dimanche 20 janvier 2013

Saint FABIEN, Pape et martyr et Saint SÉBASTIEN, martyr


Saints Fabien, pape et Sébastien, martyrs

Sur la via Appia, au cimetière de Callixte, déposition de St Fabien, pape (236-250), martyr. Déjà célébré en 336.

Sur la via Appia, au cimetière ad catacumbas qui devait recevoir son nom, déposition de St Sébastien, soldat martyr vers 303. Culte attesté en 336.

Jusqu’au XIIe siècle les deux martyrs furent fêtés séparément. Puis les deux oraisons propres furent accolées à la suite et enfin fusionnèrent.

Leçons des Matines avant 1960

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Fabien, romain d’origine, gouverna l’Église depuis Maximin jusqu’à Dèce. Il divisa les sept régions de la ville entre sept Diacres, qui devaient avoir soin des pauvres. Il créa autant de sous-diacres, qu’il chargea de recueillir les Actes des Martyrs, qui étaient écrits par sept notaires. Le même Pape statua que chaque année en la 5e Férie, dite de la Cène du Seigneur, on renouvellerait le saint Chrême, après avoir brûlé l’ancien. Enfin, le treize des calendes de février, il reçut la couronne du martyre pendant la persécution de Dèce, et fut enseveli au cimetière de Calixte, sur la voie Appienne. Il avait siégé quinze ans et quatre jours, et fait, au mois de décembre, cinq ordinations, par lesquelles il ordonna vingt-deux Prêtres, sept Diacres et sacra onze Évêques pour divers lieux.

Cinquième leçon. Sébastien, dont le père était narbonnais et la mère milanaise, fut cher à Dioclétien à cause de la noblesse de sa naissance et de son courage. Chef de la première cohorte, il aidait de ses services et de ses biens les Chrétiens, dont il pratiquait secrètement la foi, et il fortifiait tellement par ses exhortations ceux qui paraissaient redouter la violence des tourments, qu’un grand nombre d’entre eux se livrèrent spontanément aux bourreaux pour Jésus-Christ. De ce nombre furent deux frères, Marc et Marcellien, qui étaient en prison à Rome chez Nicostrate, dont la femme, nommée Zoé, recouvra, par la prière de Sébastien, la voix qu’elle avait perdue. Ces faits ayant été rapportés à Dioclétien, il fit venir Sébastien, et après l’avoir réprimandé fortement, il s’efforça, par tous les artifices, de le détourner de la foi du Christ. Mais comme il ne gagnait rien, ni par ses promesses ni par ses menaces, il ordonna de le lier à un poteau et de le percer de flèches.

Sixième leçon. Tous le croyant mort, une sainte femme nommée Irène, fit enlever son corps pendant la nuit pour lui donner la sépulture ; mais il fut trouvé vivant, et elle le soigna dans sa maison. Peu après, Sébastien qui avait recouvré la santé se mit sur le passage de Dioclétien et lui reprocha très librement son impiété. A son aspect, l’empereur fut frappé de stupeur, car il le croyait mort ; la nouveauté du prodige et les reproches sévères de Sébastien l’enflammèrent de colère, et il command de le battre de verges jusqu’à ce qu’il rendît son âme à Dieu. Son corps fut jeté dans un cloaque ; mais Lucine, avertie en songe par Sébastien lui-même du lieu où il se trouvait et de l’endroit où il voulait être inhumé, l’ensevelit aux catacombes, et c’est là qu’on édifia depuis une célèbre église sous le nom de Saint-Sébastien.


Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Deux grands Martyrs partagent, sur le Cycle, les honneurs de cette journée : l’un, Pontife de l’Église de Rome ; l’autre, l’un des fidèles de cette Église-Mère. Fabien reçut la couronne du martyre l’an 250, sous la persécution de Décius ; la persécution de Dioclétien couronna Sébastien en 288. Nous considérerons séparément les mérites de ces deux athlètes du Christ.

A l’exemple de ses prédécesseurs, saint Clément et saint Anthéros, le saint Pape Fabien prit un soin particulier de faire rédiger les Actes des Martyrs ; mais la persécution de Dioclétien, qui nous a privés d’un si grand nombre de ces précieux monuments condamnés aux flammes par les Édits impériaux, nous a ravi le récit des souffrances et du martyre de notre saint Pontife. Quelques traits seulement de sa vie pastorale sont arrivés jusqu’à nous ; mais nous pouvons prendre une idée de ses vertus, par l’éloge que fait de lui saint Cyprien, qui l’appelle un homme incomparable, dans une Lettre qu’il écrit au Pape saint Corneille, successeur de Fabien. L’évêque de Carthage célèbre aussi la pureté et la sainteté de la vie du saint Pontife, qui domina d’un front tranquille les orages dont l’Église fut agitée de son temps. On aime à contempler cette tête calme et vénérable sur laquelle une colombe alla se reposer, pour désigner dans Fabien le successeur de Pierre, le jour où le peuple et le clergé de Rome étaient réunis pour l’élection d’un Pontife, après le martyre d’Anthéros. Ce rapport avec le Christ désigné pour le Fils de Dieu, dans les eaux du Jourdain, par la divine colombe, rend plus sacré encore le touchant caractère de Fabien. Dépositaire de la puissance de régénération qui réside dans les eaux depuis le baptême du Christ, il eut à cœur la propagation du Christianisme ; et parmi les Evêques qu’il sacra pour annoncer la foi en divers lieux, l’Église des Gaules en reconnaît plusieurs pour ses principaux fondateurs.

Les jours de votre Pontificat furent longs et orageux, ô Fabien ! Mais, pressentant l’avenir de paix que Dieu réservait à son Église, vous ne vouliez pas que les grands exemples de l’âge des Martyrs fussent perdus pour les siècles futurs, et votre sollicitude veillait à leur conservation. Les flammes nous ont ravi une grande partie des trésors que vous aviez amassés pour nous ; à peine pouvons-nous formuler quelques détails de votre propre vie ; mais nous en savons assez pour louer Dieu de vous avoir choisi dans ces temps difficiles, et pour célébrer aujourd’hui le glorieux triomphe que remporta votre constance. La colombe qui vous désignait comme l’élu du ciel, se reposant sur votre tête, vous marquait comme le Christ visible de la terre ; elle vous dévouait aux sollicitudes et au martyre ; elle avertissait l’Église entière de vous reconnaître et de vous écouter. Vous donc, ô saint Pontife, qui avez eu ce trait de ressemblance avec l’Emmanuel dans le mystère de l’Épiphanie, priez-le pour nous afin qu’il daigne se manifester de plus en plus à nos esprits et à nos cœurs. Obtenez-nous de lui cette docilité à sa grâce, cette dépendance d’amour à l’égard de ses moindres volontés, ce détachement de toutes choses, qui furent l’élément continuel de votre vie, au milieu de cette tourmente qui menaça, durant quinze années, de vous engloutir. Enfin un dernier tourbillon vous enleva, calme et préparé, pour vous porter, par le martyre, jusque dans le sein de Celui qui avait déjà accueilli un si grand nombre de vos brebis. Nous aussi, nous attendons la vague qui doit nous détacher de la grève, et nous pousser jusqu’au ciel ; demandez, ô Pasteur, qu’elle nous trouve prêts. Si l’amour du divin Enfant vit en nous, si nous imitons, comme vous, ô Fabien, la simplicité de la colombe, notre voie est sûre. Nous offrons nos cœurs ; hâtez-vous de les préparer.

Après les glorieux Apôtres Pierre et Paul, qui font sa principale gloire, Rome inscrit en tête de ses fastes ses deux plus vaillants martyrs, Laurent et Sébastien, et ses deux plus illustres vierges, Cécile et Agnès. Or, voici que la partie actuelle du Cycle réclame, pour faire honneur au Christ naissant, une partie de cette noble cour. Laurent et Cécile paraîtront à leur tour pour accompagner d’autres mystères ; aujourd’hui, l’invincible chef de la cohorte prétorienne, Sébastien, est appelé à faire son service près de l’Emmanuel ; demain, Agnès, douce comme l’agneau, intrépide comme le lion, sera admise auprès de l’Époux divin qu’elle a préféré à tout. Le caractère chevaleresque de Sébastien offre plusieurs traits de ressemblance avec celui du grand Archidiacre : l’un dans le sanctuaire, l’autre dans le siècle, ont défié avec un mâle courage les tortures et la mort. A moitié rôti, Laurent défie le tyran de le retourner de l’autre côté ; Sébastien, tout hérissé de flèches meurtrières, n’a pas plutôt senti se cicatriser ses plaies, qu’il court se présenter devant Dioclétien, et appelle un nouveau martyre. Mais nous n’avons à nous occuper aujourd’hui que de Sébastien.

Qu’on se figure un jeune homme, s’arrachant à tous les liens qui le retenaient à Milan sa patrie, par le seul motif que la persécution n’y sévit pas avec assez de rigueur, tandis que la tempête, à Rome, est dans toute sa violence. Il tremble pour la constance des Chrétiens ; mais il sait que, plus d’une fois, les soldats du Christ, couverts de l’armure des soldats de César, se sont introduits dans les prisons, et ont ranimé le courage des confesseurs. C’est la mission qu’il ambitionne, en attendant le jour où il pourra lui-même saisir la palme. Il vient donc soutenir ceux que les larmes de leurs parents avaient ébranlés ; les geôliers même, cédant à l’empire de sa foi et de ses miracles, affrontent le martyre, et jusqu’à un magistrat romain demande à se faire instruire de la doctrine qui donne tant de puissance aux hommes. Comblé des marques de la faveur de Dioclétien et de Maximien-Hercule, Sébastien dispose dans Rome d’une influence si salutaire pour le Christianisme, que le saint pape Caïus le proclame le Défenseur de l’Église.

Après avoir envoyé au ciel d’innombrables martyrs, le héros obtient enfin la couronne pour laquelle il soupirait. Par sa courageuse confession il encourt la disgrâce de Dioclétien, auquel il préfère l’Empereur céleste qu’il avait servi uniquement sous le casque et la chlamyde. Il est livré aux archers de Mauritanie qui le dépouillent, l’enchaînent et le percent de leurs flèches. Si les pieux soins d’Irène le rappellent à la vie, c’est pour expirer sous les coups, dans un hippodrome attenant au palais des Césars.

Tels sont les soldats de notre Roi nouveau-né ; mais avec quelle recherche sa munificence les honore ! Rome chrétienne, capitale de l’Église, s’élève sur sept Basiliques principales, comme l’ancienne Rome sur sept collines ; le nom et la tombe de Sébastien décorent l’un de ces sept sanctuaires. Hors les murs de la ville éternelle, sur la voie Appienne, la Basilique de Sébastien est assise dans la solitude ; elle garde le corps du pieux Martyr et Pontife Fabien ; mais les premiers honneurs de ce temple sont pour l’illustre chef de la milice prétorienne, qui avait voulu être enseveli dans ce lieu, comme un fidèle serviteur, près du puits au fond duquel furent cachés plusieurs années les corps des saints Apôtres, quand il fallut les soustraire aux recherches des persécuteurs.

En retour du zèle de saint Sébastien pour les âmes des fidèles, qu’il désira tant préserver de la contagion du paganisme, Dieu lui a donné d’être l’intercesseur du peuple chrétien contre le fléau de la peste. Ce pouvoir du saint Martyr a été éprouvé, dès l’an 680, à Rome, sous le pontificat de saint Agathon.

Les anciens livres liturgiques contiennent de nombreuses pièces en l’honneur de saint Sébastien ; nous donnerons seulement l’Hymne suivante, qui appartient au Bréviaire Ambrosien :

HYMNE

En ce jour dédié à l’honneur de Sébastien Martyr, notre concitoyen illustre, rendons-lui gloire dans nos chants unanimes.

Ce noble athlète du Christ, plein de l’ardeur du combat, abandonne sa patrie, qui pour lui a moins de dangers, et vient dans Rome affronter la lutte.

C’est là que, sectateur d’une doctrine sublime, repoussant l’idolâtrie, il aspire aux trophées d’un glorieux martyre.

Des nœuds multipliés l’enchaînent au tronc d’un arbre ; c’est là que sa poitrine, comme un bouclier suspendu, sert de but aux traits des archers.

Les flèches se réunissent sur son corps comme une forêt ; mais son âme, plus ferme que l’airain, insulte à la mollesse du fer, et demande à ce fer d’être plus meurtrier.

A voir le sang qui baigne le corps du Martyr, on croirait qu’il a expiré ; mais une chaste femme est venue panser ces plaies enflammées.

Ces blessures profondes inspirent un courage céleste au soldat du Christ ; il va provoquer encore le tyran, et bientôt il expire sous les coups meurtriers.

Maintenant, assis dans les hauteurs du ciel, vaillant guerrier ! éloignez la peste, et gardez même les corps de vos concitoyens.

Au Père, au Fils, et à vous, Esprit-Saint, comme toujours, soit à jamais gloire dans tous les siècles.

Amen.

Vaillant soldat de l’Emmanuel ! vous vous reposez maintenant à ses pieds. Vos blessures sont guéries, et vos palmes sont toujours verdoyantes. Du haut du ciel, jetez les regards sur la chrétienté qui applaudit à vos triomphes. A cette époque de l’année, vous nous apparaissez comme le gardien fidèle du berceau de l’Enfant divin ; l’emploi que vous remplissiez à la cour des princes de la terre, vous l’exercez maintenant dans le palais du Roi des rois. Daignez y introduire et y protéger nos vœux et nos prières.

Avec quelle faveur l’Emmanuel écoutera vos requêtes, lui que vous avez aimé d’un si invincible amour ! Dans l’ardeur de verser votre sang pour son service, un théâtre vulgaire ne vous suffisait pas ; il vous fallait Rome, cette Babylone enivrée du sang des Martyrs, comme parle saint Jean. Mais vous ne vouliez pas cueillir seulement une palme, et monter en hâte dans les cieux ; votre zèle pour vos frères vous rendait inquiet sur leur constance. Vous aimiez à pénétrer dans les cachots où ils rentraient tout brisés par les tortures ; et vous veniez raffermir entre leurs mains la palme chancelante. On eût dit que vous aviez reçu l’ordre de former la milice prétorienne du Roi céleste, et que vous ne deviez entrer au ciel que dans la société des guerriers choisis par vous pour la garde de sa personne.

Enfin, le moment est venu où vous devez songer à votre propre couronne ; l’heure de la confession a sonné. Mais, pour un athlète comme vous, ô Sébastien, un martyre unique ne suffit pas. En vain les archers ont épuisé leurs carquois sur vos membres ; la vie est restée en vous tout entière ; et la victime demeure aussi tout entière pour une seconde immolation. Tels furent les chrétiens du premier âge, et nous sommes leurs fils.

Donc, ô guerrier du Seigneur, considérez l’extrême faiblesse de nos cœurs où languit l’amour du Christ ; prenez pitié de vos derniers descendants. Tout nous effraie, tout nous abat, et trop souvent nous sommes, même à notre insu, les ennemis de la croix. Nous oublions trop souvent que nous ne pouvons habiter avec les Martyrs, si nos cœurs ne sont pas généreux comme le fut le cœur des Martyrs. Nous sommes lâches dans la lutte avec le monde et ses pompes, avec les penchants de notre cœur et l’attrait des sens ; et quand nous avons fait avec Dieu une paix facile, scellée du gage de son amour, nous croyons qu’il ne nous reste plus qu’à cheminer doucement vers le ciel, sans épreuves et sans sacrifices volontaires. Arrachez-nous à de telles illusions, ô Sébastien ! Réveillez-nous de notre sommeil ; et pour cela ranimez l’amour qui dort dans nos cœurs.

Défendez-nous delà contagion de l’exemple, et de l’envahissement des maximes mondaines qui se glissent sous un faux air de christianisme. Rendez-nous ardents pour notre sanctification, vigilants sur nos inclinations, zélés pour le salut de nos frères, amis de la croix, et détachés de notre corps. Par ces flèches qui ont percé vos membres généreux, éloignez de nous les traits que l’ennemi nous lance dans l’ombre.

Armez-nous, ô soldat du Christ, de l’armure céleste que nous décrit le grand Apôtre dans sa Lettre aux Éphésiens ; placez sur notre cœur la cuirasse de la justice, qui le défendra contre le péché ; couvrez notre tête du casque du salut, c’est-à-dire de l’espérance des biens futurs, espérance éloignée également de l’inquiétude et de la présomption ; placez à notre bras le bouclier de la foi, dur comme le diamant, et contre lequel viendront se briser tous les traits de l’ennemi qui voudrait égarer notre esprit pour séduire notre cœur ; enfin, mettez à notre main le glaive de la parole de Dieu, par lequel nous dissiperons toutes les erreurs et renverserons tous les vices ; car le ciel et la terre passent, et la Parole de Dieu reste, comme notre règle et notre espérance.

Défenseur de l’Église, ainsi appelé par la bouche d’un saint Pape Martyr, levez votre épée pour la défendre encore. Abattez ses ennemis, dissipez leurs plans perfides ; donnez-nous cette paix que l’Église goûte si rarement, et durant laquelle elle se prépare à de nouveaux combats. Bénissez les armes chrétiennes, au jour où nous aurions à lutter contre les ennemis extérieurs. Protégez Rome qui honore votre tombeau ; sauvez la France, qui se glorifia longtemps de posséder une partie de vos sacrés ossements. Éloignez de nous les fléaux de la peste et les maladies contagieuses ; écoutez la voix de ceux qui, chaque année, vous implorent pour la conservation des animaux que le Seigneur a donnés à l’homme pour l’aider dans ses labeurs. Enfin, par vos prières, assurez-nous le repos de la vie présente, mais surtout les biens de l’éternité.
 
 
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Double station dans le cimetière de Callixte et en celui « ad Catacumbas ».

Quand cette discipline était encore en vigueur à Rome, on célébrait aujourd’hui une double messe, avec deux stations distinctes, l’une dans le cimetière de Callixte, près de la tombe du pape Fabien, l’autre dans le cimetière voisin ad Catacumbas, près du sépulcre de Sébastien. Telle est la discipline représentée par le Férial Philocalien : XIII kal. Febr. Fabiani in Callisti et Sebastiani in Catacumbas. Les anciens sacramentaires maintiennent cette distinction de messes, attribuant toutefois à saint Sébastien, en raison de la popularité de son culte, la préséance sur le pape Fabien.

En effet, les anciens s’accordent pour attribuer à l’intercession du guerrier martyr, défenseur de l’Église, un grand nombre de prodiges, qui lui valurent la renommée de thaumaturge ; d’où vient que, tant dans la lecture évangélique que dans l’antienne pour la communion, c’est à lui que se rapportent aujourd’hui les paroles de saint Luc disant qu’une grande multitude d’infirmes accouraient, au Sauveur, parce qu’il sortait de Lui une vertu qui les guérissait tous.

Les textes liturgiques actuellement en usage sont ceux de l’antique messe stationnale de saint Sébastien, sauf un petit nombre de modifications. En effet, de nombreux manuscrits omettent entièrement saint Fabien, et le plus ancien Lectionnaire romain, celui du VIIe siècle, tel que nous le fait connaître un manuscrit de Würzbourg, indique pour ce jour non seulement l’épître, mais aussi la leçon prophétique de l’Ancien Testament, selon l’usage romain dans les plus grandes solennités de l’année [1].

Il est inutile d’ajouter que la messe de saint Sébastien, comme toutes les autres, a toujours dans les sacramentaires une préface spéciale. Le fait d’avoir supprimé toutes les anciennes préfaces propres de chaque dimanche et de chaque fête de l’année, qui sont si belles et qui caractérisaient si bien la liturgie romaine, a été un véritable appauvrissement imposé à notre Missel et une grande perte pour la piété ecclésiastique. Peut-on espérer une future correction du Missel iuxta codicum fidem (ainsi qu’il a déjà été fait pour l’antiphonaire Grégorien par Pie X), où les antiques préfaces du Sacramentaire de saint Grégoire reprendraient elles aussi leur place ?

L’antienne pour l’introït est tirée du psaume 78 qui est celui des martyrs : « Qu’arrivent à vous, ô Yahweh, les gémissements des prisonniers ; rendez à nos voisins dans leur sein septante fois autant. Tirez vengeance du sang de vos saints par eux versé. » Dieu fera justice à la fin du monde ; en attendant, ses châtiments sont autant de traits d’amour, puisque en punissant il se propose toujours la correction du pécheur, afin qu’il se convertisse et qu’il vive.

Primitivement les deux messes, celle de saint Sébastien comme celle de saint Fabien, avaient les collectes propres ; quand on fusionna ces deux stations, on se contenta d’ajouter le nom de Sébastien à celui de Fabien aux collectes du Commun des martyrs pontifes.

Aujourd’hui, dans le Missel, la prière est donc la suivante : « Ayez égard, Seigneur, à notre fragilité, et parce que nous nous sentons oppressés sous le poids de nos fautes, que la glorieuse intercession de vos bienheureux martyrs Fabien et Sébastien nous protège. »

Dans le Sacramentaire Grégorien nous avons encore cette autre collecte pour la station ad catacumbas : Deus, qui beatum Sebastianum Martyrem tuum virtute constantiae in passione roborasti ; ex eius nobis imitatione tribue, pro amore tuo prospera mundi despicere, et nulla eius adversa formidare.

La lecture suivante, tirée de l’épître aux Hébreux, déjà assignée dans le Lectionnaire de Würzbourg à la messe de saint Sébastien, décrit sous de vives couleurs toutes les souffrances supportées par les justes de l’Ancien Testament à cause de leur foi. Ce n’est pas simplement, en effet, le fait de souffrir qui nous rend agréables à Dieu, mais, comme l’enseigne l’Apôtre, c’est la confession de la foi au moyen des œuvres vertueuses et des souffrances, qui nous mérite la couronne : Hi omnes testimonio fidei probati inventi sunt. C’est pourquoi l’Église chante à l’office de Tierce : Os, lingua, mens, sensus vigor Confessionem personent, afin qu’à tout moment nous confessions le nom de Jésus-Sauveur, c’est-à-dire en avançant à grands pas dans la voie du salut.

Dans le Cornes de Würzbourg, la seconde lecture de l’Ancien Testament pour la synaxe de ce jour ad catacumbas, est tirée du Livre de la Sagesse (X, 17-20), là où est célébrée la victoire des Israélites sur les Égyptiens, alors que Yahweh fut le vengeur de son peuple et son guide à travers le désert.

Le répons est tiré du célèbre cantique de Moïse dans l’Exode (XV, 11, 6) après le passage de la mer Rouge, et à l’origine il était en relation avec la péricope précédente du Livre de la Sagesse. « Dieu est glorieux dans ses saints, admirable dans la grandeur, il fait des prodiges. Votre droite, Seigneur, s’est glorifiée dans sa puissance même, votre droite a écrasé l’ennemi. »

La mer Rouge dans laquelle Satan a été abattu, c’est le martyre, au moyen duquel les héroïques athlètes du Christ ont triomphé de leurs persécuteurs. Les persécuteurs les ont poursuivis sur les chevalets et sur les bûchers, pour arracher la foi de leur cœur ; mais l’âme invincible des martyrs a atterri saine et sauve au rivage de l’éternité et les bourreaux ont compris toute la honte de leur défaite.

Le verset alléluiatique est tiré du psaume 144 et nous dit la louange que les justes dans le ciel élèvent devant le trône de Dieu et devant le siège de l’Agneau : « Vos saints vous béniront et proclameront la magnificence de votre règne. »

Après la Septuagésime, au lieu du précédent verset alléluiatique, on récite le psaume « trait » comme hier.

L’Évangile (Luc., VI, 17-23) où il est question de l’intervention de Jésus au profit des malades, convient fort bien à saint Sébastien que l’antiquité chrétienne vénérait comme protecteur spécial contre les épidémies. Dans la basilique esquiline de Saint-Pierre-aux-Liens, on conserve encore l’autel avec l’image en mosaïque du grand martyr, que fit ériger le pape Agathon pour libérer Rome de la peste qui la désolait.

Cette dévotion populaire envers saint Sébastien était générale en Italie mais spécialement à Rome, où l’on compte au moins neuf anciennes églises en l’honneur du saint. Outre la basilique ad Catacumbas, il y en avait une dans le Patriarchium du Latran, érigée par le pape Théodore ; une autre s’élevait sur le Palatin, près de l’hippodrome où saint Sébastien avait souffert le martyre ; une autre se trouvait près du Tibre, dans la région Arenula, une quatrième et une cinquième au Borgo, près de Saint-Pierre ; enfin il y en avait une sixième sur la voie papale, là où, selon la tradition, le corps de saint Sébastien aurait été jeté dans un .cloaque.

Au moyen âge, le chef de saint Sébastien fut transporté par Grégoire IV sur le mont Cœlius, dans la basilique des Quatre-Saints ; presque en même temps, une partie importante de ses reliques passa à l’abbaye de Saint-Médard de Soissons. A cette occasion une toute petite fiole contenant quelques gouttes de son sang demeura dans l’abbaye impériale de Farfa en Sabine, où les reliques avaient reçu l’hospitalité la nuit qui suivit le départ de Rome du groupe des moines de Soissons.

L’antienne pour l’offrande des dons par le peuple est empruntée au psaume 31 : « Réjouissez-vous, ô justes, dans le Seigneur et faites fête ; et vous tous, 6 droits de cœur, exultez. » Le motif de cette sainte joie c’est la gloire que tire le Seigneur des victoires de ses élus. Aussi, dit le Prophète, que celui qui se glorifie, se glorifie de me connaître : In hoc glorietur qui gloriatur, scire et nosse me.

La secrète est la suivante : « Accueillez favorablement, Seigneur, l’oblation consacrée à célébrer les mérites de vos bienheureux martyrs Fabien et Sébastien, et accordez-nous d’en obtenir un fruit éternel. » Ce fruit éternel c’est la grâce, c’est-à-dire le don de Dieu, qui, de sa nature, n’est pas sujet à révocation ni à repentance. Ce don, au contraire, dans le dessein magnifique de Dieu, veut se développer continuellement dans l’âme, c’est-à-dire se donner de plus en plus à l’homme, afin de le rendre graduellement capable de la possession béatifique de Dieu dans le paradis.

Dans le Sacramentaire Grégorien, nous avons aujourd’hui la préface propre pour la messe stationnale du martyr Sébastien : ... aeterne Deus ; quoniam martyris beati Sebastiani pro confessione nominis tui venerabilis sanguis effusus, simul et tua mirabilia manifestat, quo perficis in infirmitate virtutem, et nostris studiis dat profectum, et infirmis apud Te praestat auxilium, per Christum etc.

L’antienne pour la communion célèbre à nouveau le renom extraordinaire de thaumaturge dont saint Sébastien jouissait dans l’antiquité. Ah ! si les chrétiens connaissaient les inestimables richesses de leur religion ! Dieu a joint des trésors de grâces et de mérites aux moindres actes de notre culte, et nous, au contraire, nous languissons en une multitude de misères et de maux physiques et spirituels, uniquement parce que nous n’avons pas une foi suffisante pour recourir aux remèdes que nous offre la bonté divine (Luc., VI, 17, 19) : « Un grand nombre de malades et de gens tourmentés par des esprits impurs allaient à Lui, parce que de Lui sortait une vertu qui les guérissait tous. »

Cette salutaire vertu du Sauveur n’a pas manqué après l’Ascension. Maintenant encore, nous entrons en contact avec Jésus dans les Sacrements, les inspirations, les prédications, les tribulations de la vie elles-mêmes, et si en toutes ces circonstances nous nous approchions de Lui avec foi, il jaillirait de Lui une vertu apte à guérir toutes nos infirmités.

Après la communion, on récite la collecte suivante : « Réconfortés par le Don sacré auquel nous avons participé, nous vous demandons, ô Seigneur notre Dieu, que par l’intercession de vos saints martyrs Fabien et Sébastien, nous expérimentions l’efficace du Sacrifice qui vient de s’accomplir. Par notre Seigneur, etc. »

Voici ce qu’est le monde aux yeux de la foi : Multitudo languentium une multitude de personnes qui languissent, d’autant plus dignes de compassion que, parmi elles, très peu nombreuses sont celles qui, à la ressemblance des infirmes dont parle aujourd’hui l’Évangile, vont au céleste médecin Jésus.

A la tombe primitive de saint Sébastien, retrouvée récemment apud vestigia Apostolorum sur la voie Appienne, se rapporte un fragment de balustrade (transenna) de marbre avec cette inscription du Ve siècle :

TEMPORIBUS • SANCTI

INNOCENTI • EPISCOPI

PROCLINVS • ET • VRSVS • PRAESBB

TITVLI • BYZANTI

SANCTO • MARTYRI

SEBASTIANO • EX • VOTO • FECERVNT

Ce monument se trouve maintenant au musée du Latran.

[1] 24 : IN NAT SCI SEBASTIANI lec epis beati pauli apos ad ebreos FF sci per fidem uicerunt regna usq. testimonium fidei probati inuenti sunt in xpo ihu dno no.

25 : IN NAT UBI SUPRA lec lib sapi salo. reddidit ds mercidem laboris scorum usq. manuum tuam laudauerunt partier dne ds noster.


Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Il sortait une force de lui qui guérissait tout le monde.

Nous fêtons deux saints martyrs, pour qui on a eu, de tout temps, une grande dévotion. Leurs noms sont dans les Litanies des saints. Au moyen âge, on invoquait spécialement saint Sébastien contre la peste.

Saint Fabien. — Jour de mort : 20 janvier 250. — Tombeau : à Rome, dans la catacombe de saint Callixte. Image : en pape, avec une colombe ou une épée. Sa vie : Fabien fut élevé à la papauté d’une manière miraculeuse, et gouverna l’Église de 236 à 250. Peu de temps après son élection, l’assassinat de Maximin mit fin à la persécution de cet empereur. Les empereurs qui lui succédèrent étaient favorables au christianisme. Il en résulta une période de paix pour l’Église, sous le règne de Fabien. Celui-ci en profita pour organiser l’Église. A chacun des sept diacres, il assigna une partie de la ville pour avoir soin des pauvres. Les sept sous-diacres eurent mission de recueillir les Actes des martyrs. Quand commença la sanglante persécution de Dèce, Fabien fut une des premières victimes. Il fut martyrisé le 20 janvier 250 et fut enseveli dans la catacombe de saint Callixte, où l’on a même, de notre temps, retrouvé sa pierre tombale.

Pratique : Le pape saint Fabien se préoccupait également du soin des pauvres et de la liturgie. Apprenons de lui à unir la vie liturgique à une charité cordiale et active, à la véritable charité fraternelle du Christ.

Saint Sébastien. — Jour de mort : 20 janvier vers 280. — Tombeau : Dans la catacombe qui porte son nom, sous une magnifique basilique, à Rome. Image : On le représente comme un jeune homme, transpercé de flèches, attaché à un arbre. Sa vie : Autour du nom de Sébastien s’est enroulée toute une guirlande de légendes. Le plus ancien récit historique, au sujet de saint Sébastien, se trouve dans le passage suivant de l’explication des psaumes de saint Ambroise : « Laissez-nous vous proposer l’exemple du saint martyr Sébastien. Il était Milanais par sa naissance. Peut-être, le persécuteur des chrétiens avait-il quitté Milan, ou bien il n’y était jamais venu, ou bien il était quelque peu adouci. Sébastien vit qu’il n’y avait là aucune occasion de combat ou bien qu’il s’amollissait. Il partit donc pour Rome où, à cause du zèle des chrétiens pour leur foi, la lutte était chaude. Il y souffrit, il y fut couronné. »

Au moyen âge, saint Sébastien était considéré -comme un protecteur contre la peste. Paul Diacre raconte qu’en 670, la peste cessa à Rome quand on eut dédié un autel au saint. Voici ce que le bréviaire raconte à son sujet : « Dioclétien chercha par tous les moyens à le détourner de la foi au Christ. Comme il ne réussissait à rien, il ordonna de l’attacher à un pieu et de le percer de flèches. Comme tout le monde le croyait mort, une pieuse femme, du nom d’Irène, le fit enlever pendant la nuit, mais, ayant trouvé qu’il était encore vivant, elle le soigna dans sa propre maison. Peu de temps après, il fut rétabli ; alors, il se présenta devant l’empereur et, avec la plus grande hardiesse, lui reprocha son impiété. L’empereur fut si irrité du blâme sévère du saint, qu’il ordonna de le battre de verges jusqu’à ce qu’il ait rendu l’esprit. Son cadavre fut ensuite jeté dans un cloaque. »

La messe (Intret). — Quand l’Église célèbre une fête de martyr, elle sent battre son cœur, car les martyrs sont ses enfants chéris ; en eux, elle cherche à devenir semblable à son divin Époux et elle peut dire ces paroles : « Avec le Christ je suis attachée à la Croix. » L’Église aime beaucoup célébrer les saints mystères sur le tombeau des martyrs. Par conséquent, nous ne comprendrons complètement le texte, que si nous nous transportons au tombeau des saints et contemplons l’affluence des pèlerins qui se pressent autour de ce tombeau. Les chants psalmodiques supposent presque tous la présence du tombeau.

Quel accent n’a pas l’Introït, en présence du saint corps, qui porte encore sur lui les traces de ses souffrances ! C’est pourquoi l’Église commence par un cri douloureux, pour demander la punition des ennemis. On a l’impression que la furie, l’horreur d’une exécution en masse, a arraché à l’Église ce cri douloureux.

Comme l’Épître est saisissante, auprès du tombeau, quand l’Église nous décrit les terribles souffrances des martyrs, et nous montre les cellules funéraires (les loculi). Celui-ci aussi « a été trouvé éprouvé par le témoignage (le martyre) de la foi ».

Et maintenant, au Graduel, l’Église chante son allégresse au sujet de la gloire de Dieu qui se montre si puissamment dans nos saints. C’est le bras puissant du Seigneur qui a opéré en eux des œuvres si admirables et qui, maintenant encore, fait « des prodiges ».

Pour comprendre l’Évangile, il faut nous rappeler qu’au tombeau des martyrs, il se faisait de nombreuses guérisons miraculeuses et que, depuis l’antiquité, saint Sébastien, spécialement, était honoré comme thaumaturge et protecteur contre la peste. Il était aussi d’usage d’amener des malades à l’église et de placer des linges sur le tombeau, car on était persuadé « qu’une vertu sortait de lui et guérissait tout le monde ».

Que la liturgie ait spécialement ce passage en vue, nous le voyons par la Communion. Il est vrai que cette antienne a un double sens : elle se rapporte non seulement à la vertu miraculeuse du saint tombeau, mais encore à la vertu du corps de Christ (la Communion est donc particulièrement bien choisie) ou, pour mieux dire, dans la messe d’aujourd’hui, la grâce de saint Sébastien passe en nous, car saint Sébastien est la grâce que le Christ nous donne aujourd’hui.


Saint Sébastien naquit à Narbonne aux alentours de 260. Ses parents, un noble du pays et une dame de Milan, étaient des chrétiens fervents. Ils s'installèrent à Milan. Devenu adulte, Sébastien se rendit à Rome alors qu'éclatait la neuvième persécution envers les chrétiens. Il s'engagea dans l'armée afin d'être libre de ses mouvements et venir ainsi en aide aux chrétiens martyrisés. L'empereur Dioclétien le nomma capitaine de la garde prétorienne.

On attribue à Sébastien plusieurs guérisons miraculeuses. L'application de la croix sur les lèvres de Zoé, muette depuis six ans lui rendit la parole. Il guérit Chromace, préfet de Rome atteint de la goutte, et baptisa toute sa famille. Mille quatre cents soldats environ suivront cet exemple.

En 288 Dioclétien tenta de le persuader d'abjurer sa foi. Sébastien refusa. Dioclétien ordonna aux archers mauritaniens de le mettre à mort. Sébastien, lié à un arbre et atteint de plusieurs flèches, fut laissé pour mort. Irène, veuve du martyr Catulus, s'aperçut qu'il respirait au moment de l'enterrer. Certains pensèrent alors que les archers avaient volontairement épargné les zones vitales.

Guéri, Sébastien retourna devant l'empereur pour lui reprocher son incroyance. Celui-ci le fit bastonner à mort, un 20 janvier, et ordonna que l'on jetât son corps dans les égouts afin que les chrétiens, disait-il, ne puissent le ressusciter. Une chrétienne, Lucine, à qui il apparut en songe, retrouva, sur ses indications, sa dépouille qui fut enterrée dans les catacombes, non loin du tombeau de saint Pierre. Une église sera construite à cet emplacement.

Saint Sébastien délivra Rome d’une épidémie de peste en 680 et fut dès lors invoqué contre ce fléau et il garda ce rôle protecteur durant Moyen-Age. En 825, sous le règne de Louis le Pieux, le pape Eugène II accorda à Hilduin le transfert de ses reliques dans l'abbaye royale de Saint-Médard, à Soissons. Saint Sébastien est également le patron des marchands de ferraille et des confréries qui veillaient les agonisants et portaient les morts en terre.

Selon la légende, Fabien, laïc romain, était à Rome et parmi les fidèles au moment de la mort du pape Antère pour élire son successeur (10 janvier 236). Quand une colombe vint se poser sur la tête de Fabien, l'assemblée hésitante s'écria : « Il est digne ! » Cette légende inaugure un pontificat de quatorze ans qui va laisser de profondes marques dans l'Eglise du IIIe siècle. La persécution de l'empereur Maximin Ier avait été assez courte et les querelles politiques entre ses éphémères successeurs éloignent pour un certain temps les menaces autour des chrétiens. Ce répit permet à Fabien de remettre en ordre l'Eglise romaine perturbée par de nombreuses années de conflits doctrinaux et par le schisme d'Hippolyte.

Profitant d'une période de paix, il révèle de grandes qualités d'organisateur et jette les bases administratives d'une Rome chrétienne. Il nomme sept diacres à la tête d'un district chacun dans la capitale. Il veille avec une acuité particulière au bon entretien des catacombes où il fait enterrer l'un de ses prédécesseurs, Pontien, et l'adversaire de celui-ci, Hippolyte. Il poursuit avec énergie les clercs coupables de diverses fautes, en particulier Privat, un évêque africain. Fabien envoie aussi sept évêques missionnaires en Gaules. La rédaction des actes des martyrs, entamée sous Antère, se poursuit sous son pontificat.

Il acquiert de fait un prestige qui déborde largement la ville de Rome. C'est vers lui que se tourne par exemple Origène, alors en conflit avec Démétrios, l'évêque d'Alexandrie pour se justifier.

A la fin de 249 le nouvel empereur Dèce déclenche une des plus violentes persécutions contre les chrétiens. Au début de l'année 250, le 20 janvier, Fabien est torturé puis décapité. Il est inhumé dans la crypte des Papes de la catacombe de Saint-Calixte où son sarcophage est retrouvé en 1915.

SOURCE : http://www.religion-orthodoxe.com/article-20-janvier-vie-de-saint-sebastien-et-de-saint-fabien--42143364.html



Fabian, Pope M (RM)

Died 250. On January 10, 236, Saint Fabian succeeded Saint Antheros as pope and governed as bishop of Rome for 14 peaceful years until his martyrdom under Decius. He was a layman, who, according to Eusebius, was chosen because a dove flew in through a window during the election and settled on his head. This 'sign' united the votes of the clergy and people for this layman and stranger. He condemned Bishop Privatus of Lambaesa, Africa, for heresy, brought the body of Saint Pontian, pope and martyr, from Sardinia, and had significant restoration work done on the catacombs. He sought out the relics of Saints Pontian and Hippolytus, who had died in exile, and had them translated to Rome. The Liber Pontificalis credited him with the division of Rome into seven deaconries, which gave the Church of Rome a close-knit structure. Fabian also sent Saint Dionysius (Denis) and other preachers into Gaul.


He was the first victim of the Decian persecutions. Saint Fabian is described by his contemporary, Saint Cyprian, as "an incomparable man, the glory of whose death corresponded with the holiness of his life." He was buried in the catacombs of Saint Callistus; later, some of his relics were taken to the Basilica of Saint Sebastian. The original slab that covered his first tomb, which says clearly in Greek, "Fabian, bishop, martyr," survives. Some of his relics were taken to the Basilica of Saint Sebastian; thereafter the two martyrs were honored with one feast. Fabian's body was rediscovered in 1915 (Attwater2, Benedictines, Coulson, Delaney, Farmer, Husenbeth, White).

Several examples of his writing can be found on the New Advent homepage. Click here for Decrees, First Epistle, Second Epistle, and Third Epistle He is shown in art with a dove by his side; or a tiara and a dove; or a sword or club; or kneeling at a block (to be beheaded) (Roeder, White). Sometimes he is shown (1) with Saint Sebastian because he was martyred on his feast day or (2) with a palm and cross (Roeder). An image of Saint Fabian is included in a painting attributed to Diamante (c. 1430- 1498), which is in the Sistine Chapel at the Vatican in Rome (Coulson).


Pope Saint Fabian is the patron of lead-founders and potters (of whom Saint Sebastian is also patron) (Roeder). 


Eugène Delacroix, Le Martyre de saint Sébastien ((Salon de 1836)), Nantua, église Saint-Michel



Sebastian M (RM)

Born in Narbonne, Gaul (France); died in Rome, 288-300; feast day in the East is December 18.

No matter what our occupation in life, God can use us for His purpose if we will simply pray for the eyes to see the opportunities before us. Sebastian, a Roman soldier, had such a faith. He had joined the army in 283 in order to help his fellow Christians by rescuing them from persecution and/or giving them comfort. He entered the lists against the powers of evil, knowing that not all the battles are visible to human eyes.

Those who faltered, like Marcus and Marcellian, he encouraged; those pagans who had fiercely objected to the death of relatives and children, like their mother Zoë (a deaf mute whom he cured with the Sign of the Cross on her lips) and her husband Nicostratus (who was in charge of prisoners and cured of gout by Sebastian), he converted; for those who were martyred, he helped to make arrangements for burial and veneration of their bodies.

So successful was he as a soldier that he gained favor with the emperor Diocletian, who made him captain of the Praetorian Guard. He retained that position under Emperor Maximian when Diocletian left him in charge at Rome. Thus by his high rank and office he helped to relieve many who were imprisoned for Christ, though by so doing he placed himself in great peril.

Among the thrilling incidents of early Christian history is that of his bold deliverance of two brothers who had been condemned. He went openly to the house of he magistrate, where they were detained along with 16 heathen prisoners, and before them all spoke of the love of Christ to such effect that those who heard him, including the magistrate and the jailer, were converted. In the place where he spoke the only window was a hole in the roof, and as he stood directly under it the light shone down upon his rich tribune's armor, leaving the rest of the room in darkness. Who could be sure that among so many there might not be one there who would betray him?

Afterwards, Claudius, the jailer, came with anxiety to the magistrate and reported: "The prefect is much disturbed at my having allowed the prisoners to be in your house; and therefore he requires you to appear before him and explain the reason." Upon this, the magistrate went at once to the prefect and so impressed him with his account of what had happened, that he, too, was baptized, and after him 68 others, as a direct result of Sebastian's intervention.

One version of the legend says that Tiburtius, the son of the prefect of Rome, and Chromatius, the prefect himself were converted because Sebastian cured him, too, of the painful gout with which he was afflicted. Thereafter, the prefect set many godly prisoners free, freed his slaves, and resigned as prefect. He retired to his estate in Campania, and took many of Sebastian's converts with him to this place of relative safety.

Such activities could not long remain secret. Soon many of Sebastian's converts were tortured and killed. First Nicostratus's wife Zoë was discovered to be a Christian. Hung by her heels over a fire, she died of smoke inhalation. Nicostratus and the converted prefect were captured, tortured, and killed.

Finally, Sebastian was denounced to the emperor, who reproached him with ingratitude and accused him of conspiracy. Sebastian protested in vain that though he was a Christian he had never neglected his military duties. "I pray daily," he said, "for thy safety and the prosperity of the State." But Diocletian, who had returned, refused to listen, and ordered him to be shot to death with arrows.

By a strange providence, however, although his body was riddled with arrows and the archers thought he was dead, he recovered in the field where they had left him and was rescued by a friend, the widow of Saint Castulus named Saint Irene, who took him to her apartment near by in the imperial palace--and nursed him to recovery. The widow Irene then urged him to escape, but, casting aside discretion, he placed himself deliberately in the path of the emperor and called boldly for the relief of the Christians, who, he declared, were among the most loyal of his subjects.

The emperor, thinking he was dead, was startled as if he had seen a ghost. "You will have no peace," cried Sebastian, "until you cease from shedding innocent blood." The emperor angrily sentenced him to be cudgelled to death and his body to be thrown into the sewer, from which it was afterwards removed by a Christian woman called Lucina, who buried it in her own garden along the Appian Way.

In 367, Pope Saint Damasus built a basilica of San Sebastiano over his tomb, which was one of the seven stationary churches of Rome. Sebastian's cultus dates from the 4th century; his name is found in the Depositio Martyrum, dated 354. That Sebastian was a martyr buried in a cemetery on the Appian Way is fact; all else is pious fiction dating no earlier than the 5th century. Some wrongly attribute these acta to Saint Ambrose.

Several writers testify that the relics of Saint Sebastian were given to Hilduin, abbot of Saint-Denys, by Pope Eugenius II and deposited in Saint Medard's at Soissons on December 9, 826, together with some of the relics of Saint Gregory the Great. These shrines were plundered by the Hugenots in 1564, and the sacred bones thrown into a ditch in which there was water. They were later found and re-enshrined in 1578, though the bones were then intermixed. Sebastian's head was given to Saint Willibrord by Pope Sergius and is now kept at Echternach, Luxembourg. Other portions of his relics are widely dispersed.

It should be noted that Saint Ambrose says that Sebastian was born in Milan, Italy, where he was venerated as early as the 4th century (Attwater, Benedictines, Bentley, Butler, Delaney, Encyclopedia, Farmer, Gill, Husenbeth, White).

Arrows, representing pestilence as well as the instrument of his martyrdom, are Saint Sebastian's emblem in art (Tabor). Generally he is portrayed as a young, nude man tied to a tree and shot through by bowmen. At times he may be shown (1) nude, pierced by or holding arrows; (2) richly dressed with bow and arrows; (3) as a young warrior with an arrow; (4) with sword and arrow; or (5) as the arrows are being removed by Saint Irene in the habit of a Benedictine nun. He should not be confused with the king Saint Edmund of England, who is always bearded and crowned (Roeder). There is a notable image of him in the Uffizi Gallery of Florence painted by Sodoma (Tabor).

The earliest representations of Sebastian, as in mosaics in Ravenna and at the church of Saint Peter in Chains in Rome (late 7th century) or in the frescoes of Saint Saba's church (Rome; early 8th century), depict him as an elderly, bearded man holding a crown. Some later images also show Sebastian in this manner. The more popular image as a young man appeared in the late Middle Ages (Farmer).

As one of the most popular saints of the Middle Ages (one of the 14 Holy Helpers), Saint Sebastian is patron of many: archers, armorers, athletes, bookbinders, burial societies, arrowsmiths, corn-chandlers, gardeners, ironmongers, lead-founders, municipal police, needle-makers, neighborhood watch operations, physicians, potters, racquet-makers, soldiers, and stone masons. He is invoked against cattlepest, epilepsy, enemies of religion, the plague, and by the dying (Delaney, Roeder, White).

(Dedicated to dear Father Sebastian, born and baptized on this day, who taught me what it means to really trust in God's providence-- and more than I ever wanted to know about Augustine, Aquinas, and Maritain. May God bless you abundantly, my joyful friend!)