lundi 21 mai 2012

Saint ANDRÉ BOBOLA, missionnaire jésuite et martyr


Statue de Saint André Bobola à  Varsovie

SAINT ANDRÉ BOBOLA

Jésuite, martyr

(1591-1657)

Saint André naquit en Pologne, à Sandomir. La famille Bobola, une des plus illustres de la Pologne, protégeait les Pères Jésuites de tout son pouvoir. Afin de récompenser leur zèle pour la foi, Dieu permit qu'un de ses membres devint un glorieux martyr de la Compagnie de Jésus.

André fit ses études chez les Jésuites de Vilna. Il entra au noviciat en 1609, et en 1613, il se consacrait à Dieu par les voeux perpétuels. Plusieurs villes de Pologne seront tour à tour témoins de son zèle infatigable. Saint André Bobola possédait le talent spécial de ramener à Dieu les pécheurs publics les plus endurcis. Il manifestait aussi un goût particulier pour l'enseignement du catéchisme aux enfants.

C'est dans la ville de Pinsk que le Père Bobola exerça le plus d'influence. L'essor donné au collège de cette ville, les conversions opérées parmi les orthodoxes, la fondation d'une congrégation de la Sainte Vierge pour les paysans, comptent au nombre des plus belles initiatives de l'apôtre durant ses trois années de ministère dans cette cité.

Après six ans d'absence, soit en 1652, André Bobola est de retour. Le Saint eut à endurer maintes persécutions, insultes et mauvais traitements de la part des autorités schismatiques.

Le 16 mai 1657, des Cosaques sanguinaires arrêtèrent saint André Bobola au hameau de Mohilno et lui firent subir de tels supplices, qu'au témoignage de la Congrégation des Rites «jamais un si cruel martyre ne fut proposé aux discussions de cette assemblée.» Leur impuissance à faire abjurer Bobola irrita les Cosaques.

Ils le flagellèrent jusqu'au sang, après quoi ils enserrèrent sa tête dans une couronne de branches et lui scalpèrent le dos des mains. Vint ensuite la course à l'arrière des chevaux, scandée de coups et d'imprécations. Puis ses bourreaux lui meurtrissent la main droite d'un coup de sabre, lui tranchent le talon droit et on lui crève un oeil. Avec un plaisir sadique, ces inhumains suspendent le martyr par les pieds et lui promènent des torches brûlantes par tout le corps.

Un des guerriers trace une tonsure sanglante sur la tête du martyr et l'arrache brutalement de son crâne enfiévré. D'autres lui enlèvent la peau des mains, coupent l'index gauche et l'extrémité de chaque pouce. Ensuite, ils décharnent son dos et ses bras. N'étant pas encore rassasié de le voir souffrir, ces barbares étendent le saint confesseur sur une grande table et emplissent les plaies vives du dos avec de la paille d'orge finement hachée, qu'ils introduisent dans ses chairs en riant et chantant.

On lui coupe une oreille, le nez, les lèvres, accompagnant le tout de coups de poing et de soufflets qui lui font sauter deux dents. Quelques-uns enfoncent des éclats de bois sous les ongles des mains et des pieds. Afin d'empêcher le Saint de prier vocalement, ces démons incarnés lui arrachent la langue par un trou pratiqué dans le cou. Cette mutilation et un coup de poinçon donné dans la région du coeur, font évanouir le martyr. Enfin, on achève saint André Bobola de deux coups de sabre qui lui tranchent la tête, puis on jette son corps sur un tas de fumier.

Les catholiques recueillirent sa dépouille et l'ensevelirent dans l'église. En 1755, le Père André Bobola fut déclaré vénérable, et en 1853, le pape Pie IX le déclara bienheureux. Son corps restait toujours parfaitement intact. Le jour de Pâques, 17 avril 1938, le pape Pie XI l'inscrivit au catalogue des Saints.

 Aujourd'hui, les schismatiques eux-mêmes vénèrent ce saint martyr.

F. Paillart, édition 1900, p. 151-152. -- Saints et Bx de la Compagnie de Jésus, édition 1941, p. 99-108



Agnus Dei représentant Saint André Bobola


SAINT ANDRÉ BOBOLA

Jésuite polonais, martyr (✝ 1657)
Jésuite polonais, prédicateur et missionnaire actif, il consacra sa vie à réconcilier les catholiques romains et les orthodoxes. Ce qui lui attira l'inimitié de certains. Arrêté par des cosaques près de Pinsk, il fut flagellé et torturé. Devant eux, il confessa qu'il n'y a qu'une seule foi catholique et qu'une seule Église. Ce qui lui valut de recevoir la couronne du martyre.
"Né à Sandomir, en 1591, André Bobola entra dans la Compagnie de Jésus en 1611. Ordonné prêtre en 1622, il fut d'abord prédicateur et directeur de Congrégation mariale à Vilnius. À partir de 1636, il devint missionnaire itinérant; à un moment où venait d'éclater une grave persécution contre l'Église, il affermit de nombreux catholiques dans leur foi. Fait prisonnier par les Cosaques, il dut subir des supplices atroces, au terme desquels il rendit l'âme; c'était en 1657, à Ianov. Il a été canonisé par Pie XI en 1938." (Site des jésuites de la province de France).
À Janov, près de Pinsk sur le Pripet, aux confins de la Pologne, en 1657, saint André Bobola, prêtre de la Compagnie de Jésus et martyr. Il travailla avec énergie à l’union des chrétiens, mais il dut subir toutes sortes d’injures et de coups et finalement, enlevé par des soldats et horriblement mutilé, il donna volontiers, avec son sang, le témoignage suprême de la foi.
Martyrologe romain


André Bobola naquit en 1590 dans une terre du palatinat de Sandomir. Il entra 91 noviciat de la Compagnie de Jésus, à Vilna, le 2 juillet 1611 et fut ordonné prêtre en 1622. En 1651, nous le trouvons supérieur de larésidence de Bobronisk, sur la Bérésina. Voici le portrait qu'en a tracé le P. Lukaszevicz : « C'était un homme grave, modeste, sobre, spirituel, rempli de dévotion, exact observateur des règles. Il était pour nous tous, qui avions le bonheur de le voir, un sujet d'édification. Il avait la taille petite, la face, le corps arrondis, le visage plein et un peu rouge ; ses cheveux avaient grisonné avant l'âge et étaient devenus tout blancs. Il en était de même de sa barbe qu'il ne rasait point, mais à laquelle il laissait une longueur médiocre. » En outre, d'après le chirurgien Wolf Abrahamowicz, il était un peu chauve.
Depuis le XIIe siècle, l'Église ruthène passa par des alternatives schismatiques et orthodoxes. Dès la fin du XVIe siècle, le peuple, soutenu par l'exemple et l'argent des Moscovites, s'affermit dans le schisme. On pensa réagir par la fondation de collèges et de couvents latins, et un moment on put espérer d'eux une œuvre durable grâce au concours donné à de saints évêques par le roi Sigismond III. Mais les schismatiques ne se tinrent pas pour battus. Ils firent venir de Grèce un évêque qui rétablit la hiérarchie schismatique, laquelle s'empara des églises d'où elle chassa les catholiques. Dans le grand désordre qui en résulta se place le martyre de saint Josaphat Kuncevicz (12 novembre1623). Le règne de Sigismond (1632) paraissait devoir ramener la paix et l'amitié ; celui de Wladislas (1632-1648) rendit l'audace aux schismatiques. Le collège de Pinsk, où vivait le P. Bobola, était situé en plein pays schismatique. Le religieux rayonnait aux environs et exerçait son ministère, bravant l'hostilité dont on ne lui ménageait pas les marques parfois brutales, ce qu'on s'explique facilement par les heureux résultats de zèle apostolique du religieux, principalement à Ianow.

En 1648, commença la guerre religieuse dont nous n'avons pas à rappeler les horreur inouïes. En 1651, en 1652) nouvelles guerres presque ininterrompues jusqu'en 1657. Ce fut parmi les horreurs de ces années que André Bobola consomma son martyre.

Dans ce qui concerne ce bienheureux, nous adopterons une méthode un peu différente des autres biographies. Nous utiliserons plusieurs documents à l'aide desquels, au moyen de quelques phrases servant à les relier, nous raconterons le martyre.

LE MARTYRE DU BIENHEUREUX ANDRÉ BOBOLA

La ville de Pinsk fut envahie par 2.000 Cosaques, Valaques et Hongrois ; Jean Lichoho ou Lichy y fut établi gouverneur. A leur approche, les catholiques avaient pris la fuite, les jésuites s'étaient disséminés dans les environs ; mais des pelotons de Cosaques, guidés par des schismatiques, furent lancés à leur poursuite. « Je sais, dépose le Père Jean Lukaszewicz, que plusieurs des Pères et frères que je connaissais fort bien ont été pris en divers temps et en divers lieux : aucun n'a été relâché ; tous ont été cruellement mis à mort. Le P. Simon Maffon, issu d'une famille noble de la Lithuanie, fut de ce nombre. Il avait une dévotion particulière à la très sainte Vierge dans ses sermons et dans ses écrits, il l'appelait communément, avec un vif sentiment de tendresse, « sa dame et sa mère ». Il avait fui Pinsk et, en route, il administrait les sacrements dans l'église paroissiale de Horodek, quand les Cosaques arrivèrent à l'improviste, se saisirent de lui, le conduisirent dans une maison, le dépouillèrent de ses vêtements, le mirent sur un banc auquel ils le clouèrent par les mains, les pieds et le bas-ventre, puis le tirèrent à la tête avec des cordes jusqu'à faire sortir les yeux de leurs orbites, lui arrachèrent la peau de la poitrine et du dos, lui passèrent des torches allumées sur le corps et finirent par lui couper la gorge. Le sacristain de notre collège de Pinsk avait pris des habits séculiers ; il fut cependant reconnu à Iourhoush, et on l'y tua. Mon professeur de rhétorique, le P. Eustache Pilinski, dans sa fuite du collège de Pinsk, tomba également dans les mains des Cosaques, ils le mirent cruellement à mort. Dans le collège de Nieswicz, les Pères Adam Wiechowicz et Jean Staniszewski, ainsi que le .Père Jean Butkiewicz, furent de même cruellement massacrés, d'autres eurent le même sort ailleurs. On en compta quarante en tout.

Le P. Bobola s'était retiré à Ianow. Une bande de Cosaques Saporogues partie de Pinsk sous la conduite de deux officiers entra peu après dans la ville et, guidée par les schismatiques, commença le massacre des catholiques et des juifs. C'était le 16 mai, fête de l'Ascension pour l'église ruthène. Le P. Bobola était allé ce jour-là à Perezdyle, petite paroisse voisine, préparer les fidèles par le catéchisme, le sermon, la messe, et probablement aussi la confession, à la célébration de la fête. Les Cosaques étaient entrés à Ianow à midi passé ; des fuyards arrivèrent à Perezdyle comme le P. Bobola achevait sa messe et faisait son action de grâces, annonçant l'arrivée des massacreurs. « Sa première pensée, dit la Notice polonaise, fut de les attendre de pied ferme. Depuis longtemps son sacrifice était fait et rien ne pouvait lui être plus agréable que de rencontrer l'occasion de donner sa vie pour Jésus-Christ. Mais les fidèles le décidèrent enfin à monter en voiture et ils espéraient le sauver. » Cependant les schismatiques de Ianow avaient dénoncé la présence du Jésuite à Perezdyle. A l'instant quatre Cosaques suivis d'un habitant de Ianow, nommé JacquesCyetwerymka[1], chargé du foin de leurs chevaux, partent à bride abattue et attaquent la voiture du fugitif près de Mohilno, situé à une demi mille de Yanow. Le cocher Jean Domanowski[2], saisi de terreur, jeta les rênes et s'enfuit dans la forêt ; le père descendit de voiture et se livre en disant : « Que la volonté de Dieu soit faite. »

Les Cosaques se montrèrent tout d'abord remplis de bienveillance et tâchèrent de gagner le jésuite à leur schisme ; ils échouèrent ; alors, le mettant tout nu, ils le conduisirent à une haie voisine, le lièrent à un pieu et le fustigèrent, mais sans plus de succès. Des laboureurs qui travaillaient aux champs virent cette scène et prirent la fuite. Alors les Cosaques coupèrent des branches d'arbres encore tendres et flexibles, les appliquèrent au front du père en forme de couronne, tordirent les bouts et serrèrent le crâne comme dans un étau. De temps en temps, ils faisaient une nouvelle torsion, dès qu'ils voyaient que la couronne se relâchait. Ils veillaient cependant à ne pas briser les os afin de prolonger la souffrance[3]. Puis les Cosaques écorchèrent la partie supérieure des mains, et détachant le martyr du tronc de l'arbre le lièrent et fixèrent les deux bouts de la corde aux selles de deux cavaliers ; suivaient d'autres Cosaques portant des haches dont le fer se terminait d'un côté en forme de marteau. On partit au galop, mais le martyr ne pouvait suivre à cette allure ; alors les Cosaques lui assenaient des coups de hache. Dans cette occasion, il reçut deux blessures profondes au bras gauche et une au bras droit. On arriva ainsi à Ianow. Je l'ai vu, dit un témoin, quand les Cosaques l'amenèrent à Ianow ; ils lui avaient tressé une couronne de branches de chêne vertes, dans laquelle ils serraient sa tête. A cette vue, moi et beaucoup d'autres nous nous cachions et n'osions plus regarder que de loin. » Un autre témoin dépose : « Il était nu-pieds, entièrement nu, et couvert du sang qui sortait de ses blessures. » L'escorte fit des signes aux Cosaques restés en ville pour leur apprendre qu'elle ramenait un prêtre latin. « Alors, dit le prêtre Duboyski, témoin oculaire, un chef Cosaque s'approcha et cria : Es-tu un prêtre latin ? Et il brandit son sabre comme pour le tuer. » « Cet homme, dit la Notice polonaise, s'appelait Assavoula. Son aspect était horrible. Le P. André n'en fut pas intimidé ; aux accès de rage du Cosaque et aux éclats de sa colère, il n'opposait que le silence et la douceur de l'agneau. Il ne tarda pas à élever la voix et ce fut pour confesser publiquement la foi catholique, se déclarant prêt à verser pour elle jusqu'à la dernière goutte de son sang. Le persécuteur fit entendre les menaces les plus effroyables ; mais le bienheureux Père n'y répondait que par la prière ; en même temps il conjurait son bourreau de rentrer dans le sein de la seule Église véritable, en confessant avec lui la foi catholique. Deux assistants ont rapporté à un témoin les paroles suivantes que le martyr aurait prononcées à ce moment : « Je suis prêtre catholique ; je suis né dans cette foi, je veux mourir dans cette foi. » Et celles-ci entendues en partie par Paul Hurinowicz et par d'autres témoins : « Ma foi, c'est la vraie foi, c'est la bonne ; c'est elle qui conduit au salut... Je suis religieux, je ne puis renoncer à ma sainte foi...Vous, convertissez-vous plutôt ; faites pénitence, parce que vous ne vous sauverez point de vos erreurs... Si vous conceviez du mépris pour vos erreurs schismatiques et embrassiez la même sainte foi que je professe, vous commenceriez à connaître Dieu et vous sauveriez vos âmes. » « Une proposition aussi inattendue, dit la Notice polonaise, fit bondir de rage le sauvage capitaine ; il saisit son sabre, le fit tourner plusieurs fois en l'air et le déchargea de toutes ses forces sur la tête du martyr. Il l'eût certainement partagée en deux, si, par un mouvement involontaire, André ne l'eût couverte d'une de ses deux mains. » Le coup fit une blessure dans les premières phalanges des doigts de la main droite. Le martyr ne prononça pas une seule parole. Assavoula lui porta un second coup par derrière et l'atteignit au talon du pied gauche, coupant une grande veine et entamant l'os ; le second coup jeta le martyr par terre.

C'est à ce moment que se place probablement la profession de foi prononcée par le bienheureux et rapportée par le P. Jean Lukaszwicz : « Je crois et je confesse que comme il n'y a qu'un seul Dieu, il n'y a aussi qu'une seule vraie Église et une seule vraie foi catholique, révélée par Jésus-Christ et prêchée par les apôtres ; et à l'exemple des apôtres et de beaucoup de martyrs, je souffre et meurs volontiers pour elle. »

Pendant que le martyr était étendu sur la terre, «un Cosaque inquiet, furieux de voir cet œil doux et suppliant invoquer le secours d'en-haut, et craignant qu'il ne fût exaucé, il s'approcha du confesseur et lui creva cet œil avec la pointe de son sabre. » Un témoin ajoute que le Cosaque dit d'un ton moqueur : « Tu regardes les Polonais. » « Mais tout cela, continue l'auteur de la Notice polonaise, n'était qu'un prélude à la scène de son martyre. C'était un essai, un avant-goût des supplices qui lui étaient réservés, Dieu voulant glorifier son serviteur par un prodige de force et de constance tel que n'en a guère vu la sainte Église militante. Ce fut un glorieux combat que les anges du ciel durent contempler avec une joie ineffable et que l'innombrable armée des martyrs dut encourager de ses acclamations et de ses applaudissements. »

Ces quatre bourreaux saisirent le martyr par la jambe gauche et le traînèrent dans un petit édifice situé au milieu de la place publique et servant de boucherie. Il était voûté comme une cave et les regards pouvaient y plonger de divers côtés. Les Cosaques donnèrent leurs chevaux à garder à Jacques Cyetwerymka, qui monta sur un arbre pour voir ce qui se passait dans la boucherie. Un autre témoin fut Samuel Szalka, ruthène uni, plus tard archiprêtre de Ianow, réfugié avec une servante dans une tour voisine d'où ils purent tout voir et beaucoup entendre, enfin quelques jeunes gens cachés derrière le mur de la boucherie recueillirent les paroles du martyr et des bourreaux.

Ceux-ci fermèrent la porte et jetèrent le saint sur un banc de boucherie. D'abord, ils le flambèrent, appliquant sur les côtes et la poitrine deux torches de bois résineux, brûlant la chair à petit feu. « En même temps ils offrent au martyr de cesser la torture s'il renonce à la foi de l'Église catholique pour embrasser celle de l'Église grecque ; mais il répond à leurs propositions par des paroles sublimes et en confessant hautement la foi latine, il les exhorte de nouveau à renoncer au schisme et à rentrer dans le sein de l'Église catholique. C'est ainsi que le saint apôtre de Jésus-Christ prêchait au milieu des tourments et priait pour ses bourreaux, dont la rage croissait avec l'inutilité de leurs fureurs. » « Ils inventèrent, ajoute la Notice, dans leur haine contre le sacerdoce latin, un supplice où le sacrilège le dispute à la barbarie, et que le schisme seul peut trouver. Ils taillèrent, avec la pointe de leurs couteaux, la peau de la tête en forme de tonsure, et l'arrachèrent violemment. » Ensuite, ils coupèrent l'index de la main gauche et la première articulation de chaque pouce ; ils arrachèrent la peau de la paume de la main droite, détachèrent les muscles et arrachèrent la peau de la main gauche. Alors on tourna le corps sur le ventre et on le fixa de nouveau au banc. Puis faisant une entaille à la peau dans la région des épaules, on la lui arracha par morceaux de tout le dos et d'une partie des bras et, ajoute un témoin, on répandit de la paille d'orge « finement hachée. Le martyr fut ensuite pressé fortement contre le banc afin de faire pénétrer dans la chair les parcelles de la paille ; on l'y attacha solidement et l'on enfonça des morceaux de bois effilés sous chacun des ongles de ses pieds et de ses mains ».

Un soufflet qu'on lui donna fit sauter deux incisives de la mâchoire supérieure. « Son visage, dit la Notice, s'enfla tellement qu'il ne présentait plus aucune apparence de figure humaine. En le voyant réduit à un état si misérable, les sauvages poussaient des cris de joie, chaque tourment provoquait de nouveaux éclats de rire, de nouvelles insultes et de nouvelles moqueries. » Le bienheureux semble avoir élevé plusieurs fois vers le ciel ses mains écorchées, on lui entendit dire les mots : Mes chers enfants, que faites-vous ?... Que le Seigneur notre Dieu soit avec vous et, dans vôtre malice, faites un retour sur vous-mêmes... Jésus ! Marie ! assistez-moi ! Éclairez ces aveugles par votre lumière ; convertissez-les, retirez-les de leurs erreurs... Seigneur, que votre volonté se fasse !... Jésus, Marie !... Seigneur, je livre mon âme entre vos mains. »

« Revêtu, dit la Notice polonaise, de sa chasuble sanglante dont chaque brin de paille brillait comme un diamant, le prêtre était prêt à offrir le sacrifice. Il redoublait ses ferventes prières pour ses bourreaux, tandis que ceux-ci redoublaient les coups et les supplices. Après lui avoir coupé les narines, taillé les lèvres, ils tinrent conseil sur le moyen à employer pour lui arracher la langue. L'opération était importante, il s'agissait de détruire l'instrument le plus efficace de l'apostolat catholique, l'organe dont le serviteur de Dieu s'était servi pour prêcher la vérité et convertir tant d'âmes à la foi orthodoxe. Après une longue délibération, on s'arrêta au mode le plus atroce ; une large blessure est pratiquée dans le cou, et, par ce trou, la langue est tirée du gosier avec toute sa racine. » « Elle fut jetée à terre », ajoute un témoin. Il semble qu'auparavant les bourreaux lui avaient coupé les parties naturelles. Alors ils enfoncèrent dans le côté gauche, vers la région du cœur, un poinçon trouvé sans doute dans la boucherie et qui fit une blessure circulaire et profonde se dirigeant vers l'intérieur. Puis, ils suspendirent le corps du martyr par les pieds et, à la vue des contractions nerveuses : « Voyez, disent-ils, comme danse ce Polonais ! »

La tuerie se prolongeait depuis plus d'une heure. Les Cosaques fatigués s'en allèrent. Quand ils eurent quitté la boucherie, quelques personnes s'y aventurèrent, entre autres Jean Klimezyk, qui témoignait en ces termes de ce qu'il avait vu : « Je l'ai vu, le sang ruisselait de sa tête, de ses mains, de ses pieds, de tout son corps, comme d'un sanglier ou d'un bœuf qu'on vient d'abattre. »

Un colonel de Cosaques visitant Ianow entra dans la boucherie, examina la victime et, voyant qu'elle respirait encore, donna ordre de l'achever. Deux coups de sabre coupèrent la gorge. Il était environ trois heures de l'après-midi[4].

________________________________________

[1] Cet homme fut témoin de tout le martyre et, âgé de plus de cent ans, déposa au procès de canonisation.

[2] Cet homme devint dans la suite frère coadjuteur dans la Compagnie de Jésus.

[3] La notice place cette torture à Mohilno. l'Abrégé publié dans la Civilta cattolica, à Ianow.

Il est probable, dit le P. V. de Buck, que ce supplice a duré, mais avec des interruptions, depuis le commencement jusqu'à la fin du martyre.

[4] LES MARTYRS : Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du christianisme jusqu'au XX° siècle ; traduites et publiées par le R. P. Dom H. Leclercq, moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough.


St. Andrew Bobola

Martyr, born of an old and illustrious Polish family, in the Palatinate of Sandomir, 1590; died at Janów, 16 May, 1657. Having entered the novitiate of the Society of Jesus at Wilno (1611), he was ordained in 1622, and appointed preacher in the Church of St. Casimir, Wilno. After making his solemn vows, 2 June, 1630, he was made superior at Bobruisk, where he wrought wonders by his preaching and distinguished himself by hisdevotion during an epidemic of the plague. In 1636 he began his work in the Lithuanian missions. During this period Poland was being ravaged by Cossacks, Russians, and Tatars, and the Catholic Faith was made the object of the concerted attacks of Protestants and schismatics. The Jesuits, in particular, had much to endure. Bobola's success in converting schismatics drew upon him the rage of those in high authority, and the adherents of theGreek Pope decided to centralize their forces in Polesia. A Catholic nobleman of this province offered the Jesuits a house at Pinsk, and here Father Bobola was stationed. The schismatics vainly endeavoured in every manner to hinder him in the exercise of his apostolic duties, extending their persecutions to attacks upon his person. On 16 May, 1657, he was seized by two Cossacks and severely beaten. Then tying him to their saddles, they dragged him to Janów where he was subjected to incredible tortures. After having been burned, half strangled, and partly flayed alive, he was released from suffering by a sabre stroke. His body was interred in the collegiate church of the Society at Pinsk, where it became the object of great veneration. It was later transferred to Polosk, where it is still held in honour, even by the schismatics. Father Bobola was declared Blessed by Pius IX in 1853, and hisfeast is kept by the Society of Jesus, 23 May.


[Note: Andrew Bobola was canonized by Pope Pius XI in 1938. The decree of canonization is in A.A.S. XXX (1938) beginning on page 357.]

Sources

BONE in Kirchenlex.; Acta SS., 16 May; DE BUCK, Essai historique sur le Bienh. André Bobola (Brussels, 1853).

Rudge, F.M. "St. Andrew Bobola." The Catholic Encyclopedia. Vol. 1. New York: Robert Appleton Company, 1907. 21 May 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/01472c.htm>.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/01472c.htm

Andrew Bobola, SJ M (RM)

Born in Sandomir, Poland, 1592; died at Janov, Lithuania, on May 10, 1657; beatified 1853; canonized 1938; feast day formerly May 16. Andrew Bobola was a Polish aristocrat who joined the Jesuits in 1611 when he was 20. At first he worked as a parish priest at St. Casimir's Church in Vilna, Lithuania, but in 1630 he was made superior of the Jesuit house at Bobrinsk (Bobruysk) just as a dreadful plague broke out there. Andrew's kindness to the dying and his care for the dead, in spite of the great personal danger of catching the disease, impressed many.


In 1636, this brave soul set out as a missionary, travelling in Lithuania for more than 20 years. He spent his whole life reconciling Orthodox Christians with the Holy See, sometimes converting whole villages. He was so successful at converting men and women that his enemies called him Duszochwat (the "thief of souls"). Such success, of course, attracted opposition. For Bobola this took the forms of bands of children who followed him and tried to drown his words with their shouts.

Deep religious divisions were in those days made worse by intolerance and by marauding Russians, Cossacks, and Tartars who continually raided Poland and tormented the Christians there. Because of these raids, the Jesuits were forced into hiding in the marshes of Podlesia. Beginning in 1652 and continuing for five years, Andrew Bobola ran a house in Janov near Pinsk provided by Prince Radziwell, where fleeing Jesuits could be sheltered.

In 1657, he was captured in a Cossack raid on the city, tortured, partially flayed alive, and then killed by the sword. His beheaded, mutilated body was buried at Pinsk. In 1808, it was translated to Polotsk, where it was found to be incorrupt. His relics were later removed first to Moscow by Bolsheviks, then to Rome in 1922. The can now be found in the Jesuit church in Warsaw (Attwater, Benedictines, Bentley, Delaney, Farmer).

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0521.shtml