché dans sa crèche entre l'âne
et le bœuf, pendant que la très sainte Vierge et saint Joseph se tenaient à
genoux devant lui, et que les anges chantaient le Gloria in excelsis. A
l'Epiphanie elle vit l'étoile qui guidait les Mages; son confesseur étonné
aperçut un globe de feu sur sa maison et lui en demanda la cause Ce matin,
dit-elle, j'ai prié mon doux Maître de me faire voir l'étoile qui conduisait
les Mages de leur pays jusqu'à Bethléem tout aussitôt elle m'est apparue,
répandant dans ma chambre une splendeur extraordinaire et en disparaissant,
elle l'a laissée embaumée du parfum le plus délicieux.
Le
dimanche de la Passion de l'an 1486, la Bienheureuse obtint enfin de ses
parents la permission d'entrer dans le Tiers Ordre de Saint-Dominique. Un
oncle, qui, à cause de ses richesses, avait une grande autorité sur sa famille,
avait encore essayé ce jour-là de lui persuader de rester dans le monde mais,
vaincu par ses raisons et par ses prières, il s'offrit de faire lui-même la
dépense de sa prise d'habit. Le dimanche suivant, qui était le jour des
Rameaux, elle prit donc ce saint habit de pénitence, avec une joie toute
céleste d'appartenir désormais entièrement à son Époux. Dieu commença en ce
temps à la glorifier par plusieurs miracles. Elle rencontre un jour dans les
rues de Rieti une pauvre femme qui pleurait de n'avoir pu trouver du pain pour
nourrir les vignerons qui travaillaient à sa vigne; nul n'avait voulu lui en
prêter. « Ayez bon courage, lui dit la Bienheureuse, retournez chez vous
et Dieu vous secourra ». Cette femme, en effet, trouva, en rentrant, sur
la table, douze grands et beaux pains que Dieu lui avait envoyés à
l'intercession de la Bienheureuse.
Un
soir qu'elle faisait oraison, elle vit en esprit une troupe de Gibelins qui
mettaient le feu à une porte de la basse ville elle court aussitôt dans la rue,
en criant que les ennemis brûlaient la porte des Arcis. Les habitants ne la
voulurent point croire mais les flammes qui s'élevèrent bientôt du faubourg
leur firent regretter d'avoir méprisé ses avertissements. Dans un pèlerinage
qu'elle fit au célèbre sanctuaire de Notre-Dame du Chêne, du della Quercia,
près de Viterbe, elle délivra une femme qui était possédée du démon. Les
magistrats de la ville, qui avaient déjà entendu parler de sa sainteté, ayant
appris ce miracle, résolurent de conserver pour eux un si rare trésor; ils
donnèrent donc l'ordre de placer partout des gardes pour l'empocher de quitter
leur territoire mais la Bienheureuse, avertie par une inspiration du ciel, dit
à ses compagnes « Retirons-nous bien vite, il n'y a pas de temps à perdre a.
Elles purent s'échapper, en effet, avant que l'ordre des magistrats n'eût été
exécuté.
Au
retour, la Bienheureuse s'embarqua sur le lac de Piédtluco comme on était au
milieu de la traversée, le démon essaya de la faire périr en suscitant une
tempête. Elle en avertit ses compagnes « Nous sommes menacées d'un
grand danger, leur dit-elle, mais ne craignez rien, Dieu est avec nous ».
Cependant les vagues venaient se briser contre la barque avec fureur, et les
passagers tremblaient déjà pour leur vie, lorsque la Bienheureuse, se levant,
d'un regard rendit au lac sa tranquillité.
Un
habitant de Rieti avait fait assassiner un riche marchand par deux paysans à
ses gages il fut condamné à mort. Sa femme et sa mère vinrent tout en larmes
supplier la Bienheureuse d'obtenir sa grâce par ses prières, Touchée de pitié,
elle alla voir cet homme et l'engagea à se réconcilier avec Dieu. Quand il se
fut confessé, elle lui dit Ayez bon courage, vous .ne mourrez pas de cette
fois. Cependant l'ordre de l'exécution arriva le soir même et le juge décida
qu'elle aurait lieu le lendemain. La famille désolée revint supplier la
Bienheureuse. Soyez tranquilles, leur répondit-elle, je vous ai dit qu'il ne
mourrait pas. Quelques heures après, un nouveau courrier apportait la grâce.
Elle
reçut plusieurs fois la sainte communion de la main de Notre-Seigneur et de ses
anges. Un jour que son confesseur disait la messe dans une autre église que
celle où elle l'attendait, elle pria la très sainte Vierge de satisfaire le
désir ardent qu'elle éprouvait de s'unir son divin fils. Au bout de quelques
instants, un prêtre vint à elle tenant entre ses doigts le corps sacré de
Jésus-Christ, et le lui donna. « Pendant ce temps là, son confesseur, qui
célébrait les saints mystères, éprouvait une peine très vive de ne pas
retrouver dans le calice, au moment de la communion, le fragment de l'hostie
qu'il y avait déposé. Colombe revint à cette église pendant qu'il achevait la
messe, et le Père, après avoir déposé ses habits sacerdotaux, lui fit part de
son chagrin. Ne vous affligez point, mon Père, lui répondit-elle, ce fragment
de !a sainte hostie m'a été apporté dans la cathédrale, par un ange, et il
repose en ce moment dans mon cœur. En ce cas, reprit le confesseur, je me
réjouis de la perte qui m'a causé tant d'inquiétude, et remercie Dieu de vous
avoir fait participante de ma communion ».
Un
jour qu'elle était en oraison, saint Dominique et sainte Catherine de Sienne
lui apparurent. Ils lui parlèrent d'abord du bonheur du ciel, puis ils lui
montrèrent une route large et droite, qui conduisait à une belle église de
Saint-Dominique. Sortez de Rieti, lui dirent-ils, et venez à cette église, où
vous trouverez tout ce qui est nécessaire à votre perfection. La Bienheureuse,
troublée de cet ordre de quitter sa patrie pour s'en aller dans une terre
lointaine, n'osait répondre. Soyez sans crainte, ma fille, reprit saint
Dominique, c'est au nom de Jésus, votre Epoux bien-aimé, que je vous donne cet
ordre. Il vous attend lui-même dans l'église que vous voyez ne tardez pas à vous
y rendre. Du reste, nous serons avec vous l'un et l'autre pour vous secourir
dans tous vos dangers. Elle prévint donc ses parents et ses amies de ce
prochain voyage, dont elle ignorait le but. Une grande tristesse s'empara de sa
famille et se répandit dans la ville de Rieti. Tout le monde lui en parlait en
pleurant; mais elle répondait Il faut qu'il en soit ainsi. Un jour, on aperçut
au-dessus de sa maison une comète étincelante qui se dirigeait vers Pérouse, et
on la regarda comme un présage de la perte dont Rieti était menacée.
La
veille de son départ, qui était un jeudi du mois de septembre, elle réunit
douze de ses compagnes pour manger avec elle un agneau qu'elle leur avait
accommodé. Après le souper, elle voulut leur laver les pieds en méditant les
paroles du divin Maître après la Cène; puis elle leur fit ses adieux en se
recommandant à leurs prières. Le lendemain vendredi, sa mère, ne la voyant pas
paraître, fit briser la porte de sa chambre, où elle ne trouva plus que ses
habits couchés par terre en forme de croix. Ses cris de douleur apprirent
bientôt la funeste nouvelle à tous les habitants de Rieti. La maison se remplit
en un moment de personnes qui pleuraient avec ses parents le départ mystérieux
de la Bienheureuse. Nul ne savait où elle était allée. On avait couru aux
portes et on s'était assuré qu'aucune n'avait été ouverte pendant la nuit.
En
ce moment, un étranger, qui paraissait un mendiant, s'approcha de la pauvre
mère Femme, lui dit-il, votre cœur est en proie à une affliction bien profonde.
Comment le savez-vous, répondit-elle ? Je le sais ; mais croyez-moi,
ce qui est arrivé a été fait par Dieu. Sachez que votre fille, appuyée comme
elle l'est sur ce bâton, ne saurait tomber. Si vous voulez vous y appuyer à son
exemple, votre foi cessera dé chanceler, comme elle l'a fait jusqu'à présent,
et vous verrez la main de Dieu dans tous ces événements extraordinaires.
Après
ces paroles, ajoute le confesseur de la Bienheureuse, cet homme disparut, et je
soupçonne qu'il n'était rien moins que le Seigneur Jésus, qui, dans sa
compassion, avait voulu fortifier et consoler cette pauvre mère. Culte
conversation adoucit en effet son chagrin et lui communiqua une force qu'elle
n'avait pas auparavant. Aussi n'oublia-t-elle jamais ce que ce bon Maître avait
daigné lui dire.
Qu'était
cependant devenue la Bienheureuse ? Écoutons-la raconter elle-même à son
confesseur les détails de cet événement mystérieux. « Ce soir-là, lui
dit-elle, je m'étais mise en oraison comme à mon ordinaire, lorsque je me
sentis dépouiller de mes vêtements accoutumés, qui furent tout aussitôt
remplacés par d'autres; mais par qui fut faite cette double opération, c'est ce
que j'ignore entièrement. Je fus ensuite tirée hors de ma chambre, de la maison
et de la ville, mais par qui et de quelle manière, c'est ce que je ne puis dire
davantage, car je ne vis personne, et il ne me reste aucun souvenir de ce qui
se passa dans cet enlèvement. Je me rappelle seulement que me trouvant tout à
coup en vue d'une ville (c'était Spolète), un homme vint à moi et m'invita à le
suivre dans une maison où sa femme et ses filles me donneraient volontiers
l'hospitalité M. M Ne sachant dans quel pays j'étais, j'acceptai son offre avec
reconnaissance. L'ayant donc suivi, il me mena dans une maison éloignée de la route
où je me trouvai seule avec lui. Un peu inquiète de cet isolement, je lui
demandai où étaient donc sa femme et ses filles ? Attendez un peu, me
dit-il, elles ne tarderont pas à revenir. Mon inquiétude augmenta, mais que
faire ? Cet homme ne me perdait pas de vue, et il m'était impossible de lui
échapper. D'ailleurs j'espérais encore un peu voir paraître sa femme et ses
filles. C'était du moins pour moi l'objet d'un désir bien vif, mais qui, hélas!
ne devait pas être satisfait. Il n'y avait dans cette triste maison ni femmes
ni filles; c'était un repaire de monstres plus redoutables que des voleurs et
des assassins. Que faisaient-ils là, c'est ce qu'il est à propos de vous
apprendre. Dans ce temps-là, une fille unique d'un seigneur napolitain, qui
avait une charge dans la province, s'était laissé enlever par un séducteur son
père en ut prévenir tous les magistrats des villes circonvoisines, leur
envoyant son signalement, et promettant à ceux qui l'arrêteraient une forte
récompense. Cette nouvelle étant venue à la connaissance de quelques jeunes
gens, ils résolurent de chercher cette fugitive, dans l'intention de gagner
l'argent promis par son père; et c'était dans ce dessein qu'ils étaient venus
occuper cette maison solitaire. Jugez, mon Père, de ma triste situation entre
les mains de pareils scélérats. Ils étaient alors à battre la campagne ;
mais le misérable qui avait abusé de ma confiance, fut à leur recherche, après
avoir pris la précaution de m'enfermer.
Si
les conseils de Dieu ont quelque chose qui étonne, c'est surtout lorsqu'on le
voit exposer à de semblables périls des vierges angéliques, objets de toutes
ses complaisances. La situation de Colombe, en cette circonstance, rappelle les
épreuves semblables auxquelles furent exposées une sainte Lucie, une sainte
Agnès et tant d'autres, que Dieu n'engagea dans ces tristes combats que pour
faire éclater sa puissance, et les rendre, par leur glorieuse victoire, plus
vierges qu'elles n'étaient auparavant. Que le lecteur soit sans crainte pour
l'innocence de notre Colombe. Ce n'est pas elle qui s'est jetée dans le danger
c'est Dieu lui-même qui l'y a mise. II saura bien la défendre et lui conserver
son innocence.
Cependant
les jeunes insensés arrivèrent, et en la voyant se persuadèrent qu'elle était
cette jeune personne que l'on cherchait de tous côtés. Elle avait effectivement
cette élégance, cet air de noblesse que le signalement avait attribué à la
fugitive, et paraissait avoir l'âge indiqué. Après l'avoir saluée, avec toutes
les recherches de la politesse, ils s'assirent auprès d'elle, et s'enquirent
honnêtement de son nom, de sa patrie et du lieu où elle allait. Colombe, voyant
bien le danger qu'elle courait, priait Dieu dans son cœur, et gardait le
silence. Alors commencèrent les propositions les plus criminelles qui furent
rejetées avec une sainte indignation. Les promesses de riches présents vinrent
ensuite et furent méprisées. Ce fut alors que, soumise aux mêmes épreuves que
les Lucie, les Agnès et les Marguerite, comme la première elle devint si pesante,
qu'on essaya en vain de la faire changer de place, tandis qu'elle les étonnait
par la force de ses discours sur la mort, les jugements de Dieu et l'enfer.
Saisis d'effroi à ce spectacle, ses persécuteurs prirent la fuite.
De
là elle vint à Foligno, ville peu éloignée de Spolète, où elle reçut
l'hospitalité chez les religieuses de Sainte-Claire. Comme tout le pays était
en émoi au sujet de la jeune Napolitaine enlevée, là encore elle fut exposée à
de nouvelles épreuves les magistrats l'interrogèrent, et lorsqu'ils surent
qu'elle était de Rieti, écrivirent en cette ville pour s'informer de sa vie
passée. C'est ainsi que ses parents apprirent le lieu de sa retraite. Son père
vint la voir avec un religieux de Saint-Dominique ils essayèrent de la ramener
à Rieti, mais les ordres que la Bienheureuse avait reçus du ciel ne lui
permettaient pas de se rendre à leurs désirs.
Cependant
sa sainteté avait ému la ville de Foligno les habitants accouraient pour la
voir, et les magistrats prenaient déjà des mesures pour la garder de force au
milieu d'eux, lorsqu'elle sortit un matin de Foligno, accompagnée de son père
et de ce Dominicain, qui était le prieur du couvent de Rieti.' Ils se
dirigèrent vers Pérouse, et s'arrêtèrent un instant à l'église de
Notre-Dame-des-Anges ou de la Portioncule. Le lendemain ils entrèrent dans les
murs de Pérouse, où Notre-Seigneur avait fixé la demeure de sa servante. Quand
on sut qu'elle arrivait, toute la population vint au-devant d'elle. On
entendait crier dans les rues « Voici la Sainte qui vient, allons à sa
rencontre ».
On
la conduisit d'abord dans une maison où vivaient quelques sœurs du Tiers Ordre,
puis, les habitants résolurent de lui construire un couvent dont elle posa la
première pierre, le 22 février de l'année 1493. Pendant la cérémonie, elle
tomba en extase et parut s'entretenir avec sainte Catherine de Sienne et saint
Jérôme, auxquels elle recommandait instamment la ville de Pérouse. En attendant
que le couvent fût achevé, un jurisconsulte fort célèbre et sa femme, que ses grandes
qualités rendaient digne de lui, la reçurent en leur maison, où ils la
traitèrent moins comme une étrangère que comme une fille tendrement aimée.
« En
ce temps-là, dit le confesseur de la Bienheureuse, il plut au Seigneur
d'illustrer sa servante par de nouveaux miracles. César Borgia, depuis duc de
Valentinois, faisait alors, étant encore enfant, ses études au collège de
Pérouse. Un jour qu'il était venu se récréer avec nous, dans le jardin du
couvent, il nous suivit après la récréation dans notre église, où nous
trouvâmes, au pied de l'autel de Sainte-Catherine de Sienne, un groupe nombreux
de personnes des deux sexes, dont la pieuse Colombe était entourée. Un noble
citoyen, ayant aperçu le prince, lui dit à haute voix -Seigneur, venez voir un
enfant que la sœur Colombe vient de ressusciter par ses prières. Le prince, à
ces mots, se tournant vers moi, me dit Eh bien Père Sébastien, nous allons
sonner les cloches, afin que tout le monde vienne voir ce miracle évident.
Gardons-nous-en bien, Seigneur, répondis-je; car cela pourrait nous attirer
quelque confusion. Comment ? reprit-il. Cette sœur, ajoutai-je, n'est
encore qu'une novice, et il y a si peu de temps qu'elle demeure dans cette
ville, que nous ne pouvons la connaître suffisamment. Lorsque nous l'aurons
éprouvée au moins pendant dix ans, nous saurons si elle est une femme de vraie
vertu et de solide sainteté, et alors nous pourrons croire aux merveilles
qu'elle opérera et les proclamer avec assurance ».
Ces
miracles de la Bienheureuse engagèrent plusieurs personnes de la ville à se
réunir à elle dans le couvent qui venait d'être achevé. Colombe leur donna une
Règle semblable à celle qu'observait sainte Catherine de Sienne, sous le
patronage de laquelle elle mit cette maison. Elle recommanda à ses filles de ne
jamais souffrir qu'on les condamnât à une clôture exacte, que la Règle du Tiers
Ordre ne prescrivait pas et que sainte Catherine n'avait jamais observée.
Colombe, qui avait à cette époque vingt-trois ans, ne se réserva du reste
aucune autorité, voulant obéir comme les autres à la supérieure. Elle choisit
pour cellule une pauvre chambre sous le toit, et dont les murs crevassés
laissaient passer la fumée de la cuisine, qui était voisine cette chambre
n'avait point de fenêtre et ressemblait plus à un tombeau qu'à un lieu
d'habitation.
Pérouse,
qui avait accueilli la Bienheureuse avec tant de joie et qui pourvoyait
généreusement à tous les besoins de son couvent, ne tarda pas à ressentir les
effets de sa présence. En l'année 1494, la peste ravagea toute la contrée par
le conseil de la Bienheureuse, on fit de grandes processions qui arrêtèrent ses
ravages tous les villages qui l'invoquèrent en furent préservés. Elle guérit le
sous-prieur des Dominicains, qui en était atteint. Elle demandait instamment à
Dieu de la prendre pour victime et d'épargner son peuple. Notre-Seigneur agréa
sa prière il permit aux démons de la frapper, et ils le firent avec une rage
qui montrait leur haine contre elle. Toutefois, après sept jours de cruelles
souffrances, saint Dominique et sainte Catherine de Sienne lui apparurent et la
guérirent entièrement. Elle prévint une fois les magistrats d'un grand danger
qui menaçait la ville « J'ai vu », leur fit-elle dire par son confesseur, « un
roi d'une admirable beauté et d'une majesté incomparable. Il était assis sur un
trône éclatant, qu'entourait une brillante cour. Son aspect était imposant et
sévère il tenait dans sa main gauche trois glaives tranchants, et ses gestes
annonçaient qu'il allait s'en servir pour immoler les habitants de Pérouse,
dont les péchés sollicitaient sa vengeance. J'étais toute tremblante et toute
désolée, lorsque j'ai vu paraître la reine, éblouissante de beauté et parée
d'habits tissus d'or. Elle s'est prosternée trois fois le visage contre terre,
en approchant du trône. Parvenue au pied des degrés, elle est tombée à genoux,
implorant la clémence du roi, qui d'abord a résisté dans l'intérêt de sa
justice mais la reine insistant, il s'est laissé fléchir et lufa remis deux
glaives sur les trois qu'il tenait à la main. La reine alors s'est retirée,
sans faire aucune instance pour avoir le troisième ».
On
sut bientôt quel était ce troisième glaive dont Pérouse était menacée. Ses
ennemis y pénétrèrent une nuit par trahison, et sans le courage que la
Bienheureuse inspira aux habitants, sans la protection de sainte Catherine de
Sienne qui les assistait dans le combat, la ville eût été saccagée.
Le
pape Alexandre VI, dans un voyage qu'il fit à Pérouse, et ses cardinaux lui
témoignèrent un vif intérêt. Le secrétaire de Sa Sainteté et celui du roi de
France vinrent aussi la consulter, dans l'oratoire de son couvent, sur des
affaires d'État.
Le
trésorier apostolique fut chargé de la consulter sur un dessein du pape
Alexandre VI, qui se sentait intérieurement pressé d'abdiquer le souverain
Pontificat. Elle eut à ce sujet une vision terrible, qui épouvanta le
trésorier, mais ne put vaincre les irrésolutions du Pape aussi vit-on se
réaliser les malheurs qu'elle lui avait annoncés. D'abord, ses États furent
envahis par les Vénitiens, qui, pendant plusieurs années, lui firent une guerre
désastreuse. Ensuite sa vie fut exposée au danger le plus imminent. Le jour
d& la fête de saint Pierre de l'année 1500, une violente tempête, suscitée
par un orage extraordinaire, ayant renversé la cheminée de la chambre où ce
Pontife se trouvait, la toiture fut enfoncée le plancher croula sur sa tête, et
sans une poutre qui tomba de manière à le protéger, il eût été infailliblement
écrasé sous les débris. Il en fut quitte pour une blessure légère et une
frayeur extrême, parce que le temps de la miséricorde n'était pas épuisé.
L'archevêque
de Carthagène lui demanda deux scapulaires blancs pour le roi Ferdinand et la
reine Isabelle. On ne saurait énumérer les personnes religieuses et séculières
qui recherchèrent la faveur de lui parler à l'époque dont il s'agit mais cette
sainte fille était si humble, qu'elle ne voulait recevoir aucune visite hors de
la présence de son confesseur, craignant toujours de laisser échapper quelque
parole indiscrète. Bien loin de là, tout était admirable et vraiment divin dans
ses conversations. Avec les personnes les plus qualiSées, son langage était uni
et sans aucune recherche. Avec celles qui exerçaient sa patience, il ne lui
arrivait jamais de laisser paraître aucune vivacité, aucun ennui. Sa douceur ne
se démentait pas avec ceux qui venaient lui tendre des piéges. Aussi tous se
retiraient contents d'elle, enchantés de sa simplicité, de son humilité, de sa
modestie, et fort édifiés de sa dévotion. Toutes les paroles qui sortaient de
sa bouche avaient quelque chose d'angélique, et respiraient le doux parfum de
la paix et de la charité. Faut-il s'étonner après cela de l'autorité qu'elle
exerçait sur tous ceux qui avaient le bonheur de la connaître ? L'opinion de sa
sainteté était universelle. Aussi attachait-on le plus grand prix à posséder
quelque chose qui lui eût appartenu, quand ce n'eût été qu'un fil de son
fuseau. Lorsqu'elle n'avait plus rien à donner, on coupait de petits morceaux
de ses vêtements, sans qu'elle résistât plus qu'une brebis qui se laisse
tondre. Ses petits présents les plus ordinaires étaient des grains de chapelet
qu'elle donnait toujours en nombre mystérieux. Tantôt elle en donnait trois en
l'honneur de la sainte Trinité, tantôt cinq en l'honneur des cinq plaies de
Jésus-Christ, tantôt sept en mémoire des douleurs de la divine Marie, tantôt
neuf en mémoire des neuf chœurs des anges ; ajoutant toujours une pieuse
explication du mystère représenté par sa petite offrande. Beaucoup de personnes
la priaient de toucher les pieux objets qu'ils avaient achetés, et l'aimable
vierge, tout en rougissant, ne savait point refuser de tels actes de
complaisance. Enfin, sans s'écarter jamais des règles de la prudence, elle se
prêtait à tous les désirs avec la plus touchante simplicité. Si elle aimait à
donner, elle recevait aussi sans difficulté les aumônes qui lui étaient faites,
non pour elle-même, mais pour sa communauté. Il lui arrivait même quelquefois
de demander à certaines personnes, dont elle connaissait la pieuse générosité,
des parures d'autel, des ornements sacerdotaux et des vases sacrés pour la
chapelle du monastère. On lui donnait assez fréquemment des robes, des voiles
et des manteaux. Elle s'en servait pendant quelques jours, pour faire plaisir
aux personnes qui lui faisaient ces sortes d'aumônes; ensuite elle les passait
à ses sœurs. Élie ne refusait rien, pas même les friandises qu'on lui apportait
en abondance mais ensuite, au lieu de les manger, elle les distribuait aux
prêtres qui rendaient service à la communauté, aux religieuses infirmes et aux
jeunes filles qu'on lui amenait, les portant elle-même à la bouche de ces
dernières avec une aimable familiarité. « Je m'avisai un jour, rapporte
son confesseur, de l'engager à refuser ces sortes de délicatesses, de peur
qu'on la soupçonnât d'être sensuelle mais elle me répondit respectueusement Je
ne puis refuser ces petits présents, sans contrister ceux qui me les offrent.
Laissez-leur cette satisfaction et à moi celle de les contenter. Je ne crois
pas que la gloire de Jésus-Christ soit étrangère à ce petit commerce de
charité. Oh ! qu'il soit loué ce divin Sauveur dans ces bagatelles comme
dans tout le reste.
Nommée
prieure, on s'aperçut qu'elle n'avait pas tout ce qu'il fallait pour remplir
parfaitement les obligations attachées à cette charge. Elle savait à merveille
exciter les autres au bien par ses exhortations, les avertir avec douceur, les
encourager par ses exemples, les soutenir par ses prières mais elle était
incapable de reprendre avec rigueur, de corriger avec autorité. Elle le sentait
si bien qu'elle chargea le confesseur de ce dernier ministère. Celui-ci fut
assez simple pour accepter cette mission peu agréable ; mais il ne fut pas
longtemps sans reconnaître qu'un pareil rôle ne pouvait s'allier avec l'emploi
dont le ciel l'avait chargé. Les femmes surtout, quand elles sont jeunes
encore, ne reçoivent pas volontiers les reproches et les corrections, de
quelque part qu'elles leur viennent. Cependant cette sévérité leur déplaît
moins de la part de leur mère que de la part du confesseur. Il peut être sûr
qu'une semblable commission ne servira qu'à leur resserrer le cœur et diminuer
singulièrement leur confiance. Nous ne voulons pourtant pas dire qu'il doit
approuver leurs erreurs, excuser leurs travers d'esprit et se taire sur les
fautes dont elles se rendent coupables. Dieu veut qu'il les corrige, mais au
saint tribunal et non a l'extérieur. Encore faut-il qu'il le fasse avec
ménagement et mesure autrement elles se dépitent sans oser lui en faire l'aveu,
et leur conscience troublée ne s'ouvre plus ou du moins ne s'ouvre que d'une
manière fort imparfaite. II. peut même arriver que ce défaut d'ouverture
compromette la validité de leurs confessions. Il est vrai qu'on peut remédier à
cet inconvénient en donnant aux religieuses plusieurs confesseurs habituels;
mais cette multiplication elle-même n'est pas sans inconvénient dans les
monastères.
Le
confesseur comprit tout cela, quoiqu'un peu tard, et s'empressa de remettre
cette commission de gronder et de punir à la mère prieure, en lui disant
qu'elle aurait grâce pour cela comme pour ses autres emplois. Cette bonne mère
prit donc sur elle pour tâcher d'être sévère au besoin, afin de faire en cela,
comme dans tout le reste, la sainte volonté de Dieu. Or, ce bon Maître se
plaisant d'ordinaire à éprouver ses saints, il arriva que le premier usage
qu'elle voulut faire de cette juste sévérité lui valut une affliction
extraordinaire. Ayant cru devoir un jour reprendre en public une jeune
religieuse, présomptueuse opiniâtre, celle-ci prit fort mal la correction, et
répondit « Quand on a l'humeur triste, on trouve facilement à redire à la
conduite des autres ». Elle fut ensuite se plaindre au confesseur à qui
elle raconta la chose de manière à donner tort à sa mère. Le père, trompé par
ce faux rapport, crut que la correction n'avait pas été suffisamment discrète.
U fut en conséquence trouver la servante de Dieu, lui lit une longue
instruction sur la charité fraternelle, dans laquelle il lui échappa de dire
qu'une supérieure, en reprenant ses filles, pouvait excéder dans la mesure
jusqu'à se rendre coupable de péché mortel.
A
ce nom effrayant de péché mortel, la Bienheureuse se mit à pleurer si amèrement
que le confesseur eut pitié d'elle. Il sentit le besoin de la rassurer sur la
sentence qu'il venait de prononcer et qui l'avait si fort effrayée. Mais il eut
toutes les peines du monde à tarir la source de ses larmes. La douleur de cette
sainte fille, qui n'avait fait que son devoir dans la circonstance, et sans
sortir des bornes de la discrétion', nous fournit du moins un bel exemple de
l'horreur que nous devrions avoir de tout ce qui peut offenser grièvement la
Majesté divine.
Le
reste de la vie de la Bienheureuse ne fut pas exempt de douloureuses épreuves;
elle fut calomniée par ses envieux, soupçonnée par ses supérieurs, soumise à
des tribulations qui ne Unirent guère qu'avec sa vie. Le confesseur de cette
sainte fille ne fut pas épargné dans leurs accusations. Il était, disait-on, de
connivence avec elle pour tromper le public, et la servait merveilleusement par
ses connaissances physiques. Ces calomnies trouvèrent créance, au point que ce
religieux crut devoir entreprendre leur commune justification.
Dans
ce même temps, quelques-uns des protecteurs du couvent affligèrent la servante
de Dieu d'une manière beaucoup plus sensible. Accoutumés à juger des choses
selon le sens humain, le régime de la maison leur semblait fort défectueux; et,
dans leur zèle mal entendu, ils se croyaient appelés à remédier aux prétendus
abus par une salutaire réforme. Après en avoir conféré longuement entre eux,
ils firent part de leurs idées à la Bienheureuse, mais sans pouvoir les lui
faire goûter. Cependant ils passèrent outre, et entreprirent, contre sa
volonté, de bouleverser sa Règle.. Le vêtement des religieuses leur semblait
trop simple, leur pauvreté trop rigoureuse, le cérémonial de leurs professions
trop peu solennel ils voulaient que les plus jeunes apprissent à chanter et
fussent instruites dans les lettres. Ils prétendaient aussi introduire dans le
coutumier quelques dangereuses innovations; et leur folle présomption appelait
tout cela une réforme salutaire. Colombe, profondément affligée d'une
entreprise dont elle prévoyait les fâcheux résultats, s'y opposait de toute sa
force.
Mais
Colombe ne trouva pas dans toutes ses filles la docilité qu'elle avait droit
d'en attendre, et qui aurait dû être la récompense de son gouvernement si doux
et si maternel. Quelques-unes se rangèrent du côté des imprudents réformateurs,
et poussèrent l'ingratitude jusqu'à se plaindre aux supérieurs d'une si sainte
et si bonne mère. Malheureusement, leurs plaintes furent écoutées et
produisirent les plus fâcheux résultats. Le jour de la fête de saint Vincent,
au retour de l'église, Colombe trouva dans le monastère un religieux envoyé par
le supérieur pour donner gain de cause à ses ennemis. Elle reçut, en effet, de
ce religieux une lettre qui lui signifiait sa déposition, et lui faisait
défense d'avoir désormais aucun rapport avec les frères de l'Ordre, à l'exception
d'un seul qu'on lui désignait, et qu'elle devait accepter pour son confesseur.
La Bienheureuse, munie de cette lettre, fut à l'église, toute tremblante, et la
flt lire à son père spirituel. Pendant que celui-ci la lisait tout haut, la
sainte fille ayant entendu cette clause pénale sous peine de privation de
grâces, dit en gémissant Hélas! me priver de la grâce que vais-je donc devenir,
dans cet état d'abandon? u et là-dessus elle se mit à fondre en larmes.
Telle
est la faiblesse humaine, que les plus grandes âmes se laissent quelquefois
troubler par de graves adversités, et ne peuvent se défendre d'un certain
sentiment de tristesse. Or, on ne peut pas nier qu'à parler naturellement,
Colombe se trouvât alors dans une triste position, condamnée par ses supérieurs
sans avoir pu se défendre, déposée de sa charge sans l'avoir mérité, et obligée
à recevoir un confesseur qu'elle ne connaissait pas, à la place de celui qui
avait sa confiance. Etait-elle moins à plaindre en cet état qu'un enfant privé
de sa mère, qu'une brebis sans pasteur, qu'un pauvre vieillard impotent à qui
l'on ôte son dernier appui ? La veille de cette désolation, elle en avait eu
comme un pressentiment, car ces paroles de Jésus mourant l'occupèrent d'une
manière tout extraordinaire «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous
abandonné? ') La divine Providence a coutume d'avertir ceux qu'elle veut
éprouver, afin qu'ils se préparent à porter saintement les croix qu'elle leur
destine.
Une
lettre que la servante de Dieu reçut alors de Rieti, lui apprit des choses qui
ajoutèrent beaucoup à son affliction. Elle avait dans cette ville une ancienne
amie nommée Cécile, à qui elle avait donné, avant son départ, plusieurs objets
qu'elle conservait comme des reliques précieuses. Parmi ces objets était une
image de la divine Marie sur laquelle cette pieuse femme portait fréquemment
ses regards. S'étant un jour aperçue que cette image versait des larmes, elle
crut que cette merveille était un signe évident de quelque calamité qui
menaçait Colombe et peut-être aussi la ville de Rieti. Le pronostic, d'après ce
que nous venons de dire, n'était que trop vrai, pour ce qui concernait la
Bienheureuse. Quant a la ville, il ne tarda pas aussi à obtenir son
accomplissement. Pour en revenir à Cécile, elle fut épouvantée de ce miracle,
et, dans son trouble, elle porta au monastère de Saint-Dominique l'image et
tout ce qui avait appartenu à la servante de Dieu. Cependant une grave sédition
ayant éclaté dans la ville, cette pieuse femme fut raconter aux magistrats la merveille
dont nous venons de parler, et leur conseilla de demander, sur ce qui se
passait, l'avis de la Bienheureuse. Jamais conseil ne fut peut-être plus mal
adressé que celui-là. Ce n'étaient plus ces anciens magistrats qui, témoins des
vertus de Colombe, l'écoutaient comme un Ange du ciel. Ceux-ci, déjà peu
croyants de leur naturel, étaient en outre imbus de toutes les calomnies que
l'on publiait contre cette sainte fille. Aussi se moquèrent-ils de la vision,
du conseil de Cécile, des révélations et des miracles de la servante de Dieu,
traitant tout cela de momeries, de songes creux, de superstitions et
d'extravagances. Or, voilà ce que Cécile racontait naïvement dans sa lettre à
la servante de Dieu.
Cet
état de choses dura plusieurs années. A la fin, son ancien confesseur parvint à
lui faire rendre sa liberté d'action.
Quand
le jour approcha où Dieu avait résolu de récompenser sa servante de tous les
travaux qu'elle avait endurés pour lui, il permit que saint Dominique lui
annonçât cette bonne nouvelle. Le saint Patriarche lui apparut donc d'un air
joyeux et lui dit ces consolantes paroles « Réjouissez-vous, ma fille, car
le temps approche où vous serez appelée à célébrer vos noces .avec votre Époux
bien-aimé ».
Le
jour de l'Épiphanie, elle eut une extase pendant laquelle on la crut
morte ; en reprenant ses sens elle dit : « Seigneur, puisqu'il
plaît à Votre Majesté de différer mon départ, jusqu'à l'Ascension, que votre
sainte volonté s'accomplisse.
Elle
se préparait cependant à quitter ce monde; elle fit ses adieux à ses chères
sœurs, en les suppliant de lui pardonner les mauvais exemples qu'elle leur
avait donnés. Elle réunit aussi les principaux citoyens de Pérouse, pour leur
parler une dernière fois des joies du royaume des cieux, où elle espérait les
revoir. Pendant le Carême, elle redoubla ses austérités, s'offrant en
holocauste pour cette ville de Pérouse qu'elle aimait tant et que de grands
malheurs menaçaient alors. On l'entendit une fois s'écrier au pied de l'autel
de sainte Catherine de Sienne ; « Ô mon bon maître, ô mon Seigneur
Jésus-Christ, exaucez les prières que nous vous adressons pour votre peuple de
Pérouse, faites-nous grâce, faites-nous miséricorde. Soyez-nous propice, 6
Jésus S'il vous faut une victime, je m'offre à votre justice, mais de grâce
épargnez les pauvres pécheurs ».
Dans
la nuit du samedi saint au jour de Pâques, elle eut un vomissement de sang si
considérable, que l'on ne pouvait comprendre qu'il y en eût autant dans un
corps si maigre et si exténué. La fièvre la prit ensuite avec de violentes
douleurs de tête, dont elle souffrit pendant trente-trois jours. Elle n'avait
d'autre soulagement que la vue de son crucifix, qu'elle baisait amoureusement
en lui disant : « Ô mon Jésus ! mon doux Maître ! Ô mon
refuge salutaire ! mon Époux bien-aimé ! »
Elle
eut encore plusieurs visions qui la consolèrent dans ses souffrances.
Notre-Seigneur lui apparut au milieu de ses anges et lui dit :
« Préparez-vous, ô ma Colombe, car je veux que vous veniez bientôt
demeurer avec moi. Sainte Catherine de Sienne, entourée d'un brillant cortège
de vierges, saint Pierre de Vérone, avec une glorieuse escorte de martyrs, lui
apportèrent également de douces paroles de paix et de bonheur.
La
vigile de l'Ascension, à l'issue des Vêpres, le Père Sébastien lui donna
l'Extrême Onction et récita les prières de la recommandation de l'âme, au
milieu des larmes et des sanglots des sœurs et des autres personnes qui étaient
présentes. On lui lut ensuite la Passion de Notre-Seigneur. Les démons
essayèrent de lui livrer un dernier assaut, mais elle les vainquit en leur
montrant le crucifix et en répétant sans cesse Je crois en Dieu! On lui lut une
seconde et une troisième fois la Passion de notre Sauveur. Peu après, elle
s'écria, les yeux fixés au ciel « 0 Reine des Anges, très douce Mère de Dieu, ô
mon Père saint Dominique, ô ma Mère sainte Catherine ; je vous recommande
mon âme je vous recommande tous les chrétiens, la sainte Église de Dieu, mon
Ordre, mes sœurs, les amis et les bienfaiteurs de ce monastère.
« Vers
le milieu de la nuit, dit le Père Sébastien, tandis que le confesseur et les
religieuses priaient pour elle, l'Époux vint. Colombe, s’en aperçut et s'écria
tout hors d'elle-même : « Ô mon Époux, ô mon Époux, soyez le
bienvenu ! Oui le temps est venu ; recevez votre humble
servante ». En disant recevez, son âme bénie s'envola et suivit
Jésus-Christ dans les cieux, laissant son corps les yeux ouverts et le visage
vermeil. Elle avait vécu trente-trois ans, trois mois et dix-huit jours: Ce fut
le 20 mai de l'année 1501, que le ciel ravit cet ange à la terre ».
La
bienheureuse Osanna de Mantoue la vit, au lever de l'aurore, s'approcher
d'elle, la tête ornée de deux couronnes resplendissantes elle la salua d'un air
angélique et plein de bonté ; puis elle lui dit : « Disposez-vous,
ma très chère soeur, et tenez-vous prête. Vous ne tarderez pas à me suivre, et
viendrez recevoir la couronne, immortelle que vous a préparée Jésus-Christ,
notre très fidèle Époux ».
Il
y avait en ce temps-là, à Ferrare, une autre religieuse de Saint-Dominique, qui
était la bienheureuse Lucie de Narni. Le duc de Ferrare, étant venu entendre la
messe dans son monastère, ce même jour de l'Ascension, voulut la voir après
l'office. La trouvant plus joyeuse que de coutume, il désira savoir d'où lui venait
cette grande joie. « Sachez, prince, lui répondit la bienheureuse Lucie,
que notre illustre sœur Colombe est montée au ciel aujourd'hui même avec
Jésus-Christ ». Le duc fit aussitôt partir un courrier pour Pérouse et
acquit la preuve que la Bienheureuse était morte en effet le jour de
l'Ascension.
Les
anges qui apparurent à sa naissance, la colombe qui se reposa sur sa tête au
moment du baptême, Notre-Seigneur qui se montra à elle tel qu'il était après sa
flagellation, l'étoile qui brilla au-dessus d'elle en plusieurs circonstances,
et notamment le jour de l'Épiphanie, tels sont les faits qui servent à
caractériser sainte Colombe dans les arts on a pu les lire dans la vie de la
Sainte. On place encore près d'elle un ciboire ou une hostie, parce que souvent
la sainte communion lui tint lieu de toute nourriture. On l'invoque contre les
maléfices; elle est particulièrement secourable dans les tentations.
Le
culte de la bienheureuse Colombe de Rieti, approuvé d'abord en 1571, par saint
Pie V, l'a été de nouveau en 1627, par Urbain VIII.
SOURCE : P. Giry : Les petits Bollandistes :
vies des saints. T. VI. Source : http://gallica.bnf.fr/
Bibliothèque nationale de France.
Blessed Columba of Rieti, OP Tert. V (AC)
Born in Rieti, Umbria, Italy, in 1467; died in Perugia, Italy, in 1501;
beatified in 1697 (or 1627).
Columba of Rieti is one of
many pious mystics of the third order of Saint Dominic. According to legend,
angels sang around the house when Columba was born. She was originally to be
called Angelica, but a white dove appeared over the baptismal font, and it was
decided to change the name to Columba (another source says that her name was
Angelella Guardagnoli). Her parents were too charitable to save any money, and
the little girl learned to be hungry gracefully with them. Early in life, she
learned to spin and sew, and she and her mother took upon themselves the task
of doing the mending for the Dominican fathers in her Rieti.
Columba soon picked up the
art of reading from the sisters at Rieti, and learned the Little Office from
hearing it chanted. She was especially devoted to Our Lady, and, as soon as she
had read a life of Saint Catherine of Siena, she began to model her life on
that of the great Dominican tertiary. Columba's parents seem to have had a very
casual attitude towards the goods of this world, and, apparently, she and they
worked only at odd times, when it was absolutely necessary. They devoted the
rest of their time to prayer and good works among the poor.
At 12, Columba was
self-supporting and, furthermore, she had learned that charming truth: "It
is better to need less than to have more." Earnestly praying to know her
vocation, she was favored with a vision in which she saw Our Lord on a golden
throne, attended by SS Dominic, Jerome, and Peter Martyr of Verona. Columba
interpreted the vision to mean that she was to dedicate herself to God, and she
pronounced a private vow of virginity and made plans to live a solitary life.
Unfortunately, she did not
think to mention this to her parents, who were busy arranging a marriage for
her. The night before the engagement was to be publicly announced, they
suddenly told her that the young man they had arranged for her to marry was
waiting in the parlor to see her. Forewarned by a vision, Columba had made up
her mind what to do. She quickly cut off her hair and sent it in to him, which
seems to be the accepted Dominican way of declining a suitor. He took the hint
and departed, to the fury of Columba's brothers, who perhaps had felt that the
family finances were about to be put on a solid basis.
Columba, following Saint
Catherine's example, settled down to live the life of a recluse in her father's
house. She worked skillfully at whatever her mother suggested, which softened
the good lady's annoyance at her daughter's peculiar choice of life. An uncle
and one of her brothers persecuted her continually, and one time her brother
tried to kill her.
All in all, one would
hardly say that these were comfortable surroundings for a mystic. In the midst
of all this, Columba set sturdily about her program of spirituality: she kept
five Lents a year, fasted on bread and water, and went to Mass and to Communion
as often as she was allowed in those days of infrequent Communion.
Columba had a special
devotion to the Holy Infancy, and she longed to visit the Holy Land and see the
places sanctified by the Incarnate Christ. Never able to make the trip in
actuality, she made it spiritually, and once, in an ecstasy that lasted five
days, she was conducted to all the holy places in Palestine.
On one occasion, her confessor,
who was something of an artist, had promised to make her a set of crib figures
to use at Christmas time. He forgot to do so, and she was desolate until the
Christ- Child himself appeared to her. Then she had no need of wooden figures.
Once, when she was meditating on the Passion, she was so affected by what she
saw that she begged our Lord never to let her see such suffering again, for
fear she would die of its intensity.
At age 19, Columba was
received into the third order of Saint Dominic. She had been favored with a
vision telling her that she should join this group, and, as soon as she was
clothed with the habit, she led a pilgrimage to the Dominican shrine of Our
Lady of the Oak in Viterbo.
Her fame had already begun
to spread; as they went along the road, people crowded to get close to her and
hailed her as a saint. Columba was embarrassed by such attention, but she
proceeded to Viterbo. Here she prayed that a devil might be cast out of a young
woman who had been possessed for 18 years. When the woman was healed, the word
spread all over the region that Columba was a real saint.
The citizens of Narni
determined to trap her and keep her as she passed through that city on her
return home. Warned of their intention, Columba and her little party crept out
by night and fled from those overly enthusiastic citizens, who would one day
wage a bloody battle to gain custody of another saintly Dominican--Lucy of
Narni.
It is unknown why Columba
moved to Foligno; perhaps the fame of her miracles--including the raising of a
dead child to life--was beginning to press down upon her. In 1488, she moved to
the convent of the Poor Clares.
The bishop soon heard about
her, and, unexpectedly, Columba found herself in the role of foundress for a
community of Dominican tertiaries that the bishop wished to establish in
Perugia. The bishop sent word for her to go to Perugia, and at the same time
the master general told her to return to Rieti.
The good people of Foligno
blocked all the roads, and said quite plainly that Columba was going nowhere.
When the master general's envoy came to get her, she was in ecstasy, and he had
to shake her awake to give her the message. She went along very obediently.
Eventually, however, the master general changed his mind, and she was sent to
Perugia.
Columba took her solemn
vows in the convent of Perugia on Pentecost in 1490. She lived there happily,
frequently lost in prayer, until her death 11 years later. Bishops, priests,
and magistrates came to consult her about their various problems, and to ask
her prayers. When the plague was decimating the peninsula in 1494, she told the
people to dedicate the city to Saint Dominic and Saint Catherine. Her request
was executed and the plague immediately ceased. She is said to have been
ruthlessly persecuted by Lucrezia Borgia, but no details are available.
Despite all this heavenly
activity, Columba was a very kind superior, who never expected any of her
charges to imitate her extreme penances. She claimed, "No sister dead to
grace can remain in a convent; for either she will repent of her sins, or she
will be cast out on the cold shores of the world, or, of her own free will, she
will leave the blessed retreat of the cloister."
Columba of Rieti died on
the eve of the Feast of the Ascension at the age of 34. At the moment of her
death, her soul appeared radiant in glory, to her spiritual friend, Blessed
Osanna of Mantua (Benedictines, Dorcy).
In
art, Columba is a Dominican tertiary to whom an angel brings the Eucharist. At
times a hand may reach down from heaven to give her the Host, with a wreath of
roses, cross, lily, and rosary; or with a dove, lily, and book (Roeder).
Blessed Columba of Rieti,
V.O.P.
Memorial Day: May 20th
Profile
Blessed Colomba of Rieti is always called after her
birthplace, though she actually spent the greater part of her life away from
it. Her celebrity is based -- as it was even in her lifetime -- mainly on two
things: the highly miraculous nature of her career from its very beginning, and
her intense devotion to the Blessed Sacrament. She was one amongst a number of
saintly Dominican women who seem to have been expressly raised up by God in
protest against, and as a sharp contrast to, the irreligion and immorality
prevalent in Italy during the fifteenth and sixteenth centuries. These women,
nearly all of the Third Order, had an intense devotion to St. Catherine of
Siena, and made it their aim to imitate her as nearly as possible. Many
seculars, men as well as women, shared this devotion, amongst these being
Ercole I, Duke of Ferrara, who had a deep admiration for Colomba and for some
other holy Dominican religious, her contemp oraries, the most notable of whom
were Blessed Osanna of Mantua and Blessed Lucy of Narni.
For the latter Ercole's veneration was so great that
he never rested until he had got her to come with some of her nuns to live in
Ferrara, where he built her a convent and where she died after many troubles.
She began when quite a girl to practice austere penances and to subsist almost
entirely on the supernatural food of the Holy Eucharist, and continued this for
the greater part of her life. At nineteen she joined the Dominican Tertiaries,
of whom there were many in town, though still living at home; and she soon won
the veneration of her fellow townspeople by her personal holiness as well as by
some miracles that she worked. But Colomba was not destined to remain in Rieti.
In 1488 she left home and went to Perugia, where the inhabitants received her
as a saint, and in the course of time built her the convent of St. Catherine,
in which she assembled all the Third Order Dominicanesses, who desired her as
superior in spite of her youth. In 1494, when a terrible plague was raging in
Perugia, she offered herself as victim for the city. The plague was stayed, but
Colomba herself was struck down by the scourge. She recovered only to save her
sanctity severely tried by widely spread calumnies, which reached Rome, whence
a commission was sent to examine into her life. She was treated for some time
as an imposter, and deposed from her office of prioress; but finally her
innocence triumphed.
In 1495 Alexander VI, having heard of Colomba's holiness
and miracles from his son the Cardinal Caesar Borgia, who had been living in
Perugia, went himself to the city and saw her. She is said to have gone into
ecstasy at his feet, and also to have boldy told him of all personal sins. The
pope was fully satisfied of her great sanctity, and set the seal of approval on
her mode of life. In the year of 1499 she was consulted, by authorities who
were examining into the manner, concerning the stigmata of Blessed Lucy of
Narni, and spoke warmly in favor of their being genuine, and of her admiration
for Blessed Lucy's holiness. Her relics are still venerated at Perugia, and her
feast is kept by her order on 20 May.
Born: February 2, 1467 at Rieti, Umbria, Italy as
Angelella Guardagnoli
Died: May 20, 1501 at Perguia, Italy of natural
causes; at the moment of her death, her friend, Blessed Osanna Andreasi, saw
Columba's soul as a radiance rising to heaven; the whole city turned out for
her funeral, which was paid for by the city fathers
Beatified: February 25, 1625 by Pope
Urban VIII
Patronage: against sorcery;
against temptation and Perugia, Italy
Representation: Dominican tertiary receiving the Eucharist from a hand
reaching down from heaven; Dominican tertiary receiving the Eucharist from an
angel; Dominican tertiary with a dove, lily, and book; Dominican tertiary with
a wreath of roses, cross, lily, and rosary
Prayers/Commemorations
First Vespers:
Ant. This is a wise Virgin whom the Lord found watching, who took her
lamp and oil, and when the Lord came she entered with Him into the marriage
feast, alleluia.
V. Pray for us Blessed Columba, alleluia.
R. That we may be made worthy of the promises of Christ, alleluia.
Lauds:
Ant. Come, O my chosen one, and I will place my throne in thee, for the
King hath exceedingly desired thy beauty, alleluia.
V. Virgins shall be led to the King after her, alleluia.
R. Her companions shall be presented to Thee, alleluia.
Second Vespers:
Ant. She has girded her loins with courage and hath strengthened her
arm; therefore shall her lamp not be put out forever, alleluia
V. Pray for us Blessed Columba, alleluia
R. That we may be made worthy of the promises of Christ, alleluia
Prayer:
Let us Pray: O God, who wast pleased
that Blessed Columba, Thy Virgin, graced with the spotless white of purity and
innocence, should shine with heavenly radiance, grant, we beseech Thee that
through her intercession serving Thee here with pure minds, we may deserve to
enjoy the brightness of Thy glory in heaven. Through Christ our Lord. Amen.
SOURCE :
http://www.willingshepherds.org/Dominican%20Saints%20May.html#Columba of Rieti
Blessed Colomba of Rieti
Born
at Rieti in Umbria, Italy, 1467; died at Perugia, 1501. Blessed Colomba of Rieti is always
called after her birthplace, though she actually spent the greater part of her
life away from it. Her celebrity is based — as it was even in her lifetime —
mainly on two things: the highly miraculous nature of her career from its very beginning,
and her intense devotion to the Blessed Sacrament. She was one amongst a number of saintly Dominican women who seem to have been expressly raised up by God in protest against, and as a sharp contrast
to, the irreligion and immorality prevalent in Italy during the fifteenth and sixteenth centuries.
These women, nearly all of the Third Order, had an intense devotion to St. Catherine of Siena, and made it their aim to imitate
her as nearly as possible. Many seculars, men as well as women, shared this devotion, amongst these being
Ercole I, Duke of Ferrara, who had a deep admiration for Colomba and for
some other holy Dominican religious, her contemporaries, the most
notable of whom were Blessed Osanna of Mantua and Blessed Lucy of Narni. For the latter Ercole's veneration was so
great that he never rested until he had got her to come with some of her nuns to live in Ferrara, where he built her a convent and where she died after many troubles. She
began when quite a girl to practise austere penances and to subsist almost
entirely on the supernatural food of the Holy Eucharist, and continued this for the greater part of
her life. At nineteen she joined the Dominican Tertiaries, of whom there were many in town,
though still living at home; and she soon won the veneration of her fellow
townspeople by her personal holiness as well as by some miracles that she worked. But Colomba was not destined
to remain in Rieti. In 1488 she left home and went to Perugia, where the inhabitants received her as a saint, and in the course of time built her the convent of St. Catherine, in which she assembled all
the Third Order Dominicanesses, who desired her as
superior in spite of her youth. In 1494, when a terrible plague was raging in Perugia, she offered herself as victim for the city.
The plague was stayed, but Colomba herself was struck down by the scourge. She
recovered only to save her sanctity severely tried by widely spread calumnies, which reached Rome, whence a commission was sent to examine into
her life. She was treated for some time as an imposter, and deposed from her office of prioress; but finally her innocence triumphed. In 1495 Alexander VI, having heard of Colomba's holiness and miracles from his son the Cardinal Caesar Borgia, who
had been living in Perugia, went himself to the city and saw her. She is
said to have gone into ecstasy at his feet, and also to have boldly told him
of all personal sins. The pope was fully satisfied of her great sanctity, and set the seal of approval on her mode of
life. In the year of 1499 she was consulted, by authorities who were examining
into the manner, concerning the stigmata of Blessed Lucy of Narni, and spoke warmly in favour of their being
genuine, and of her admiration for Blessed Lucy's holiness. Her relics are still venerated at Perugia, and her feast is kept by her order on 20 May.
Capes,
Florence. "Blessed Colomba of Rieti." The Catholic Encyclopedia. Vol.
4. New York: Robert Appleton Company, 1908. 20 May 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/04121a.htm>.
Also known as
- Angelella Guardagnoli
- Colomba of Rieti
Profile
Legend says that at her
birth, angels
gathered around Columba’s house to sing.
During her Baptism,
a dove
suddenly flew down to the font.
From that point on, no one used her by her given name (Angelella = little angel), but called her Columba (= dove).
She was raised in a poor
but pious family; her parents gave away nearly everything thing they had to
people even poorer
than themselves. As a small girl
Columba learned to spin
and sew;
she and her mother
repaired the clothes of the local Dominicans.
Educated
by Dominican
nuns.
Columba quickly developed a
strong devotion to Saint
Catherine
of Siena and to the Blessed
Virgin Mary. While still in her teens she prayed
about her vocation in life, and received a vision
of Christ on a throne surrounded by saints.
She took this as instruction to dedicate herself to God,
and so she cut herself off from the world, made a private vow of chastity,
and spent her time in prayer.
Unbeknownst to Columba, her parents had arranged a marriage
for her, but she cut off her hair and sent it to her would-be suitor, an
accepted way at that time of telling him that she was devoting her life to God,
not marriage.
She had the gifts of
prophecy, healing,
exorcism,
raising the dead,
and miracles.
Given to ecstacies
during one of which her spirit toured the Holy Lands. Dominican
tertiary
at age 19. Her reputation for wisdom and holiness spread throughout the region,
and she was a much sought after counsellor. Some people from the city of Narni,
Italy
tried to kidnap
her so she could be their miracle
worker, but she escaped.
Following a revelation that
she should leave Rieti,
Italy,
she walked away with no destination in mind. Along the way she was arrested
in Foligno,
Italy
as a vagrant,
but she eventually stopped and stayed in Perugia,
Italy.
On 1
January 1490
she and several other women
took vows as a community of Dominican
teritary
nuns.
Noted spiritual counselor to any who sought her advice. During an epidemic she
worked among the sick,
healing
many by praying
for them. She offered her own health in exchange for the city; when the general
epidemic ended, she became ill,
eventually recovering through the intercession of Saint
Catherine
of Siena. Her sanctity caused her to be persecuted by Lucrezia
Borgia for years; at one point Borgia had a decree issued accusing Columba of
practicing magic.
Born
- 2 February
1467
at Rieti,
Umbria,
Italy
as Angelella Guardagnoli
- 20 May
1501
at Perguia,
Italy
of natural causes
- at the moment of her death,
her friend, Blessed
Osanna
Andreasi, saw Columba’s soul as a radiance rising to heaven
- the whole city turned out for her funeral, which
was paid for by the city fathers
- Dominican
tertiary
receiving the Eucharist from a hand reaching down from heaven
- Dominican
tertiary
receiving the Eucharist from an angel
- Dominican
tertiary
with a dove,
lily,
and book
- Dominican tertiary with a wreath of roses, cross, lily, and rosary
SOURCE : http://catholicsaints.info/blessed-columba-of-rieti/
Autore: Franco Mariani
Beata Colomba da Rieti Vergine
Rieti, 2 febbraio 1467 - Perugia, 20
maggio 1501
Nata
a Rieti nel 1467, Angiolella Guadagnoli fu da subito chiamata Colomba, perché
al fonte battesimale le si avvicinò proprio una colomba e ciò fu interpretato
come segno di predilezione divina. Fin dall'infanzia, viste le severe penitenze
che si infliggeva e la vita di preghiera che conduceva, fu considerata una
piccola santa. Promessa in sposa a un nobile quando aveva appena 12 anni,
rifiutò risolutamente il matrimonio d'alto lignaggio e sette anni dopo,
nonostante l'opposizione della famiglia, vestì l'abito di terziaria domenicana.
Si mise, poi, in cammino verso Siena, la patria del suo modello di vita, santa
Caterina. Una serie di avversità la bloccò, però, a Perugia, dove rimase e
fondò un monastero dedito all'educazione delle fanciulle nobili, chiamato delle
"Colombe". Dal 1488 al 1501, data della morte, si adoperò per sanare
le discordie della città (fu ascoltata consigliera dei potenti Baglioni, i
signori di Perugia). E la salvò dalla peste nel 1494. Il culto è stato
riconosciuto da Urbano VIII nel 1627. (Avvenire)
Martirologio
Romano: A Perugia, beata Colomba (Angela), vergine della Penitenza di San
Domenico, che si adoperò per pacificare la città divisa tra fazioni.
Angiolella Guadagnoli, fu
chiamata Colomba, perché al fonte battesimale si vide una misteriosa colomba
scendere sul suo capo, simbolo, forse, di quella profusione di grazie che lo
Spirito Santo avrebbe versato nella sua anima. Come il glorioso Padre Domenico,
essa, fin dalla culla, rivolse il cuore a Dio, e iniziò, con passo deciso, l’ascesa
verso la santità. Ancora in fasce si privava del latte materno. A tre, a sette,
a dieci anni le sue penitenze uguagliarono quelle dei più rigidi anacoreti. Il
cielo non solo la favori di altissima contemplazione, ma l’arricchì di doni
straordinari, come la profezia, la scrutazione dei cuori e i miracoli. A dieci
anni consacrò a Dio la sua verginità, e, per perseverare nel suo proposito e
vincere le opposizioni dei genitori, si recise la bella chioma. Nella domenica
delle Palme del 1486 vestì l’Abito del Terz’Ordine. Quindi per divina
ispirazione lasciò la nativa Rieti, e si recò a Perugia dove fondò un Monastero
Domenicano del Terz’Ordine, per l’educazione delle fanciulle nobili che fu
detto delle “Colombe". Anche fuori del Chiostro svolse un fecondissimo
apostolato. Soccorse tutte le miserie dell’anima e del corpo, pacificò gli
animi dei cittadini divisi da partiti e da lotte fratricide, stornò con le sue
preghiere e con le sue suppliche i divini castighi, pronti a scagliarsi sulla
città colpevole. Essa fu per i perugini l’Angelo inviato da Dio, troppo presto,
però, tolto a loro, perché volò al premio, il 20 maggio 1501, a soli 33 anni.
Papa Urbano VIII il 25 febbraio 1627 ha riconosciuto il culto.
Autore: Franco Mariani
GUADAGNOLI, Angelella (Colomba da Rieti). - Nacque il 2 febbr.
1467 a Rieti. Per lungo tempo la G. è stata ritenuta figlia di Angelo Antonio
Guadagnoli e di Vanna; recenti indagini (Baglioni, Cianini Pierotti) hanno
attribuito invece la paternità della G. ad Angelo Antonio Petrozzi, sposato da
Vanna in seconde nozze, allora proprietario di una casa e un fondaco nel
sestiere di Porta Cintia.
Secondo la tradizione agiografica il giorno del battesimo una
colomba si posò sul petto e sulla bocca della G., che da quel momento venne
chiamata, appunto, Colomba. Il fatto viene narrato nelle prime pagine della Vita del
domenicano Sebastiano Bontempi, che resta la fonte primaria e generalmente affidabile
per la ricostruzione delle sue vicende. Composta in latino tra l'ottobre del
1501 e il 1506, venne tradotta in italiano dall'autore tra il 1507 e il 1521.
Animata da un'innata tensione spirituale, la G. frequentò sin
dall'infanzia la chiesa di S. Domenico e la casa delle terziarie domenicane di
Rieti: qui, ascoltando la lettura della vita di Caterina da Siena (pubblicata
nel 1477 e destinata a enorme fortuna), trovò una risposta alle sue aspirazioni
interiori facendo della santa senese il proprio modello. Ormai adolescente, si
dedicò con sempre maggior rigore alle pratiche ascetiche, destinate a condurla
ancor giovane alla morte.
Del tutto inutili si dimostrarono i tentativi dei genitori di
farla sposare con un nobile: il giorno stabilito per il suo fidanzamento la G.
si presentò con i capelli tagliati, segno irrevocabile della sua rinuncia al
mondo. Preso atto della situazione, il padre decise di non opporsi oltre e
concedere alla giovane una stanza a suo uso esclusivo dove si potesse ritirare
per le proprie devozioni. Intanto la G. insistette anche con i frati
predicatori perché le fosse concesso l'abito del Terz'ordine della penitenza di
S. Domenico, da lei ottenuto la domenica delle Palme del 1486, quando venne
accolta nella famiglia domenicana per mezzo di fra Tommaso da Foligno, allora
priore di S. Domenico.
A questo punto l'influenza di Caterina da Siena incominciò a
manifestarsi nell'attenzione della G. per il pellegrinaggio: nell'estate del
1487, ormai circondata da una certa fama di santità, si recò a piedi al
santuario domenicano di S. Maria della Quercia, presso Viterbo, seguita da
dodici compagni, per lo più frati e suore del Terz'ordine. Proprio qui, di
fronte all'immagine della Madonna, compì il suo primo esorcismo su una donna
portatale dai padri domenicani del santuario.
Rientrata a Rieti, la G. maturò la decisione di un nuovo, più
impegnativo pellegrinaggio che la leggenda presenta come ispirato da una
visione in cui s. Caterina e s. Domenico chiedono alla giovane di partire per
una meta ancora sconosciuta. Così, dopo aver consumato una vera e propria
ultima cena con le dodici persone a lei più care e spiritualmente affini, alle
quali la G. (in un ripercorrere puntuale le gesta di Gesù) volle anche lavare i
piedi, scappò in segreto durante la notte. Giunse, nel settembre del 1488, nei
pressi di Spoleto, quindi a Foligno, dove chiese ospitalità presso il monastero
clariano di S. Caterina che pensava erroneamente essere una comunità
domenicana, e poi presso le monache dell'Ordo praedicatorum di S. Maria
del Popolo. Qui, dopo che la sua totale astensione dai cibi e il suo girovagare
avevano attirato i sospetti delle magistrature cittadine, fu raggiunta dal
padre e dal priore di S. Domenico di Rieti, scortata dai quali proseguì il suo
cammino sino a S. Maria degli Angeli. Raccolta in preghiera, quando tutti
pensavano che si volesse dirigere verso Siena, città della sua santa
ispiratrice, la G. realizzò che il termine del suo viaggio doveva essere
Perugia.
La città, sede di una piccola e poco significativa comunità
di terziarie domenicane, era travagliata da violentissime lotte intestine che
vedevano scontrarsi anche entro le mura i rappresentanti della potente famiglia
Baglioni contro gli Oddi e i loro sostenitori.
Non è facile chiarire le motivazioni che spinsero la G. a
questa scelta. Sicuramente dalle fonti emerge la sua attenzione alla città come
luogo di intensi rapporti umani spesso segnati dalla sopraffazione e dalla sete
di potere. Dopo la morte di Braccio Baglioni (1479) e il periodo di anarchia
che ne seguì, l'estate del 1488 fu caratterizzata dalla definitiva affermazione
del potere dei fratelli di quest'ultimo, Rodolfo e Guido, sino alla cacciata
degli Oddi da Perugia il 30 ottobre. La G. scelse dunque di dirigersi verso una
città in piena guerra civile, dove la stessa debolezza istituzionale delle
terziarie domenicane può esserle sembrata occasione per qualcosa di nuovo: la
creazione di un monastero aperto, dal quale le religiose potessero uscire
quotidianamente per recarsi in chiesa e ammaestrare silenziosamente i propri
concittadini.
Assecondando i suoi desideri, il padre e il priore di S.
Domenico si recarono in città per ottenere un salvacondotto per la G.: i
domenicani di Perugia infatti si rifiutarono di accoglierla, temendo che dietro
il suo carisma si nascondesse una finzione di santità che sarebbe potuta
tornare a discredito di tutto l'Ordine.
Straziata dalle quotidiane violenze che ne insanguinavano le
strade e il contado, la cittadinanza dovette accogliere con favore l'arrivo della
Guadagnoli. Il cronista perugino Maturanzio narra infatti della festosa
accoglienza che una piccola folla riservò alla G. che, accompagnata dai
genitori, entrava in Perugia per porta S. Pietro e veniva condotta presso la
casa di due terziarie domenicane nei pressi della chiesa di S. Domenico.
Proprio qui, nella cappella di S. Caterina frequentata quotidianamente la G. si
svelò come la santa della città: con le sue prolungate estasi pubbliche, spesso
seguite da guarigioni miracolose e severi ammonimenti ai potenti che si
recavano a consultarla (in particolare proprio Rodolfo e Guido Baglioni), la
donna divenne un nuovo ponte fra Dio e i suoi concittadini di adozione, che da
questo momento, nonostante il parere contrario dei domenicani, si opposero
risolutamente a qualsiasi tentativo dei Reatini per riaverla.
Intanto la piccola e informale comunità si stava trasformando
in qualcosa di nuovo: l'arrivo della G. aveva fatto decidere alcune nobili
terziarie, che erano vissute sino a quel momento nelle proprie case, a
ritrovarsi presso la casa di porta S. Pietro.
Se tra il 1488 e il 1489 cinque sorelle presero l'abito, nel
1492 la comunità contava ormai tredici membri per arrivare a quaranta nel 1497.
Il carisma della G. si era dunque incontrato con un'effettiva esigenza della
città che - nonostante i dubbi persistenti dei domenicani, soprattutto in
relazione all'accettazione di donne giovani - non si oppose all'ingresso di sue
nobili figlie presso una struttura poverissima e priva della dignità tipica dei
monasteri di clausura.
Quanto alla G., aveva scelto per sé un'angusta stanzetta
priva di luce e confinante con le latrine, dove sotto una stuoia nascondeva gli
strumenti delle sue discipline. Una dimensione privata che non impedì alla G.
di elaborare un percorso istituzionale nuovo e chiaro per tutte quelle che
vollero seguirla: così, quando il 1° genn. 1490, nella chiesa di S. Domenico,
pronunciò la sua professione solenne nelle mani del priore Stefano da Gaeta, lo
fece secondo la regola delle terziarie di S. Domenico, cui si aggiunsero le
esplicite promesse di povertà, castità e obbedienza, secondo la nuova formula
"de la istituzione della vita collegiale" come recita la Cronaca,
conservata presso il monastero delle Colombe (come viene comunemente chiamato)
di Perugia. Gli elementi essenziali di questo nuovo stato di vita si definirono
progressivamente sino a raggiungere la forma scritta di Consuetudini in
21 capitoli, i cui tratti essenziali consistono nel coniugare la vita
comunitaria scandita dalla recita obbligatoria dell'officio tipico dei
monasteri con il rifiuto della clausura.
Nel 1490 l'impegno della città a sostegno della nascente
comunità divenne più esplicito: si decisero infatti le prime sistematiche
elargizioni in denaro per sostenere i lavori di restauro e ampliamento del
complesso conventuale. Quando nel febbraio del 1493 la G., circondata da
diverse nobildonne perugine, pose la prima pietra del dormitorio e del
refettorio, i lavori per l'oratorio e altre parti erano già a buon punto. È
questo l'anno di un'eccezionale donazione da parte della più importante
magistratura cittadina direttamente governata dai Baglioni: attingendo ai
propri fondi discrezionali i Dieci dell'arbitrio deliberarono infatti lo
stanziamento di ben 1000 fiorini a favore delle religiose. In effetti fu tra il
1492 e il 1494 che si concentrarono le più alte donazioni, sia pubbliche sia
private, in favore della Guadagnoli.
Il suo intervento intercessorio si rivelò in occasione della
grave pestilenza che si abbatté sulla città nella primavera del 1494.
Si trattava in realtà di una prima ondata di sifilide portata
dalle truppe di Carlo VIII discese nella penisola italiana: interpellata, la G.
suggerì la realizzazione di un prezioso gonfalone rappresentante la città di
Perugia protetta dai manti di s. Domenico e s. Caterina. Realizzato in tutta fretta da Giannicola di
Paolo o da Ludovico d'Angelo Mattioli, pittori di scuola perugina, il gonfalone
venne portato in solenne processione per tre giorni a partire dal 4 maggio,
festa di S. Caterina. Il successo dell'iniziativa consacrò
definitivamente la fama di santità della G., la quale nel corso del contagio si
era prodigata nella cura degli ammalati sino a contrarre la malattia dalla
quale, secondo le fonti, fu liberata miracolosamente.
Senza dubbio fu questo il momento di massima influenza della
G., che in seguito sperimentò le conseguenze negative di una troppo stretta
identificazione con il potere. Nel Natale del 1494 la G. si vide assegnare un
nuovo confessore: si trattava del teologo, matematico e astrologo Sebastiano
Bontempi, professore di teologia e morale, più volte priore di S. Domenico e
confessore dello stesso Giampaolo Baglioni.
Quest'ultimo e il fratello intensificarono le visite alla G.,
la quale non lesinò loro consigli e visioni che anticipavano le vittorie sugli
avversari. In particolare nel 1495 si verificarono scontri tra i Baglioni e gli
Oddi che tentavano di volgere a loro favore l'instabilità creata dalle truppe
di Carlo VIII: le battaglie si svolsero nel contado in primavera per culminare
poi in un sanguinosissimo scontro entro le mura cittadine nel settembre. In
entrambe le occasioni la G. sostenne i Baglioni, pregando a fianco delle donne
di famiglia: in molti iniziarono allora a dubitare della sua imparzialità,
accusandola di sostenere i tiranni a danno di altri cittadini.
Nel giugno dello stesso anno un nuovo avvenimento aveva
fomentato queste impressioni: di passaggio da Perugia per sfuggire alle truppe
francesi, papa Alessandro VI aveva avuto modo di conoscere la religiosa e se in
un primo momento era rimasto infastidito dalle sue estasi inopportune nel corso
di una pubblica udienza, un lungo interrogatorio gli aveva permesso di
saggiarne la santità e ortodossia. Il tutto si era concluso con la concessione
di una speciale indulgenza all'altare di S. Caterina per la fabbrica del
monastero.
I favori del pontefice non giovarono alla G.; estasi,
predizioni, digiuni e rigori ascetici, insomma quegli stessi elementi che
avevano per anni costituito una prova della sua perfezione, divennero altrettanti
possibili indizi della sua presunzione, forse anche della sua affettazione di
santità, che nascondeva una possibile stregoneria.
Così le indagini ecclesiastiche che non l'avevano risparmiata
negli anni precedenti si intensificarono divenendo al contempo più accurate: se
già le autorità di Foligno avevano condotto al tempo del suo passaggio qualche
indagine, la G. era da poco arrivata a Perugia quando i domenicani avviarono
un'inchiesta coinvolgendo anche alcuni magistrati cittadini tra cui il giudice
perugino Crispoldo de' Crispoldi, destinato a divenire suo discepolo. Intorno
al 1494 fu la volta di un nuovo inquisitore domenicano francese e se anch'egli
si arrese di fronte alla G., meno netti furono i risultati di diverse
commissioni di inchiesta, domenicane e pontificie, nel periodo successivo. Mai
dichiarata colpevole, la G. non risultò neanche del tutto innocente.
Intanto, nonostante i sospetti, la fama di taumaturga della
G. continuò a crescere, mentre nella sua comunità, morta nel 1497 la priora, le
si riconobbe anche formalmente il ruolo di guida sempre esercitato nominandola
al posto di suor Angelina.
In questo stesso anno tuttavia, soprattutto nei territori
sottoposti all'autorità pontificia, il cerchio si stringeva intorno ai molti
seguaci di Savonarola e Bontempi era fra questi: le autorità ecclesiastiche lo
accusarono di magia e di plagio nei confronti della G., alla quale avrebbe
suggerito il contenuto di alcune visioni.
Dal 1497 a Bontempi fu tolta la guida spirituale della G.,
che venne affidata a un nuovo confessore, frate Andrea da Perugia: un buon uomo
assolutamente inadatto alla guida di un personaggio della levatura della
Guadagnoli.
Non stupisce d'altronde che le autorità domenicane non si
fossero lasciate sfuggire l'occasione di ridimensionare l'immagine e
l'influenza di una religiosa che con la sua azione proponeva qualcosa di ben
diverso dalla controllata e controllabile santità di altre terziarie da tempo
proposte come modello anche dalla produzione agiografica dell'Ordine (si pensi
al caso esemplare di Maria da Venezia).
La G. era sempre più costretta nei limiti del suo convento,
dal quale richiamava i Baglioni - e in particolare Giampaolo - ai castighi che
li avrebbero colpiti per il loro malgoverno.
Sono anni di solitudine in cui l'aiuto, piuttosto che dai
frati predicatori o dalla cittadinanza, sembra arrivare da Alessandro VI per
mezzo dei legati pontifici: prima Giovanni Borgia, quindi Raimondo Perauld
divennero devoti della G., impegnandosi a ottenere in suo favore diverse indulgenze
destinate a integrare gli scarsi introiti della comunità, che ormai risentiva
della diminuzione delle donazioni pubbliche. In particolare nel 1500, alla
concessione del privilegio del giubileo da lucrarsi per la G. e l'intera
comunità, si accompagnavano altri aiuti economici sotto forma di indulgenze e,
soprattutto, l'assegnazione alla G. di un nuovo padre spirituale nella persona
di fra Michele da Genova, per diretto interessamento del legato pontificio.
Fu questo dotto teologo ad accompagnare la beata negli ultimi
mesi della sua vita, conclusasi nel 1501 nel giorno dell'Ascensione.
Il corpo venne esposto alla venerazione dei fedeli per due
giorni nella chiesa di S. Domenico prima che si procedesse ai solenni funerali
a spese del Comune, conclusisi con la sepoltura nella cappella di S. Caterina.
Il culto della G. venne definitivamente riconosciuto solo nel 1725 da Benedetto
XIII, sebbene sin dal 1566 Pio V avesse concesso al monastero delle Colombe
(questo il nome della comunità dopo la morte della sua fondatrice) la
possibilità di celebrarne liturgicamente la memoria nel giorno della morte.
Fonti e Bibl.: Perugia, Biblioteca comunale Augusta, Mss.,
244 (D.62): S. Angeli [Bontempi], Vita della beata Colomba da Rieti (prossima
l'edizione a cura di G. Casagrande - F. Santucci); Ibid., Arch. del monastero
della Beata Colomba, Cronaca
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Riti, Processus,
2269; L. Alberti, Vita
della beata Colomba da Rieto dil Terzo Ordine di S. Domenego, sepolta a Perugia,
Bologna 1521; Sacra
Rituum Congregatione eminentiss. et reverendiss. D. card. Ottobono Perusina,
seu Reatina elevationis ritus sive extensionis, aut concessionis officii, et
missae in honorem b. Columbae virginis, Romae 1714; S. Angeli [Bontempi], De
beata Columba Reatina virgine tertii ordinis S. Dominici, in Acta
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