vendredi 8 février 2013

Saint JEAN de MATHA, prêtre, fondateur de l'Ordre des Trinitaires et confesseur


Saint Jean de Matha

Fondateur des trinitaires (+ 1213)

Né en Provence, il fit ses études à Paris où il reçut l'ordination sacerdotale. Il rencontra saint Félix de Valois et ensemble décidèrent la fondation de l'Ordre des Trinitaires pour le rachat des captifs chrétiens avec l'appui de l'évêque de Paris, Eudes de Sully. Il parcourut la France, l'Italie et l'Espagne pour développer son Ordre. Il s'en fut en Tunisie pour libérer à prix d'or les captifs que les pirates barbaresques amenaient comme esclaves sur les marchés du Maghreb. Il fonda plusieurs maisons dans le Languedoc, la Provence et le Dauphiné, régions qui jadis avaient eu à souffrir des hordes sarrasines. Il meurt à Rome, libre de tout, mais épuisé de fatigues, ayant consacré toute sa vie à l'oraison et aux prisonniers.

Au début du XIIIe siècle, Saint Jean de Matha établit à Arles un des premiers couvents de Trinitaires pour le rachat des prisonniers tombés aux mains des 'barbaresques'. (Diocèse d'Aix et Arles - Une histoire)

À Rome, sur le Célius, en 1213, saint Jean de Matha, prêtre d'origine française, fondateur de l'Ordre de la Sainte Trinité pour le rachat des captifs.

Martyrologe romain

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/595/Saint-Jean-de-Matha.html


Saint Jean de Matha secourant un esclave chrétien, église des Trinitaires, Rome

Saint Jean de Matha

Confesseur

(1160-1213)

Saint Jean de Matha, originaire d'une illustre famille, en Provence, fut consacré au Seigneur par un voeu, dès sa naissance. Il brilla, tout jeune encore, par le divin instinct de la charité. On le voyait distribuer aux pauvres l'argent que ses parents lui donnaient pour ses menus plaisirs, et tous les vendredis il allait servir les malades dans les hôpitaux; là, il pansait leurs plaies et leur procurait tous les secours qui étaient en son pouvoir. C'est par cette conduite admirable, il y a lieu de le croire, que le pieux jeune homme mérita de devenir le père d'un grand Ordre de charité.

Le jour où il fut élevé au sacerdoce une colonne de feu reposa sur la tête du nouveau prêtre et manifesta l'onction du Saint-Esprit qui opérait dans son âme. Le bruit de ce prodige s'étant répandu, une nombreuse assemblée assista à sa première Messe. Au moment de la consécration, lorsque Jean élevait l'hostie, on vit le visage du saint resplendir d'une lumière surnaturelle et ses yeux se fixer au dessus de l'autel sur un spectacle invisible aux assistants. "J'ai vu, dit-il plus tard, un ange tout blanc, avec un vêtement brillant, portant sur la poitrine une croix de couleur rouge et bleue; ses bras se croisaient, et il présentait les mains à deux captifs, l'un chrétien et l'autre maure; ils étaient à ses pieds dans la posture de suppliants."

C'était l'annonce claire de l'oeuvre qu'il devait établir; il fut, en effet, le fondateur de l'Ordre de la Sainte-Trinité pour la rédemption des captifs, dont les religieux portèrent le costume indiqué par la vision.

Qui dira tout ce que le Saint eut à souffrir dans son pénible apostolat? "Si je n'ai pas le bonheur d'être martyr, disait-il souvent, puissai-je au moins rester chez les barbares, comme esclave, pour mes frères!"

Dieu seconda plus d'une fois son zèle par des miracles. Un jour que les habitants de Tunis voulaient l'empêcher de ramener en Europe les nombreux captifs qu'il avait rachetés, il se prosterna et invoqua Marie; puis, à la grande stupéfaction des infidèles, étendit son manteau en guise de voile sur le navire. Celui-ci, sans rames, sans voiles, sans gouvernail, vogua bientôt en pleine mer et aborda en moins de deux jours à Ostie, aux applaudissements d'une foule émerveillée du prodige.

Jean de Matha mourut à Rome, usé de fatigues, dans la pauvreté et la pénitence, mais chargé d'oeuvres et de mérites. La pauvre petite cellule qu'il sanctifia par ses dernières années et par sa mort a été conservée jusqu'à ce jour.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950



S. Jean de Matha

8 février /17 décembre

On lit au début du Martyrologe Romain du 17 décembre :

« À Rome, l’anniversaire de saint Jean de Matha prêtre et confesseur, fondateur de l’Ordre de la Très Sainte Trinité pour le rachat des captifs. Sa fête, par décision du Pape Innocent XI, se célèbre le 6 des ides de février (8 février).

RÉSUMÉ :

Saint Jean de Matha naquit en Provence, près de Moriez, et dès sa plus tendre enfance se distingua par sa charité envers les pauvres.

Ordonné prêtre à Paris, il eut à sa première Messe une vision où Dieu lui manifesta qu’il aurait à établir l’Ordre de la Sainte-Trinité pour la rédemption des captifs.

Il se retira alors dans la solitude où il vécut durant trois ans avec saint Félix de Valois, dans la prière et la contemplation. Une nouvelle vision les détermina à aller trouver Innocent III qui approuva la nouvelle Institution voulue par Dieu.

Grâce aux nombreuses aumônes que saint Jean de Matha sollicita des rois et des princes de France et d’Espagne, il put délivrer un grand nombre de Chrétiens tombés aux mains des musulmans.

Il passa ses deux dernières années à Rome dans une mortification et une prière continuelles et fut de la sorte ce serviteur fidèle qui sut attendre son Maître à toutes les heures de sa vie. Il mourut en 1213.

Saint Jean de Matha, originaire d’une illustre famille, en Provence, près de Moriez (à Faucon proche de Barcelonnette), fut consacré au Seigneur par un vœu, dès sa naissance. C’était l’an 1160, Alexandre III étant pape, Frédéric Ier Barberousse empereur d’Allemagne et Louis VII le Jeune roi de France.

Il brilla, tout jeune encore, par le divin instinct de la charité. On le voyait distribuer aux pauvres l’argent que ses parents lui donnaient pour ses menus plaisirs, et tous les vendredis il allait servir les malades dans les hôpitaux ; là, il pansait leurs plaies et leur procurait tous les secours qui étaient en son pouvoir. C’est par cette conduite admirable, il y a lieu de le croire, que le pieux jeune homme mérita de devenir le père d’un grand Ordre de charité.

Le jour où il fut élevé au Sacerdoce, il plut à Dieu de montrer aux hommes la sainteté de Son serviteur. Une colonne de feu reposa sur la tête du nouveau prêtre et manifesta l’onction du Saint-Esprit qui opérait dans son âme. Le bruit de ce prodige s’étant répandu, une nombreuse assemblée assista à sa première Messe. Au moment de la Consécration, lorsque saint Jean élevait l’Hostie, on vit le visage du Saint resplendir d’une lumière surnaturelle et ses yeux se fixer au-dessus de l’autel sur un spectacle invisible aux assistants.

« J’ai vu, dit-il plus tard, un Ange tout blanc, avec un vêtement brillant, portant sur la poitrine une croix de couleur rouge et bleue ; ses bras se croisaient, et il présentait les mains à deux captifs, l’un Chrétien et l’autre Maure ; ils étaient à ses pieds dans la posture de suppliants. » C’était l’annonce claire de l’œuvre qu’il devait établir ; il fut, en effet, fondateur de l’Ordre de la Sainte-Trinité pour la rédemption des captifs, dont les religieux portèrent le costume indiqué par la vision.

Qui dira tout ce que le Saint eut à souffrir dans son pénible apostolat ? « Si je n’ai pas le bonheur d’être martyr, disait-il souvent, puissé-je au moins rester chez les barbares, comme esclave, pour mes frères ! »

Dieu seconda plus d’une fois son zèle par des miracles. Un jour que les habitants de Tunis voulaient l’empêcher de ramener en Europe les nombreux captifs qu’il avait rachetés, il se prosterna et invoqua Marie ; puis, à la grande stupéfaction des infidèles, étendit son manteau en guise de voile sur le navire. Celui-ci, sans rames, sans voiles, sans gouvernail, vogua bientôt en pleine mer et aborda en moins de deux jours à Ostie, aux applaudissements d’une foule émerveillée du prodige.

Saint Jean de Matha mourut à Rome, usé de fatigues, dans la pauvreté et la pénitence, mais chargé d’œuvres et de mérites. C’était l’an 1213, le 21 décembre, Innocent III étant pape, Othon IV empereur d’Allemagne et Philippe II Auguste roi de France. La pauvre petite cellule qu’il sanctifia par ses dernières années et par sa mort a été conservée jusqu’à ce jour et semble encore toute parfumée de ses vertus.



Le 24 juin 1154 Jean de Matha naissait à Faucon en Provence. Son père Euphème de Matha était un seigneur espagnol qui avait reçu de Raymond Bérenger le jeune, comte de Barcelone et de Provence, la terre de Faucon. Pour lui donner une instruction et une éducation digne de son rang, la famille se fixe à Marseille où Jean commence ses études. Sa mère, Marthe, lui apprend à connaître les pauvres, les malheureux et à les aimer. Elle le conduit aussi dans les hôpitaux et les prisons.

Il poursuivra ses études à Aix en Provence, puis à l’université à Paris où il prend ses grades de docteur en théologie. Il est encouragé à devenir prêtre par Maurice de Sully, évêque de Paris, qui avait remarqué sa valeur et sa piété.

Quand il célèbre sa première messe, le 28 janvier 1193/1194, fête de sainte Agnès, dans la chapelle de Maurice de Sully, il « voit » un homme en blanc, une croix rouge et bleue sur la poitrine, posant les mains sur deux prisonniers dont l’un est blanc et l’autre maure. Le lendemain, alors qu’il s’est retiré dans une forêt pour prier avec un ermite dont la réputation de sainteté est arrivée jusqu’à ses oreilles, les deux hommes sont témoins de l’apparition d’un cerf portant une croix entre les bois, qui vient s’abreuver à une fontaine auprès d’eux.

Jean de Matha parle de sa vision des prisonniers au pape, qui a eu la même : ils l’interprètent comme un appel à la fondation d’un ordre ayant pour mission de racheter les captifs victimes des razzias menés par les Sarrasins sur les côtes méditerranéennes. L’Ordre de la très sainte Trinité pour la rédemption des captifs est approuvé, en même temps que sa Règle, par Innocent III le 17 décembre 11982 (bulle Operante divine dispositionis).

Les Trinitaires construisent un premier monastère à Cerfroid (actuellement commune de Brumetz, dans l’Aisne), lieu de l’apparition, sur une propriété donnée par Marguerite de Blois3, future comtesse de Bourgogne (la Maison de la Trinité de Cerfroid restera le Chef-d’ordre des Trinitaires jusqu’à la Révolution française). À Cerfroid s’ajoutent Planels et Bourg-la-Reine : ce sont les trois fondations initiales.

Puis Philippe Auguste aide les Trinitaires à construire un monastère à Paris près d’une chapelle dédiée à saint Mathurin, d’où leur nom de Mathurins. Des milliers de chrétiens sont ainsi rachetés aux musulmans du Maroc, d’Algérie et de Tunisie dont ils étaient devenus esclaves. Après la mort de son ami ermite (qu’on appellera Félix de Valois trois siècles plus tard, sans savoir qui il fut), Jean se retire à Rome où il meurt le 17 décembre 1213. Il fut enterré le 21 décembre 1213 dans l’église San Tommaso in Formis, d’où son corps fut transféré en Espagne.

Saint Jean de Matha et saint Félix de Valois priant la Sainte Vierge Marie et l’Enfant Jésus, église Saint Paul Apôtre, Cuauhtémoc, Mexico



Canonisation de Jean-de-Matha

Si durant les premiers siècles de son existence l’ordre Trinitaire n’a développé aucun culte particulier envers Jean de Matha, il faudra attendre le XVIIe siècle pour que les Trinitaires tentent une canonisation.

En 1665 le père Jean de la Conception présenta une requête au vicariat de Rome avec des arguments prouvant que Jean de Matha (ainsi que Félix de Valois) avait été qualifié de saint par plusieurs papes. Le 31 juillet 1665, le cardinal vicaire de Rome rend un décret constatant le culte accordé de temps immémorial à Jean de Matha et à Félix de Valois, sentence confirmée par la Sacrée Congrégation des rites le 14 août 1666 et par le pape Alexandre VII le 21 octobre.

Les noms de Jean et de Félix seront insérés dans le martyrologe romain le 27 janvier 1671 par un décret d’Innocent XI. Le 14 mars 1694 les fêtes des deux saints seront étendues à l’Église universelle. Les reliques de Saint Jean de Matha (os du pouce) sont transférées de l’église de Faucon à l’église des Trinitaires le 26 août 1674.


SAINT JEAN DE MATHA ET SAINT FÉLIX DE VALOIS.

C’était dans ce siècle troublé et cependant plein de foi où François d’Assise avait entendu une voix lui dire : « François, relève ma maison qui tombe en ruines. » Les hérésies étaient actives ; les vices et les crimes étaient nombreux. Cependant, au fond de l’âme humaine, une foi vivace et inexterminable vivait et régnait. On se livrait aux passions, mais on ne les adorait pas; on tombait et on se relevait. On faisait le mal, mais on ne le prenait pas pour le bien. Les choses avaient gardé leur nom.

Trois grands reconstructeurs s’élevèrent au milieu des ruines: saint Dominique, saint François, saint Jean de Matha. Le premier se consacra aux captifs de l’erreur, le second aux captifs de la pauvreté, le troisième aux captifs des prisons.

Jean de Matha naquit vers l’an 1156. Son père Euphrème et sa mère Marthe étaient chrétiens. Le père destinait son fils à la science; il étudia en effet et vit à Marseille le monde des riches. Mais, en même temps, sa mère elle-même le conduisait dans le monde des pauvres ; ce contraste frappa le jeune homme qui méditait et cherchait sa voie.

Il arriva à Paris vers l’an 1180. Attendu et accueilli par plusieurs éminents personnages amis de sa famille, il sentit néanmoins le vide. Un ennui secret s’empara de son âme. Il regretta son enfance. Comme il priait dans l’abbaye de Sainte-Geneviève, il entendit distinctement une voix qui prononça trois fois ces paroles de l’Écriture : Stude sapientiae, fili mi, et loetifica cor meum.

« Étudiez la sagesse, mon fils, et réjouissez mon cœur. »

Quand Jean sortit de l’église, il avait fait son choix et consacré sa vie.

L’étude de la théologie le posséda dès lors tout entier. La prière et le travail remplirent son existence.

Il fit connaissance avec un gentilhomme italien nommé Jean Lothaire; et, un jour, dans une confidence intime, le Jean français dit au Jean italien : « Tu seras bientôt assis sur le trône de saint Pierre. »

La prophétie se réalisa contre toute apparence.

Jean Lothaire gouverna le monde catholique sous le nom d’Innocent III.

Le moment solennel arrivait où Jean de Matha allait dire sa première messe. A cette époque, sa réputation de sainteté s’étendait dans le public. Maintenant, quand elle existe, elle se circonscrit et ne va pas dans la foule ; autrefois elle y allait. C’est pourquoi une multitude immense remplit l’église à la première messe de Jean de Matha.

Or, au moment où le jeune célébrant élevait pour la première fois entre ses mains l’hostie sainte, on vit son visage s’embraser, son regard devint fixe et sa tête lumineuse. L’évêque de Paris, frappé de ce spectacle, disait en lui-même : « Jean voit quelque chose que les autres ne voient pas. »

-Venez, lui dit-il après la messe, racontez à votre évêque ce qui s’est passé.

-J’ai vu, dit Jean de Matha, j’ai vu l’ange du Seigneur. Son visage était resplendissant, ses vêtements blancs comme la neige ; il portait sur sa poitrine une croix rouge et azur; à ses pieds deux esclaves chargés de chaînes étaient dans une attitude suppliante ; l’un était Maure, l’autre chrétien. Sa main droite reposait sur le chrétien, sa main gauche sur le Maure. Voilà ce que j’ai vu. »

Cependant Jean de Matha avait vaguement attendu Félix de Valois. Félix de Valois habitait dans les montagnes au diocèse de Meaux, se préparant dans le silence et la solitude à la destinée vers laquelle il se sentait appelé. Il pensait nuit et jour à la rédemption des captifs.

Un jour, Jean de Matha dirigea ses pas vers le diocèse de Meaux, et dans le diocèse de Meaux vers les montagnes. Enfin il se trouva face à face avec Félix de Valois.

Félix de Valois avait été dirigé là par les voies les plus mystérieuses. Son père Raoul et sa mère Éléonore avaient divorcé. L’excommunication de Rome tomba sur la tête du comte Raoul. Le chagrin du jeune Félix fut tel qu’il voulut quitter du même coup sa famille et le monde. Il passa quelque temps á Clairvaux ; et, fuyant l’admiration dont il était l’objet, il chercha une solitude.

Pour cacher son dessein, il passa quelque temps à la cour de son oncle Thibault, comte de Champagne. Un jour il disparut. Il profita pour cette disparition d’une excursion dans une forêt. On le chercha partout. Ses serviteurs demeurèrent convaincus qu’il avait péri dans un ravin et racontèrent partout sa mort.

En effet, il était mort à son ancienne vie. Mais il naissait à une vie nouvelle. Ayant entendu parler d’un anachorète qui vivait dans une forêt, entouré de lumière et de grâce, le jeune homme s’était rendu près du vieillard pour partager sa vie. Il la partagea en effet et avec elle les grâces dont elle était remplie. Il devint le confident de celui qui ignorait les choses extérieures et savait les choses intérieures. Quand le vieillard mourut, le jeune homme était formé. Il avait reçu avec le dernier soupir de l’anachorète son dernier secret et son dernier présent.

Alors Félix, préparé, enrichi, se disposa à prendre lui-même l’initiative d’une vie érémitique. Le disciple allait devenir maître. Il revint en France ; le changement d’habits le rendit méconnaissable. Il s’installa au diocèse de Meaux, dans une forêt, sur une montagne. Il passa sa vie dans la prière et la contemplation. Ce fut dans cette solitude que la voix qui parle aux solitaires se fit entendre à lui ; et elle lui parla de la rédemption des captifs. Il ne se hâta pas de se mettre à l’oeuvre. L’action a sa racine dans la contemplation et il laissa mûrir dans la solitude le fruit de vie qu’il portait. A cette époque, Jean de Matha vint le visiter.

Il n'y a rien de plus singulier dans l’histoire que les rencontres. Rien n’est plus important et rien n’est plus accidentel, plus involontaire, plus imprévu. Deux hommes peuvent être perdus ou sauvés pour s’être rencontrés à temps ou à contretemps. Il y a des hommes qui sont l’un pour l'autre une planche de salut ou une pierre d’achoppement. Il y a des hommes dont les noms sont unis quelque part et dont l’union visible sur la terre constitue le commencement, ou le centre, ou la fin de leur destinée. Or, le doigt de Dieu est d’autant plus visible dans la rencontre des inconnus que l’homme n’y peut mettre aucune préméditation. Il y a peut-être tel individu qui me sera un grand secours dans l’ordre de la pensé e ou dans l’ordre de l’action. Il m’aidera, il me complétera, il me soutiendra, il me conseillera, il m’instruira. Mais, où est-il ? Il est absolument impossible d’établir là-dessus même la moindre conjecture. Je n’ai aucune raison pour aller à droite ou pour aller à gauche. Non-seulement je ne peux pas le trouver, mais je ne peux pas le chercher. Car aucune direction ne m’offre plus de chances que la direction contraire.

Jean de Matha et Félix de Valois n’avaient aucun moyen naturel de savoir qu’ils étaient unis dans la pensée de Dieu pour une oeuvre commune.

Ils ne savaient même pas longtemps d’avance quelle était cette oeuvre; ils auraient été bien embarrassés si quelqu’un leur avait dit : « Il vous faut chercher un auxiliaire, un homme dévoué à la même idée que vous. » Ils avaient toutes les chances naturelles pour ne pas se rencontrer. Leur vie très différente les avait jetés dans les directions les plus contraires; leurs familles ne se connaissaient pas ; rien ne les appelait ni l’un ni l’autre dans une forêt près de Meaux, rien du moins de ce qui appelle les hommes quelque part ordinairement. Pourtant ils y vinrent tous les deux, et leur rencontre fut le point de départ de leur oeuvre commune.

Jean de Matha ouvrit le premier son âme à celui qui l’avait précédé dans cette solitude. Félix admirait les voies par lesquelles son nouveau compagnon lui avait été mystérieusement préparé et amené. Il fut convenu entre eux qu’ils vivraient ensemble et attendraient dans l’oraison de nouvelles pensées et de nouvelles lumières.

Ils vécurent trois ans ensemble. Peut-être l’homme qui aurait assisté pendant ces trois années à leurs entretiens et à leurs prières serait plus savant que les savants. Qui sait combien de choses secrètes se déroulèrent aux yeux de ces deux hommes qui avaient écarté d'eux les innombrables, causes d’erreurs qui nous assiègent constamment; aux yeux de ces deux hommes qui n’avaient qu’un ami, et cet ami était un saint ? L’unique société de chacun d’eux était un saint ; et ce saint était précisément celui dont l’autre avait besoin, et chacun d’eux un ami directement donné par la main du Seigneur.

Un jour, après trois ans de vie commune, ils virent un cerf blanc qui venait se désaltérer à la source d’eau vive. Il portait entre son bois une croix rouge et azur semblable à celle que Jean, le jour de sa première messe, avait vue sur la poitrine de l’ange.

Décidés alors, ils quittèrent leur solitude et vinrent à Paris, afin de communiquer leurs projets à L’évêque, ainsi qu’aux abbés de Sainte-Geneviève et de Saint-Victor. L’évêque, Eudes de Sully, successeur de Maurice, approuva leur résolution et leur donna des lettres de recommandation pour le pape Célestin III.

Ces deux saints partirent pour Rome ; mais pendant leur voyage, Célestin mourut ; et à leur arrivée ils trouvèrent sur le trône de saint Pierre Innocent III.

C’était l’ancien ami de Jean de Matha, Lothaire et son compagnon d’études à Paris, auquel Jean avait autrefois dit: « Tu seras pape. »

Il était difficile de se présenter avec une meilleure recommandation que cette prophétie. Elle dut édifier le pape complétement.

Innocent III soumit à l’examen du sacré collège une oeuvre dont il comprenait l’importance, et décida que le 25 janvier une messe serait célébrée dans la basilique de Latran à l’intention des deux fondateurs.

Mais le doigt de Dieu, qui voulait tout faire dans cette histoire merveilleuse, souleva devant les yeux d’Innocent III le voile qu’il avait soulevé devant les yeux de Jean de Matha, au jour de sa première messe ; et le pape vit ce qu’avait vu le jeune prêtre. Il vit l’ange du Seigneur revêtu du même habit et des mêmes couleurs, dans la même attitude, et l’esclave chrétien et l’esclave maure étaient à ses pieds tous les deux.

Innocent III, convaincu, fonda immédiatement l’ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs, ordo sanctissimae Trinitatis de redemptione captivorum.

Les occasions ne manquaient pas au zèle des deux fondateurs. C’était le temps des croisades. Un grand nombre de chrétiens tombait entre les mains des infidèles. En même temps, des corsaires maures infestaient les mers, s’emparant des passagers et des équipages. Ces malheureux étaient conduits dans les prisons de Tunis et du Maroc, où on les entassait. Après leur avoir enlevé la liberté, les musulmans cherchaient à leur enlever le christianisme. Toutes les violences physiques et morales étaient accumulées sur eux.

L’ordre de Jean de Matha s’organisa avec une force et une sagesse qui faisaient face à toutes les éventualités de cette terrible situation. Ses biens furent répartis en plusieurs parts consacrées soit à l’intention des religieux, soit à la rédemption des captifs, soit au soulagement des pauvres.

Jean l’Anglais et Guillaume d’Écosse, qui furent parmi les premiers disciples de Jean, furent les premiers vainqueurs qui rapportèrent en Europe le butin désiré. Ils revinrent du Maroc avec cent quatre-vingt-six esclaves libérés. La procession de ces captifs traversa Marseille. Ils traversaient deux à deux en casaque rouge ou brune, les mains encore meurtries de leurs chaînes, montrant aux populations les traces affreuses des mauvais traitements qu'ils avaient subis, puis rendant grâces à Dieu et à leurs libérateurs.

Mais saint Jean ne se contenta pas de leur délivrance. Il prit de nouvelles mesures et fit de nouvelles institutions pour les soigner, pour les nourrir, pour les conduire d’étapes en étapes jusqu’au lieu choisi par eux. Sa charité n'abandonnait pas les captifs délivrés à la misère, à la maladie, à l’isolement. Elle voulait la délivrance complète et elle conduisait à son foyer, à sa famille ou à son travail le captif libéré, soigné et guéri.

Jean de Matha partit lui-même pour Tunis. Malgré la difficulté et le danger de l’entreprise, malgré le prix énorme fixé par le souverain, dans une audience que le saint lui demanda, Jean put obtenir cent dix esclaves.

Les musulmans, malgré l’ordre du souverain, ne respectèrent pas la convention passée entre Jean de Matha et lui. Ils s’emparèrent du saint, le frappèrent et le laissèrent sanglant sur la place.

Cependant Jean, que rien n’arrêtait, descendit lui-même dans les cachots, où les scènes les plus horribles s’offrirent à lui. Le récit des malheurs lointains est faible auprès de la vue des malheurs présents; et l’idée que Jean s’était faite des prisons africaines était dépassée par la réalité qui frappait ses yeux. Pour comble de douleur, il fallait choisir. Il n’en pouvait délivrer que cent dix, et les portes du cachot allaient se refermer sur leurs frères. Jean emmena les plus misérables, les conduisit à Rome, et, à peine sauvé des effrayants périls d’une telle entreprise, il songea à la recommencer pour aller délivrer les autres malheureux.

Un second voyage fut bientôt résolu. L’infatigable libérateur repartit pour Tunis. Le gouverneur consentit encore à échanger quelques hommes contre beaucoup d’or. Mais les Tunisiens se montrèrent plus féroces que leur maître. Ils s’ameutèrent contre le saint, l’accablèrent de coups et lui enlevèrent ses captifs. Jean les revendique avec la violence du dévouement qui ne veut pas avoir tout donné pour rien. Les Tunisiens demandent une nouvelle rançon. La prière de Jean lui procure la somme nécessaire. Les captifs sont remis en liberté. Mais la populace, que rien ne pouvait calmer, puisque son agitation venait de sa fureur interne, et non d’une circonstance extérieure, la populace se précipite sur le vaisseau de Jean, enlève le gouvernail, coupe les mâts, déchire les voiles, et brise les rames. Le départ est devenu impossible ; que fait Jean de Matha ? Il donne le signal du départ. Les passagers, qui ont à choisir entre deux genres de mort, obéissent et aident le mouvement. Les voyant faire la manoeuvre avec des tronçons de rames et de planches, les Tunisiens poussent des huées. Jean se dépouille de son manteau, l’étend en forme de voile; et, à genoux, le crucifix à la main, il invoque l’Étoile de la mer. Les vents se taisent, et, en moins de deux jours, le vaisseau désemparé, sans gouvernail, sans voiles et sans rames, fait dans le port d’Ostie son entrée triomphale.

Le souverain pontife pleura d’admiration,

Cependant, Félix de Valois était toujours à Cerfroy. Pendant que son ami faisait les choses du dehors, il organisait celles du dedans. Il priait, et dans ses prières demandait au Seigneur de revoir Jean avant de mourir. Sa prière fut exaucée. Jean vint à Cerfroy. Quels durent être les sentiments et les entretiens de deux pareils amis, dans une pareille situation, pleins de tels souvenirs et de tels récits ! Après avoir mêlé une dernière fois leurs larmes, ils se séparèrent pour ne plus se retrouver qu’au ciel.

Immédiatement après le départ de Jean, Félix tomba malade. Quand il mourut, son ami fut averti de sa gloire par une vision.

Il ne tarda pas à aller le rejoindre. Le corps de Jean fut illustré par les miracles qui éclatèrent sur son tombeau,

L'ordre des Trinitaires a été rétabli en France le 15 septembre 1859, dans l’ancien couvent de Faucon. Il possède maintenant deux maisons, l’une à Notre-Dame de Sise et l’autre à Cerfroy.

Le R. P. Calixte, trinitaire lui-même, a publié la Vie de saint Jean de Matha, à Paris, chez Watelin.

Ernest HELLO. Physionomies de saints.

SOURCE : https://archive.org/stream/PhysionomiesDeSaintsParErnestHello/physionomies%20de%20saints_djvu.txt



Né dans les Basses-Alpes en 1160, il fonde avec saint Félix de Valois l’Ordre des Trinitaires en 1198. Mort en 1213, culte confirmé en 1666, fête en 1694.

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Jean de Matha, instituteur de l’Ordre de la très sainte Trinité pour la Rédemption des captifs, naquit à Faucon en Provence, de parents distingués par leur piété et leur noblesse : il se rendit à Aix, puis à Paris, pour ses études. Après y avoir achevé le cours de théologie, il obtint le bonnet de docteur. Sa science et ses vertus déterminèrent l’Évêque de Paris à lui conférer, malgré son humble résistance, l’ordre sacré de la prêtrise, afin que, durant son séjour dans cette ville, l’exemple de sa sagesse et de sa conduite éclairât la jeunesse studieuse. Comme il offrait pour la première fois à Dieu le saint Sacrifice, dans la chapelle de l’Évêque, qui y assistait avec d’autres personnes, il fut réjoui par uni faveur céleste : un Ange lu apparut vêtu d’une robe d’une éclatante blancheur, portant attachée sur sa poitrine une croix rouge et bleue, et tenant les bras croisés et les mains posées sur deux captifs, l’un chrétien et l’autre maure, placés à ses côtés. Ravi en extase par cette vision, l’homme de Dieu comprit aussitôt qu’il était destiné à racheter les captifs du pouvoir des infidèles.

Cinquième leçon. Pour procéder avec plus de maturité dans une chose de cette importance, il se retira dans la solitude, et là, il advint, par la volonté divine, qu’il rencontra Félix de Valois qui habitait déjà le même désert depuis nombre d’années. Pendant l’espace de trois ans, il vécut dans sa société en s’exerçant à la prière, à la contemplation et à la pratique de toutes les vertus. Or il arriva, tandis qu’ils s’entretenaient des choses divines au bord d’une fontaine, qu’un cerf s’approcha d’eux, portant entre ses cornes une croix de couleur rouge et bleue. Comme Félix s’étonnait de la nouveauté de ce spectacle, Jean lui raconta la vision qu’il avait eue à sa première Messe. Après ce miracle, ils s’appliquèrent avec plus de ferveur encore à l’oraison ; puis, en ayant reçu trois fois l’avertissement en songe, ils résolurent de partir pour Rome, afin d’obtenir du souverain Pontife l’institution d’un nouvel Ordre pour le rachat des captifs. Pendant ce temps, Innocent III avait été élu, il les reçut avec bonté, et comme il délibérait sur leur projet, un Ange vêtu de blanc, ayant une croix de deux couleurs, lui apparut sous l’aspect d’un homme qui rachète des captifs : c’était en la seconde fête de sainte Agnès, durant la Messe solennelle, dans l’église de Latran, au moment de l’élévation de la sainte Hostie. Le Pontife approuva donc leur institut, ordonna qu’on l’appelât l’Ordre de la très sainte Trinité de la Rédemption des captifs, et voulut que ceux qui y feraient profession portassent un habit blanc, avec une croix rouge et bleue.

Sixième leçon. L’ordre ainsi institué, les saints fondateurs revinrent en France, et ayant bâti leur premier monastère à Cerfroid, dans le diocèse de Meaux, Félix demeura pour le gouverner, : tandis que Jean repartit avec quelques-uns de leurs compagnons pour Rome, où Innocent III leur donna la maison, l’église et l’hospice de Saint-Thomas de Formis, sur le mont Cœlius, avec plusieurs revenus et propriétés. Il leur remit des lettres pour l’émir qui régnait au Maroc, et t’œuvre de la rédemption commença ainsi sous d’heureux auspices. Alors Jean se dirigea vers l’Espagne, opprimée en grande partie sous le joug des Sarrazins et il excita les cœurs des rois, des princes, et des autres fidèles à la compassion envers les captifs et les pauvres. 11 édifia des monastères, érigea des hospices, et racheta beaucoup de captifs, au grand profit de leurs âmes. Enfin, de retour à Rome et s’y dévouant aux œuvres saintes, usé par des labeurs assidus et affaibli par la maladie, brûlant du plus ardent amour pour Dieu et le prochain, il fut réduit à l’extrémité. Ayant fait assembler tes frères, il les exhorta de la manière la plus persuasive à continuer cette œuvre de la rédemption, que le Ciel même avait indiquée ; puis il s’endormit dans le Seigneur, le seize des calendes de janvier, l’an du salut j mil deux cent treize ; son corps fut enseveli dans l’église même de Saint-Thomas de Formis avec l’honneur dû à ses mérites.


Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Naguère, nous célébrions la mémoire de Pierre Nolasque, appelé par la très sainte Mère de Dieu à fonder un Ordre destiné au rachat des chrétiens captifs chez les infidèles ; aujourd’hui, nous avons à honorer l’homme généreux qui fut le premier favorisé de cette sublime pensée, et établit, sous le nom de la très sainte Trinité, une société religieuse dont les membres s’engagèrent à mettre leurs efforts, leurs privations, leur liberté, leur vie, au service des pauvres esclaves qui gémissaient sous le joug des Sarrasins. L’Ordre des Trinitaires et celui de la Merci, quoique distincts, sont frères dans leur but et dans l’intention qui les a produits ; leurs résultats, en six siècles de durée, ont été de rendre à leurs familles et à leur patrie plus d’un million d’hommes, dont ils préservaient en même temps la foi des périls de l’apostasie. C’est en France, près de Meaux, que Jean de Matha, assisté de son fidèle coopérateur Félix de Valois, qui paraîtra à son tour sur le Cycle dans la dernière partie de l’année, établit le centre de son œuvre à jamais bénie. En ces jours de préparation au Carême, où nous avons besoin de raviver en nous la flamme de la charité envers ceux qui souffrent, quel plus admirable modèle que Jean de Matha, que son Ordre tout entier, qui n’a eu d’autre raison d’existence que le désir d’aller arracher aux horreurs de l’esclavage des frères inconnus qui languissent chez les barbares ! Est-il une aumône, si généreuse qu’elle soit, qui ne s’efface, quand on la compare au dévouement de ces hommes qui s’obligent par leurs règles non seulement à parcourir la chrétienté pour y recueillir les deniers à l’aide desquels ils rendront la liberté aux esclaves, mais à prendre tour à tour les fers de quelqu’un de ces infortunés, afin d’accroître le nombre des rachetés ? N’est-ce pas, autant que la faiblesse humaine le peut permettre, imiter à la lettre l’exemple du Fils de Dieu lui-même, descendant du ciel pour être notre Rédempteur ? Animés par de tels modèles, nous entrerons plus volontiers encore dans les intentions de l’Église qui nous recommandera bientôt les œuvres de miséricorde comme l’un des éléments essentiels de la pénitence quadragésimale.

Jouissez maintenant du fruit de votre dévouement pour vos frères, ô Jean de Matha ! Le Rédempteur du monde voit en vous une de ses plus fidèles images, et il se plaît à honorer aux yeux de toute la cour céleste les traits de ressemblance que vous avez avec lui. C’est à nous sur la terre de suivre vos traces, puisque nous espérons arriver au même terme. La charité fraternelle nous y conduira ; car nous savons que les œuvres qu’elle inspire ont la vertu d’arracher l’âme au péché [1]. Vous l’avez comprise telle qu’elle est dans le cœur de Dieu, qui aime nos âmes avant nos corps, et qui cependant ne dédaigne pas de subvenir aux besoins de ceux-ci. Ému des périls que couraient tant d’âmes exposées au danger de l’apostasie, vous êtes accouru à leur aide, et vous leur avez fait comprendre tout le prix d’une religion qui suscite de tels dévouements. Vous avez compati aux souffrances de leurs corps, et votre main généreuse a fait tomber les chaînes sous le poids desquelles ils languissaient. Enseignez-nous à imiter de tels exemples. Que les périls auxquels sont exposées les âmes de nos frères ne nous trouvent plus insensibles. Faites-nous comprendre cette parole d’un Apôtre : « Celui qui aura retiré un pécheur des erreurs de sa voie, en même temps qu’il sauvera l’âme de celui-ci, couvrira la multitude de ses propres péchés [2]. » Donnez-nous part aussi à cette tendresse compatissante qui nous rendra généreux et empressés à soulager les maux que nos frères souffrent dans leurs corps, et qui sont trop souvent pour eux l’occasion de blasphémer Dieu et sa Providence. Libérateur des hommes, souvenez-vous en ces jours de tous ceux qui gémissent par le péché sous la captivité de Satan, de ceux surtout qui, dans l’ivresse des illusions mondaines, ne sentent plus le poids de leurs chaînes et dorment tranquillement dans leur esclavage. Convertissez-les au Seigneur leur Dieu, afin qu’ils recouvrent la véritable liberté. Priez pour la France votre patrie, et maintenez-la au rang des nations fidèles. Protégez enfin les restes précieux de l’Ordre que vous avez fondé, afin que, l’objet de son antique dévouement ayant pour ainsi dire cessé aujourd’hui, il puisse encore servir aux besoins de la société chrétienne.

[1] Eccli. III, 33.

[2] Jacob, V, 20.


Omoplate de Saint Jean de Matha, basilique Saint-Chrysogone, Rome.


Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Nous dirions volontiers que ce saint a presque droit de cité dans le calendrier romain ; non seulement parce que, durant de longues années, il fut attaché au service de Grégoire IX en qualité de chapelain pontifical, mais plus encore parce qu’il mourut et fut enseveli sur le Coelius (+ 1213) dans la vieille église de Saint-Thomas in Formis près de laquelle, aujourd’hui encore, l’on visite la petite cellule que l’on dit avoir été habitée par lui. Son saint corps fut transporté de là en Espagne après la mort d’Innocent X. L’église et le monastère qui y est annexé (le seul monument qui, à Rome, rappelle notre saint) appartiennent au Chapitre Vatican. Sur la porte monumentale contemporaine d’Innocent III se voit encore l’importante mosaïque représentant le Sauveur entre deux esclaves, l’un blanc et l’autre noir. Dans l’encadrement du blason est écrite cette légende : + Signum Ordinis Sanctae Trinitatis Redemptionis Captivorum. La messe est celle du Commun des confesseurs non pontifes, Os iusti, comme pour la fête de saint Raymond le 23 janvier, sauf la première collecte qui est propre.

Le titre de la Sainte-Trinité, pris par l’ordre religieux institué par saint Jean de Matha, coïncide avec un réveil intense de la dévotion catholique envers cet auguste mystère de notre foi. Durant les derniers siècles du moyen âge, s’élevèrent de nombreuses abbayes, églises et chapelles, dédiées à la Très Sainte Trinité, et Rome même eut son abbaye SS. Trinitatis Scottorum, près de la basilique de Saint-Laurent in Damaso.

D’ailleurs, le titre de la Très Sainte-Trinité convient fort bien à une famille religieuse qui se propose par vœu de s’employer à restituer aux enfants de Dieu ce qu’il a donné de plus précieux à l’homme, la liberté et le salut. S’il est au monde une œuvre éminemment divine, c’est bien d’imiter l’Auguste Triade et de concourir à la rédemption des âmes.


Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

La délivrance de la captivité du corps et de l’âme.

Saint Jean de Matha. — Jour de mort : 17 décembre 1213. Tombeau : à Madrid. Image : On le représente avec un esclave enchaîné. Sa vie : Saint Jean est le fondateur de l’Ordre des Trinitaires ou Ordre de la Sainte Trinité, pour le rachat des captifs, Ordre qui se donna pour tâche l’œuvre héroïque et alors très opportune du rachat des chrétiens captifs. Comme saint Jean célébrait sa première messe, il eut une apparition céleste. Il vit un ange qui portait un vêtement d’une blancheur éclatante avec une croix rouge et bleue sur la poitrine et qui étendait ses deux bras sur deux captifs enchaînés, un chrétien et un Maure. Transporté en extase par cette apparition, l’homme de Dieu reconnut aussitôt qu’il était appelé par la Providence à l’œuvre du rachat des captifs. Il travailla à cette grande œuvre en union avec saint Félix de Valois ; il se rendit plusieurs fois dans l’Afrique du Nord et sur les côtes d’Espagne et travailla sans repos au rachat des captifs. — C’était là de l’héroïsme de la charité. Aidons, nous aussi, notre prochain à se délivrer de la captivité du péché.

La messe. — La messe est du commun des confesseurs (Os iusti->332]), la belle messe du serviteur vigilant (voir le commentaire, au 23 janvier). L’Oraison propre comporte une application particulière pour notre vie : puissions-nous être délivrés de la captivité du corps et de l’âme !


Prague, Charles Bridge. Sculpture of John of Matha, Félix de Valois and Saint Ivan by F. M. Brokof.


DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II
À L'ASSEMBLÉE INTERNATIONALE
DE L'ORDRE DE LA TRÈS SAINTE TRINITÉ

Jeudi 26 août 1999


Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous rencontrer en une circonstance aussi significative que celle-ci:  vous célébrez cette année le VIIIème centenaire de la fondation de l'Ordre de la Très Sainte Trinité et le IVème centenaire de sa réforme. C'est pourquoi la Famille trinitaire qui plonge ses racines dans le projet de son Fondateur saint Jean de Matha et qui vit du même charisme, a pensé se rassembler de façon opportune en "Assemblée générale" pour réfléchir ensemble sur les problèmes communs et sur les solutions possibles au seuil du nouveau millénaire.

Je salue le Ministre général de l'Ordre et je le remercie des paroles courtoises qu'il m'a adressées. Je salue également les responsables, hommes et femmes, des divers Instituts qui appartiennent à la Famille trinitaire, ainsi que les religieux, les religieuses et les laïcs venus de toutes les parties du monde pour cette Assemblée. Elle constitue un moment particulièrement propice pour intensifier le chemin de fidélité au don de l'Esprit reçu par le Fondateur, et pour vous insérer plus profondément dans le renouveau voulu par le Concile Vatican II, de façon à pouvoir répondre aux exigences et aux défis du monde d'aujourd'hui.

2. Au cours de huit siècles, à travers de multiples événements historiques, la Famille trinitaire, animée et vivifiée par son charisme d'origine, fondé sur la glorification de la Trinité et sur l'attention à la rédemption de l'homme, s'est développée et répandue dans l'Eglise et dans le monde à travers la floraison de divers instituts et de diverses associations laïques. Les divers organismes se reconnaissent dans le nom de la Trinité, à laquelle ils sont consacrés de façon particulière, et en saint Jean de Matha, qu'ils vénèrent comme Père commun. Tous participent au même charisme de glorification de la Trinité et d'engagement pour la rédemption de l'homme, se consacrant à des oeuvres de charité et de libération en faveur des pauvres et des esclaves de notre époque.

Aujourd'hui, la Famille trinitaire, outre les religieux, est également composée de religieuses de vie contemplative et active. Ces dernières s'articulent en diverses Congrégations:  il y a les Soeurs trinitaires de Valence, de Rome, de Valence et de Madrid en Espagne, de Majorque, de Séville. En outre, s'y ajoutent l'Institut séculier des Oblates trinitaires et l'Ordre séculier trinitaire, ainsi que des Confréries et de nombreuses Associations du laïcat trinitaire qui témoignent dans le monde de la dimension séculaire de l'esprit trinitaire.

Je renouvelle à tous l'exhortation à vivre avec une fidélité généreuse le charisme originel, qui conserve une actualité extraordinaire dans le monde d'aujourd'hui. L'homme contemporain a besoin d'entendre annoncer le salut au nom de la Très Sainte Trinité et d'être protégé de chaînes tout aussi dangereuses que celles d'autrefois, même si elles sont moins visibles. C'est pourquoi la Famille trinitaire fera bien de se mettre à l'écoute des implorations qui proviennent des victimes des formes modernes d'esclavage, pour trouver des voies concrètes répondant à leurs attentes angoissées.

Que vous soutiennent dans votre réflexion et dans votre engagement les nombreux frères et soeurs qui vous ont précédés et qui vous ont laissé de lumineux exemples de vertus et de sainteté dans l'accomplissement de ce même charisme:  des religieux, des religieuses et des laïcs dont les noms, souvent tachés de sang, sont inscrits dans l'album des saints et vivent dans le témoignage de la tradition Trinitaire.

3. A la lumière de ce témoignage héroïque, vous voulez préparer des projets concrets avec lesquels entrer dans le nouveau millénaire. En particulier, vous avez pensé à instituer un organisme international de la Famille trinitaire, à travers lequel pouvoir intervenir plus efficacement en défense des personnes persécutées ou discriminées à cause de la foi religieuse et de la fidélité à leur conscience ou aux valeurs de l'Evangile. Vous avez donné à ce nouvel organisme le nom de "Solidarité internationale trinitaire", voulant intéresser toute la Famille au service des nombreuses personnes qui souffrent et qui sont malheureuses, et qui dans leur misère aspirent à une "épiphanie" du Christ Rédempteur.

Un autre projet très significatif est celui d'une nouvelle fondation au Soudan, que vous avez programmée comme l'expression de la mission rédemp-trice et miséricordieuse propre à l'Ordre. L'initiative se propose, en même temps que l'apostolat missionnaire et de libération, le dialogue interreligieux entre christianisme et islam, selon les indications données par le Concile Vatican II et reprises et développées dans des documents successifs du Magistère.

4. Le grand Jubilé de l'Incarnation constitue pour toute la Famille trinitaire un encouragement ultérieur à approfondir la méditation du Mystère trinitaire, dans lequel elle trouve le coeur de sa propre spiritualité. En puisant à cette Source intarissable, elle ne manquera pas de s'engager dans le développement  de  toutes  les  possibilités  de  la consécration trinitaire, en l'enrichissant d'une nouvelle plénitude. De cette expérience trinitaire profondément vécue naîtra un engagement renouvelé de libération à l'égard de toute forme d'oppression.

Le Chapitre général extraordinaire, qui s'est conclu ces jours derniers, a placé au centre de votre réflexion le thème de la Domus Trinitatis et Captivorum. Dans l'esprit original du projet de saint Jean de Matha - qui mérite d'être valorisé également à notre époque - doit régner dans cette Domus, le dynamisme de l'amour, qui a sa source dans le Mystère trinitaire et qui s'étend vers les préférés de Dieu:  les esclaves et les pauvres. Que l'Esprit du Père et du Fils, qui est amour, vous pousse à devenir un don d'amour pour les autres. L'unité et la charité seront le meilleur témoignage de votre vocation trinitaire dans l'Eglise.

Que la Très Sainte Vierge, que vous invoquez depuis des siècles à travers la belle prière: "Ave, Filia Dei Patris, Ave, Mater Dei Filii, Ave, Sponsa Spiritus Sancti, Sacrarium Sanctissimae Trinitatis", vous introduise toujours davantage dans la contemplation du Mystère et vous aide à vivre les jours du grand Jubilé comme un temps d'espérance renouvelée et de joie sereine dans l'Esprit.

Avec ces voeux, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à tous les membres de la Famille trinitaire, une Bénédiction apostolique spéciale.

© Copyright - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/speeches/1999/august/documents/hf_jp-ii_spe_19990826_trinitarian-family.html

Laurent de La Hyre  (1606–1656). Saint Jean de Matha, Fondateur de l’Ordre des Trinitaires, première moitié du XVIIe siècle, 34 X 23, Louvre Museum  


ADDRESS OF JOHN PAUL II
TO THE PARTICIPANTS IN THE GENERAL CHAPTER
OF THE TRINITARIAN FAMILY


Dear Brothers and Sisters!

1. I am pleased to meet you on so important an occasion:  this year you are celebrating the eighth centenary of the foundation of the Order of the Most Holy Trinity and the fourth centenary of its reform. It is therefore appropriate that the members of the Trinitarian family, firmly rooted in the project of their founder, St John of Matha, and living the same charism, should gather in a "General Assembly" to reflect together on their common problems and possible solutions on the threshold of the new millennium.

I greet the Minister General of the Order and thank him for his kind words. With him I greet those responsible for the various institutes of the Trinitarian family, as well as the men and women religious and lay people who have gathered from all over the world for this assembly. It is a particularly favourable moment to intensify your fidelity to the gift of the Spirit received from the founder and to be more vitally involved in the renewal desired by the Second Vatican Council, so that you can meet the needs and challenges of the world today.

2. For eight centuries, through a variety of historical events, the Trinitarian family, motivated and enlivened by its original charism centred on the glorification of the Trinity and on dedication to human redemption, grew and spread in the Church and the world through the flourishing of various institutes and lay associations. The individual groups are known by the name of the Trinity, to which they are especially dedicated, and by St John of Matha, whom they venerate as their common father. They all share in the same charism of glorifying the Trinity and working for human redemption by devoting themselves to works of charity and to the liberation of those who are poor or enslaved in our day.

Today, in addition to the male branch, the Trinitarian family also consists of women religious of both contemplative and active life. The latter are divided into various congregations:  there are the Trinitarian Sisters of Valence, Rome, Valencia, Madrid, Mallorca and Seville. There are also the women's Secular Institute of Trinitarian Oblates and the Secular Trinitarian Order, as well as confraternities and many other lay Trinitarian associations that witness in the world to the secular dimension of the Trinitarian spirit.

Once again I urge them all to live with generous fidelity their original charism, which has remained extraordinarily relevant in today's world. Contemporary man needs to hear salvation proclaimed in the name of the Most Holy Trinity and to be guarded from chains which are no less dangerous for being less obvious than those of former times. The Trinitarian family will therefore do well to listen to the entreaties of those ensnared by modern forms of slavery so that concrete ways may be found to answer their deeply felt expectations.

You are supported in your reflection and commitment by the many brothers and sisters who have preceded you and have left you shining examples of virtue and holiness in living the same charism:  men and women religious and lay people whose names, often blood-stained, are enrolled among the the saints and live on in the witness of the Trinitarian tradition.

3. In the light of this heroic witness you would like to make concrete plans for entering the new millennium. In particular, you have thought of establishing an international organization of the Trinitarian family for intervening more effectively in the defence of the persecuted or of those suffering discrimination for their religious faith or for fidelity to their conscience or to Gospel values.

You have called this new organization "International Trinitarian Solidarity", intending to involve the entire family in service to all the suffering and unfortunate people who in their misery long for an "epiphany" of Christ the Redeemer.

Another very important project is the new foundation in Sudan, which you planned as an expression of the redemptive and merciful mission proper to your order. In addition to carrying out the missionary apostolate and that of liberation, the initiative intends to promote interreligious dialogue between Christianity and Islam, in accordance with the directives of the Second Vatican Council, taken up and developed in later documents of the Magisterium.

4. The Great Jubilee of the Incarnation is a further incentive for the entire Trinitarian family to mediate more deeply on the Trinitarian mystery which it sees as the heart of its spirituality. Drawing from this inexhaustible source, it will not fail to be committed to developing all the potential of Trinitarian consecration, enriching it with new fullness. A renewed commitment to liberation from every form of oppression will flow from this intense Trinitarian experience.

The Extraordinary General Chapter, which has just ended, focused your reflection on the theme of the Domus Trinitatis et Captivorum. With the original spirit of St John of Matha's project - which also deserves appreciation in our day - in such a Domus that dynamism of love must reign whose source lies in the Trinitarian mystery and which is extended to God's favourites:  slaves and the poor. May the Spirit of the Father and of the Son, who is love, spur you to make yourselves a gift of love for others. Unity and love will be the best witness to your Trinitarian vocation in the Church.

May the Blessed Virgin, who down the centuries you have invoked with the lovely prayer: "Ave, Filia Dei Patris, Ave, Mater Dei Filii, Ave, Sponsa Spiritus Sancti, Sacrarium Sanctissimae Trinitatis", enable you to contemplate the Mystery with ever greater relish and help you to live the days of the Great Jubilee as a time of renewed hope and serene spiritual rejoicing.

With these hopes, I cordially impart a special  Apostolic  Blessing  to you and to all the members of the Trinitarian family.

Castel Gandolfo, 26 August 1999

© Copyright - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/en/speeches/1999/august/documents/hf_jp-ii_spe_19990826_trinitarian-family.html

hl. Johannes von Matha. Bleiglasfenster in der Kirche Notre-Dame-du-Fort in Étampes, von dem Glasmaler Janin (Asnières), um 1891 

John of Matha (RM)

Born in Fauçon, Provence, France, June 23, 1160 (or June 24, 1169, according to Husenbeth, or 1154 per Tabor); died in Rome, Italy, December 17, 1213; cultus approved in 1655 and 1694.


Saint John was educated at Aix, but on his return to Fauçon lived as a hermit for a time. He then went to Paris where he received his doctorate in theology and was ordained in 1197. At the first Mass he celebrated as a new priest, he had a vision of an angel, clothed in white with a red and blue cross on his breast. The angel placed his hands on the heads of two slaves, who knelt beside him.

Thereafter, Saint John joined Saint Felix of Valois in his hermitage at Cerfroid. John confided in Felix his idea of founding a religious order to ransom the thousands of Christians captured the followers of Islam and sold into slavery. Late in 1197, the two went to Rome and found that Pope Innocent III had experienced a similar vision. Without hesitation Innocent provided papal approval for the Order of the Most Holy Trinity for the Redemption of Captives (the Trinitarians), with John as superior. They also secured the approval of King Philip Augustus of France, and travelled throughout that country collecting money. The order flourished, spread to France, Spain, Italy, and England, sent many of its members to North Africa, and redeemed many captives.

The Trinitarians would go into the slave markets, buy the Christian slaves and set them free. Of course, this required a good deal of capital. Saint John entrusted the fundraising activities of the Trinitarians under the patronage of Mary, whom John honored with the title, "Our Lady of Good Remedy." They were so successful that, over the centuries, the Trinitarians were able to free thousands of slaves.

Nothing else is known about Saint John because his biographies were based on spurious records. Felix of Valois may be a fictional character, though his name is generally associated with the real John of Matha. The problem is that there is no record of the person or cultus for Saint Felix until the 17th century. The original story for Saint Felix that was included in the Roman breviary until 1961 is that of Saint Hugh; there is no genuine evidence of his existence (Attwater, Benedictines, Delaney, Encyclopedia, Gill, Sheppard, Tabor).

Saint John is always pictured in the Trinitarian habit (white with blue and red cross on the breast), chains in his hands or at his feet, captives near him, and his miter at his feet (Roeder, Tabor). Generally he is portrayed with Saint Felix of Valois (Roeder) and the angel and two envisioned captives in the background (Tabor). The Holy Trinity may be shown giving him the scapular (Roeder), or he may be shown with Our Lady of Good Remedy, who had him a bag of money. He is venerated in Fauçon, Provence, France (Roeder).

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0208.shtml

Théo Mayan. La Sainte Vierge Marie et l’Enfant Jésus, saint Félix de Valois et saint Jean de Matha, Église de La Trinité-La Palud à Marseille


Saint John of Matha


Memorial

Profile

Born to the Provencal nobility. Educated at Aix, France, then lived as a hermit at Faucon, France. Earned a doctorate in theology at ParisFranceOrdained in 1197.

At the first Mass he celebrated, John received a vision of an angel clothed in white with a red and blue cross on his breast. The angel placed his hands on the heads of two slaves who knelt beside him. Later, when sitting beside a stream with fellow hermitSaint Felix of Valois, the two were given the vision of a white stag between whose antlers was suspended a blue and red cross. With the encouragement of Pope Innocent III, he founded the Hospitaler Order of the Most Holy Trinity and of Captives (Trinitarians or Redemptionists) to ransom Christian prisoners of the Moors (the Mathurins). The congregation received papal approval in 1209. The clothing seen in the vision of the angel became the habit of the order, the Scapular of the Most Holy Trinity was instituted, the Order was placed under the protection of Mary under the title of Our Lady of Good Remedy, and John was the first superior general. Hundreds of prisoners were ransomed and returned to their homes.

Because John’s life contains such good story elements (visions, prisoners, rescued knights, etc.), John became the topic for several biographies in the Middle Ages, many of these were loaded heavily with fiction. Today there are around 600 members of the Order working in prison ministries in over twenty countries, and they recently celebrated their 800 year anniversary.

Born

Died

Canonized

Representation

SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-john-of-matha/

Vincenzo Carducci  (1576–1638). Milagroso regreso de San Juan de Mata, vers 1600, 236 X 231, Museo de Ciudad Real , Museo del Prado  


Pictorial Lives of the Saints – Saint John of Matha


The life of Saint John of Matha was one long course of selfsacrifice for the glory of God and the good of his neighbor. As a child, his chief delight was serving the poor; and he often told them he had come into the world for no other end but to wash their feet. He studied at Paris with such distinction that his professors advised him to become a priest, in order that his talents might render greater service to others; and, for this end, John gladly sacrificed his high rank and other worldly advantages. At his first Mass an angel appeared, clad in white, with a red and blue cross on his breast, and his hands reposing on the heads of a Christian and a Moorish captive. To ascertain what this signified, John repaired to Saint Felix of Valois, a holy hermit living near Meaux, under whose direction he led a life of extreme penance. The angel again appeared; and they then set out for Rome, to learn the will of God from the lips of the Sovereign Pontiff, who told them to devote themselves to the redemption of captives. For this purpose they founded the Order of the Holy Trinity. The Religious fasted every day, and gathering alms throughout Europe took them to Barbary, to redeem the Christian slaves. They devoted themselves also to the sick and prisoners in all countries. The charity of Saint John in devoting his life to the redemption of captives was visibly blessed by God. On his second return from Tunis he brought back one hundred and twenty liberated slaves. But the Moors attacked him at sea, overpowered his vessel, and doomed it to destruction, with all on board, by taking away the rudder and sails, and leaving it to the mercy of the winds. Saint John tied his cloak to the mast, and prayed, saying, “Let God arise, and let His enemies be scattered. O Lord, Thou wilt save the humble, and wilt bring down the eyes of the proud.” Suddenly the wind filled the small sail, and, without guidance, carried the ship safely in a few days to Ostia, the port of Rome, three hundred leagues from Tunis. Worn out by his heroic labors, John died in 1213, at the age of fifty-three.

Reflection – Let us never forget that our Blessed Lord bade us love our neighbor not only as ourselves, but as He loved us, who afterward sacrificed Himself for us.

SOURCE : https://catholicsaints.info/pictorial-lives-of-the-saints-saint-john-of-matha/

Pierre Le Clerc. La Très Sainte Trinité, la Sainte Vierge Marie avec Saint Jean de Matha et saint Félix de Valois, 1783, église St Jean-au-Marché, Troyes (Aube, France)




St. John of Matha, Confessor, Founder of the Order of the Trinitarians

From several bulls of Innocent III. and the many authors of his life, especially that compiled by Robert Gaguin, the learned general of this Order, in 1490, collected by Baillet, and the Hist. des Ordres Relig. by F. Helyot. See also Annales Ordinis SS. Trinitatis, auctore Bon. Baro, Ord. Minor. Romæ. 1684, and Regula et Statuta Ord. SS. Trinitatis, in 12mo. 1570.

A.D. 1213

ST. JOHN was born of very pious and noble parents, at Faucon, on the borders of Provence, June 24th, 1169, and was baptized John, in honour of St. John the Baptist. His mother dedicated him to God by a vow from his infancy. His father Euphemius sent him to Aix, where he learned grammar, fencing, riding, and other exercises fit for a young nobleman. But his chief attention was to advance in virtue. He gave the poor a considerable part of the money his parents sent him for his own use: he visited the hospital every Friday, assisting the poor sick, dressing and cleansing their sores, and affording them all the comfort in his power.

Being returned home, he begged his father’s leave to continue the pious exercises he had begun, and retired to a little hermitage not far from Faucon, with the view of living at a distance from the world, and united to God alone by mortification and prayer. But finding his solitude interrupted by the frequent visits of his friends, he desired his father’s consent to go to Paris to study divinity, which he easily obtained. He went through these more sublime studies with extraordinary success, and proceeded to doctor of divinity with uncommon applause, though his modesty gave him a reluctancy to that honour. He was soon after ordained priest, and said his first mass in the bishop of Paris’s chapel, at which the bishop himself, Maurice de Sully, the abbots of St. Victor and of St. Genevieve, and the rector of the university assisted; admiring the graces of heaven in him, which appeared in his extraordinary devotion on this occasion as well as at his ordination.

On the day he said his first mass, by a particular inspiration from God, he came to a resolution of devoting himself to the occupation of ransoming Christian slaves from the captivity they groaned under among the infidels: considering it as one of the highest acts of charity with respect both to their souls and bodies. But before he entered upon so important a work, he thought it needful to spend some time in retirement, prayer, and mortification. And having heard of a holy hermit, St. Felix Valois, living in a great wood near Gandelu, in the diocess of Meaux, he repaired to him and begged he would admit him into his solitude, and instruct him in the practice of perfection. Felix soon discovered him to be no novice, and would not treat him as a disciple, but as a companion. It is incredible what progress these two holy solitaries made in the paths of virtue, by perpetual prayer, contemplation, fasting, and watching.

One day, sitting together on the bank of a spring, John disclosed to Felix the design he had conceived on the day on which he said his first mass, to succour the Christians under the Mahometan slavery, and spoke so movingly upon the subject that Felix was convinced that the design was from God, and offered him his joint concurrence to carry it into execution. They took some time to recommend it to God by prayer and fasting, and then set out for Rome in the midst of a severe winter, towards the end of the year 1197, to obtain the pope’s benediction. They found Innocent III. promoted to the chair of St. Peter, who being already informed of their sanctity and charitable design by letters of recommendation from the bishop of Paris, his holiness received them as two angels from heaven; lodged them in his own palace, and gave them many long private audiences. After which he assembled the cardinals and some bishops in the palace of St. John Lateran, and asked their advice. After their deliberations he ordered a fast and particular prayers to know the will of heaven. At length being convinced that these two holy men were led by the spirit of God, and that great advantages would accrue to the church from such an institute, he consented to their erecting a new religious order, and declared St. John the first general minister. The bishop of Paris, and the abbot of St. Victor, were ordered to draw up their rules, which the pope approved by a bull, in 1198. He ordered the religious to wear a white habit, with a red and blue cross on the breast, and to take the name of the order of the Holy Trinity. He confirmed it some time after, adding new privileges by a second bull, dated in 1209.

The two founders having obtained the pope’s blessing and certain indults or privileges, returned to France, presented themselves to the king, Phillip Augustus, who authorized the establishment of their Order in his kingdom, and favoured it with his liberalities. Gaucher III. lord of Chatillon, gave them land whereon to build a convent. Their number increasing, the same lord, seconded by the king, gave them Cerfroid, the place in which St. John and St. Felix concerted the first plan of their institute. It is situated in Brie, on the confines of Valois. This house of Cerfroid, or de Cervo frigido, is the chief of the order. The two saints founded many other convents in France, and sent several of their religious to accompany the counts of Flanders and Blois, and other lords, to the holy war. Pope Innocent III. wrote to recommend these religious to Miramolin, king of Morocco; and St. John sent thither two of his religious in 1201, who redeemed one hundred and eighty-six Christian slaves the first voyage. The year following, St. John went himself to Tunis, where he purchased the liberty of one hundred and ten more. He returned into Provence, and there received great charities, which he carried into Spain, and redeemed many in captivity under the Moors. On his return he collected large alms among the Christians, towards this charitable undertaking. His example produced a second order of Mercy, instituted by St. Peter Nolasco, in 1235.

St. John made a second voyage to Tunis in 1210, in which he suffered much from the infidels, enraged at his zeal and success in exhorting the poor slaves to patience and constancy in their faith. As he was returning with one hundred and twenty slaves he had ransomed, the barbarians took away the helm from his vessel, and tore all its sails, that they might perish in the sea. The saint, full of confidence in God, begged him to be their pilot, and hung up his companions’ cloaks for sails, and, with a crucifix in his hands, kneeling on the deck, singing psalms, after a prosperous voyage, they all landed safe at Ostia, in Italy. Felix, by this time, had greatly propagated his order in France, and obtained for it a convent in Paris, in a place where stood before a chapel of St. Mathurin, whence these religious in France are called Mathurins.

St. John lived two years more in Rome, which he employed in exhorting all to penance with great energy and fruit. He died on the 21st of December in 1213, aged sixty one. He was buried in his church of St. Thomas, where his monument yet remains, though his body has been translated into Spain. Pope Honorius III. confirmed the rule of this order a second time. By the first rule, they were not permitted to buy anything for their sustenance except bread, pulse, herbs, oil, eggs, milk, cheese, and fruit, never flesh nor fish: however, they might eat flesh on the principal festivals, on condition it was given them. They were not, in travelling, to ride on any beast but asses. 1

St. Chrysostom 2 elegantly and pathetically extols the charity of the widow of Sarepta, whom neither poverty nor children, nor hunger, nor fear of death, withheld from affording relief to the prophet Elias, and he exhorts every one to meditate on her words, and keep her example present to his mind. “How hard or insensible soever we are,” says he, “they will make a deep impression upon us, and we shall not be able to refuse relief to the poor, when we have before our eyes the generous charity of this widow. It is true you will tell me, that if you meet with a prophet in want, you could not refuse doing him all the good offices in your power. But what ought you not to do for Jesus Christ, who is the master of the prophet? He takes whatsoever you do to the poor as done to himself.” When we consider the zeal and joy with which the saints sacrificed themselves for their neighbours, how must we blush at, and condemn our insensibility at the spiritual and the corporal calamities of others! The saints regarded affronts, labours, and pains, as nothing for the service of others in Christ: we cannot bear the least word or roughness of temper

Note 1. A mitigation of this rule was approved by Pope Clement IV. in 1267, which allows them to use horses, and to buy fish, flesh, and all other necessaries: on which mitigations see Historia prolixior Priorum Grandimont, published by Martenne, Ampliff. Collectio, t. 6. p. 138. This order is possessed of about two hundred and fifty monasteries, divided into thirteen provinces, in France, Spain, Italy, and Portugal. That formerly in England had forty-three houses; that in Scotland nine; and that in Ireland fifty-two. The general of the order is chosen by a general chapter, which is always held at Cerfroid. Each house is governed by a superior, who is called minister. Those in the provinces of Champagne, Normandy, and Picardy, (which last includes Flanders,) are perpetual; but in Italy and Spain, triennial. Their rule is that of the canons regular of St. Austin. Their principal exercises are to sing the divine office at the canonical hours, praising and glorifying the adorable Trinity, as angels of the earth; and to gather and carry alms into Barbary for the redemption of slaves, to which work one-third of the revenues of each house is applied. A reformation was made in this order in the years 1573 and 1576, which, by degrees, has been introduced into the greater part of the convents, and into that of Cerfroid itself. These never eat meat except on Sundays, sing matins at midnight, and wear no linen. The reformation of the barefooted Trinitarians, still much more severe, was set on foot in Spain, in 1594, by John Baptist of the Conception, who suffered many persecutions in the undertaking, and died in 1613, in great reputation for sanctity and miracles, the examination of which has been commenced in order to his beatification. [back]

Note 2. Hom. de Elia et Vidua Sarept. p. 33. 328. ed. Montf. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume II: February. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/2/081.html

Order of Trinitarians

The redemption of captives has always been regarded in the Church as a work of mercy, as is abundantly testified by many lives of saints who devoted themselves to this task. The period of the Crusades, when so many Christians were in danger of falling into the hands of infidels, witnessed the rise of religious orders vowed exclusively to this pious work. In the thirteenth century there is mention of an order of Montjoie, founded for this purpose in Spain, but its existence was brief, as it was established in 1180 and united in 1221 with the Order of Calatrava. Another Spanish order prospered better; this was founded in the thirteenth century by St Peter Nolasco under the title of Our Lady of Mercy (de la Merced), whence the name Mercedarians. It soon spread widely from Aragon, and has still several houses at Rome, in ItalySpain, and the old Spanish colonies. Finally, the Order of Trinitarians, which exists to the present day, had at first no other object, as is recalled by the primitive title: "Ordo S. Trinitatis et de redemptione captivorum". its founder, St. John of Math, a native of Provence and a doctor of the University of Paris, conceived the project under the pious inspiration of a pious solitary, St Felix of Valois, in a hermitage called Cerfroid, which subsequently became the chief house of the order. Innocent III, though little in favor of new orders, granted his approbation to this enterprise in a Bull of 17 December, 1198.

The primitive rule, which has been in turns mitigated or restored, enacted that each house should comprise seven brothers, one of whom should be superior; the revenues of the house should be divided into three parts, one for the monks, one for the support of the poor, and one for the ransom of captives; finally it forbade the monks when journeying to use a horse, either through humility, or because horses were forbidden to Christians in the Mussulman countries, whither the friars had to go; hence their popular name of "Friars of the Ass".

In France the Trinitarians were as much favoured by the kings as by the popes. St. Louis installed a house of their order in his château of Fontainebleu. He chose Trinitarians as his chaplains, and was accompanied by them on his crusades. Their convent in Paris is dedicated to St. Mathurin; hence they are also known in France as Mathurins. Founded in 1228, the Paris house soon eclipsed Cerfroid, the cradle of the Trinitarians, and eventually became the residence of the general, also called grand minister, of the order. Towards the end of the twelfth century the order had 250 houses throughout Christendom, where its benevolent work was manifested by the return of liberated captives. This won for it many alms in lands and revenues, a third of which was used for ransoms. But the chief source was collections; and to make these fruitful it was not considered enough to attach indulgences to the almsdeed, recourse was had to theatrical demonstrations to touch hearts and open purses. The misfortunes of the unhappy captives in the Mussulman countries were the readiest subjects for descriptions, sermons, and even tableaux. In Spain these alms-quests were made solemnly: the religious on their mules were preceded by trumpeters and cymbal-players, and a herald proclaimed the redemption by inviting families to make known their kinsfolk in captivity and the alms destined for their ransom.

From the fourteenth century the Trinitarians had lay assistants, i.e., charitable collectors, authorised by letters patent to solicit alms for the order in their respective towns; these were called marguilliers. There were also confraternities of the Holy Trinity, chiefly in the towns where the order had no convent; these consisted of lay tertiaries who wore the scapular of the order, were associated with its spiritual favours, and devoted a portion of their income to its work. In fact the Trinitarians had considerable resources to meet the needs of their work. The funds being collected, the ransomers to the number of three or four set sail from Provence or Spain with objects to alleviate the lot of the captives or coax their jailers. Their destination was usually the Barbary States, especially in the sixteenth century when the corsairs of TunisAlgiers, and Morocco infested the Mediterranean and made plunder their chief means of existence. The Mercedarians went chiefly to Morocco, while the Trinitarians went preferably to Tunis or Algiers. There began their trials. They had to confront the dangers of the journey, the endemic diseases of the African coast, exposed to the outrages of the natives, sometimes to burst of Mussulman fanaticism, which cost several lives. The most delicate part of the task lay in the choice of captives amid the solicitations with which the monks were besieged and the negotiations for settling the ransom-price between the corsairs and the Trinitarians, between the exactions of the former and the limited resources of the latter. When the sum was not sufficient, the Trinitarians were held as hostages in the place of the captives until the arrival of fresh funds. The choice of captives was made according to the funds; ransom was first paid for the natives of the regions which had contributed to the redemption. Sometimes certain captives were previously indicated by their family who paid the ransom. When the captives returned to Europe, the Trinitarians had them go in procession from town to town amid scenery intended to impress the imagination in justification of the use of the alms and to inspire fresh almsdeeds. The number of those ransomed during the three centuries is estimated at 90,000. The most famous of these was Cervantes (ransomed in 1580), who at his death was buried among the Trinitarians at Madrid in a habit of a Trinitarian tertiary.

Despite the large sums of money which passed through their hands, the Trinitarians had to struggle constantly with poverty. They had to defray the expenses of numerous hospitals, as well as to administer parochial charges. They suffered greatly in France during the English invasion of the fifteenth century and the wars of religion of the sixteenth. Moreover, there were conflicts between the Mercedarians, who had spread from Spain to France, and the Trinitarians, who had spread from France to Spain. They contested each other's right to collect and receive legacies: attempts at fusion failed, and their rivalry gave rise to numerous suits in both countries and to a whole controversial literature. Their poverty resulted in a relaxation of the rules which had often to be revised, and in divisions in the order. While one party followed the mitigated rule, there was a reform party which aimed at a return to the primitive observance. Thus arose the first schism in 1578 at Pontoise, which in 1633 succeeded in entering the mother-house at Cerfroid.

About the same time the Trinitarians of Spain formed a schism by separating from the Trinitarians of France under Father Juan Bautista of the Immaculate Conception; the latter added fresh austerity to their rule by founding the Congregation of "Discalced Trinitarians of Spain". This rule spread to Italy and Austria (1690), where the ransom of captives was much esteemed during the constant wars with the Turks. Hence the three congregations, which gave rise to regrettable dissensions. The Discalced also went to France, where they were suppressed by a Papal Bull in 1771. The division between those observing the mitigated and the reformed rule was terminated by uniting without fusing them under a common general. At this time also they began to lay claim in France to the title by which they have since been known: Canons Regular of the Holy Trinity. The Revolution of 1789 suppressed them in all the territories to which they had spread. Joseph II had already suppressed them in 1784 in Austria and the Low Countries. They have retained a few houses in ItalySpain, and the Spanish colonies. At Rome, where the convent of St. Thomas was united with the chapter of St. Peter in 1387, the Trinitarians protested many times unsuccessfully against this spoliation, when on the occasion of the seventh centenary of the foundation of the order in 1898, the chapter of St. Peter's voluntarily restored it. But their chief house is the Basilica of St. John Chrysogonus which was given to them by Pius IX in 1856.

There have always been nuns attached to the hospitals of the order, but they do not seem to have formed an integral part of it. The true Trinitarian Sisters were founded in Spain by Maria de Romero in 1612 and they still have convents at Madrid and in other cities. They form part of the discalced congregation.

The Trinitarians wear a white habit, with a cross of which the upright is red and the cross bar blue.

Moeller, Charles. "Order of Trinitarians." The Catholic Encyclopedia. Vol. 15. New York: Robert Appleton Company, 1912. 17 Dec. 2020 <http://www.newadvent.org/cathen/15045d.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Trevor Lipscombe.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. October 1, 1912. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2020 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/15045d.htm




San Giovanni de Matha Sacerdote


Faucon (Alpes-de-Haute-Provence, Francia), 23 giugno 1154 - Roma, 17 dicembre 1213

Provenzale, docente di teologia a Parigi, prete a 40 anni, Giovanni de Matha lasciò la cattedra, divenendo sacerdote. Durante la sua prima messa, il 28 febbraio 1193, gli accade qualcosa di straordinario. Mentre celebrava gli comparve una visione: un Uomo dal volto radioso, che teneva per mani due uomini con catene ai piedi, l'uno nero e deforme, l'altro pallido e macilento; quest'uomo gli indicò di liberare queste povere creature incatenate per motivi di fede. Giovanni De Matha comprese immediatamente che quell'uomo era Gesù Cristo Pantocratore, che rappresentava la Trinità, e gli uomini in catene erano gli schiavi cristiani e musulmani. Capì, quindi, che sarebbe stata questa la sua missione di sacerdote: quella di liberare gli schiavi cristiani in Africa. Si ritirò in campagna per meditare sull'impresa e fondò, nel 1194, in Cerfroid, a poco meno di cento chilometri da Parigi, con quattro eremiti l'Ordine della Santissima Trinità (“Ordo Sanctae Trinitatis et redemptionis captivorum”), dall'austera regola. Ottenuta l'approvazione di Innocenzo III il 17 dicembre 1198 con la bolla Operante divinae dispositionis, partì per il Marocco. Iniziarono così i primi riscatti di schiavi. Il tema era allora molto sentito, tanto che san Pietro Nolasco fondò nel 1218, con lo stesso scopo, i Mercedari. Giovanni morì a Roma - dove il Papa gli aveva donato la chiesa di San Tommaso in Formis sul Celio -, ma nel Seicento il suo corpo venne portato a Madrid. Fu santificato nel 1666.

Etimologia: Giovanni = il Signore è benefico, dono del Signore, dall'ebraico

Martirologio Romano: A Roma sul monte Celio, san Giovanni de Matha, sacerdote, che, francese di origine, istituì l’Ordine della Santissima Trinità per la liberazione degli schiavi. 

Questo provenzale di Faucon, docente di teologia all’Università di Parigi, si fa prete tardi, sui 40 anni. Poi lascia la cattedra, perché un "segno gli ha rivelato la sua vera missione": dedicarsi al riscatto degli schiavi cristiani in Africa. La pirateria mediterranea, negli assalti in mare e nelle scorrerie a terra, rastrella gente giovane e va a venderla sui mercati nordafricani. Giovanni de Matha si ritira per riflettere a Cerfroid, una campagna solitaria a 70 km da Parigi, dove spiega l’idea a quattro eremiti, che l’accettano di colpo. In tre anni nasce la struttura. Ossia l’Ordine della Santissima Trinità (abito bianco con croce rossa e azzurra sul petto, cappa e cappuccio neri). Si basa su comunità piccole e agili, con regola austera e niente ambizioni estetiche per le chiese e i riti. L’elemosina raccolta da appositi collettori va per un terzo al mantenimento dei monaci, per un terzo all’assistenza di malati e pellegrini, e per un terzo al riscatto degli schiavi. Ottenuta l’approvazione del papa Innocenzo III, nel 1199 parte la prima spedizione per il Marocco. 

I Trinitari (così li chiamano) visitano mercati, prigioni, luoghi di lavoro, trattano con autorità e padroni, e liberano con regolare scrittura di riscatto i primi duecento schiavi; un notaio registra tutto, e così si farà sempre. I marsigliesi si commuovono vedendo sbarcare quei duecento, con Giovanni de Matha che li accompagna alla cattedrale cantando il salmo In exitu Israël de Aegypto. (Il problema degli schiavi è all’ordine del giorno: con una missione analoga nel 1218 san Pietro Nolasco fonderà a Barcellona i Mercedari). 

Nel 1209 l’Ordine avrà 30 case, e 600 verso il 1250, soprattutto in Francia e Spagna. Agli ex schiavi malati o senza famiglia dà accoglienza nei suoi ospizi. Tra il 1199 e il 1207 il fondatore si lancia in un attivismo frenetico, per aumentare i centri di accoglienza, trovare denaro da ricchi e da poveri, moltiplicare le spedizioni di riscatto. Papa Innocenzo gli dona a Roma la chiesa abbaziale di San Tommaso in Formis sul Celio, dove Giovanni crea un altro ospizio. E qui muore il 17 dicembre 1213. Nel 1665 due frati trinitari tolgono il suo corpo dalla chiesa (il convento ha cambiato proprietà) e lo portano a Madrid. 

L’ordine soccombe poi alle soppressioni regie e rivoluzionarie del Sette-Ottocento, ma rinasce nel XIX secolo, con case impegnate in Europa e in America nelle missioni, assistenza ospedaliera e ministero. Manca una storia completa dei riscatti: il religioso che vi lavorava, padre Domenico dell’Assunta, fu ucciso nella guerra civile spagnola (1936) e il materiale andò perduto. Ricordiamo tuttavia un nome: quello di Miguel de Cervantes, futuro autore di Don Chisciotte. Catturato da un pirata albanese e venduto sul mercato di Algeri nel 1575, sarà liberato cinque anni dopo dal trinitario spagnolo fra Juan Gil.

Autore: 
Domenico Agasso


Vincenzo Carducci  (1576–1638). Vicente Carducho Encuentro de san Juan de Mata y san Félix de Valois, Museo del Prado. Óleo sobre lienzo, 238 X199, Museo del Prado  , catalogueInv. Museo de la Trinidad, Pintura, 543


GIOVANNI de Matha, santo

di Giuseppe De Luca - Enciclopedia Italiana (1933)

GIOVANNI de Matha, santo. - Nacque il 23 giugno 1160 a Faucon (Provenza) di antica nobiltà militare, studiò ad Aix dal 1172 al 1178; tornato in patria, vi fece un breve esperimento di vita eremitica e nel 1180 si recò all'università di Parigi, ove ebbe compagno di studî Lotario di Segni, poi Innocenzo III; si laureò nel 1192 e ricevette il sacerdozio il 15 novembre dello stesso anno. A Cerfroid (Aisne) s'incontrò e visse con S. Felice di Valois; formulato un progetto per il riscatto degli schiavi cristiani in potere dei Saraceni, si recarono a Roma ove giunsero il 18 gennaio del 1198 e lo sottoposero al papa, che era, dall'8 gennaio, Innocenzo III. Dalle mani del papa ricevuto l'abito, tornarono a Parigi, ove redassero la regola del loro nuovo ordine della SS. Trinità o dei Trinitarî, quindi Giovanni fissò la sua residenza in Roma, ottenne il 17 dicembre 1198 l'approvazione delle regole, ed ebbe una legazione pontificia da compiere in Dalmazia, per ricondurre all'unita gruppi eretici. Quell'anno stesso s'intrapresero e prime trattative le spedizioni di riscatto presso i varî principi arabi d'Europa e d'Africa, che poi si ripeterono in gran numero, partecipandovi spesso il santo medesimo. Fondò varie case nel mezzogiorno della Francia e in Spagna. Morì a Roma il 17 dicembre 1213. Innocenzo XI ne fissò la festa all'8 di febbraio.

Bibl.: Fr. Callisto della Provvidenza, Vita di S. Giovanni di Matha, trad. dal francese, Roma 1894; Fr. Antonin de l'Assomption, Les origines de l'Ordre de la Trés-Sainte Trinité d'après les documents, Rome 1925.

SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/giovanni-de-matha-santo_(Enciclopedia-Italiana)/

Giacinto Calandrucci. The Vision of Saint John of Matha, vers 1650, Pen and brown ink, black and red chalk, some corrections in white, 36,2 X 26,5, Metropolitan Museum of Art


DISCORSO DI GIOVANNI PAOLO II
AI PARTECIPANTI ALL’ASSEMBLEA INTERNAZIONALE
DELLA FAMIGLIA TRINITARIA

Cortile del Palazzo Pontificio di Castel Gandolfo
Giovedì, 26 agosto 1999

 

Carissimi Fratelli e Sorelle!

1. Sono lieto di incontrarmi con voi in una circostanza così significativa com'è questa: voi celebrate quest'anno l'VIII centenario di fondazione dell'Ordine della Santissima Trinità e il IV della sua riforma. Opportunamente, pertanto, la Famiglia Trinitaria, che affonda le sue radici nel progetto del Fondatore San Giovanni de Matha e vive dello stesso carisma, ha pensato di raccogliersi in «Assemblea Generale» per riflettere insieme sui comuni problemi e sulle possibili soluzioni alle soglie del nuovo millennio.

Saluto il Ministro Generale dell'Ordine, Padre José Hernández Sánchez, e lo ringrazio per le gentili parole rivoltemi. Con lui saluto i responsabili e le responsabili dei vari Istituti facenti parte della Famiglia Trinitaria, come pure i religiosi, le religiose ed i laici convenuti per questa Assemblea da ogni parte del mondo. Essa costituisce un momento particolarmente propizio per intensificare il cammino di fedeltà al dono dello Spirito ricevuto dal Fondatore, e per inserirvi più vitalmente nel rinnovamento voluto dal Concilio Vaticano II, così da poter rispondere alle esigenze e alle interpellanze del mondo di oggi.

2. Nel corso di otto secoli, attraverso molteplici vicende storiche, la Famiglia Trinitaria, animata e vivificata dal carisma originario centrato sulla glorificazione della Trinità e sulla dedizione alla redenzione dell'uomo, si è sviluppata e propagata nella Chiesa e nel mondo mediante la fioritura di vari Istituti e di diverse Associazioni laicali. I singoli organismi si riconoscono nel nome della Trinità, alla quale sono consacrati in modo speciale, ed in San Giovanni de Matha, che venerano quale Padre comune. Tutti partecipano allo stesso carisma di glorificazione della Trinità e di impegno per la redenzione dell'uomo, dedicandosi a opere di carità e di liberazione a favore dei poveri e degli schiavi del nostro tempo.

Oggi la Famiglia Trinitaria è composta oltre che da religiosi, anche da religiose di vita sia contemplativa che attiva. Queste ultime si articolano in diverse Congregazioni: vi sono le Suore Trinitarie di Valence, di Roma, di Valencia, di Madrid, di Mallorca, di Siviglia. Si aggiungono, inoltre, l'Istituto Secolare delle Oblate Trinitarie e l'Ordine Secolare Trinitario, insieme con Confraternite e numerose Associazioni del Laicato Trinitario, che testimoniano nel mondo la dimensione secolare dello spirito trinitario.

A tutti rinnovo l'esortazione a vivere con generosa fedeltà il carisma originario, che conserva una straordinaria attualità nel mondo d'oggi. L'uomo contemporaneo ha bisogno di sentirsi annunciare la salvezza nel nome della Trinità Santissima e di essere salvaguardato da catene non meno pericolose, perché meno appariscenti, di quelle d'un tempo. La Famiglia Trinitaria farà bene, pertanto, a mettersi in ascolto delle implorazioni che salgono dalle vittime delle moderne forme di schiavitù, per trovare vie concrete di risposta alle loro attese accorate.

Vi sostengono nella vostra riflessione e nel vostro impegno i tanti fratelli e sorelle che vi hanno preceduto e vi hanno lasciato esempi luminosi di virtù e di santità nell'attuazione dello stesso carisma: religiosi, religiose e laici i cui nomi, spesso imporporati di sangue, sono scritti nell'albo dei santi e vivono nella testimonianza della tradizione Trinitaria.

3. Nella luce di questa eroica testimonianza, voi volete approntare progetti concreti con i quali introdurvi nel nuovo millennio. In particolare, avete pensato di istituire un organismo internazionale della Famiglia Trinitaria, mediante il quale poter intervenire più efficacemente a difesa dei perseguitati o discriminati a causa della fede religiosa e della fedeltà ai valori del Vangelo o alla loro coscienza. Avete dato al nuovo organismo il nome di «Solidarietà Internazionale Trinitaria», intendendo coinvolgere l'intera Famiglia nel servizio verso tanti sofferenti e sventurati, che nella loro miseria sospirano verso una «epifania» del Cristo Redentore.

Un altro progetto molto significativo è quello di una nuova fondazione nel Sudan, che avete programmato come espressione della missione redentrice e misericordiosa propria dell'Ordine. L'iniziativa si propone, insieme con l'apostolato missionario e di liberazione, il dialogo interreligioso tra Cristianesimo ed Islam, secondo le indicazioni date dal Concilio Vaticano II e riprese e sviluppate in successivi documenti del Magistero.

4. Il Grande Giubileo dell'Incarnazione costituisce per tutta la Famiglia Trinitaria uno stimolo ulteriore ad approfondire la meditazione del Mistero Trinitario, nel quale essa ravvisa il cuore della propria spiritualità. Attingendo a quella inesauribile Sorgente, essa non mancherà di impegnarsi nello sviluppo di tutte le potenzialità della consacrazione Trinitaria, arricchendola di nuova pienezza. Da questa esperienza Trinitaria fortemente vissuta fluirà un rinnovato impegno di liberazione nei confronti di ogni forma di oppressione.

Il Capitolo Generale straordinario, concluso in questi giorni, ha posto al centro della vostra riflessione il tema della Domus Trinitatis et Captivorum. Nello spirito originale del progetto di San Giovanni de Matha - meritevole di valorizzazione anche ai nostri giorni - in tale Domus deve regnare il dinamismo dell'amore, che ha la sua fonte nel mistero Trinitario e che si estende verso i privilegiati di Dio: schiavi e poveri. Lo Spirito del Padre e del Figlio, che è amore, vi sospinge a farvi dono di amore per gli altri. L'unità e la carità saranno la migliore testimonianza della vostra vocazione Trinitaria nella Chiesa.

La Vergine Santissima, che da secoli quotidianamente invocate con la bella preghiera: «Ave, Filia Dei Patris, Ave, Mater Dei Filii, Ave, Sponsa Spiritus Sancti, Sacrarium Sanctissimae Trinitatis», vi introduca sempre più nella contemplazione saporosa del Mistero e vi aiuti a vivere i giorni del Grande Giubileo come tempo di rinnovata speranza e di sereno giubilo nello spirito.

Con questi auspici, di cuore imparto a voi ed a tutti i componenti della Famiglia Trinitaria una speciale Benedizione Apostolica.

© Copyright 1999 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/it/speeches/1999/august/documents/hf_jp-ii_spe_19990826_trinitarian-family.html