vendredi 23 novembre 2012

Saint CLÉMENT : Épitre aux Corinthiens



Épitre de Clément aux Corinthiens - Clément de Rome

Les manuscrits et la tradition de l’Eglise la plus ancienne et la plus unanime (Hégésippe, Denys de Corinthe, Irénée) attribuent à Clément de Rome une lettre qui pourrait dater de 96-97 et serait la plus ancienne œuvre de la littérature chrétienne après les écrits bibliques. Selon Eusèbe de Césarée, elle fut rédigée alors que " demeurait encore en vie celui que Jésus aimait : Jean, à la fois apôtre et évangéliste, qui gouvernait les Eglises d’Asie, après être revenu, à la mort de Domitien, de l’île où il avait été exilé ", ce que confirme saint Clément d’Alexandrie. La lettre était adressée à l’Eglise de Corinthe, que des troubles agitaient après que de jeunes membres de la communauté se furent insurgés contre les anciens presbytres et les eurent destitués. Ecrite dans une langue simple et claire, elle est sans nul doute l’œuvre d’un auteur unique, même s’il parle toujours au pluriel et s’il faut considérer la communauté romaine dans son ensemble comme signataire. Clément, en bon disciple des apôtres, s’appuie solidement sur les Ecritures qu’il connaît et manie parfaitement dans de longues citations ; ceci étant, en bon lettré helléniste autant que latin, il ajoute des exemples et des maximes qui relèvent de l’univers antique où affleurent Platon, Sophocle et Cicéron.

La lettre compte soixante-cinq chapitres. Un préambule (I-III) énonce brièvement les motifs de la lettre. La première partie (IV-XXXIX) est composée de longues parénèses contre l’envie et la jalousie à l’origine des dissensions, et d’exhortations à l’humilité, à la concorde, à l’unité et à l’harmonie. Les dix-neuf chapitres qui suivent (XL-LVIII) rappellent que l’ordre liturgique et hiérarchique dans l’Eglise est voulu par Dieu, condamnent la destitution des presbytres et appellent les auteurs des troubles à la conversion. La lettre s’achève sur une prière, un résumé du contenu, des recommandations et la salutation finale (LIX-LXV).

On ignore si Clément intervint de son propre chef ou à la requête de l’Eglise de Corinthe. Certains estiment qu’il ne se serait pas immiscé spontanément sans être préoccupée soit de lutter contre l’hérésie, soit d’étendre l’influence de l’évêque de Rome. La portée de la Lettre de Clément est donc discutée : s’agit-il uniquement d’un écrit destiné à pacifier la communauté de Corinthe, ou bien d’un document doctrinal statuant sur des problèmes ecclésiologiques et dogmatiques fondamentaux ? Quoi qu’il en soit, la lettre fut utilisée dès le IIe siècle comme document anti-hérétique faisant autorité, comme l’atteste Eusèbe de Césarée, qui rapporte qu’" en beaucoup d’Eglises, depuis longtemps et encore de nos jours, on la lit publiquement dans les réunions communes ".

L’Eglise catholique a volontiers vu dans la Lettres de Clément un premier témoignage de la primauté du siège de Rome. Néanmoins, l’autorité dont pouvait se prévaloir l’évêque de Rome parmi les autres évêques était alors fidèle à la primauté dont Pierre jouissait parmi les apôtres. Il ne pouvait s’agir, au Ier siècle, de revendiquer la suprématie dont se prévaudra plus tard l’Eglise catholique, en rupture avec l’ecclésiologie des premiers siècles. Hubertus R. Drobner rappelle en outre que la prétention romaine à la primauté repose sur l’épiscopat monarchique et de la juridiction nécessaire, qui faisaient alors défaut.

La Lettre de Clément est suivie, dans les manuscrits, d’une Seconde Lettre de Clément. Le contenu ainsi que le style montrent qu’il ne s’agit pas là d’une lettre mais d’une homélie, la plus ancienne qui ait été conservée (vers 150) et que l’écrit n’est pas de Clément. Elle pourrait venir de Corinthe, d’Alexandrie ou de Rome. Voir l’intégralité de l’introduction sur le site de l’Eglise arménienne


Commencement de la Première épître de Clément dans une édition d'Oxford en 1633




L’ÉGLISE DE DIEU QUI SÉJOURNE A ROME, A L’EGLISE DE DIEU QUI SÉJOURNE A CORINTHE, AUX ÉLUS SANCTIFIÉS SELON LA VOLONTÉ DE DIEU PAR NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST.QUE LA GRACE ET LA PAIX VOUS VIENNENT EN ABONDANCE DU DIEU TOUT-PUISSANT PAR JÉSUS-CHRIST !

I. Les malheurs, les calamités soudaines qui nous ont frappés coup sur coup, frères bien-aimés, ont été cause que notre attention se tourne, bien tardivement à notre gré, vers les affaires en litige parmi vous, vers cette sédition inadmissible et déplacée chez les élus de Dieu, exécrable et impie, qu’un petit nombre de meneurs téméraires et insolents ont allumée et portée à un un tel degré de démence que votre nom révéré, glorieux et aimable à tous, en est grandement décrié.

Quel est celui qui ayant demeuré parmi vous n’a reconnu votre foi solide et riche en vertus, admiré votre piété prudente et mesurée dans le Christ, publié votre habitude généreuse d’hospitalité, déclaré bienheureuse votre science par- faite et sûre ?

Car vous agissiez en tout sans acception de personnes, vous marchiez suivant les lois de Dieu, soumis à vos chefs et rendant à vos anciens l’honneur qui leur est dû.

Aux jeunes gens vous recommandiez la modération et la gravité. Aux femmes vous prescriviez d’accomplir tous leurs devoirs avec une conscience irréprochable, digne et pure, de chérir leurs maris comme il convient ; vous leur enseigniez a se tenir dans la règle de l’obéissance, à gouverner dignement leur maison, a se montrer discrètes en toutes choses.

II. Tous vous étiez humbles, exempts de jactance, plutôt disposés à obéir qu’à commander, plus heureux de donner que de recevoir. Contents des viatiques du Christ et y appliquant votre âme, vous gardiez soigneusement ses paroles dans votre coeur, et ses souffrances étaient devant vos yeux.

C’est ainsi qu’une paix profonde et joyeuse avait été donnée à tous avec un désir insatiable de faire le bien, et une abondante effusion de l’Esprit-Saint s’était répandue sur tous. Remplis d’une résolution sainte, d’une belle ardeur, d’une pieuse confiance, vous étendiez vos mains vers le Dieu tout-puissant, le suppliant de se montrer propice si vous aviez commis quelque faute involontaire.

Vous luttiez jour et nuit pour le groupe entier des frères, afin que, grâce à votre pitié et communauté de sentiment, le nombre des élus de Dieu vint à être sauvé. Vous étiez sincères, simples, sans rancune réciproque. Toute révolte, toute scission vous faisait horreur ; vous pleuriez sur les péchés du prochain, vous estimiez que ses manquements étaient les vôtres.

Vous ne vous repentiez d’aucune bonne action, vous étiez « prêts à toute bonne oeuvre ». Une conduite toute vertueuse et vénérable faisait votre ornement, vous accomplissiez toutes vos actions dans la crainte de Dieu. Les commandements et les préceptes du Seigneur étaient écrits sur toute l’étendue de votre coeur.

III. Toute sorte de gloire et d’abondance vous a été donnée et cette parole de l’Écriture s’est accomplie : « Le bien-aimé a mangé et bu, il a grossi et s’est engraissé et il a regimbé ! » De là sont nées la jalousie et l’envie, les querelles et la sédition, la persécution et le désordre, la guerre et la captivité.

C’est ainsi que se sont insurgés « les hommes de rien contre les hommes les plus considérables », les obscurs contre les illustres, les insensés contre les sages, les jeunes contre les anciens. Ainsi se sont éloignées la justice et la paix, depuis que chacun a délaissé la crainte de Dieu, affaibli les lumières de sa foi ; personne ne marche plus dans la règle des commandements divins, ne mène plus une vie digne du Christ ; chacun va suivant les désirs de son coeur dépravé, laissant revivre en lui la jalousie injuste et impie par laquelle « la mort est entrée dans le monde ».

IV. Voici en effet ce qui est écrit : « Et, après bien des jours, il arriva que Caïn offrit des fruits de la terre en sacrifice a Dieu ; Abel aussi offrit des premiers-nés de ses brebis et de leur graisse. lit Dieu regarda favorablement Abel et ses présents ; mais il ne lit point attention a Caïn ni à ses sacrifices. Caïn fut vivement contristé, et son visage abattu. Alors Dieu dit a Caïn : Pourquoi es-tu triste et pourquoi ton visage est-il abattu ? N’as tu pas péché, si en offrant correcte- ment ton sacrifice tu n’en as pas fait correctement le partage ? Apaise-toi : ton offrande te reviendra et tu en seras le maître. Et Caïn dit à Abel son frère : Allons dans la plaine. Et lorsqu’ils furent dans la plaine, Caïn se jeta sur Abel son frère et le tua. » Vous le voyez, mes frères, la jalousie et l’envie ont commis un fratricide.

C’est à cause de la jalousie que Jacob notre père a fui devant son frère Esaiï. C’est à cause de la jalousie que Joseph a été persécuté à mort et réduit en servitude. C’est la jalousie qui a contraint Moïse de fuir devant Pharaon, roi d’Égypte, le jour où il entendit un de ses compatriotes lui dire : « Qui est-ce qui t’a établi notre arbitre ou notre juge ? Est-ce que tu veux me tuer comme l’égyptien que tu as tué hier ? ».

C’est à cause de la jalousie qu’Aaron et Marie furent bannis du camp. C’est la jalousie qui précipita tout vivants dans l’enfer Dalhan et Abiron, parce qu’ils s’étaient soulevés contre Moïse, le serviteur de Dieu. C’est par suite de la jalousie que David subit, non seulement l’envie dos étrangers, mais encore la persécution de Saül, roi d’Israël.

V. Mais, pour laisser de côté les exemples anciens, venons-en aux athlètes tout récents, prenons les généreux exemples de notre génération. C’est par l’effet de la jalousie et de l’envie que furent persécutés ceux qui étaient les colonnes les plus élevées et les plus justes et qu’ils combattirent jusqu’à la mort. Jetons les yeux sur les excellents Apôtres : Pierre, qui, victime d’une injuste jalousie, souffrit non pas une ou deux, mais de nombreuses fatigues, et qui, après avoir ainsi accompli son martyre, s’en est allé au séjour do gloire qui lui était dû. C’est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré (comment on remporte) le prix de la patience. Chargé sept fois de chaînes, banni, lapidé, devenu un héraut en Orient et en Occident, il a reçu pour sa foi une gloire éclatante. Après avoir enseigné la justice au monde entier, atteint les bornes de l’Occident, accompli son martyre devant ceux qui gouvernent, il a quitté le monde et s’en est allé au saint lieu, illustre modèle de patience.

VI. A ces hommes dont la vie a été sainte vint s’adjoindre une grande foule d’élus qui, par suite de la jalousie, endurèrent beaucoup d’outrages et de tortures, et qui laissèrent parmi nous un magnifique exemple.

C’est poursuivies par la jalousie, que des femmes, les Danaïdes et les Dircés, après avoir souffert de terribles et monstrueux outrages, ont touché le but dans la course de la foi, et ont reçu la noble récompense, toutes débiles de corps qu’elles étaient.

La jalousie a aliéné des épouses a leurs maris, elle a altéré la parole d’Adam, notre père : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair. » Jalousie et discorde ont détruit de grandes villes, et anéanti de puissantes nations.

VII. Nous vous écrivons tout ceci, bien-aimés, en manière, non seulement de réprimande pour vous, mais encore d’avertissement pour nous-mêmes : car nous sommes dans la même arène que vous, le même combat nous attend. Laissons donc là les soucis vains et inutiles, rangeons-nous à la glorieuse et vénérable règle de notre tradition.

Voyons ce qui est beau aux yeux de notre Créateur, ce qui le charme, ce qui lui plaît. Fixons nos regards sur le sang du Christ, et con- naissons combien il est précieux pour Dieu, son père, parce qu’ayant été versé pour notre salut, il a ménagé au monde entier la grâce delà pénitence.

Passons en revue tous les âges et apprenons que de génération en génération le Maître « a donné latitude de faire pénitence » à tous ceux qui ont voulu se convertir à lui. Noé prêcha la pénitence, et ceux qui l’écoutèrent furent sauvés. Jonas annonça leur ruine aux Ninivites ; mais ceux-ci, ayant fait pénitence de leurs péchés, apaisèrent Dieu par leurs supplications et obtinrent leur salut, bien qu’ils fussent des étrangers pour Dieu.

VIII. Les ministres de la grâce divine, inspirés par le Saint-Esprit, ont parlé de la pénitence. Et le Maître de l’univers lui-même a dit de la pénitence avec serment :« Par ma vie, dit le Seigneur, je ne yeux pas tant la mort du pécheur que sa pénitence. » Et il ajoute cette sentence de bonté : « Repentez-vous, maison d’Israël, de votre iniquité. Dis aux fils de mon peuple : Quand même vos péchés iraient de la terre au ciel, quand ils seraient plus rouges que l’écarlate et plus noirs que le sac, si vous vous tournez vers moi de tout votre coeur et me dites : Père ! je vous exaucerai comme un peuple saint. »

Et dans un autre endroit il parle ainsi : « Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez sous mes yeux le mal de vos âmes, mettez fin à vos méchancetés, apprenez à faire le bien, recherchez la justice, délivrez l’opprimé, faites rendre son droit à l’orphelin et justice à la veuve. Et alors venez et nous discuterons, dit le Seigneur ; vos péchés fussent-ils comme la pourpre, je les rendrai blancs comme neige ; fussent-ils comme l’écarlate, je les rendrai blancs comme laine. Si vous consentez et que vous m’écoutiez, vous mangerez ce que la terre a de bon ; si vous ne con- sentez pas et ne m’écoutez point, le glaive vous dévorera.

Car c’est la bouche du Seigneur qui a ainsi prononcé. » Voulant que tous ceux qu’il aime participent à la pénitence, il en a ainsi décidé par sa toute-puissante volonté.

IX. Obéissons donc à sa volonté magnifique et glorieuse, prosternons-nous en suppliant sa pitié et sa bonté, recourons à sa compassion, quittons les besognes vaines, les querelles, la jalousie qui mène à la mort

. Fixons nos regards sur ceux qui ont été les serviteurs accomplis de sa magnifique gloire. Prenons Hénoch qui, trouvé juste dans l’obéissance, fut enlevé de ce monde sans qu’on ait trouvé (trace de) sa mort. Noé, trouvé fidèle, eut pour ministère d’annoncer au monde la renaissance, et le Seigneur sauva par lui les êtres vivants qui entrèrent avec concorde dans l’arche.

X. Abraham, appelé l’ami (de Dieu), fut trouvé fidèle pour avoir obéi aux paroles de Dieu. Il sortit par obéissance de son pays, de sa parenté et de la maison de son père, de sorte que laissant derrière soi un pays peu considérable, une faible parenté et une petite maison, il eût en héritage les promesses de Dieu. Dieu lui dit en clïet : « Sors de ton pays, de ta parenté et de la maison de ton père, pour aller dans la terre que je te montrerai.

Je ferai de toi une nation nombreuse, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu seras béni ; je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai ceux qui te maudiront, et en toi seront bénies toutes les tribus de la terre. ».Une autre fois, quand il se séparait de Loth, Dieu lui dit : « Lève les yeux et regarde, du lieu où tu es, vers le nord et le midi, vers l’orient et la mer : toute la terre que tu vois, je te la donnerai, à toi et à ta race pour toujours. Je rendrai ta postérité semblable au sable de la terre : si quelqu’un parvient à compter les grains de sable de la terre, ta postérité aussi sera dénombrée. » Il est encore dit : « Dieu conduisit Abraham au dehors et lui dit : Regarde le ciel et compte les étoiles si tu y parviens : ainsi sera ta postérité. Et Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice. » A cause de sa foi et de son hospitalité, un fils lui fut donné dans sa vieillesse, et par obéissance il l’offrit à Dieu en sacrifice sur l’une des montagnes que Dieu lui avait montrées.

XI. Loth fut sauvé de Sodome, à cause de son hospitalité et de sa piété, tandis que toute la région environnante était châtiée par le feu et par le soufre : le Maître rendit manifeste qu’il ne délaisse pas ceux qui espèrent en lui, mais qu’il inflige aux réfractaires un châtiment et des supplices.

La femme de Loth qui était sortie avec lui (de la ville), mais dans un autre sentiment et en désaccord avec lui, fut établie comme un signe ; elle devint une statue de sel jusqu’à ce jour afin qu’il fût notoire à tous que ceux qui ont l’âme double et ceux qui doutent de la puissance de Dieu subiront une condamnation et serviront d’exemple pour toutes les générations.

XII. C’est sa foi et son hospitalité qui ont sauvé Rahab la courtisane. Quand Josué fils de Navé envoya des espions à Jéricho, le roi du pays sut qu’ils étaient venus explorer la région, et il envoya des hommes pour les saisir et une fois pris les faire mourir. L’hospitalière Rahab les reçut chez elle et les cacha à l’étage supérieur sous des chaumes de lin. Les émissaires du roi survinrent et lui dirent : « Les espions venus dans notre pays sont entrés chez toi ; fais les sortir ; c’est l’ordre du roi. » Elle répondit :

Il est vrai, les hommes que vous cherchez sont entrés chez moi ; mais ils sont repartis aussitôt, et ils s’en vont par ce chemin-là », ajouta-t-elle, en montrant la route opposée. Puis elle dit aux espions : « Je sais assurément que le Seigneur Dieu vous livre ce pays, car la terreur et l’épouvante se sont emparés à votre vue de ses habitants. Lors donc que vous l’aurez conquis, sauvez-moi avec la maison de mon père. ».

Les espions lui dirent : « Il sera fait comme tu nous as dit. Sitôt donc que tu apprendras notre arrivée, tu rassembleras tous les tiens sous ton toit, et ils seront sauvés ; mais tous ceux qui seraient trouvés hors de la maison périront. » Ils lui indiquèrent en outre un signal qui était de suspendre à sa maison une corde de pourpre. C’était déclarer que le sang du Seigneur devait racheter tous ceux qui croient et espèrent en Dieu. Vous le voyez, bien-aimés, en cette femme il n’y avait pas seulement la foi, mais encore le don de prophétie.

XIII. Ayons donc, ô frères, des sentiments humbles, rejetons de nous toute forfanterie, toute enflure, toute déraison, tous emportements, et accomplissons les choses qui sont écrites, car le Saint-Esprit a dit : « Que le sage ne se glorifie point ’de sa sagesse, ni le fort de sa force, ni le riche de sa richesse ; mais que celui qui se glorifie, se glorifie, dans le Seigneur, de le chercher et de pratiquer le droit et la justice. » _ Surtout rappelons-nous les paroles que le Seigneur Jésus nous a dites pour nous enseigner l’équité et la longanimité. Il a dit en effet : « Soyez miséricordieux afin d’obtenir miséricorde, par- donnez afin d’être pardonnes ; selon que vous agissez, on agira envers vous ; selon que vous donnez, on vous donnera ; selon que vous jugez, on vous jugera ; selon que vous exercez la bienveillance, on l’exercera envers vous ; la mesure dont vous vous servez sera celle dont on se servira pour vous. »

Par ce commandement et par ces préceptes affermissons notre marche dans l’humble soumission à ses saintes paroles. Car la sainte parole porte : « Oui regarderai-je, sinon l’homme doux, pacifique et qui tremble à mes paroles. ».

XIV. Il est juste et saint, mes frères, d’obéir à Dieu, plutôt que de suivre dans l’arrogance et l’agitation les instigateurs d’une détestable rivalité. Car ce n’est point un léger dommage, c’est un danger grave que nous subirons, si nous nous abandonnons témérairement aux caprices de ces hommes qui se lancent dans les querelles et les séditions pour nous rendre étrangers au bien. Soyons bons les uns pour les autres, à l’exemple de notre miséricordieux et doux Créateur, car il est écrit : « Les doux habiteront la terre, les innocents y seront laissés, mais les pécheurs en seront exterminés. »

Il est dit aussi : « J’ai vu l’impie exalté, élevé comme les cèdres du Liban ; j’ai passé ; voyez, il n’était déjà plus ; j’ai cherché sa place et ne l’ai pas trouvée. Garde l’innocence et observe la droiture : car il y a une postérité pour l’homme pacifique. ».

XV. Adhérons à ceux qui cultivent pieusement la paix non à ceux qui feignent de la vouloir. Il est dit en effet quelque part : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur coeur est loin de moi. » Et puis : « Leur bouche bénissait, mais leur coeur maudissait. » Et encore : « Ils l’ont chéri de bouche et leur langue lui a menti ; leur coeur n’était pas droit avec lui et ils ne sont pas restés fidèles à son pacte.

Aussi puissent-elles devenir muettes, les lèvres trompeuses qui parlent injustement contre le juste. » Il est dit également : « Puisse le Seigneur perdre toutes les lèvres trompeuses, la langue aux propos orgueilleux, ceux qui disent : Nous rendrons puissante notre langue, nos lèvres sont en notre pouvoir, qui serait notre seigneur ? A cause de la misère de l’indigent et des gémissements du pauvre, je vais me lever, dit le Seigneur ; je le mettrai en sûreté, j’agirai en toute liberté avec lui. ».

XVI. Le Christ appartient aux âmes humbles et non pas à ceux qui s’élèvent au-dessus de son troupeau. Le sceptre de la majesté de Dieu, le Seigneur Jésus-Christ, n’est point venu avec le train de la fierté et de l’orgueil, encore qu’il l’eût pu, mais avec d’humbles sentiments, selon que le Saint-Esprit l’avait annoncé de lui, dans ces termes : « Seigneur, qui a cru à notre parole ? A qui le bras du Seigneur s’est-il révélé ? Nous l’avons annoncé en sa présence : (il est comme un petit enfant, comme une racine dans une terre desséchée ; il n’a ni extérieur ni gloire. Nous l’avons vu : il n’avait ni extérieur ni beauté, son aspect était pitoyable, il n’avait plus forme humaine.

Homme tout chargé de coups et de souffrances, exercé à supporter la langueur, il détourne sa face, il est méprisé, on ne le compte plus. Il porte nos péchés et il souffre pour nous : nous l’avons considéré comme voué aux peines, aux coups et aux mauvais traitements. Il a été blessé pour nos péchés, meurtri pour nos iniquités ; le châtiment qu’il a subi nous a valu paix, nous avons été guéris par ses plaies. Nous allions tous a l’aventure comme des brebis, l’homme s’était égaré dans sa route.

Et le Seigneur l’a livré pour nos péchés. Quant a lui, tout maltraité qu’il est, il n’ouvre pas la bouche. Comme une brebis il a été conduit à regorge- ment ; comme un agneau sans voix devant le tondeur, il n’ouvre pas la bouche. Dans son humiliation, sa con- damnation a été levée. Qui racontera sa génération, puisque sa vie est retranchée de la terre ? Les iniquités de mon peuple l’ont conduit à la mort. Je relâcherai les impies comme prix de sa sépulture, et les riches comme prix de sa mort : car il n’a point commis l’iniquité et la tromperie ne s’est point trouvée dans sa bouche. Et le Seigneur veut le purifier de ses plaies. Si vous offrez (des sacrifices) pour le péché, votre âme verra une longue postérité.

Le Seigneur veut l’arracher aux douleurs de son âme, lui montrer la lumière, le former avec intelligence, justifier ce juste qui se fait le serviteur d’un grand nombre. Et lui-même portera leurs péchés. Aussi une foule d’hommes seront son héritage et il distribuera les dépouilles des forts, comme récompense de ce que son âme a été livrée à la mort et qu’il a été compté parmi les scélérats. Il a porté les péchés d’un grand nombre, et il a été livré à cause de leurs péchés. ». Lui-même dit encore : « Quant à moi, je suis un ver et non un homme ; je suis l’opprobre des hommes et l’abjection du peuple. Tous ceux qui m’ont vu se sont moqués de moi, ils ont mur- muré des lèvres et hoché la tète : Il a espéré dans le Seigneur ; que le Seigneur le délivre et le sauve, puisqu’il l’aime. » Vous voyez, hommes bien-aimés, quel modèle nous est proposé : si le Seigneur s’est ainsi humilié, que devons-nous faire, nous qui venons par lui sous le joug de sa grâce ?

XVII. Imitons également ceux qui ont circulé, vêtus de peaux de chèvres et de brebis, prêchant la venue du Christ ; nous voulons dire les prophètes Élie, Elisée Èzéchiel, et avec eux tous ceux qui ont reçu (de Dieu) un bon témoignage. Abraham a été honoré d’un témoignage magnifique, il a été appelé l’ami de Dieu ; pourtant quand il fixa ses regards sur la gloire de Dieu, il dit avec humilité : « Pour moi je suis terre et cendre ». Et de Job il est écrit : « Job était juste, irréprochable, véridique, religieux, éloigné de tout mal ». Néanmoins il s’accuse lui-même en disant : « Personne n’est exempt de souillure, pas même si sa vie n’est que d’un jour ». Moïse a été appelé un « serviteur fidèle dans toute la maison de Dieu » ; c’est par son ministère que Dieu frappa l’Égypte des fléaux et des douleurs qui fondirent sur les habitants.

Et néanmoins, si grandement qu’il fût glorifié, il ne prononça point de paroles orgueilleuses ; mais lors de l’oracle du buisson il dit : « Qui suis-je pour que tu m’envoies ? Ma voix est grêle et ma langue embarrassée ». « Je ne suis, ajouta-t-il, qu’une vapeur (s’échappant) d’une marmite. »

XVIII. Que dirons-nous de David, qui avait reçu un si bon témoignage, à qui Dieu avait dit : « J’ai trouvé un homme selon mon coeur, David, fils de Jessé ; je l’ai oint dans ma miséricorde éternelle » ! Lui-même n’en dit pas moins à Dieu : « Aie pitié de moi, mon Dieu, selon ta grande miséricorde ; et selon l’immensité de ta compassion efface mon iniquité. Lave-moi de plus en plus de mon iniquité et purifie-moi de mon péché : car je connais mon iniquité et mon péché est toujours devant moi. Contre toi seul j’ai péché et j’ai fait le mal en ta présence : (je l’avoue) pour que tu sois trouvé juste dans tes paroles, et que tu triomphes si tu passes en jugement.

Voilà que j’ai été conçu dans l’iniquité, et que ma mère m’a porté dans le péché. Vois, tu as aimé la vérité : tu m’as dévoilé les obscurs secrets de ta sagesse. Tu m’aspergeras avec l’hysope et je serai purifié ; tu me laveras et je deviendrai plus blanc que la neige. Tu me feras entendre allégresse et joie, et mes os humiliés jubileront. Détourne ton visage de mes péchés, et efface toutes mes iniquités. Crée en moi un coeur pur, Ô Dieu, et mets à nouveau un esprit droit dans mes entrailles. Ne me rejette pas de devant ta face, et ne retire pas de moi ton esprit saint.

Rends-moi l’allégresse de ton salut, et fortifie-moi par un esprit de générosité. »J’enseignerai tes voies aux pécheurs, et les impies se convertiront à toi. Délivre-moi du sang versé, Dieu, Dieu de mon salut. Ma langue célébrera toute joyeuse ta justice. Seigneur, tu ouvriras ma bouche, et mes lèvres rediront ta louange., Si tu avais désiré un sacrifice, je l’aurais offert ; mais tu ne prends pas plaisir aux holocaustes.

Le sacrifice, pour Dieu, c’est un esprit contrit ; un coeur contrit et humilié, Dieu ne le méprisera pas. »

XIX. L’humilité, l’abaissement de si grands et si saints personnages, qui ont reçu un témoignage pareil, nous a rendus meilleurs par l’obéissance, non seulement nous, mais aussi les générations qui nous ont précédés, tous ceux qui ont reçu les paroles de Dieu dans la crainte et dans la vérité, Prenons donc notre part d’actions si nombreuses, si grandes, si éclatantes, et revenons en hâte vers le but de la paix qui nous a été proposé dès le commencement ; les yeux fixés sur le père et le créateur de l’univers, attachons-nous à ses présents magnifiques et incomparables (nés) de la paix et à ses bienfaits. Contemplons Dieu par la pensée ; considérons des yeux de l’âme sa volonté pleine de patience ; réfléchissons combien il est débonnaire envers toute sa création.

XX. Les deux, mis en branle par son ordre, lui obéis- sent en paix. Le jour et la nuit accomplissent la course qu’il leur a prescrite, sans s’entraver l’un l’autre. Le soleil, la lune et les choeurs des astres parcourent, d’après son ordre, avec harmonie et sans aucun écart, les orbites qu’il leur a marqués. La terre féconde, docile a sa volonté, fournit en abondance, dans les saisons convenables, leur nourriture aux hommes, aux animaux, à tous les êtres qui vivent à sa surface ; clic n’hésite pas, elle ne change rien à ses décrets.

Les mêmes ordres maintiennent les mystérieux jugements (rendus) dans les abîmes, les sentences inexprimables (prononcées) dans les enfers. La mer immense dont son action créatrice a creusé le lit en réservoir, ne franchit point les barrières qu’il a établies, mais selon qu’il lui a ordonné, ainsi fait- elle. Il lui a dit : « Tu viendras jusqu’ici et tes flots se briseront sur ton propre sein ».

L’océan infranchissable aux hommes et les mondes qui sont au-delà de l’océan se dirigent par les mêmes ordres du Maître. Les saisons du printemps, de l’été, de l’automne, de l’hiver se suc- cèdent pacifiquement l’une à l’autre. Les vents, en leurs demeures, accomplissent aux temps marqués leur office sans trouble ; les sources intarissables, créées pour la jouissance et la santé, offrent aux hommes sans s’épuiser leurs mamelles pleines de vie ; les moindres des animaux se réunissent dans la paix et la concorde. Le souverain créateur et maître de l’univers a disposé que toutes ces choses resteraient dans la paix et la concorde, bienfaisant qu’il est pour toutes ses créatures, mais plus que prodigue envers nous qui recourons à ses miséricorde par Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui soit la gloire et la majesté dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

XXI. Prenez garde, bien-aimés, que les bienfaits de Dieu, si nombreux, ne soient pour nous tous un sujet de condamnation, si nous ne vivons d’une manière digne de lui, opérant dans la concorde ce qui est bien et agréable à ses yeux. Il dit en effet quelque part : « L’Esprit du Seigneur est un flambeau qui explore les profondeurs des entrailles. ».

Considérons combien il est proche de nous et que rien ne lui échappe de nos pensées et de nos réflexions. Il est donc juste que nous ne quittions pas notre poste contre sa volonté. Il vaut mieux nous heurter à des hommes sots, insensés, superbes et enflés de leurs arrogantes paroles, plutôt qu’à Dieu. Révérons le Seigneur Jésus-Christ dont le sang a été donné pour nous, respectons nos chefs, honorons les anciens, instruisons les jeunes gens dans la crainte de Dieu, dressons nos femmes au bien.

Qu’elles fassent voir chez elles les moeurs aimables de la chasteté, qu’elles prouvent leur sincère disposition à la douceur, qu’elles manifestent par le silence la modération de leur langue ; qu’elles exercent saintement la charité, non d’après leurs préférences mais sans partialité, à l’égard de tous ceux qui craignent Dieu.

Que nos enfants aient part à l’éducation dans le Christ ; qu’ils apprennent quelle est auprès de Dieu la puissance de l’humilité, le pouvoir du chaste amour, combien la crainte de Dieu est belle et précieuse, comment elle sauve tous ceux qui marchent saintement en elle avec une conscience pure.

Car il pénètre nos pensées et nos désirs : c’est son souffle qui nous anime et il le reprend quand il veut.

XXII. C’est toutes ces choses que nous garantit la foi dans le Christ. Celui-ci en effet nous invite ainsi par l’organe du Saint-Esprit : « Venez, enfants, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur. Quel est l’homme qui veut avoir la vie, qui aime voir d’heureux jours ? Préserve ta langue du mal, que tes lèvres ne profèrent point de tromperie. Détourne-toi du mal et fais le bien. Recherche la paix et poursuis-la. Les yeux du Seigneur sont ouverts sur les justes et ses oreilles à leurs prières ; mais la face du Seigneur est aussi sur ceux qui agissent mal, pour anéantir leur souvenir sur la terre. Le juste a crié : le Seigneur l’a écouté et l’a délivré de toutes ses afflictions. Nombreuses sont les afflictions du juste ; mais le Seigneur le délivrera de toutes. »

Il dit encore : « Nombreux sont les fléaux des pécheurs ; mais sa merci environnera les hommes qui espèrent dans le Seigneur. »’Malheureux ceux qui ont l’âme à double fond, ceux qui doutent en leur coeur et qui disent : Nous avons déjà entendu dire cela du temps de nos pères ; or voilà que nous avons veilli, et rien de tout cela ne nous est arrivé. Insensés ! comparez-vous à un arbre ; prenez un cep de vigne ; d’abord les feuilles tombent ; ensuite il pousse des bourgeons, puis du feuillage, puis la fleur, après cela le raisin vert, enfin les grappes mûres sont là ».

En peu de temps, vous le voyez, le fruit de l’arbuste arrive à maturité. En vérité c’est avec promptitude, c’est soudainement que s’accomplissent les desseins de Dieu, comme l’atteste aussi l’Ecriture : « Il viendra prompte- ment et sans tarder ; il viendra soudain, le Seigneur dans son temple, le saint que vous attendez ; »

XXIV. Observons, mes bien-aimés, comment le Maître nous représente continuellement la future résurrection, dont il nous a donné les prémices dans le Seigneur Jésus- Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts.

Considérons, mes bien-aimés, les résurrections qui s’opèrent en leur temps. Le jour et la nuit nous montrent une résurrection : la nuit s’endort et le jour se lève ; le jour fuit et la nuit lui succède. Prenons les fruits. Comment et de quelle façon les semailles se font-elles ?

Le semeur sort pour jeter en terre les différentes semences ; celles-ci, toutes sèches et nues, tombent dans le sol pour s’y résoudre ; mais de leur dissolution même, la magnifique providence du Maître les fait lever à nouveau et l’unique graine se multiplie et porte fruit.

XXV. Considérons l’étrange prodige qui s’opère dans les contrées de l’Orient, c’est-à-dire en Arabie. On y voit un oiseau qu’on appelle phénix. Il est seul de son espèce et vit cinq cents ans. A l’approche de sa fin, il se construit avec de l’encens, de la myrrhe et autres aromates, un cercueil où il pénètre, son temps accompli, pour y mourir. _ De sa chair en putréfaction naît un ver, qui se nourrit de la pourriture de l’oiseau mort et se couvre de plumes ; puis, devenu fort, il soulève le cercueil où reposent les os de son ancêtre et avec ce fardeau il passe d’Arabie en Egypte, jusqu’à la ville d’Héliopolis.

Là, en plein jour, aux yeux de tous, il va en volant le déposer sur l’autel du soleil ; après quoi, il prend son vol pour le retour. Alors les prêtres, consultant leurs annales, constatent qu’il est venu après cinq cents ans révolus.

XXVI. Trouverons-nous donc étrange et étonnant que le Créateur de l’univers fasse revivre ceux qui l’ont servi saintement et avec la confiance d’une foi parfaite, alors qu’il nous fait voir dans un oiseau la magnificence de sa promesse ? Ne dit-il pas quelque part : « Tu me ressusciteras et je te louerai ? » Et ailleurs : « J’étais couché et endormi ; je me suis réveillé parce que tu es avec moi ? » Job dit de son côté : « Tu ressusciteras ma chair qui a subi tous ces maux. »

XXVII. Dans cette espérance, que nos âmes s’attachent donc à celui qui est fidèle dans ses promesses et juste dans ses jugements Celui qui a défendu démentir peut beaucoup moins mentir lui-même : rien n’est impossible à Dieu, sauf le mensonge. Ranimons donc notre foi en lui, et considérons que tout lui est facile.

D’un mot de sa toute-puissance il a établi l’univers et d’un mot il peut le détruire. « Qui lui demandera : qu’as-tu fait ? qui résistera à la vigueur de sa force ? » Il fait tout quand et comme il le veut ; et rien ne passe de ce qu’il décrète.

Tout est présent à ses yeux, rien n’échappe à son conseil, puisque « les deux racontent la gloire de Dieu, et le firmament publie l’oeuvre de ses mains ; le jour le clame au jour, et la nuit en donne connaissance à la nuit : ce n’est point là un langage, ce ne sont point des paroles dont les accents ne soient pas entendus. »

XXVIII. Puisque Dieu voit tout et entend tout, craignons-le, renonçons à l’impur désir des actions criminelles, afin que sa miséricorde nous protège contre les jugements futurs. Où fuir en effet pour échapper à sa main puissante ?

Quel monde recevra un déserteur de Dieu ? L’Écriture ne dit-elle pas : « Où aller, où me dérober à ta vue ? Si je monte au ciel, tu t’y trouves ; si je vais aux extrémités de la terre, là est ta droite ; si j’étends ma couche dans les abîmes, là est ton esprit. » Où donc se retirer ? Où fuir, loin de celui qui embrasse tout ce qui existe ?

XXIX. Approchons-nous donc de lui avec une âme sainte, levons vers lui des mains pures et sans souillure, aimons ce père indulgent et miséricordieux qui a fait de nous sa part choisie. Il est écrit en effet : « Quand le Très-Haut fit le partage des nations et dissémina les enfants d’Adam, il posa les frontières des nations d’après le nombre des anges de Dieu ; son peuple Jacob devint la portion du Seigneur, Israël le terrain arpenté de son héritage. ».

Et dans un autre endroit on lit : « Le Seigneur s’est réservé une nation parmi les nations, comme un homme se réserve les prémices de son aire ; et de cette nation sortira le saint des saints. »

XXX. Puisque nous formons une portion sainte, accomplissons toutes les oeuvres de la sainteté ; fuyons les médisances, les embrassements détestables et impurs, l’ivresse, le goût des nouveautés, les sales désirs, l’odieux adultère, l’abominable orgueil. « Car Dieu, est-il dit, résiste aux orgueilleux et donne la grâce aux humbles. ».

Attachons-nous donc à ceux à qui Dieu donne sa grâce ; revêtons la concorde, l’humilité, la continence ; tenons-nous loin de tous les chuchotements malveillants et des médisances ; soyons justes en action plutôt qu’en parole. Car il est dit : « Celui qui parle beaucoup devra écouter à son tour ; ou bien le beau parleur pense-t-il être juste ? Béni celui qui, né de la femme, vit peu de temps : ne te répands pas en paroles. ».

Que notre louange vienne de Dieu et non pas de nous : car Dieu hait ceux qui se louent eux-mêmes. Que le témoignage de nos bonnes oeuvres soit rendu par d’autres, ainsi qu’il a été rendu à nos pères, les justes. La témérité, la présomption et l’audace appartiennent à ceux que Dieu a maudits ; la modération, l’humilité et la douceur à ceux que Dieu a bénis.

XXXI. Attachons-nous donc a la bénédiction de Dieu et voyons quelles en sont les voies. Déroulons tous les événements depuis le commencement.

Pourquoi Abraham, notre père, fut-il béni ? n’est-ce pas pour avoir pratiqué la justice et la vérité par la foi ? Isaac, connaissant l’avenir, se laissa emmener avec confiance et avec joie en victime. Jacob s’enfuit avec humilité de son pays à cause de son frère ; il alla chez La ban, se mit à son service, et il reçut les douze sceptres d’Israël.

XXXII. A les considérer un par un, avec sincérité, l’on découvre la magnificence des dons accordés par Dieu. De Jacob, en effet, sont sortis tous les prêtres et lévites qui servaient à l’autel de Dieu ; de lui est né selon la chair le Seigneur Jésus ; de lui sont issus par Juda les rois, les princes et les chefs ; quant au reste de ses tribus, elles ne sont pas en petit honneur, suivant la pro- messe de Dieu : « Ta postérité sera comme les étoiles du ciel. »

Tous ont été revêtus de gloire et de puissance, non point par eux-mêmes, ni par leurs oeuvres, ni par la justice de leur conduite, mais par la volonté de Dieu. Nous aussi par conséquent qui avons été appelés en Jésus-Christ par cette même volonté, ce n’est point par nous-mêmes que nous sommes justifiés, ni par notre sagesse ou notre intelligence, ou notre piété, ni par les oeuvres accomplies clans la sainteté de notre coeur ; c’est par la foi ; et c’est par elle que le Dieu tout-puissant a justifié tous les hommes depuis le commencement.

A lui soit la gloire clans les siècles des siècles, Ainsi soit-il.

XXXIII Que ferons-nous donc, frères ? Allons-nous cesser de faire le bien, délaisser la charité ? Le Maître nous en préserve ! empressons-nous au contraire d’accomplir avec zèle et ardeur toute sorte d’oeuvre bonne.

Car le Créateur lui-même et Maître de l’univers se plaît à son travail. Il a affermi les deux par sa souveraine puissance, et les a ornés avec son .incompréhensible sagesse ; il a séparé la terre des eaux qui l’entourent, et l’a assise sur le fondement très sûr de sa propre volonté ; les animaux qui vont et viennent a sa surface, il les a par son ordre appelés à l’existence ; par sa puissance il a disposé d’avance la mer et les êtres qui y vivent, et les a enclos dans leurs limites.

Ensuite, l’homme dont l’intelligence fait l’excellence et la supériorité, il l’a formé de ses mains sacrées et pures, comme une empreinte de sa propre image. Car Dieu s’exprime de la sorte : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. Et Dieu créa l’homme, mâle et femelle il les créa. »

Quand il eut achevé tous ces êtres, Dieu les loua et les bénit, disant : « Croissez et multipliez-vous. ». Remarquons que tous les justes se sont parés de bonnes oeuvres, que le Seigneur lui-même s’est paré de bonnes oeuvres et s’en est applaudi.

Possédant un pareil modèle, appliquons-nous sans hésiter à sa volonté, et pratiquons de toutes nos forces les oeuvres de la justice.

XXXIV. Le bon ouvrier prend allègrement le pain (qui est le prix) de son travail ; mais l’ouvrier paresseux et indolent n’ose regarder en face son employeur. Il faut donc nous mettre de bon coeur à faire le bien : car c’est de Dieu que viennent toutes choses. Il nous en a prévenus en effet : « Voici le Seigneur, et devant sa face est le salaire destiné à récompenser chacun selon ses oeuvres. »

Il nous exhorte donc a croire en lui de tout notre coeur et à ne demeurer ni oisifs ni insouciants à l’endroit d’aucune « bonne oeuvre ». Mettons en lui notre gloire et notre assurance, soumettons-nous à sa volonté, considérons avec quel zèle la multitude entière de ses anges se tient prés de lui et exécute sa volonté.

L’Écriture dit en effet : « Dix mille myriades d’anges se tenaient devant lui,et des milliers de milliers le servaient ; et ils criaient : Saint, saint, saint est le Seigneur Sabaoth, toute la création est remplie de sa gloire. » Et nous aussi, réunis par la communauté de sentiment dans la concorde en un seul corps, crions vers lui avec instance comme d’une seule bouche, aiin d’avoir part a ses grandes et magnifiques promesses. Car il est dit : « L’oeil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, et il n’est pas entré dans le coeur de l’homme quels biens Dieu a préparés pour ceux qui l’attendent. »

XXXV. Qu’ils sont opulents et admirables, les dons de Dieu, mes bien-aimés La vie dans l’immortalité, la splendeur dans la justice, la vérité dans la franchise, la foi dans la confiance, la continence dans la sainteté. Et ceux- là. dès maintenant notre intelligence les saisit. Quels sont donc les biens à venir qu’il a préparés à ceux qui demeurent dans l’attente ? Le créateur et père des siècles, le Très-Saint en connaît seul le nombre et la beauté.Efforçons-nous donc, de sorte que nous soyons trouvés au nombre de ceux qui l’attendent, afin d’avoir part aux présents qu’il a promis. Mais comment y réussir, bien- aimés ?

C’est en fixant avec foi notre pensée on Dieu, en recherchant soigneusement ce qui lui plaît et lui agrée, en accomplissant tels actes qui conviennent a sa volonté pure, en suivant la voie de la vérité, en rejetant loin de nous toute sorte d’injustice et de méchanceté, d’avarice, de querelles, de malignité et de perfidies, de murmures et de médisances, d’aversion pour Dieu, d’orgueil et de jactance, de vaine gloire et de dureté pour les étrangers. Car ceux qui commettent ces péchés sont détestés de Dieu ; et non seulement ceux qui les commettent, mais encore ceux qui les approuvent.

L’Écriture porte en effet : « Dieu a dit au pécheur : Pourquoi dire par le menu mes préceptes et avoir mon pacte à la bouche, alors que tu as eu la discipline en horreur et que tu as rejeté mes paroles derrière toi ? Si tu voyais un voleur, tu courais à lui ; tu avais lié partie avec les adultères. Ta bouche était pleine de méchanceté, ta langue tramait la tromperie. Tu siégeais pour parler contre ton frère, tu plaçais des pièges au fils de ta mère. Tu as fait cela et je me suis tu ; et tu as cru, méchant, que je suis pareil à toi. Je vais te confondre et te mettre face à face avec toi-même. Comprenez ceci, vous qui oubliez Dieu, de peur qu’il ne vous saisisse comme un lion, et que vous n’ayez point de libérateur. Le sacrifice de louange m’honorera : là est la voie où je montrerai à celui (qui l’offre) le salut de Dieu. »

XXXVI. Telle est la voie, mes bien-aimés, où nous trouvons notre salut, Jésus-Christ, le grand-prêtre de nos offrandes, le protecteur et l’aide de notre faiblesse.

Par lui nous tendons nos regards vers les hauteurs des deux ; par lui nous voyons comme dans un miroir le visage immaculé, plein de noblesse de Dieu ; par lui les yeux de notre coeur se sont ouverts ; par lui notre intelligence (précédemment) incapable et enténébrée s’épanouit dans la lumière ; par lui le Maître a voulu nous faire goûter à la science immortelle : « rayonnement de la majesté divine, il est aussi élevé au-dessus des anges que le nom qu’il a hérité l’emporte sur le leur. ».

Il est écrit en effet (de Dieu) : que « des vents il fait ses messagers, et des flammes brûlantes ses serviteurs. ». Mais au sujet de son Fils, le Maître s’exprime ainsi : « ( Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ; demande-moi, et je te donnerai en héritage les nations, et en propriété jusqu’aux extrémités de la terre. » Il lui dit également : « Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds. » Quels sont ces ennemis ? Les pervers, et ceux qui s’opposent à la volonté de Dieu.

XXXVII. Faisons campagne, ô hommes mes frères, avec toute l’application possible sous son commandement irréprochable. Considérons les soldats qui servent sous nos chefs : quelle discipline ! quelle docilité ! quelle soumission pour exécuter les ordres !

Tous ne sont pas préfets, ni tribuns, ni centurions, ni cinquanteniers, et ainsi de suite ; mais chacun en son rang exécute les ordres de l’empereur ou des chefs.

Les grands ne peuvent être sans les petits, ni les petits sans les grands ; il y a en toute espèce de chose un certain mélange, en quoi réside son utilité. Prenons (exemple de) notre corps : la tète sans les pieds n’est rien ; de même les pieds, rien sans la tête. Les moindres membres de notre corps sont

XXXVIII. Qu’il soit donc conservé en son intégrité le corps que nous formons en Jésus-Christ ; que chacun se subordonne à son voisin, selon le charisme dont il a été investi.

Que le fort prenne soin du faible, que le faible respecte le fort ; que le riche fournisse aide au pauvre, que le pauvre remercie Dieu de lui avoir donné quelqu’un pour suppléer à son indigence.

Que le sage manifeste sa sagesse, non par des paroles mais par de bonnes actions ; que l’homme humble ne témoigne pas en sa propre faveur, mais qu’il laisse à un autre le soin de lui rendre témoignage.

Que celui qui est chaste dans sa chair ne s’en vante pas, sachant que c’est un autre qui lui accorde (le don de) la continence.

Calculons donc, frères, de quelle matière nous avons été formés, quels nous étions et qui nous étions en entrant dans le monde, de quelle tombe, de quelles ténèbres, notre auteur et créateur nous a fait passer dans le monde qui est le sien, où il nous avait préparé ses bienfaits dès avant notre naissance. Puisque nous tenons tout de lui, nous avons le devoir de lui rendre grâces de toutes choses. A lui la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

XXXIX. Ce sont des sots, des insensés, des fous, des ignorants qui nous raillent et nous bafouent, avec le désir de s’enller de leurs propres pensées. Car quel est le pouvoir d’un mortel ? quelle est la force d’un enfant de la terre ? Il est écrit : « Mes yeux n’apercevaient aucune figure, mais j’entendais un souffle et une voix (qui disait) : Eh quoi ! un mortel sera-t-il pur devant le Seigneur ? ou l’homme irréprochable dans ses oeuvres, quand il se défie de ses serviteurs et qu’il remarque des travers dans ses anges ? Le ciel même n’est pas pur devant lui.

Combien moins ceux qui habitent des maisons d’argile, du nombre desquels nous sommes, et (faits) de la même boue ? 11 les a écrasés comme un ver ; du matin au soir ils ont passé ; ils ont péri parce qu’ils n’avaient pas en eux la force de se secourir. Il a soufflé sur eux et ils sont morts parce qu’ils n’avaient pas de sagesse. Pour toi, appelle au secours, peut-être quelqu’un t’entendra, ou tu apercevras quelqu’un des saints anges.

Car, en vérité, la colère fait périr l’insensé, la jalousie fait périr l’égaré. J’ai bien vu des insensés pousser des racines ; mais soudain leur prospérité a été dévorée. Puissent leurs enfants être loin du salut ! puissent-ils être moqués à la porte des petits ! et il n’y aura personne qui les délivre. Les biens préparés pour eux, les justes les consommeront ; mais eux, ils ne se dépêtreront pas de leurs maux. »

XL. Puisque ce sont là des choses évidentes pour nous, puisque nous avons pénétré du regard les profondeurs de la connaissance divine, nous devons faire avec ordre tout ce que le Maître nous a prescrit d’accomplir en des temps déterminés.

Or il nous a prescrit de nous acquit- ter des offrandes et du service divin non pas au hasard et sans ordre, mais en des temps et à des heures fixés. Il a déterminé lui-même par sa décision souveraine à quels endroits et par quels ministres ils doivent s’accomplir, afin que toute chose se fasse saintement selon son bon plaisir, et soit agréable a sa volonté.

Donc, ceux qui présentent leurs offrandes aux temps marqués sont bien accueillis et bienheureux ; car, à suivre les ordonnances du Maître, ils ne font pas fausse roule. Au grand-prêtre des fonctions particulières ont été conférées ; aux prêtres, on a marqué des places spéciales ; aux lévites incombent des services propres ; les laïques sont liés par des préceptes particuliers aux laïques.

XLI. Frères, que chacun d’entre nous, à son rang, plaise à Dieu, par une bonne conscience, sans transgresser les règles imposées à son office, (agissant) avec gravité.

Ce n’est point partout, mes frères, qu’on offre les sacrifices, soit le sacrifice perpétuel, soit le votif, ou celui pour les péchés et les fautes, c’est seulement à Jérusalem ; même en cette ville, ce n’est pas en tout lieu qu’on offre, mais en face du sanctuaire, sur l’autel, après que l’offrande acte soigneusement inspectée par le grand- prêtre et les ministres mentionnés plus haut.

Ceux qui agissent à l’encontre de l’ordre conforme à la volonté de Dieu sont punis de mort. Vous le voyez, frères ; plus haute est la connaissance dont nous avons été jugés dignes, plus grave est le risque que nous encourons.

XLII. Les apôtres nous ont été dépêchés comme messagers de bonne nouvelle par le Seigneur Jésus-Christ. Jésus-Christ a été envoyé par Dieu. Le Christ vient donc de Dieu, et les apôtres viennent du Christ : ces deux choses découlent en bel ordre de la volonté de Dieu. Munis des instructions de Notre-Seigneur Jésus-Christ et pleinement convaincus par sa résurrection, les apôtres, affermis par la parole de Dieu, allèrent, avec l’assurance du Saint-Esprit, annoncer la bonne nouvelle, l’approche du royaume de Dieu.

Prêchant à travers les villes et les campagnes, ils éprouvèrent dans le Saint-Esprit leurs prémices, et les instituèrent comme évoques et comme diacres des futurs croyants.

Ce n’était point là une nouveauté : il y avait longtemps que l’Écriture parlait des évoques et des diacres, puisqu’elle dit quelque part : « J’établirai leurs évoques dans la justice et leurs diacres dans la foi. »

XLIII. Quoi d’étonnant si ceux à qui Dieu confia cette grande oeuvre par le Christ, ont établi les ministres mentionnés précédemment, quand on voit le bienheureux Moïse, « fidèle serviteur établi sur toute la maison de Dieu », consigner dans les livres saints tous les ordres qu’il avait reçus ; les autres prophètes l’ont suivi et ont pareillement rendu témoignage aux institutions de sa loi.

Or, dès qu’une rivalité surgit au sujet du sacerdoce, et que les tribus disputèrent entre elles pour savoir qui obtiendrait l’honneur de ce titre glorieux, Moïse ordonna aux douze chefs de tribu de lui apporter chacun une verge sur laquelle fût inscrit le nom de sa tribu. Les ayant reçues, il les lia en faisceau, les scella avec les anneaux des chefs, puis les déposa dans le tabernacle du témoignage, sur la table de Dieu. Il ferma ensuite le tabernacle, il en scella les clefs, comme il avait scellé les verges. Alors il dit aux chefs : Frères, la tribu dont la verge germera est celle que Dieu a choisie pour exercer le sacerdoce et le ministère.

Le matin venu, il convoqua tout Israël, les six cent mille hommes, montra les sceaux aux chefs des tribus, ouvrit le tabernacle du témoignage et en retira les verges. Or il se trouva que la verge d’Aaron non seulement avait germé, mais portait fruit. Qu’en pensez-vous, mes bien-aimés ? Moïse ne l’avait-il pas prévu ? Assurément, il l’avait prévu ; mais il agit ainsi afin de prévenir l’agitation dans Israël, et de glorifier le nom du Dieu véritable et unique.

A celui-ci soit la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

XLIV. Nos apôtres aussi ont su par Notre-Seigneur Jésus-Christ qu’il y aurait querelle au sujet de la dignité de l’épiscopat. C’est bien pourquoi, dans leur prescience parfaite de l’avenir, ils instituèrent ceux que nous avons dits, et ensuite posèrent cette règle qu’après leur mort, d’autres hommes éprouvés succéderaient à leur ministère. Ceux qui ont été ainsi mis en charge par les apôtres, ou plus tard par d’autres personnages éminents, avec l’approbation de toute l’Église, qui ont servi d’une façon irréprochable le troupeau du Christ avec humilité, tranquillité et distinction, à qui tous ont rendu bon témoignage depuis longtemps, nous ne croyons pas juste de les rejeter du ministère.

Et ce ne serait pas une faute légère pour nous de démettre de l’épiscopat des hommes qui ont présenté les oblations d’une façon pieuse et irréprochable. Heureux les presbytres qui ont parcouru auparavant leur carrière et dont la fin s’est trouvée pleine de fruit et de perfection ; ils n’ont plus à craindre que l’on vienne les expulser de la place qui leur est assignée.

Car nous en voyons quelques-uns qui vivaient dignement, et que vous avez destitués du ministère qu’ils exerçaient sans reproche et avec honneur.

XLV. Vous rivalisez, frères, et avez de l’ardeur dans les choses qui concernent le salut. Vous avez pâli sur les Écritures sacrées, véridiques, ducs au Saint- Esprit. Vous savez que rien de ce qui y est écrit n’est injuste, ni falsifié : Or vous n’y trouverez pas que des justes aient été chassés par des saints. Il y a eu des justes persécutés, mais par des pécheurs ; ils ont été emprisonnés, mais par des impies ; lapidés, mais par des criminels ; tués, mais par des hommes ayant conçu une jalousie détestable et inique.

Ces souffrances, ils les ont endurées glorieusement. Eh quoi ! mes frères, dirons-nous que Daniel fut jeté dans la fosse aux lions par des hommes qui craignaient Dieu ? Qu’Ananias, Azarias et Misaël ont été enfermés dans la fournaise ardente par des hommes qui pratiquaient le culte magnifique et glorieux du Très-Haut ?

En aucune façon ! Quels étaient donc les auteurs de ces actes ? Des hommes exécrés, pleins de toute espèce de malice, attisèrent leur rage au point de livrer aux tortures ceux qui servent Dieu avec une intention sainte et irréprochable, ignorant que le Très-Haut protège et défend ceux qui servent son saint Nom avec une conscience pure.

A lui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

Quant à ceux qui ont tout enduré avec confiance, ils ont obtenu la gloire et l’honneur en héritage ; Dieu les a exaltés et inscrits dans le livre qui conserve leur mémoire pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

XLVI. C’est à ces modèles, frères, que nous devons nous tenir. Car il est écrit ; « Attachez-vous aux saints, parce que ceux qui s’attachent à eux deviendront .saints ». Et dans un autre endroit : « Tu seras innocent avec l’innocent, élu avec l’élu, pervers avec le pervers. » Attachons-nous donc aux innocents et aux justes, ils sont les élus de Dieu.

Pourquoi parmi vous des querelles, des emportements, des dissensions, des « schismes et la guerre ? N’avons-nous pas un même Dieu, un même Christ, un même esprit de grâce répandu sur nous, une même vocation dans le Christ ? Pourquoi déchirer et écarteler les membres du Christ ? pour- quoi être en révolte contre notre propre corps ? Pourquoi en venir à cette folie d’oublier que nous sommes membres les uns des autres ?

Rappelez-vous les paroles de Jésus, Notre-Seigneur, qui a dit : « Malheur à cet homme ! Mieux vaudrait pour lui n’être pas né que de scandaliser un seul de mes élus ; mieux vaudrait pour lui avoir une meule passée au cou et être jeté à la mer que de pervertir un seul de mes élus ».

Votre schisme a dévoyé bien des âmes : il en a jeté beaucoup dans l’abattement, beaucoup dans le doute, et nous tous dans la tristesse. Et vos dissensions se prolongent !

XLVII. Reprenez l’épître du bienheureux Paul apôtre. Que vous a-t-il écrit tout d’abord dans les commencements de l’Évangile ? En vérité, c’est sous l’inspiration de l’Esprit qu’il vous a écrit une lettre touchant Céphas, Apollos et lui-même, parce que dès lors vous formiez des cabales. Mais une cabale était alors une moindre faute, car vous vous rangiez au parti d’apôtres autorisés et d’un homme éprouvé par eux. _ Aujourd’hui, au contraire, considérez quels hommes ont mis le désordre chez vous, ont amoindri le lustre de votre charité fraternelle si renommée. Il est honteux, mes bien-aimés, très honteux et indigne d’une conduite chrétienne d’entendre dire que l’église de Corinthe, si antique et si ferme, s’est soulevée contre ses presbytres a cause d’un ou deux personnages.

Et le bruit en est venu, non seulement jusqu’à nous, mais encore à ceux qui ont d’autres sentiments que les nôtres : si bien que votre folie provoque le blasphème contre le nom du Seigneur et vous crée à vous-mêmes un péril.

XLVIII. Hatons-nous donc de faire disparaître ce mal : jetons-nous aux pieds du Maître, supplions-le avec larmes de nous redevenir propice, de se réconcilier avec nous, de nous rétablir dans la religieuse et sainte pratique de la charité fraternelle. C’est là une porte de justice qui s’ouvre vers la vie, selon qu’il est écrit : « Ouvrez-moi les portes de la justice, j’y entrerai pour louer le Seigneur.

Celle-ci est la porte du Seigneur, c’est par elle que les justes entreront. » Des nombreuses portes qui sont ouvertes, c’est celle de la justice qui est celle du Christ ; bien heureux tous ceux qui y sont entrés, qui dirigent leur marche « dans la sainteté et la justice » et qui accomplissent toutes choses sans trouble !

Quelqu’un est-il fidèle, capable d’exposer une (parole de) connaissance, sage dans le discernement des discours, chaste dans les oeuvres ? Il doit être d’autant plus humble qu’il paraît plus grand, il doit chercher l’utilité commune de tous et non la sienne propre.

XLIX. Que celui qui a la charité du Christ accomplisse les commandements du Christ. Qui peut expliquer le lien de la charité divine ? Qui est capable d’exprimer son extrême beauté ? La hauteur où la charité nous élève est ineffable.

La charité nous unit étroitement à Dieu, « la charité couvre la multitude des péchés », la charité souffre tout, supporte tout ; rien de bas dans la charité, rien de superbe ; la charité ne fait pas de schisme, la charité ne fomente pas de sédition, la charité opère tout dans la concorde ; la charité consomme la perfection de tous les élus de Dieu ; sans la charité rien ne plaît à Dieu.

C’est par la charité que le Maître nous a élevés à lui ; c’est à cause de la charité qu’il a eue pour nous que Jésus-Christ, Notre-Seigneur, docile à la volonté de Dieu, a donné son sang pour nous, sa chair pour notre chair, son âme pour nos Âmes.

L. Vous voyez, bien aimés, combien la charité est une grande et admirable chose, et qu’il n’y a pas (de mots) pour expliquer sa perfection. Qui est (de mérite) suffisant pour être trouvé dans la charité, sinon celui que Dieu a voulu être digne ? Prions-le donc ; demandons à sa miséricorde d’être trouvés dans la charité, éloignés de toutes les cabales humaines et irréprochables.

Toutes les générations depuis Adam jusqu’à ce jour, ont passé ; mais ceux qui par la grâce de Dieu ont été consommés dans la charité, demeurent au séjour des saints, lesquels seront manifestés quand apparaîtra le royaume du Christ. Car il est écrit : « Entrez dans vos celliers pour un petit moment, jusqu’à ce que soient passées ma colère et ma fureur ; et je me ressouviendrai d’un jour favorable et je vous ferai sortir de vos tombeaux ».

Heureux sommes-nous, mes bien-aimés, si nous observons les commandements de Dieu dans la concorde de la charité afin que nos péchés nous soient pardonnes à cause de la charité. Car il est écrit : « Heureux ceux dont les iniquités ont été remises et les péchés couverts ! Heureux l’homme à qui le Seigneur n’imputera pas sa faute, et dans la bouche duquel il n’y a point de fraude ! »

Cette béatitude a été articulée pour ceux que Dieu a élus par Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

LI. Toutes les fautes que nous a fait commettre un des partisans de ’’Ennemi, implorons-en le pardon. Quant à ceux qui ont été les instigateurs de la sédition et du schisme, ils ont le devoir de prendre en considération notre commune espérance.

Ceux qui se conduisent avec crainte et charité, souhaitent de tomber eux-mêmes dans les peines plutôt ,que d’y voir leur prochain, et acceptent pour eux-mêmes le blâme plutôt que d’y exposer l’harmonie qui a été si magnifiquement et si justement transmise jusqu’à nous.

Il vaut mieux pour un homme faire l’exomologèse [1] de ses péchés que d’endurcir son coeur, comme l’ont endurci ceux qui se révoltèrent contre le serviteur de Dieu, Moïse, et dont le châtiment fut si éclatant ; car « ils descendirent vivants dans l’enfer », et la mort sera leur berger.

Pharaon, son armée et tous les chefs de l’Egypte ne furent submergés dans la mer Rouge et n’y périrent, avec les chars et ceux qui les montaient, que pour avoir endurci leurs coeurs insensés, après les miracles et les prodiges opérés en Egypte par Moïse, le serviteur de Dieu.

LII. Le Maître de l’univers, frères, est exempt de besoin ; il ne désire rien de personne, sinon qu’on lui fasse l’exomologèse. David son élu dit en effet : « Je ferai l’exomologèse à Dieu, et cela lui plaira plus qu’un jeune veau à qui poussent les cornes et les ongles. Que les pauvres le voient et se réjouissent ».

Il dit également : « Offre à Dieu un sacrifice de louange, acquitte les voeux que tu as faits au Très-Haut. Invoque-moi au jour de l’oppression, je te délivrerai et tu me glorifieras. Car le sacrifice (convenable) pour Dieu, c’est un esprit contrit ».

LIII. Vous connaissez, vous connaissez môme très bien les saintes Écritures, mes bien-aimés, vous avez scruté les paroles de Dieu ; ce n’est donc que pour mémoire que nous écrivons ceci. Quand Moïse fut monté sur la montagne et qu’il y eut passé quarante jours et quarante nuits dans le jeûne et l’humiliation, Dieu lui dit : « Moïse, Moïse, descends vite d’ici, car ton peuple, ceux que tu as tirés de la terre d’Egypte ont péché : ils ont bien vite quitté la voie que tu leur avais prescrite, ils se sont fondu des idoles ».

Et le Seigneur lui dit : « Une fois déjà et même deux fois, je t’ai parlé en ces termes : J’ai considéré ce peuple et je vois qu’il a le cou raide ; laisse- moi les exterminer, j’effacerai leur nom de dessous le ciel, et je ferai sortir de toi-même une nation grande, merveilleuse, plus nombreuse que la leur ».

Et Moïse répondit : « Non pas, Seigneur, remets à ce peuple son péché, ou efface-moi aussi du livre des vivants ». O la grande charité ! ô perfection qui ne se peut surpasser ! Un serviteur s’exprime en toute liberté au Seigneur : il implore le pardon de la multitude, ou prétend être supprimé avec elle.

Est-il parmi vous quelqu’un de généreux, de compatissant, et rempli de charité ? Que celui-là dise : Si je suis cause do la sédition, de la discorde, des divisions, je quitte le pays, je m’en vais où l’on voudra, j’exécute les décisions de la multitude ; seulement que le troupeau du Christ vive en paix avec les presbyties constitués !

Celui qui agira ainsi, s’acquerra une grande gloire dans le Christ, et tout lieu lui fera bon accueil : « car la terre est au Seigneur avec tout ce qu’elle renferme ». Ainsi ont fait, ainsi feront dans l’avenir ceux qui tiennent la conduite (qui est digne) de Dieu et exempte de remords.

LIV. Mais, pour prendre des exemples chez les païens : en temps de peste, bien des rois et des chefs, avertis par des oracles, se sont livrés à la mort pour sauver les citoyens au prix de leur sang ; beaucoup d’autres se sont exilés de leurs propres cités pour mettre lin aux séditions.

Nous savons que beaucoup des nôtres se sont mis volontairement dans les fers pour en racheter d’autres ; un grand nombre aussi se sont vendus comme esclaves pour en nourrir d’autres avec le prix. Bien des femmes, rendues fortes par la grâce divine, ont accompli mainte action virile.

La bienheureuse Judith, voyant sa ville assiégée, demanda aux anciens de lui permettre d’aller dans le camp des étrangers. Elle s’exposa au péril, sortit de la ville pour l’amour de sa patrie et de son peuple étroitement enserrés ; et le Seigneur livra Holopherne dans la main d’une femme.

Esther, si parfaite dans la foi, ne s’exposa pas à un moindre danger, pour sauver d’une mort menaçante les douze tribus d’Israël. Elle supplia, dans le jeûne et dans l’humiliation, le Maître qui voit tout, le Dieu des siècles, et celui-ci, voyant l’humilité de son âme, sauva le peuple pour l’amour de qui elle s’était mise en péril.

LVI. Intercédons, nous aussi, pour ceux qui sont coupables de quelque faute, que la douceur et l’humilité leur soient accordées, afin qu’ils cèdent, non pas à nous certes, mais à la volonté de Dieu. De la sorte le souvenir compatissant que nous avons d’eux devant Dieu et les saints, sera plein de fruit pour eux et de perfection. Acceptons les corrections dont personne, mes bien-aimés, ne doit s’indigner. La réprimande que nous nous adressons mutuellement est bonne et très utile : elle nous attache à la volonté de Dieu. En effet la Parole sacrée s’exprime ainsi : « Le Seigneur m’a châtié avec rigueur et il ne m’a pas livré à la mort.

Car celui qu’il aime, le Seigneur le châtie, il corrige tous les fils qu’il agrée. » « Le juste, est-il dit, me corrigera avec miséricorde et me reprendra, mais pour l’huile des pécheurs, que jamais elle n’oigne ma tête. » Et dans un autre endroit : « Heureux l’homme que Dieu reprend ! ne repousse pas la réprimande du Tout-Puissant ; car il fait souffrir et ensuite il remet en état. Il a frappé et ses mains ont guéri. Six fois il t’arrachera aux souffrances ; la septième fois le mal ne te touchera plus. Dans la famine il te sauvera de la mort, et dans le combat de l’atteinte de l’épée. Il te mettra à l’abri des coups de langue, et tu ne craindras pas les maux quand ils fondront sur toi. Tu te riras des hommes injustes et méchants, tu ne redouteras point les bêtes sauvages. Car les bêtes sauvages vivront en paix avec toi. Ensuite tu verras la paix régner dans ta maison ; la prospérité de ta tente ne subira pas de revers. Mais tu verras ta race se multiplier, et tes enfants semblables à l’herbe des champs. Tu descendras au tombeau, pareil au blé mûr qu’on moissonne en la saison, ou tel que le monceau sur l’aire qu’on rentre au temps voulu. ».

Vous voyez, bien-aimés, quelle puissante protection s’étend sur ceux que le Maître châtie : en bon père, il ne nous corrige que pour nous faire éprouver sa miséricorde par le moyen de sa punition sainte.

LVII. Vous donc qui avez causé le principe de la dis- corde, soumettez-vous aux presbyties, laissez-vous corriger en esprit de pénitence, fléchissez ’ genoux de vos coeurs. Apprenez à obéir, déposez voire superbe et orgueilleuse arrogance de langage : mieux vaut pour vous être petits mais comptés dans le troupeau du Christ, que d’être, avec une réputation d’excellence, exclus de l’espérance chrétienne. Car la toute vertueuse Sagesse s’exprime ainsi : « Voici que j’émettrai pour vous une parole de mon souffle et que je vous enseignerai mes paroles. Je vous ai appelés, et vous n’avez pas obéi, j’ai développé longuement mes discours et vous n’y avez pas fait attention ; mais au contraire vous avez rendu mes conseils inutiles, vous n’avez pas cédé à mes reproches ; c’est pourquoi, a mon tour, je rirai de votre perte ; je me réjouirai quand viendra votre ruine, quand le trouble soudain fondra sur vous, quand sur- viendra la catastrophe pareille à l’ouragan, quand vous serez opprimés, cernés de toute part.

Car il viendra un temps où vous m’invoquerez et où je ne vous écouterai pas : les méchants me chercheront et ne me trouveront pas, parce qu’ils ont haï la sagesse, ils n’ont pas choisi la crainte du Seigneur ; ils n’ont pas voulu prêter attention a mes conseils et ils narguaient mes réprimandes. Ils goûteront donc les fruits de leur conduite, ils seront rassasiés de leur propre impiété. Pour avoir violenté les petits enfants, ils seront mis à mort ; la recherche (qui en sera faite) détruira les impies. Celui au contraire qui m’écoute, se reposera confiant dans l’espérance, il vivra tranquille sans crainte d’aucun mal. »

LVIII. Obéissons donc à son nom très saint et glorieux, afin d’échapper aux menaces proférées par la sagesse contre les désobéissants et de nous reposer en toute confiance sur le nom très saint de sa majesté. Acceptez notre conseil et vous n’en aurez pas de repentir.

Car aussi vrai que Dieu vit, et que vit le Seigneur Jésus-Christ et le Saint-Esprit, la foi et 4’espérance des élus : celui qui accomplit les volontés et les commandements donnés par Dieu, avec humilité, avec douceur soutenue, sans négligence, sera rangé et compté au nombre de ceux qui sont sauvés par Jésus-Christ, par lequel gloire soit à Dieu dans les siècles des siècles. Amen.

LIX. S’il y en a qui résistent aux paroles que Dieu leur adresse par notre intermédiaire, qu’ils sachent bien qu’ils se fourvoient dans une faute et un danger graves. Pour nous, nous serons innocents de ce péché ; mais par nos prières et nos supplications assidues, nous demanderons :

Que le Créateur de l’univers conserve intact le nombre compté de ses élus dans le monde entier, par son fils bien-aimé Jésus-Christ, par qui il nous a appelés des ténèbres à la lumière, de l’ignorance à la pleine connaissance de la gloire de son nom, à l’espérance en ton nom, principe d’où procède toute créature.

Tu as ouvert les yeux de nos coeurs afin qu’ils te connaissent,

Toi « le seul Très-haut au plus haut des cieux,

Le Saint qui reposes au milieu des Saints,

Toi qui abaisses l’insolence des orgueilleux,

Qui déroutes les calculs des peuples,

Qui exaltes les humbles

Et qui abaisses les grands ;

Toi qui enrichis et qui appauvris,

Qui tues, et qui sauves, et qui vivifies,

Unique Bienfaiteur « des esprits,

Et Dieu de toute chair ;

Contemplateur des abîmes,

Scrutateur des oeuvres des hommes,

Secours des hommes dans les dangers

Et leur Sauveur dans le désespoir,

Créateur et Surveillant (évêque) de tous les esprits !

Toi qui multiplies les peuples sur la terre

Et qui as choisi au milieu d’eux ceux qui t’aiment

Par Jésus-Christ ton Fils bien-aimé

Par qui tu nous as instruits, sanctifiés, honorés.

Nous t’en prions, ô Maître !

Sois notre secours et notre soutien

Sois le salut de nos opprimés,

Prends pitié des humbles,

Relève ceux qui sont tombés,

Montre-toi à ceux qui sont dans le besoin,

Guéris les malades,

Ramène les égarés de ton peuple,

Rassasie ceux qui ont faim,

Délivre nos prisonniers,

Fais lever ceux qui languissent,

Console les pusillanimes,

Que tous « les peuples reconnaissent que tu es le seul Dieu,

Que Jésus-Christ est ton fils,

Que nous sommes ton peuple et les brebis de tes pâturages.

LX. Toi qui par tes oeuvres as manifesté l’immortelle ordonnance du monde,

Toi, Seigneur, qui as créé la terre,

Toi qui demeures fidèle dans toutes les générations,

Juste dans tes jugements,

Admirable dans ta force et ta magnificence,

Sage dans la création,

Avisé à affermir les choses créées,

Bon dans les choses visibles,

Fidèle envers ceux qui ont confiance en toi,

Miséricordieux et compatissant,

Remets-nous nos fautes et nos injustices,

Nos chutes et nos aberrations.

Ne compte pas les péchés de tes serviteurs et de tes servantes,

Mais purifie-nous par ta vérité

Et dirige nos pas

Pour que nous marchions dans la sainteté du coeur

Et que nous fassions ce qui est bon et agréable

A tes yeux et aux yeux de nos princes

Oui, Maître, fais luire sur nous ton visage,

Pour (nous faire jouir) des biens en paix,

Nous protéger de ta « main puissante,

Nous libérer de tout péché par ton bras très fort,

Nous sauver de ceux qui nous haïssent injustement.Donne la concorde et la paix,

A nous et à tous les habitants de la terre,

Comme tu l’as donnée à nos pères

Lorsqu’ils t’invoquaient saintement dans la foi et la

Rends-nous soumis vérité.

A ton Nom très puissant et très excellent,

A nos princes et à ceux qui nous gouvernent sur la terre.

LXI. C’est toi, maître, qui leur as donné le pouvoir de la royauté,

Par ta magnifique et indicible puissance,

Afin que, connaissant la gloire et l’honneur que tu Nous leur soyons soumis leur as départis,

Et ne contredisions pas ta volonté.

Accorde-leur, Seigneur, la santé, la paix, la concorde, la stabilité,

Pour qu’ils exercent sans heurt la souveraineté que tu leur as remise. Car c’est toi, Maître, céleste roi des siècles,

Qui donnes aux fils des hommes Gloire, honneur, pouvoir sur les choses de la terre.

Dirige, Seigneur, leur conseil, suivant ce qui est bien,

Suivant ce qui est agréable à tes yeux,

Afin qu’en exerçant avec piété

Dans la paix et la mansuétude,

Le pouvoir que tu leur as donné,

Ils te trouvent propice.

Toi seul as la puissance de faire cela

Et de nous procurer de plus grands biens encore.

Nous te remercions par le grand-prêtre

Et le patron de nos âmes, Jésus-Christ,

Par qui soit à toi la gloire et la grandeur,

Et maintenant et de génération en génération

Et dans les siècles des siècles. Amen.

LXII. Nous avons traité suffisamment dans cette lettre, avec vous, frères, des dispositions convenables à notre religion et les plus utiles, pour la vie vertueuse, à ceux qui veulent vivre dans la piété et la justice.

Nous avons traité à fond de la foi, de la pénitence, de la charité de bon aloi, de la continence, de la chasteté, de la patience ; nous vous avons rappelé la nécessité de plaire à Dieu tout-puissant par une vie sainte dans la justice, la vérité et la longanimité, de maintenir la concorde en pratiquant l’oubli des injures, la charité, la paix et une constante équité, à l’exemple de nos pères que nous avons cités et qui ont plu par leur humilité envers le Père, Dieu et créateur, et envers les hommes.

Et nous vous avons rappelé ces choses d’autant plus volontiers que nous savions bien que nous écrivions à des hommes fidèles, très considérés et qui ont approfondi les maximes de la science divine.

LXIII. Il est donc juste de nous appliquer tant de grands exemples, de courber la tête, de garder la place assignée par l’obéissance, afin de cesser une vaine discorde et de parvenir sans reproche au but qui nous est proposé dans la vérité. _Vous nous causerez en effet joie et allégresse, si vous obéissez aux conseils que nous vous avons donnés par le Saint-Esprit ; si vous coupez court à l’emportement coupable de votre rivalité, selon l’invitation à la paix et à la concorde que nous vous faisons dans cette lettre.

Nous vous avons envoyé des hommes fidèles et sages qui ont vécu sans reproche au milieu de nous de- puis la jeunesse jusqu’à la vieillesse : ils seront témoins entre vous et nous. Nous avons fait cela pour que vous sachiez que toute notre préoccupation a été et est encore de vous amener promptement à la paix.

LXIV. Du reste, que Dieu qui voit tout, qui est « maître des esprits et seigneur de toute chair », qui a choisi le Seigneur Jésus-Christ et nous en lui pour être son peuple particulier, donne à toute Ame qui invoque son nom glorieux et saint, foi, crainte, paix, patience, longanimité, continence, pureté et chasteté, afin qu’elle puisse plaire a son nom par notre grand-prêtre et patron, Jésus- Christ, par lequel soit à Dieu gloire et majesté, puissance et honneur, maintenant et dans tous les siècles des siècles.

Amen.

LXV. Renvoyez-nous promptement en paix et avec joie nos députés, Claudius Ephebus et Yalerius Biton, ainsi que Fortunatus, afin qu’ils nous annoncent au plus tôt la paix et la concorde si désirable et si désirée de nous ; afin que nous nous réjouissions, nous aussi, le plus tôt possible, du bon ordre parmi vous.

Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous et en tout endroit avec tous ceux que Dieu a appelés par Jésus-Christ. Par lequel soit à Dieu gloire, honneur, puissance, majesté, règne éternel, depuis l’origine des siècles et pour les siècles des siècles.

Amen.

• Notes :

[1] Confession des péchés

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SOURCE : http://cathoweb.org/catho-bliotheque/lecture-spirituelle/autres-saints/epitre-de-clement-aux-corinthiens.html
Publié le 26 juin 2010 par Jean-Baptiste Balleyguier