jeudi 12 avril 2012

Bienheureuse CATHERINE de SAINT-AUGUSTIN, vierge religieuse des Soeurs hospitalières de la Miséricorde de l'Ordre de Saint Augustin


Catherine de Saint-Augustin par l’abbé Pommier,1668. 
Centre Catherine-de-Saint-Augustin de Québec.

Bienheureuse Marie-Catherine de St Augustin

Religieuse hospitalière de la Miséricorde (+1668)

Catherine Simon de Longpré naquit à Saint Sauveur le Vicomte en France, mais elle est surtout honorée au Québec. A 11 ans, elle rencontre saint Jean Eudes et elle entre alors quelque temps plus tard chez les moniales augustines hospitalières de la Miséricorde. Elle prend alors le nom religieux de Marie-Catherine de Saint Augustin.

En 1647, elle répond à l'appel de Dieu pour aller dans la Nouvelle-France où elle donne toute sa mesure auprès des malades. Elle devient économe puis maîtresse des novices de sa congrégation au Québec, où elle rejoint la maison du Père le 8 mai 1668.

Catherine de Longpré est née et baptisée le 3 mai 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en basse Normandie. Élevée par ses grands-parents, Catherine entre vite en contact avec les pauvres et les malades que sa grand-mère reçoit chez elle. Elle n'a que 3 ans quand elle demande au Père Jésuite, ami de la famille ce qu'il faut pour plaire à Dieu. Celui-ci lui montre un malade en lui expliquant que c'est en acceptant sa maladie qu'il fait la volonté de Dieu. Ce sera son leitmotiv toute sa vie durant. Elle entre au Monastère des «Augustines de Bayeux» à l'âge de 12 ans et demi. Elle prend l'habit religieux à 14 ans le 24 octobre 1646 et se nommera désormais Marie-Catherine de Saint-Augustin. À 16 ans, le 31 mai 1648, Sœur Catherine, quitte la France pour le Canada. Elle répond à une demande d'aide de la part des premières religieuses hospitalières venues fonder le premier hôpital en Amérique, au nord du Mexique, soit l'Hôtel-Dieu de Québec établi en Nouvelle-France depuis 1639.
Source: Liturgie des heures du diocèse de Coutances et Avranches 1993.
calendrier diocésain .

Catherine de Saint-Augustin (1632-1668), fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Québec, cofondatrice de l'Église au Canada, béatifiée le 23 avril 1989 (diocèse d'Edmundston)

- Marie-Catherine de Saint-Augustin «femme de miséricorde», l'une des fondatrices de l'Église de Québec pose la miséricorde au centre de sa mission d'infirmière et de religieuse. (vidéo)

Dans la ville de Québec au Canada, en 1668, la bienheureuse Marie-Catherine de Saint-Augustin (Catherine Simon de Longprey), vierge, née à Saint-Sauveur-le-Vicomte,en Normandie, elle entra chez les Sœurs hospitalières de la Miséricorde de l'Ordre de Saint-Augustin et fut envoyée au Canada où elle se dévoua au service des malades et excella à les consoler et à leur redonner espoir.

Martyrologe romain

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/6867/Bienheureuse-Marie-Catherine-de-St-Augustin.html



BIENHEUREUSE CATHERINE de SAINT-AUGUSTIN

Augustine Hospitalière de la Miséricorde de Jésus

(1632-1668)

Issue de deux familles nobles du Cotentin, Catherine de Saint-Augustin naquit et fut baptisée le 3 mai 1632, à Saint-Sauveur-le-Vicomte, dans l'actuel département de la Manche, en France. Son père, Jacques Simon de Longpré, était avocat, et sa mère, Françoise Jourdan de Launay, fille d'un lieutenant civil et criminel.

L'éducation de la fillette fut confiée à ses grands-parents maternels. Les Jourdan tenaient chez eux une sorte d'hôpital où ils recevaient et soignaient les pauvres et les malades; Catherine fut très tôt initiée aux exercices de la charité et à la pratique de la vertu.

Catherine, attirée par la vie religieuse, encouragée par saint Jean Eudes entra comme postulante à l'Hôtel-Dieu de Bayeux le 7 octobre 1644. Elle avait douze ans et demi. Deux ans plus tard, elle fut admise au noviciat. C'est alors qu'elle conçut le désir d'aller en Canada, où des Augustines Hospitalières de la Miséricorde de Jésus avaient, en 1539, fondé l'Hôtel-Dieu de Québec.

Quand celles-ci demandèrent de nouvelles recrues, Catherine se porta aussitôt volontaire. Elle n'avait pas encore seize ans. On tenta de la dissuader, et son père s'opposa à son dessein; elle fit le voeu "de vivre et de mourir en Canada, si Dieu lui en ouvrait la porte". Tout le monde dut céder à ses raisons, et Catherine fit profession religieuse le 4 mai 1648, en prévision de son embarquement, le 27 mai. Le 19 août 1648, elle arrivait à Québec.

Mère Catherine de Saint-Augustin allait être d'un grand secours à sa communauté: elle y remplit les charges d'administratrice du monastère, de directrice de l'hôpital, de conseillère et maîtresse des novices. Pendant son premier triennat comme dépositaire, elle dirigea la construction du nouvel Hôtel-Dieu.

Pourtant, cette jeune moniale si active fut presque toujours malade. Elle eut plus de huit ans la fièvre sans garder le lit, sans se plaindre, sans désister de faire son obéissance, sans perdre ses exercices, soit de choeur, soit de ses offices, soit de communauté. Non seulement elle ne se plaignait pas, mais elle était toujours d'un abord si agréable et d'une si grande douceur que tout le monde en était charmé.

La discrétion de Catherine trompa même ses consoeurs sur ses dispositions intérieures. On considéra, de son vivant, qu'elle se comportait tout simplement comme une bonne religieuse, car, à l'exception de son directeur et de son évêque, personne ne savait ce qui se passait en elle. Les richesses de sa vie intérieure et les merveilles mystiques que l'Esprit-Saint opérait en son âme ne furent révélées qu'après sa mort.

On raconte, à son sujet, des "choses extraordinaires": visions, révélations, combats constants contre les démons. Le bienheureux François de Laval, son évêque, et la bienheureuse Marie de l'Incarnation firent plus grand cas, cependant, de ses solides vertus que "des miracles et des prodiges". Marie de l'Incarnation, pour sa part, estimait que "les grâces que Dieu lui a faites étaient fondées sur trois vertus, qui sont l'humilité, la charité et la patience".

Ces trois vertus, Catherine les pratiqua à un degré vraiment héroïque à partir de 1663, année où le Seigneur lui assigna sa mission personnelle au Canada: être "la victime pour les péchés d'autrui". Jamais, en effet, elle ne souffrit autant, en particulier de la part des démons, qui ne lui laissaient aucun repos, la torturant moralement et la rouant même de coups. Pourtant, jamais rassasiée de peines, l'humble hospitalière désirait s'immoler toujours davantage pour le salut des âmes et pour le bien spirituel de son pays d'adoption. Enfin, consumée par la phtisie, elle mourut le 8 mai 1668, à l'âge de trente-six ans.

Le bienheureux François de Laval, pour qui Catherine de Saint-Augustin était "l'âme la plus sainte qu'il eût connue", avait "une très particulière confiance" en son pouvoir, "car, si elle nous a secourus si puissamment pendant le temps qu'elle a été parmi nous, écrit-il, que ne fera-t-elle pas maintenant qu'elle connaît avec plus de lumière les besoins, soit du pasteur, soit des ouailles?"


Marie Catherine de St-Augustin

Missionnaire «en Canada» à 16 ans

Le 23 avril 1989, les Français et les Québécois ont eu la joie de voir monter sur les autels, Marie-Catherine de Saint-Augustin (Catherine de Longpré), 1632-1668, Moniale hospitalière de l’Hôtel-Dieu de Québec, surnommée «cofondatrice de l’Eglise canadienne». Une fleur de France épanouie au Canada. Elle a été proclamée “Bienheureuse” à Rome par Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II.

Une fleur de France

Catherine de Longpré voit le jour le 3 mai 1632 à St-Sauveur le Vicomte, en Normandie, en France. Catherine est baptisée dans son église paroissiale dédiée à saint Jean-Baptiste, futur patron des Canadiens français.

Les parents de Catherine ont plusieurs enfants, c’est pourquoi la grand-mère maternelle prend l’enfant chez elle et se charge de son éducation. Chez les grands-parents, on reçoit les pauvres, les déshérités, les malades. Catherine est élevée au milieu de cette école de charité. A peine âgée de trois ans et demi, l’enfant brûle déjà d’un ardent désir d’accomplir la volonté de Dieu en tout. Elle ne fait rien sans en demander la permission à une image de la Sainte Vierge et elle révèle, dans son journal, que la Bonne Mère lui répond et qu’elle joue avec l’Enfant-Jésus.

A l’âge de 10 ans, elle signe de son sang son acte de donation totale à la très Sainte Vierge, acte rédigé par elle-même. En 1643, saint Jean Eudes vient prêcher une mission à Saint-Sauveur et prédit à Catherine qu’elle serait religieuse.

Le 7 octobre 1644, notre jeune héroïne, âgée de 12 ans, et sa soeur, frappent à la porte de l’Hôtel-Dieu de Bayeux dans l’intention de se consacrer totalement à Dieu et à Ses oeuvres dans l’Institut des Soeurs Hospitalières de Saint-Augustin. Le 24 octobre 1646, elle prend l’habit religieux en même temps que sa grand-mère qui, devenue veuve, l’a rejointe au monastère. Elle prend le nom de Marie-Catherine de Saint-Augustin.

Épopées canadiennes

C’est le temps des grandes épopées canadiennes. Soeur Marie-Catherine en entend parler et elle nourrit le désir de rejoindre ses devancières en ce pays sauvage. Le 12 avril 1648, elle signe son engagement pour le Canada.

Le navire «Le Cardinal» qui porte notre héroïne fait voile le 31 mai 1648. La traversée est pénible et longue, elle dure 3 mois. La maladie en fait périr plusieurs. Soeur Marie-Catherine est atteinte de la peste elle-même, maladie incurable. Elle va mourir, elle voit un affreux dragon se lancer sur elle. Cependant Dieu la veut au Canada, Il veille sur elle, la très Sainte Vierge la guérit et le dragon s’enfuit.

«Le Cardinal» jette l’ancre à Québec, le 19 août 1648. Toutes ces tribus, à l’exception des Iroquois, sont les amies des Français.

Les Ursulines sont onze et instruisent les filles françaises et amérindiennes. Et les Hospitalières, au nombre de cinq à l’arrivée de Soeur Marie-Catherine, soignent les malades. Elles ont à endurer la rigueur des hivers canadiens, la nourriture grossière, le manque de vivres, la crainte continuelle de l’Iroquois, l’isolement de toute civilisation séparée par l’océan.

À la tâche

Arrivée à Québec, Soeur Marie-Catherine se met courageusement à l’oeuvre, partage les durs travaux de ses devancières et apprend les langues indiennes. Elle manifeste vite de bonnes qualités d’infirmière et fait montre d’un sens pratique remarquable. Elle est aimée de tous. Elle exerce au sein de la Communauté les fonctions d’économe, de maîtresse des novices et de directrice générale de l’hôpital entièrement dévouée à la cause des malades et des plus démunis. La Supérieure, Mère Saint-Bonaventure se réjouit de posséder en Soeur Marie-Catherine un sujet d’une si haute perfection.

Le 16 mars 1649, le Père Jean de Brébeuf est martyrisé par les Iroquois. Il a 56 ans. Il ne désirait que de verser son sang pour Jésus-Christ. Soeur Marie-Catherine est guidée dans son ascension vers la sainteté par le Père Paul Raguenau, Supérieur de l’Hôtel-Dieu et l’un des plus grands apôtres de la Nouvelle-France; et aussi par le Père Jean de Brébeuf qui lui apparaît très fréquemment.

Par sa bonne grâce et sa charité, notre jeune hospitalière gagne vite l’amitié des Amérindiens. Elle leur enseigne le catéchisme. Elle-même affronte la mort avec courage. En 1651, elle écrit ces admirables lignes au grand vicaire de Bayeux: «Nous sommes entre la vie et la mort. Il n’y a personne qui soit assuré d’être garanti de la fureur de ces barbares. Tout cela, je vous assure, ne me fait pas peur. Je sens mon coeur disposé à faire et à souffrir tout ce qu’il plaira à mon Bon Maître de m’envoyer...»

En 1652, Soeur Marie-Catherine est assaillie par deux tentations: l’une d’impureté et l’autre de retourner en France. Elle combat vaillamment la première, par la prière, le jeûne, les disciplines, se couchant sur la dure, etc. A la tentation de quitter le Canada, elle répond par un voeu de perpétuelle stabilité dans sa patrie d’adoption.

Soeur Marie-Catherine est gratifiée de quantité d’extases et de visions, visions de la Vierge dans son Assomption, vision merveilleuse de la Cité mariale dans le Paradis, visions fréquentes de Notre-Seigneur, visions de saint Michel, de saint Joseph, de plusieurs autres saints du Paradis dont le Père de Brébeuf que Dieu Lui-même lui donne comme directeur spirituel; visions d’âmes du purgatoire sauvées par elle; visions des consciences; visions de personnes décédées en France dont elle annonce la mort au Canada, avant que la nouvelle en arrive par les bateaux.

Monseigneur de Laval

Monseigneur de Laval, nommé le 24 juin (fête de saint Jean-Baptiste)1658, vicaire apostolique au Canada, sacré évêque le 8 décembre (fête de l’Immaculée Conception), arrive à Québec le 9 juin 1659.

Le 24 août (la Saint-Barthélemy) de la même année, il administre le sacrement de Confirmation à Soeur Marie-Catherine et à 100 Amérindiens. A cette occasion, Soeur Marie-Catherine voit se dérouler dans le Ciel, d’une manière mystique, le sacrement de Confirmation.

Mgr de Laval connaît déjà le trésor de sainteté que possède l’Hôtel-Dieu dans la personne de Soeur Marie-Catherine, il la consulte très souvent et recommande à ses prières les affaires les plus importantes du diocèse.

Obsession des démons

En 1660, on confie une possédée du démon aux bons soins de Soeur Marie-Catherine. Les démons enragés contre la sainte religieuse lui apparaissent et la battent atrocement. Ils lui donnent une aversion effroyable de la communion. Et quand elle prie pour les pécheurs, Dieu permet qu’elle soit comme une prison où les démons sont contraints de demeurer, ainsi, ils ne peuvent faire de mal à d’autres.

Tremblement de terre

Le commerce de l’eau-de-vie éclate comme un fléau sur la Nouvelle-France. Mgr de Laval décide de repasser en France pour recourir à l’autorité du Roi.

Soeur Marie-Catherine voit Notre-Seigneur extrêmement irrité. Elle le prie de convertir les coupables et s’accable de pénitences.

Le 5 février 1663, débute le prodigieux tremblement de terre par tout le Canada qui dure 7 longs mois. Dieu favorise Soeur Marie-Catherine de la vision du tremblement de terre au Canada avant qu’il ait lieu, afin de l’engager à prier et à s’offrir en holocauste pour les péchés du peuple. Pendant le séisme, elle s’offre en holocauste, enfin Dieu se laisse toucher et permet que tout le peuple se convertisse et, malgré les secousses violentes, (6.9) il n’y a aucune perte de vie.

Notre-Seigneur flagellé

Soeur Marie-Catherine voit Notre-Seigneur fraîchement flagellé, tout couvert de sang.

La haine que les démons lui inspirent contre Dieu se change en un amour si fort et si tendre qu’elle en est entièrement transformée et elle conçoit une horreur très forte du péché.

Elle offre aussi ses souffrances pour les âmes du purgatoire. Elle en délivre plusieurs.

Soeur Marie-Catherine obtient par ses prières et ses souffrances la conversion du gouverneur de la Nouvelle-France, M. de Mésy qui laissait libre cours au commerce de l’eau-de-vie. Puisse-t-elle obtenir aussi la conversion de nos ministres et députés actuels.

Modèle de l’hospitalière au chevet des malades, si elle leur prodigue tous les soins du corps, elle est mille fois plus préoccupée du salut de leur âme. Elle demande à Dieu et obtient la faveur que personne, de son hôpital, ne meure sans être en état de grâce.

Le Ciel s'ouvre

Le 20 avril 1668, elle est prise d’un crachement de sang. Elle s’éteint le 8 mai 1668, fête de saint Michel Archange. La belle âme de Soeur Marie-Catherine s’envole au Ciel, à l’Hôtel-Dieu de Québec à l’âge de 36 ans. Le corps de la sainte hospitalière est exposé dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu. “Son visage, dit la «Relation des Jésuites», resta comme celui d’une personne qui serait en contemplation.” Toute la ville de Québec qui visite le corps de la sainte est témoin de cette merveille.

Pour avoir offert sa vie pour l’Église et le salut de la Nouvelle-France, Marie-Catherine de Saint-Augustin est considérée cofondatrice de l’Église du Canada. Le Saint-Père Jean Paul II l’a proclamée «Bienheureuse» le 23 avril 1989.

Notre patrie fondée par des saints

Oui, notre patrie a été fondée par le sang des martyrs, l’holocauste des saints, la sueur de nos colons. Ceux qui en ont pris possession l’ont fait au nom du Christ.

Comme le proclamait le Cardinal Pie pour la France, on peut le répéter pour notre Nouvelle-France :

«Jésus-Christ est la pierre angulaire de notre pays, le sommaire de notre histoire, Jésus-Christ, c’est tout notre avenir...»

Therese Tardif

Source: Documents du Centre Catherine de St-Augustin, 32 Charlevoix, Québec, QC, G1R 3R9 - Tél. 1 418 692 2492

Marie-Catherine de Saint-Augustin

Catherine de Longpré est née et baptisée le 3 mai 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en basse Normandie. Élevée par ses grands-parents, Catherine entre vite en contact avec les pauvres et les malades que sa grand-mère reçoit chez elle. Elle n’a que 3 ans quand elle demande au Père Jésuite, ami de la famille ce qu’il faut pour plaire à Dieu. Celui-ci lui montre un malade en lui expliquant que c’est en acceptant sa maladie qu’il fait la volonté de Dieu. Ce sera son leitmotiv toute sa vie durant. Elle entre au Monastère des « Augustines de Bayeux » à l’âge de 12 ans et demi. Elle prend l’habit religieux à 14 ans le 24 octobre 1646 et se nommera désormais Marie- Catherine de Saint-Augustin.

À 16 ans, le 31 mai 1648, Soeur Catherine, quitte la France pour le Canada. Elle répond à une demande d’aide de la part des premières religieuses hospitalières venues fonder le premier hôpital en Amérique, au nord du Mexique, soit l’Hôtel-Dieu de Québec établi en Nouvelle-France depuis 1639. Le voyage en mer dure trois mois durant lequel elle attrappe la peste, maladie incurable, mais la Vierge Marie la guérit. Malgré son jeune âge elle a une grande mission à accomplir.

Arrivée à Québec le 19 août suivant, elle se met courageusement à l’oeuvre, partage les durs travaux de ses devancières et apprend les langues indiennes. Elle manifeste vite de bonnes qualités d’infirmière et fait montre d’un sens pratique remarquable. Elle est aimée de tous. Elle exerce au sein de la Communauté les fonctions d’économe, de maîtresse des novices et de directrice générale de l’hôpital entièrement dévouée à la cause des malades et des plus démunis.

Marie-Catherine de Saint-Augustin consacrera sa vie au service des autres, manifestant une charité exemplaire. Elle accomplit donc au Canada une mission apostolique de grande importance au service de ce nouveau pays qu’elle a adopté avec beaucoup d’ardeur et d’amour.

Elle s’éteint le 8 mai 1668 à l’Hôtel-Dieu de Québec à l’âge de 36 ans. Pour avoir offert sa vie pour l’Église et le salut de la Nouvelle-France, Marie-Catherine de Saint-Augustin est considérée co-fondatrice de l’Église du Canada. Reconnue « Vénérable » par Rome le 9 mars 1984, le Saint-Père Jean Paul II l’a proclamée « Bienheureuse » le 23 avril 1989.

SOURCE : http://beta.ecdq.org/renseignements-generaux/histoire/marie-catherine-de-saint-augustin/



Monument Marie-Catherine-de-Saint-Augustin. Œuvre de Jules Lasalle inaugurée en 1991 au 32, rue Charlevoix à Québec. Catherine de Saint-Augustin n’a que 16 ans lorsqu’elle quitte la France pour Québec, en 1648. Elle se joint aux Augustines de l’Hôtel-Dieu, où elle se consacre au soin des pauvres et des malades. Le monument la représente adossée à un pilier du monastère de Bayeux, en Normandie, à la veille de son départ. Une réplique de sa statue a été érigée à Bayeux.


SIMON DE LONGPRÉ, MARIE-CATHERINE DE, dite de Saint-Augustin, religieuse de l’Hôtel-Dieu de Québec, fille de Jacques Simon, sieur de Longpré, et de Françoise Jourdan, née le 3 mai 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte (Basse-Normandie), décédée à Québec le 8 mai 1668.

      Enfant précoce, Catherine grandit sous la protection de sa grand-mère et de son aïeul maternel, M. de Launé-Jourdan, « homme d’oraison et grand aumônier, dont la vertu a été estimée de tout le monde ». À trois ans, elle se révèle éprise d’absolu et d’héroïsme, s’enquiert des moyens d’accomplir en tout la volonté de Dieu. Le père Malherbe, jésuite, son maître en spiritualité, le lui explique en présence d’un pauvre tout couvert d’ulcères. Et Catherine d’en conclure qu’il est plus facile de trouver Dieu dans les humiliations et les souffrances que dans la prospérité. La bambine se prend alors « avec des instances qui ne sont pas croyables » à souhaiter « bien des maladies ». Un mal d’oreilles qui dégénère en carie des os se met à la tourmenter. Catherine s’exerce à tout accepter dans la joie et guérit malgré les traitements des chirurgiens de l’époque, espèces de charlatans que Molière n’avait pas tort de ridiculiser. Sans sourciller, le père Ragueneau montre un de ces « opérateurs » en train de verser de la cendre rouge dans les oreilles de Mlle de Longpré.

      À dix ans, Catherine, « sans l’aide d’aucune personne visible », compose une donation à la Sainte Vierge. Pièce digne d’un adulte. Tout comme ses contemporains de la première partie du xviie siècle, la fillette se déclare avide de chevauchées épiques. Ainsi, son impétuosité éclate en formules absolues : « Eloignez de mon cœur toute impureté, faites-moy plutôt mourir maintenant que de permettre que mon cœur et mon âme soient soüilléz de la moindre tache. »

      Malgré leur parti pris de panégyrique, les hagiographes notent une volte-face dans l’attitude de Catherine. Simple crise d’adolescence ou prise de conscience d’une profonde et attachante féminité. Catherine s’aperçoit qu’elle est jolie, intelligente, aimable et se sert de ses charmes pour conquérir l’entourage. Elle imite un brin les précieuses de l’hôtel de Rambouillet, chante des chansons d’amour, lit des romans. Peut-être l’Astrée et Polexandre. Résumant cette courte période d’effervescence, Catherine écrit : « J’ay pris plaisir à être aimée et à rechercher de l’amitié sans le vouloir faire paroître, au contraire, témoignant beaucoup de rigueur, afin de passer pour un esprit fort. »

      À 12 ans et 6 mois, Catherine traverse une « rude secousse » : elle sent que Dieu l’appelle au cloître, mais se rebiffe parce que le monde l’attire. « Je tâchois, dit-elle, d’étouffer tout à force de divertissemens. » Mais toujours poursuivie par la hantise de contenter Dieu, elle entre chez les hospitalières de Bayeux, le 7 octobre 1644, où elle retrouve sa sœur aînée. Se trouvant « trop jeune et trop petite » pour prendre une décision définitive, elle avertit crânement les autorités de l’hôpital qu’elle ne vient pas au noviciat dans le dessein formel d’y rester, « mais seulement d’essayer et voir un peu comme les Religieuses font ». On l’éprouve « au double », de crainte que sa vocation ne soit fondée sur le respect humain. Cependant, Catherine demeure ferme, lance un défi à la maîtresse des novices : « Faites-moy tout ce que vous voudrez, vous ne m’ôterez point l’Habit, et je ne sortiray d’icy, sinon pour aller en Canada. »

      Paroles prophétiques qui ne tardent pas à se réaliser. Les hospitalières de Québec demandent justement du renfort à leurs mères de France. En tête se présentent les deux sœurs de Longpré. Catherine, surtout, qui n’a pas l’âge de faire profession. Et la famille de s’alarmer. L’aînée cède aux instances de ses parents, mais la cadette brave toutes les poursuites. M. de Longpré s’indigne, présente « Requête en Justice » pour empêcher le départ de sa fille. Inflexible, la novice fait vœu de vivre et de mourir en Canada, si Dieu lui en ouvre les portes. Le papa s’adoucit et donne son consentement. De leur côté, les religieuses hésitent à perdre un sujet qui promet de rendre de si grands services au monastère de Bayeux. Enfin, Catherine s’embarque pour Québec. Elle n’a pas encore 16 ans, âge requis pour la profession. On lui permet de prononcer des vœux simples. À Nantes, elle fait profession dans la chapelle de Notre-Dame-de-Toute-Joie. Sur mer, elle pense mourir de la peste. Après trois mois de navigation, elle aborde en Nouvelle-France le 19 août 1648.

      À cette époque, Québec n’est qu’un petit bourg au sein de la barbarie. Catherine descend dans un Hôtel-Dieu qui ressemble « plutôt à une cabane qu’à un hôpital. » Et quelle atmosphère dans le pays ! Les Iroquois massacrent les Hurons, martyrisent les missionnaires, brûlent les habitations et menacent de ruiner la colonie. Dans une lettre du 9 novembre 1651, mère Catherine écrit : « Nous ne nous pressons pas pour achever le reste de nos bâtimens, à cause de l’incertitude où nous sommes, si nous demeurerons long-temps icy. »

      Bientôt mère Catherine se taille une réputation de religieuse exemplaire : on l’estime un trésor, on l’aime, on lui trouve un naturel accompli. Mais sa santé est si languissante que les hospitalières de Bayeux s’alarment et l’invitent à repasser en France. La jeune moniale décline ces offres : « Je tiens trop au Canada, s’exclame-t-elle, pour m’en pouvoir détacher. Croyez-moy, ma chère tante, il n’y a que la mort, ou un renversement général du pais qui puisse rompre ce lien. »

      On la voit tour à tour dépositaire (1659), première hospitalière (1663), maîtresse des novices (1665). En 1668, la communauté songe à l’élire supérieure. Le 20 avril de cette même année, elle est prise d’un crachement de sang. Le 8 mai, elle meurt âgée de 36 ans.

      Après 1668, les secrets de mère Catherine sortent de l’ombre. Au Canada, voire en Europe, on parle des faits extraordinaires survenus à l’Hôtel-Dieu de Québec. En 1671, le père Paul Ragueneau publie La Vie de Mère Catherine de Saint-Augustin. Du coup, le public plonge dans l’intimité de la jeune moniale. Jusque-là, elle avait paru en paix avec la terre et l’au-delà ; mais voici qu’on apprend une foule de choses troublantes au sujet de cette hospitalière si sereine et si empressée à passer inaperçue. Comme la sainteté lui a coûté cher ! Sa vertu s’est perfectionnée dans les combats. Dieu permit qu’elle fût obsédée, c’est-à-dire tourmentée d’une façon manifeste et extérieure par le diable. Parfois, affirme Ragueneau, une si grande foule de démons assaillaient mère Catherine qu’ils semblaient nombreux « comme les atomes qu’on voit en l’air à la faveur du Soleil » (p. 160). En compagnie de ces anges noirs, elle souffrait d’une sorte de dédoublement psychologique : nature affinée, elle cohabitait avec des êtres pervers. À ce supplice ontologique, ajoutez une espèce de dualisme moral : d’une part, elle éprouvait une haine inexprimable pour la moindre souillure ; d’autre part, elle sentait le péché comme imprimé dans son cœur et regrettait de n’être pas assez impie, pas « avec assez de plénitude semblable aux démons » (p.125). Rien d’étonnant qu’elle ait frôlé l’abîme du désespoir : « Je sentais un désir véhément d’être damnée au plûtost. » (p.206s.)

      Au lieu de crier au secours, d’implorer sa délivrance, mère Catherine passe aux limites de la générosité et lance cette prière pathétique : « Mon Sauveur et mon Tout ! Si la demeure des démons vous est agréable dans mon corps, je suis contente qu’ils y fassent un aussi long séjour qu’il vous plaira ; pourveu que le péché n’entre pas avec eux, je ne crains rien, et j’espère que vous me ferez la grâce de vous aimer à toute éternité, quand bien même je serois au fond de l’enfer. » (p ;50)

      Catherine de Saint-Augustin raconte que Dieu lui a donné comme directeur le père Jean de Brébeuf lui-même, natif aussi de Bayeux et mort depuis 1649. Ce missionnaire n’avait jamais, de son vivant, rencontré mère Catherine de Saint-Augustin. La religieuse dit avoir souvent reçu, à partir de 1662, la visite de ce bienheureux jésuite chargé de la guider, de la consoler et parfois de la modérer dans ses mortifications. Mais à certains jours, lui-même semblait se dérober. Pour le gagner, Catherine lui parlait avec la simplicité d’une enfant : « Que je suis aise, mon Père, que vous ayez un peu de joye et de satisfaction maintenant, de me voir ainsi crucifiée : fâchez-vous contre moy tant qu’il vous plaira ; je vous regarderay et vous aymeray toujours comme mon bon et charitable Père. » (p.207)

      À maintes reprises, mère Catherine précise qu’elle souffre pour le Canada en passe de subir de graves châtiments pour les crimes qui s’y commettent. Ce rôle de victime assumé pour la colonie place Catherine au nombre des fondateurs de l’Église canadienne. Tandis que d’autres ont conquis la forêt, les fleuves, l’hiver et les Indiens, elle a porté les péchés de sa patrie d’adoption et combattu corps à corps avec les puissances infernales.

      Que penser de ces manifestations extraordinaires ? D’abord que le père Ragueneau les raconte d’une façon lourde, à la mode des anciens hagiographes plus habiles à dégoûter de la vertu qu’à bien camper leurs personnages. Cependant, le premier biographe de mère Catherine avertit qu’il a composé la Vie d’après le Journal même de l’hospitalière. Comme ce document est disparu, une critique interne s’impose pour apprécier l’œuvre du père Ragueneau. En attendant ce travail scientifique, il reste de nombreux témoignages en faveur de mère Catherine. Témoignages de contemporains qui s’accordent à faire l’éloge de l’héroïque moniale.

      D’abord, Les Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec publient une notice nécrologique digne de mention. Notons ce paragraphe : « Cette chère Mère mourut en odeur de sainteté, le 8e de may 1668, âgée de trente-six ans et cinq jours, regrettée universellement de toute la Communauté et de toute la colonie, comme une âme qui attirait de grandes grâces sur ce pauvre pays. Elle a passé vingt ans au Canada, où elle a beaucoup édifié tout le monde et rendu à Dieu bien de la gloire par les actes héroïques de vertu qu’elle y a pratiqués, quoiqu’à l’extérieur elle menât une vie commune qui cachait soigneusement les trésors de grâces que Dieu avait mis en elle. »

      Plus loin, l’annaliste note que la Vie de mère Catherine eut l’avantage de déplaire aux Messieurs de Port-Royal « qui projetèrent de la déférer à la Sorbonne » apparemment pour la faire condamner.

      Voici comment la mère Marie Forestier de Saint-Bonaventure, supérieure de l’Hôtel-Dieu en 1668, annonce le décès de sa fille aux hospitalières de Bayeux : « De vous témoigner nos ressentimens sur une telle perte, c’est ce qui ne se peut ; car nous avons perdu ce que nous ne recouvrerons jamais, le meilleur et le plus aimable sujet qui se puisse jamais voir : Un naturel des mieux faits et le plus avantageux qui se puisse dire ; une fille paisible, charitable et prudente autant qu’il se peut imaginer : d’une vertu aussi rare que la conduite de Dieu sur elle étoit extraordinaire. Nôtre douleur est si juste et si sensible que nous n’en parlons et n’y pensons qu’avec larmes. »

      De son côté, Mgr de Laval* écrivait lui-même à la supérieure des hospitalières de Bayeux : « Ma chère Mère, il y a grand sujet de bénir Dieu de la conduite qu’il a tenuë sur nôtre Sœur Catherine de saint Augustin. C’étoit une âme qu’il s’étoit choisie pour luy communiquer des grâces très-grandes et très-particulières : sa sainteté sera mieux connuë dans le Ciel qu’en cette vie ; car asseurément elle est extraordinaire. Elle a beaucoup fait et beaucoup souffert avec une fidélité inviolable, et un courage qui étoit au dessus du commun. Sa charité pour le prochain étoit capable de tout embrasser pour difficile qu’il fût. Je n’ay pas besoin des choses extraordinaires qui se sont passées en elle pour être convaincu de sa sainteté ; ses véritables vertus me la font parfaitement connoître. »

      Intrigué par toutes les histoires merveilleuses qui circulaient sur le compte de mère Catherine, le père Poncet de La Rivière, ancien missionnaire de la Nouvelle-France, consulte Marie de l’Incarnation [V. Guyart]. Après l’incendie de son monastère (30 décembre 1650), celle-ci avait vécu trois semaines à l’Hôtel-Dieu de Québec. Ce séjour lui avait permis de rencontrer mère Catherine et de la trouver admirable. Cependant mère Marie de l’Incarnation se montre prudente dans sa réponse au père Poncet : « De vous dire mon sentiment sur des matières si extraordinaires, ainsi que vous le désirez, je ne le puis, et je vous supplie de m’en dispenser, voiant que des personnes de science et de vertu y suspendent leur jugement, et demeurent dans le doute, n’osant pas se fier à des visions extraordinaires de cette qualité. Le révérend Père Ragueneau y est sçavant et la tient pour bien-heureuse, parce qu’elle a toujours été fidèle dans ses devoirs, et qu’elle n’a jamais cédé au démon, sur lequel elle a toujours été victorieuse. J’estime que cette fidélité dans ses obligations et dans ses combats la rende grande dans le Ciel, et je m’y appuie plus volontiers que sur les visions que j’en entend dire. Et ce qui a encore étonné les personnes de vertu et d’expérience, c’est qu’elle n’a jamais dit un mot de sa conduite à sa Supérieure, qui est une personne très éclairée, d’une grande expérience, et d’une singulière vertu. » Plus loin, Marie de l’Incarnation précise : « Ce n’est pas manque de fidélité ni de soûmission qu’elle a tenu tout cela secret, mais par l’ordre qu’elle en avoit de ses Directeurs, pour la nature de la chose qui eût été capable de donner de la fraieur. »

      Par sa vie débordante d’activité, sa discrétion, sa belle humeur, mère Catherine prouve qu’elle n’avait rien d’une hystérique. Conscient d’écrire un livre propre à soulever des controverses, le père Ragueneau commence par des avis au lecteur. Dans cette apologie liminaire, mère Catherine apparaît parfaitement équilibrée, à l’abri de tous les pièges de l’imagination. Cette Vie s’ouvre sur une image symbolique gravée à la demande de Mgr de Laval. En bas, on aperçoit Satan et les âmes du purgatoire ; au centre, des anges et mère Catherine tenant une grande croix ; dans le ciel, le père de Brébeuf, une palme à la main ; au sommet, la Vierge et Jésus-Christ. Sorte de raccourci biographique, cette image ne fait pas fortune au xxe siècle. À cette iconographie compliquée, nous préférons le visage délicat de mère Catherine de Longpré, celui qui orne le petit oratoire de l’Hôtel-Dieu de Québec. Vive, délurée, cette délicieuse petite Normande s’est élancée au paradis au galop de l’héroïsme. Qu’on la présente surtout comme missionnaire en terre lointaine, comme infirmière, comme femme entreprenante, morte le Te Deum aux lèvres. Et mère Catherine sortira glorieuse de l’ombre pour rassurer théologiens et psychiatres.

Marie Guyart de l’Incarnation, Lettres (Martin) ; Lettres (Richaudeau).— JR (Thwaites), XXXII.— Juchereau, Annales (Jamet).— Paul Ragueneau, La vie de Mère Catherine de Saint-Augustin (Paris, 1671).— P.-G. Roy, La Ville de Québec, I : 207s.— Les Ursulines de Québec, I : 9.

SOURCE : http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=269&&PHPSESSID=ychzfqkvzape


Paul Ragueneau (1608-1680). La vie de la mère Catherine de Saint Augustin, Paris: 1671,

Mémoire de Catherine de Saint-Augustin, du Québec à la Normandie

par Thierry, Éric

Placée au nombre des fondateurs de l’Église canadienne, Catherine de Saint-Augustin a été béatifiée par le pape Jean-Paul II en 1989. Née en 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Normandie, sous le nom de Catherine de Longpré, elle est entrée en 1644 chez les hospitalières de Bayeux. Elle n’a pas tardé à se porter volontaire pour seconder les religieuses ayant la charge de l’Hôtel-Dieu de Québec et elle a débarqué en Nouvelle-France en 1648. Elle y a mené une vie exemplaire puis elle y est morte toute jeune encore, de maladie, en 1668. Sa renommée grandissante au Québec, à compter de la fin du XIXe siècle, a permis à son pays natal de la redécouvrir.

Article available in English : Catherine de Saint-Augustin, Remembered from Quebec to Normandy

Succès et discrédit de la Vie écrite par le père Ragueneau

L’ancien confesseur de Catherine de Saint-Augustin, le jésuite Paul Ragueneau, publie en 1671 une Vie de la mère Catherine de Saint-Augustin. L’ouvrage révèle les combats que la religieuse a dû livrer contre des démons, les apparitions du Christ, de la Vierge et de plusieurs saints dont elle a été témoin et le rôle de victime qu’elle a assumé pour le salut de la colonie. Dès sa publication, le livre connaît un grand succès dans les milieux dévots, tant en Normandie que dans le reste de la France. Il raffermit la ferveur de communautés religieuses, comme celle des visitandines de Caen, suscite la dévotion de prélats, comme Maupas du Tour, évêque d’Evreux, et sert même à l’édification de laïcs, comme ce jeune Parisien oisif qui, selon l’annaliste de l’Hôtel-Dieu de Québec, se résout à devenir missionnaire jésuite au Canada en le lisant (NOTE 1).

La Vie de la mère Catherine de Saint-Augustin paraît toutefois alors que la mystique commence à susciter beaucoup de méfiance et que la condamnation du quiétisme(NOTE 2) va finir par la discréditer. Dès 1691, le récollet Chrestien Le Clercq se moque du père Ragueneau qui a placé le diable dans une dent de Catherine de Saint-Augustin, « pour faire paraître sa sainteté », et qui a évoqué la vision de Catherine de Saint-Augustin de quatre démons secouant la ville de Québec, « par les quatre coins », lors du tremblement de terre de 1663 (NOTE 3). Dans son Histoire et description générale de la Nouvelle-France publiées en 1744, le père de Charlevoix a beau tenter de défendre son confrère de la compagnie de Jésus, en écrivant que « dans la conduite de Dieu à l’égard des Ames, à qui il fait part de ses communications les plus intimes, il y a des Mysteres cachés, qu’il est inutile, et quelquefois dangereux de dévoiler aux yeux du Public »(NOTE 4) les « choses extraordinaires »(NOTE 5), et plus précisément les interventions de diables tourmenteurs, ne sont plus communément admises dans la littérature hagiographique.

Le discrédit, dans lequel se trouve le livre du père Ragueneau au XVIIIe siècle, se prolonge au siècle suivant. Au Canada, en 1845, l’historien François-Xavier Garneau n’hésite pas à faire de Catherine de Saint-Augustin une adepte du quiétisme (NOTE 6), et en Normandie, trois ans plus tard, l’éditeur de l’Annuaire du département de la Manche, dans lequel l’érudit cherbourgeois Victor Le Sens vient de publier un article sur la religieuse, se sent obligé de préciser en note que « le jésuite Ragueneau, son biographe, a inséré dans l’histoire de cette sainte fille des mensonges pieux, comme en ont inventés tant d’écrivains de son ordre »(NOTE 7).

Catherine de Saint-Augustin réhabilitée

Il faut attendre la publication au Canada, en 1878, de l’Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec de l’abbé Henri-Raymond Casgrain pour voir réhabilitée Catherine de Saint-Augustin. Victime immolée pour sauver la Nouvelle-France des « désordres »(NOTE 8) des années 1660, selon le point de vue hagiographique de l’abbé Casgrain, la sainte hospitalière de Québec ne pourrait-elle pas assurer le salut de l’ancienne France déchristianisée des années 1870 ? Le chanoine normand Le Cacheux est encouragé par l’historien canadien-français à trouver dans l’ouvrage du père Ragueneau la matière d’un article sur « une famille chrétienne au XVIIe siècle à Saint-Sauveur-le-Vicomte », celle de Catherine de Longpré. Il le publie, de janvier à mars 1878, dans la Semaine religieuse du diocèse de Coutances et Avranches et, en 1891, un autre curé de Normandie lecteur de Casgrain, Eugène Viel, fait de Catherine de Saint-Augustin une des « gloires du Cotentin » et espère « contribuer à la solennelle glorification par le Saint-Siège de cette fidèle Amante de Jésus-Christ »(NOTE 9).

Cette étude publiée à compte d’auteur a peu de succès en France, mais la renommée de Catherine de Saint-Augustin ne cesse de grandir au Québec. Comme on sait désormais qu’elle a eu pour directeur secret le père Jean de Brébeuf tué en 1649, sa cause profite de celle des « saints Martyrs canadiens ». Depuis sa fondation en 1892, un mensuel de Montréal, le Messager canadien du Sacré-Cœur de Jésus, relaie les efforts de l’Eglise canadienne pour faire canoniser les missionnaires jésuites victimes de la fureur iroquoise et, en 1907, son directeur, le père Léonidas Hudon, publie une Vie de la mère Marie-Catherine de Saint-Augustin. Le livre doit beaucoup à l’ouvrage du père Ragueneau et parvient à susciter à l’hospitalière « de nombreux imitateurs dans l’esprit d’apostolat et l’amour de la croix »(NOTE 10).

Les lents progrès de la cause

Le dossier du procès apostolique des « saints Martyrs canadiens » est remis à la sacrée congrégation des rites en 1923 et le procès informatif de Catherine de Saint-Augustin commence la même année à Québec, puis un an plus tard à Bayeux. Là témoigne l’académicien français Georges Goyau qui vient de publier ses Origines religieuses du Canada. Son ouvrage met en relief « l’âge des Martyrs » et rend hommage à Catherine de Saint-Augustin(NOTE 11). Georges Goyau a lu le livre du père Hudon et favorise sa réédition à Paris en 1925.

Une fleur mystique de la Nouvelle France connaît un réel succès auprès des catholiques de France et revivifie la dévotion des hospitalières de Bayeux, mais la cause de Catherine de Saint-Augustin suit son cours avec lenteur, alors que les « saints Martyrs canadiens » sont canonisés dès 1930. Un regain d’intérêt est suscité au Québec par la création du comité des fondateurs de l’Eglise du Canada en 1941 et par la campagne de prières que celui-ci organise l’année suivante pour la béatification et la canonisation de François de Laval, Marguerite Bourgeoys, Marie de l’Incarnation et Catherine de Saint-Augustin.

En Normandie, malgré l’occupation allemande, le clergé est tenu informé et l’abbé Léon Blouet fait paraître, en 1942, une étude intitulée Une Normande héroïque. Toutefois, les ravages de la bataille qui suit le débarquement du 6 juin 1944 occultent ses efforts et il faut finalement attendre l’ouvrage de Marthe Ponet-Bordeaux, publié en 1957 par les prestigieuses éditions Grasset de Paris, pour entendre de nouveau parler de Catherine de Saint-Augustin dans son pays natal(NOTE 12).

L’hospitalière de Québec apparaît alors d’actualité, comme le rappelle le père de Parvillez dans son avant-propos : « Nous sommes à l’heure des Mouvements de jeunesse, et Catherine, si Dieu lui fait escalader nos autels, sera la plus précoce de nos saintes. Nous sommes au siècle des missions, et nos jeunes filles écoutent l’appel des terres lointaines : Catherine fut l’une des premières à comprendre qu’une religieuse pouvait être missionnaire. Nous assistons à la promotion de la femme, et celle-ci cherche son équilibre entre les tâches grandioses qui lui deviennent accessibles et les besognes familiales, maternelles, auxquelles sa nature la prépare. Et Catherine, que nulle initiative n’effrayait, s’est bornée pourtant à son emploi d’infirmière : destinée à la fois héroïque et féminine »(NOTE 13).

À l’approche du troisième centenaire de la mort de la religieuse, les Normands et les Québécois finissent par se mobiliser ensemble, et c’est Saint-Sauveur-le-Vicomte qui est choisi comme cadre pour une importante cérémonie organisée le 8 mai 1968 par les associations Normandie-Canada et Canada-Normandie, le comité d’expansion économique Québec-Normandie, la ville et l’archevêché de Québec, et la commune natale de Catherine de Saint-Augustin. Ce jour-là, Gilles Lamontagne, maire de Québec, inaugure une rue Catherine- de-Longpré et Mgr Bélanger, représentant du cardinal Roy, archevêque de Québec, bénit une plaque scellée dans l’église à proximité des fonts baptismaux datant du début du XVIIe siècle.

La béatification

Malgré la mobilisation des fidèles, la cause poursuit lentement son chemin puisque c’est seulement en 1980 qu’elle est portée à Rome. Encore faut-il, à partir du dossier constitué, bien mettre en évidence la sainteté de Catherine de Saint-Augustin. À la demande des augustines de Québec, le moine bénédictin Guy-Marie Oury se met au travail et sa démonstration semble convaincre : le 9 juin 1984, l’Église proclame l’héroïcité des vertus de Catherine de Saint-Augustin et, le 23 avril 1989, le pape Jean-Paul II béatifie cette amoureuse de Dieu qui s’est sacrifiée par charité. A cette occasion, sur la place Saint-Pierre de Rome, des hospitalières de Bayeux retrouvent une importante délégation d’augustines et d’ursulines québécoises dirigée par l’archevêque de Québec, le cardinal Vachon, mais les fidèles normands sont très peu nombreux à leurs côtés. Il faut les visites des Québécois, de retour de Rome, pour susciter leur intérêt.

Alors que la cérémonie romaine n’a même pas été couverte par la presse régionale, des articles relatent la messe d’action de grâce concélébrée le 30 avril dans la cathédrale de Bayeux et l’inauguration par le cardinal Vachon, le 2 mai, à Saint-Sauveur-le-Vicomte, d’une résidence pour personnes âgées portant le nom de Catherine de Longpré. Deux ouvrages paraissent au même moment : l’un, écrit par le journaliste local Pierre Leberruyer, est une nouvelle biographie très inspirée de celle du père Ragueneau, et l’autre est une histoire du monastère des hospitalières de Bayeux due à François Petit, un père de l’abbaye prémontrée de Juaye-Mondaye.

Les augustines de Bayeux croient en un avenir radieux pour la dévotion à leur bienheureuse sœur, car elles ont reçu, le 18 avril 1989, une relique offerte par la communauté de l’Hôtel-Dieu de Québec et, le 27 septembre 1990, elles participent à l’inauguration d’une statue en bronze due au sculpteur montréalais Jules Lasalle et offerte par l’association des amis québécois de Catherine de Saint-Augustin(NOTE 14). Le 8 mai 1991, tout près de la place du Québec sur laquelle se dresse la représentation de la bienheureuse, elles ouvrent un centre Catherine-de-Saint-Augustin destiné à informer les pèlerins et les simples curieux.

Malheureusement, durant l’automne 2004, ce centre doit fermer, à cause du départ pour Pont-L’Evêque de la communauté vieillissante. Depuis, la précieuse relique venue de Québec est exposée dans la cathédrale de Bayeux, dans une chapelle qui jouxte celle consacrée à sainte Thérèse de Lisieux. Comme l’a rappelé la Québécoise Denise Pepin, ce voisinage n’est pas fortuit : « Toutes deux sont nées "filles de Normandie". Toutes deux sont jeunes, ardentes, éprises de Dieu. Toutes deux sont issues de milieux profondément chrétiens. Toutes deux sont missionnaires. Toutes deux s’offrent à l’Amour divin comme victimes d’Holocauste. Toutes deux, atteintes du même mal, meurent dans une extase d’amour »(NOTE 15).

Cependant, sainte Thérèse de Lisieux éclipse la bienheureuse Catherine de Saint-Augustin. Privée du soutien de la communauté des hospitalières de Bayeux, la mémoire de la religieuse québécoise s’étiole en Normandie.

Éric Thierry

Historien, Ph. D.

Professeur au Lycée Paul Claudel de Laon

Secrétaire général de la Fédération des Sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne

NOTES

1. Sur les visitandines de Caen et le jeune Parisien, voir Jeanne-Françoise Juchereau de Saint-Ignace et Marie-Andrée Duplessis de Sainte-Hélène, Les Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716, éd. par dom Albert Jamet, Québec, Hôtel-Dieu de Québec, 1939, rééd. 1984, respectivement p. 242-243 et 237-238. Sur Maupas du Tour, voir Denise Pepin, Chroniques... pour une meilleure connaissance de Catherine de Saint-Augustin, d’après les témoins de son temps, Montréal, Éditions du Long-Sault, 2001, p. 31-32, d’après une relation manuscrite de Marie-Madeleine de la Hennaudière de Saint-Augustin, fondatrice du monastère des augustines de Bayeux.

2. Le quiétisme est une forme de vie spirituelle qui tend à la communion totale avec Dieu par l’oraison, sans avoir à se soucier des rites ni des œuvres de charité. Représenté en France par Mme Guyon, il est condamné par le pape Innocent XII en 1699.

3. Chrestien Le Clercq, Premier établissement de la foy dans la Nouvelle France, Paris, Amable Auroy, 1691, t. II, p. 26-27. Sur le diable dans une dent de Catherine de Saint-Augustin et sur sa vision des quatre démons secouant la ville de Québec, voir Paul Ragueneau, La vie de la mère Catherine de Saint Augustin, Québec, Hôtel-Dieu de Québec, 1977, respectivement p. 49-50 et 146-147. Réimpr. de l'éd. de Paris, Florentin Lambert, 1671.

4. Pierre-François-Xavier de Charlevoix, Histoire et description générale de la Nouvelle France, avec le Journal historique d'un voyage fait par ordre du Roi dans l'Amérique septentrionale, Paris, Pierre-François Giffart, 1744, t. I, p. 402.

5. Chrestien Le Clercq, op. cit., p. 27.

6. François-Xavier Garneau, Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, Québec, Imprimerie de N. Aubin, t. I, 1845, p. 369-370.

7. Victor Le Sens, « Catherine de Saint-Augustin », Annuaire du département de la Manche, 1848, p. 330-336 et note 1, p. 334. L’auteur reprend les récits faits par le père Ragueneau des apparitions dont Catherine de Saint-Augustin a été témoin.

8. Henri-Raymond Casgrain, Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, Québec, Léger Brousseau, 1878, p. 239.

9. Lettre d’Eugène Viel à Mgr Germain, évêque de Coutances et Avranches, Colomby, 10 juin 1891, dans Eugène Viel, Les gloires du Cotentin, t. I : La révérende mère Catherine de Saint-Augustin, Colomby (France), E. Viel, 1891.

10. Léonidas Hudon, Une fleur mystique de la Nouvelle-France : vie de la mère Marie-Catherine de Saint-Augustin, Montréal, Bureaux du Messager canadien, 1907, p. xxiii.

11. Georges Goyau, Une épopée mystique : les origines religieuses du Canada, Paris, Bernard Grasset, 1924, p. 181-244, et sur Catherine de Saint-Augustin, p. 203-204.

12. Ce livre, rédigé à la demande des hospitalières de Québec, est le pendant français de l’étude du chanoine Lionel Groulx parue dans le no 5 des Cahiers d’histoire de la Société historique de Québec en 1953 et intitulée Une petite Québécoise devant l’histoire (Mère Catherine de Saint-Augustin).

13. A. de Parvillez, « Avant-propos », dans Marthe Ponet-Bordeaux (Jeanne Danemarie), Catherine de Longpré, mère Catherine de Saint-Augustin, Paris, Bernard Grasset, 1957, p. 8-9.

14. Il s’agit d’une copie de la statue érigée rue Charlevoix à Québec.

15. Denise Pepin, Deux héroïnes de Normandie : Catherine de Bayeux et Thérèse de Lisieux, Montréal, Éditions du Long-Sault, 2001, p. 5.

BIBLIOGRAPHIE

Gagnon, Serge, Le Québec et ses historiens de 1840 à 1920 : la Nouvelle-France de Garneau à Groulx, Québec, Presses de l’Université Laval, 1978.

Leberruyer, Pierre, Hospitalière, missionnaire, mystique : la bienheureuse Catherine de Saint-Augustin, Caen, Éditions Don Bosco, 1989.

Oury, Guy-Marie, L’itinéraire mystique de Catherine de Saint-Augustin, Chambray-lès-Tours (France), CLD, 1985.

Pepin, Denise, Catherine de Saint-Augustin sur la place de Québec à Bayeux, Montréal, Éditions du Long-Sault, 2002.

Petit, François, Les augustines hospitalières de Bayeux : la communauté de la bienheureuse Marie Catherine de Saint-Augustin, Caen, Éditions Don Bosco, 1989.

SOURCE : https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=5408295391443355751#editor/target=post;postID=6063303596946812813;onPublishedMenu=allposts;onClosedMenu=allposts;postNum=1800;src=link

LA BIENHEUREUSE CATHERINE DE SAINT-AUGUSTIN

Victime pour la Nouvelle-France

MOINS connue que  sainte Marie de l’Incarnation, que les Saints Martyrs canadiens, ou encore que saint François de Laval, la bienheureuse Catherine de Saint-Augustin n’en est pas moins une figure très attachante des débuts de la colonie. Les faits mystiques indubitables de son existence sont de ceux qui nous permettent de qualifier de sainte l’histoire du Canada français.

Quand elle arriva à Québec le 19 août 1648, personne ne pouvait se douter que Dieu la destinait à une vocation sublime. On n’avait d’yeux que pour monsieur et madame d’Ailleboust, le nouveau gouverneur et son épouse, et pour le très apprécié Père Vimont, de retour à Québec pour dix ans. Trois religieuses chanoinesses de Saint-Augustin les accompagnaient, très attendues pour renforcer leurs sœurs fort éprouvées du petit hôpital. Certes, on remarqua la jeunesse de l’une d’elles, dont nous allons raconter l’histoire, puisque sœur Catherine de Saint-Augustin n’avait que seize ans !

Peu à peu, le récit de sa conduite héroïque pendant la traversée se répandit. La peste s’étant déclarée, elle avait soigné les malades avec une rare délicatesse avant d’être elle-même si gravement atteinte qu’on s’attendait à sa mort prochaine. Or, miraculeusement rétablie, elle avait repris aussitôt son service de charité. Par contre, on ne savait pas que sa guérison instantanée était intervenue après la vision de tous ses péchés et d’un dragon horrible qui voulait la dévorer, dont elle ne fut sauvée que par un acte d’adoration de la volonté divine et un appel à la Sainte Vierge.

L’hôtel-Dieu du Précieux-Sang à Québec n’était alors qu’une maison longue, large de douze pieds, en bois rond, élevée à l’extérieur de la palissade. La grande salle ne comptait que dix lits. Les sœurs soignaient les sauvages dans leurs tipis dressés hors de l’enceinte. Il en sera encore ainsi pendant cinq ans : la guerre avec les Iroquois rendait bien incertain l’avenir de la colonie et décourageait tout projet d’agrandissement.

Aux yeux de ses contemporains, sœur Catherine de Saint-Augustin fut une religieuse remarquable pour ses talents d’infirmière (les Indiens l’appelaient la grande fille, ou bien la fille des filles, ou bien encore celle qui rend l’intérieur plus beau), mais aussi de gestionnaire. En 1658, à 25 ans, elle fut élue dépositaire, puis maîtresse des novices à 33 ans ; elle aurait probablement été élue supérieure en 1668, si le Bon Dieu ne l’avait rappelée à lui. À part son confesseur, sa supérieure et l’évêque, personne ne connut, de son vivant, les grâces mystiques extraordinaires dont elle fut gratifiée.

Mgr de Laval considérait la vie de cette religieuse comme « un chef-d’œuvre du Saint-Esprit » ; après la mort de celle-ci, il donna l’ordre au Père Ragueneau, son confesseur, d’écrire sa biographie en n’omettant rien des grâces de sa vie spirituelle et de ses combats. L’ouvrage eut un grand retentissement dans la colonie, car ceux qui la connaissaient et se souvenaient de ses bontés comprirent qu’ils avaient été soignés par une sainte ! C’est ce secret que nous allons maintenant essayer de pénétrer.

Catherine de Longpré naquit le 3 mai 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte, dans le Cotentin, jour de la fête de l’Invention de la Sainte-Croix, cinq semaines après la signature du traité de Saint-Germain par lequel les Anglais nous restituaient la Nouvelle-France, prise en 1629.

Ses parents étaient de petite noblesse de robe, milieu modeste mais aisé, très pieux aussi et charitables, à l’école de saint François de Sales et surtout de saint Jean Eudes dont ils avaient suivi une retraite.

La petite Catherine fit preuve d’une intelligence et d’une piété précoces. Dès l’âge de trois ans, il suffisait de lui dire que telle action déplaisait à Dieu, pour qu’elle cessât immédiatement. Soucieuse de savoir « les avantages qu’il y a à aimer Dieu », un jour que ses parents soignaient un pauvre avant de lui faire l’aumône, elle demanda au célèbre Père Malherbe, qui était de passage : « Qui est-ce qui fait bien la volonté de Dieu ? » Le jésuite lui répondit : « Mon enfant, c’est ce pauvre-là qui fait bien la volonté de Dieu, prenant son mal en patience comme il le fait ; car on fait plus sûrement la volonté de Dieu dans les afflictions, les humiliations et les souffrances que lorsqu’on a tout à souhait. »

La leçon ne s’effacera jamais de l’esprit de Catherine, qui en avait aussitôt tiré la conséquence logique en demandant à souffrir.

Or, quelques jours plus tard, entendant le jésuite conseiller au pauvre d’offrir ses souffrances pour la conversion de sa mère qui était une mauvaise femme, elle l’interrogea de nouveau : « Pourquoi souhaitez-vous à ce pauvre de souffrir puisque c’est sa mère qui est méchante ? » Le missionnaire lui enseigna alors la nécessité du pardon, à l’imitation de Jésus mourant sur la Croix pour notre salut. La leçon fut vite assimilée : désormais, elle demanda la grâce de souffrir pour les autres.

Détail important : ce dialogue entre le célèbre prédicateur et notre future bienheureuse eut lieu lorsque celle-ci n’avait que... quatre ans.

Comment expliquer une telle précocité, qui n’est pas enfantillage puisqu’elle entraîna chez elle de véritables efforts de vertu ? Quelques mois plus tard, elle commença à souffrir de violents maux de tête, qu’elle supporta avec résignation. Plus tard, elle avouera son secret : c’est qu’elle vivait déjà avec le sentiment de la présence maternelle de la Sainte Vierge à ses côtés pour disposer son âme à bien profiter de la bonne éducation que lui donnaient les siens.

Il arriva aussi, par trois fois, que le démon la poussat dans les escaliers mais, à chaque fois, une main invisible amortit sa chute, lui épargnant le moindre mal.

Nous ne nous étonnerons pas, dès lors, que sa première communion, à l’âge de huit ans, fût une grande fête et surtout une consolation spirituelle qui la convainquit que Dieu la voulait sainte.

Or, sa nature se rebuta à cette perspective, comprenant intuitivement qu’il lui faudrait mourir à elle-même. Aussi cette journée d’extraordinaire ferveur fut suivie d’une période de relâchement durant douze mois, peut-être même dix-huit, jusqu’à ce qu’un songe la saisisse : un monstre lui apparut armé d’un coutelas et la blessa légèrement ; appelant à l’aide la Sainte Vierge, elle trouva refuge auprès d’une religieuse en qui elle reconnaîtra plus tard la supérieure du couvent des Augustines de Bayeux. Ce fut suffisant pour qu’elle se décidât à devenir religieuse.

Le 8 septembre 1642, à l’âge de dix ans, elle se consacra à la Sainte Vierge par un acte signé de son sang. Ce texte était très inspiré d’une consécration qui se trouvait dans un livre de saint Jean Eudes, mais il n’en était pas la copie fidèle. Voulant honorer la Conception Immaculée de la Sainte Vierge, elle y demandait son aide pour ne pas pécher car, éclairée sur elle-même par son récent et long relâchement, elle n’avait aucune confiance en sa vertu. Elle résolut de prendre modèle sur sa Mère du Ciel afin de mourir à elle-même. À la suite, elle reçut le scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel et fut délivrée alors de ses maux de tête.

Quelques mois plus tard, elle ouvrit son âme à saint Jean Eudes, venu prêcher une mission, et lui avoua son désir d’être religieuse. Il l’engagea à prononcer un triple vœu : celui de prendre la Sainte Vierge pour mère, celui de ne jamais faire de péché mortel et celui de perpétuelle chasteté.

Le 1er janvier 1644, malgré de fortes tentations contre sa vocation et bien qu’elle n’ait que douze ans, elle se décida à la suivre, ce qu’elle fit le 7 octobre suivant.

Avec sa sœur aînée, elle entra au couvent des hospitalières, chanoinesses de Saint-Augustin, à Bayeux, fondé six mois plus tôt par sa tante. Elle s’y fit remarquer par son caractère enjoué et décidé, mais aussi par ses dons d’infirmière.

À cause de son âge, elle ne put prendre l’habit que le 24 octobre 1646, jour de la profession de sa sœur et de... l’entrée de sa grand-mère !

Sa dévotion mariale, toujours aussi vive, se centra alors sur le Cœur Immaculé de Marie. Depuis sa consécration de 1642, elle avait approfondi sa connaissance de la Sainte Vierge et en particulier de sa vocation de Médiatrice et de Corédemptrice. Elle comprit que le Christ voulait qu’on ne puisse toucher son Cœur à Lui qu’en passant par sa Mère.

Le 12 janvier 1648, sa communauté la désigna pour partir au Canada, « à cause de la longue persévérance qu’elle a témoignée depuis trois ans dans le désir d’y être envoyée. »

La nouvelle consécration à la Sainte Vierge qu’elle écrivit alors témoigne de son évolution. En 1642, éprise de la bonté maternelle de la Mère de Dieu, elle se confiait totalement à elle ; en 1648, ayant conçu le rôle irremplaçable de la Sainte Vierge dans le dessein divin, elle voulut s’y soumettre et le servir.

Son père, quoique bon chrétien et homme d’oraison, s’opposa formellement au départ de sa chère fille pour le Canada. Afin d’obtenir son consentement, elle fit vœu de vivre et de mourir en Canada si Dieu lui en ouvrait la porte. Quelques jours plus tard, le récit du martyre de saint Isaac Jogues, qu’on venait d’apprendre en France, bouleversa son père et le détermina à donner librement son accord.

Elle fit ses vœux simples perpétuels avant son départ de Bayeux, mais elle ne fera sa profession solennelle qu’une fois ses seize ans accomplis, à Nantes, le 4 mai 1648, quelques jours avant de s’embarquer pour la Nouvelle-France.

C’est donc après une pénible traversée de deux mois et demi, qu’elle découvrit enfin le « petit paradis de Québec », et commença sans tarder son service auprès des malades. Avec les nouvelles venues, huit religieuses se dévouaient héroïquement aux soins des colons et des autochtones. Comme le notait l’analyste de l’Hôtel-Dieu : « Il faut savoir ce que c’est qu’un sauvage qui se porte bien pour savoir ce qu’est un sauvage malade. »

La supérieure était mère Marie de Saint-Bonaventure, qui mourut en 1698, à 82 ans, après 70 ans de vie religieuse. C’était une maîtresse femme, mais d’une bonté et d’une douceur exceptionnelles, puisées dans le Sacré-Cœur de Jésus qui la favorisait de douces communications.

La lecture captivante des annales nous révèle la vie quotidienne de ces religieuses cloîtrées, et nous laisse confondus devant tant d’héroïsme. À la pauvreté, aux difficultés des soins dans des conditions impossibles, s’ajoutait pour vingt ans la peur des incursions iroquoises. L’année de l’arrivée de sœur Catherine fut celle du martyre de saint Antoine Daniel, qui précéda de quelques mois celui des saints Jean de Brébeuf, Gabriel Lalemant, Charles Garnier et Noël Chabanel.

Le dévouement des Augustines fut aussi mis à l’épreuve en 1650 par la venue à Québec des quatre cents rescapés de la nation huronne, dont beaucoup demandaient des soins. En hiver, elles recueillirent sainte Marie de l’Incarnation et ses sœurs ursulines après l’incendie de leur monastère, ce qui obligea de rationner la nourriture.

Notre jeune sœur Catherine, qui n’avait que dix-huit ans, gardait alors tout son enthousiasme et son inébranlable confiance en la Providence, comme sa correspondance avec Bayeux en témoigne. Elle ne craignait qu’une chose : devoir retourner en France.

C’est un beau jour de 1652, ou plus exactement une nuit, que tout bascula : la vision d’un chemin étroit bordé d’épines très longues, débouchant sur une clairière, elle aussi épineuse, lui fit comprendre qu’elle allait devoir beaucoup souffrir.

Le 10 octobre – elle avait donc vingt ans et déjà quatre années de vie religieuse héroïque à Québec – elle fut soudainement assaillie de terribles tentations contre la pureté et contre sa présence à Québec.

Son confesseur, le Père Ragueneau, l’ancien supérieur de Sainte-Marie-des-Hurons, discerne facilement l’attaque démoniaque dont elle est l’objet, mais qui s’intensifie rapidement. Les tentations deviennent des obsessions, tandis que les consolations spirituelles qui stimulaient son courage disparaissent.

Or, pendant des mois, des années, elle luttera pied à pied, observant scrupuleusement le programme de prières et de pénitences fixé par son confesseur. Son âme ne veut véritablement qu’une chose : faire la volonté de Dieu que lui signifie l’obéissance. Tout le reste ne compte pas.

Le 18 octobre 1654, comme jadis saint Noël Chabanel aux prises avec une semblable épreuve spirituelle, sur l’ordre du Père Ragueneau, elle fit vœu de demeurer au Canada, quoi qu’il arrive. L’obsession de retourner à Bayeux disparut aussitôt, mais les tentations d’impureté redoublèrent d’intensité.

En 1656, elle affronta de rudes combats que seuls son confesseur et sa supérieure connaissaient depuis quatre ans. Le démon s’acharnait sur elle. Elle n’était pas possédée, mais sans cesse sollicitée au mal ; or, elle résistait. Elle est la figure de tous les enfants de Marie, que Satan déteste.

Cependant, sans que ses souffrances morales en soient atténuées, elle jouissait de visions et de lumières célestes qui sont autant d’ouvertures sur les réalités surnaturelles qui, pour ainsi dire, doublent notre vie naturelle, même religieuse.

Par exemple, à l’Ascension de 1654, tandis qu’elle se plaignait que la prédication ne lui était d’aucun profit, Notre-Seigneur lui dit : « Écoute et vois. » Elle eut alors la révélation qu’une partie du discours après la Cène, dans l’Évangile de saint Jean, nous relate les paroles de Jésus prononcées pendant son dernier repas avant son Ascension. Les exégètes modernes font bien cette distinction, ce qui n’était pas le cas au XVIIe siècle !

Ce jour-là aussi, elle assiste à la procession qui accueille le Christ dans sa gloire, procession menée par saint Jean-Baptiste et dans laquelle se trouve saint Joseph, mais voilà que Jésus, désirant honorer ce dernier, lui donne tout pouvoir et veut qu’il ait l’honneur de lui commander.

Nous n’avons pas la place ici de mentionner toutes les visions qui réconfortaient la bienheureuse Catherine. Elles mériteraient une étude à part ; remarquons simplement qu’elles ne sont que des parenthèses : dès qu’elles cessent, les obsessions reprennent de plus belle tandis que notre sainte religieuse court à son devoir d’état.

Six ans se passèrent ainsi. Si sa vie s’était arrêtée en cette année 1658, sœur Catherine n’aurait été qu’une sainte religieuse qui aurait témoigné héroïquement, à travers de multiples tentations, son indéfectible amour à son Seigneur et Maître. Quoiqu’admirable, son existence n’aurait eu aucune incidence importante sur notre histoire sainte du Canada français.

Tandis qu’à partir de 1658, déjà aguerrie par ces combats, elle entre dans l’orthodromie divine. Elle va concourir à la réalisation du dessein de Dieu en luttant contre les forces de l’enfer, au profit de la Nouvelle-France.

En effet, c’est cette année-là que le trafic de l’alcool avec les Sauvages divisa la colonie. Les jésuites, considérant le bien des âmes, s’y opposaient. Le gouverneur, monsieur d’Argenson, à qui les instructions reçues de Colbert faisaient un devoir de favoriser le commerce, l’encourageait.

Au moment où Rome nommait un vicaire apostolique pour la Nouvelle-France en la personne de saint François de Laval, Catherine avait une vision au cours de laquelle Notre-Seigneur l’agréait pour victime de son amour, en l’appelant à l’apostolat de la souffrance.

« Il me semblait que Notre-Seigneur m’adressait particulièrement ces paroles : “ Qui veut me suivre, qu’il s’oublie lui-même et prenne ma croix. ” Il changeait le mot “ sa croix ” en “ ma croix ”, comme pour me dire : cette croix est à moi avant que d’être à toi, car je l’ai sanctifiée ; elle est mienne, puisque je souffre avec ceux qui souffrent pour mon amour ; elle est mienne, parce qu’elle est selon mon choix, et non pas selon le vôtre. [...] Sache aussi que souffrant pour les pécheurs, tu me fais un aussi grand plaisir que si au temps de ma Passion tu eusses essuyé avec un linge pur et net les crachats qui couvraient ma face. [...] Oh ! Si on savait combien je prise la charité désintéressée, on s’oublierait soi-même pour le salut de son prochain. »

« L’ANGE DU DIOCÈSE »

C’est en juin 1659 que le nouveau vicaire apostolique arriva en Nouvelle-France. Lors de la fête de l’Assomption à Québec, tandis qu’il donnait le sacrement de confirmation à celle qu’il appellerait un jour « l’ange du diocèse », elle assistait à la même cérémonie au Ciel, saint Pierre tenant la place de Mgr de Laval.

Alors, elle s’éprit de lui, non pas d’une affection humaine, mais d’une vénération pour le représentant du Christ. Elle en épousa donc toutes les épreuves et pria sans cesse à ses intentions, pour l’implantation de l’Église en Amérique du Nord. Le sacrement lui conféra aussi une force nouvelle pour lutter contre les tentations au point de ne plus en souffrir.

Marie de l’Incarnation avait reçu la mission de bâtir, dans ce pays « autant pitoyable qu’effroyable », une maison à Jésus et à Marie. Par la prière, la pénitence et l’amour, fidèle à sa vocation propre, elle soutint la fondation de la Nouvelle-France.

Catherine de Saint-Augustin, elle, allait plutôt y soutenir la fondation de l’Église, au milieu des pires périls. En ces années-là, les hivers étaient plus terribles que jamais et la menace iroquoise se faisait encore plus pressante, si bien que l’évêque donna l’ordre aux religieuses hospitalières de quitter leur hôpital à l’orée des bois pour se réfugier la nuit dans la ville. Mais il fallait tout de même qu’une religieuse restât de garde auprès des malades ; le plus souvent, c’était sœur Catherine dont la présence les apaisait.

Par contre, ses souffrances physiques augmentaient. Mais surtout, elle subissait les attaques visibles des démons qui la frappaient. Ses obsessions, y compris l’obsession d’impiété pour l’empêcher de communier, ne lui laissaient aucun répit.

Ce qui s’écrit en deux phrases représente deux ans de souffrances, jusqu’au 25 mars 1662, jour où saint Jean de Brébeuf, martyrisé treize ans plus tôt, lui apparut. Il avait mission de la protéger des démons et d’être son directeur spirituel en remplacement du Père Ragueneau, parti en France. Par elle, le saint martyr prolongea sa propre mission : vaincre les démons qui dominaient le pays par son obéissance à la volonté divine, dans la faiblesse et le total dépouillement.

Ces démons, elle les a vus se vanter du mal qu’ils faisaient à la colonie par la vente de l’alcool aux autochtones. Aussi avec quelle ferveur et quel esprit de pénitence soutenait-elle les démarches de Mgr de Laval auprès de Louis XIV contre le gouverneur.

Elle continuait d’entretenir le Père Ragueneau de ses grâces, dans une correspondance régulière que le jésuite garda précieusement, qui nous est ainsi parvenue. Parmi les nombreuses visions qu’elle y relate, il y a celle de la gloire du Père de Brébeuf au Ciel, commis à la protection du Canada. Pour atténuer les peines et les souffrances de sa dirigée, il lui suffisait de se tourner vers Notre-Seigneur pour qu’aussitôt elle fût soulagée ou délivrée. Même si ses entretiens lui paraissaient toujours trop courts, elle en était tellement heureuse qu’elle n’arrivait plus ensuite à trouver le sommeil.

Mais venons-en à la vision du 1er janvier 1663, capitale pour notre histoire sainte du Canada. Notre Dieu montra à Catherine son courroux contre la colonie infidèle à sa vocation, et sa volonté de l’en punir : « Il me sembla voir un bouleversement dans la terre et qu’il en resta de certaines crevasses par endroit. » Le 5 février, ce fut le grand tremblement de terre.

Quelques jours plus tard, voyant saint Michel prêt à châtier de nouveau la Nouvelle-France, elle s’offrit en sacrifice, terrifiée par la colère de Dieu, mais qu’elle savait juste. « Je restai étrangement touchée de ce que Dieu était si irrité ; et mon cœur était dans un grand désir de pouvoir l’apaiser. Je n’ai jamais si bien conçu qu’alors ce que c’est que le péché. Qu’il y a peu de foi et que l’on ne comprend guère ce que c’est que Dieu ! » Cinq mois durant, les tremblements de terre se succédèrent.

Le 18 mars, saint Jean de Brébeuf lui apparut pour lui demander la mortification continuelle des satisfactions de la nature. Alors qu’elle était prise de tentations d’impiété et craignait que ce soit la raison de la colère de Dieu, Notre-Seigneur « me dit que ce n’était pas moi, mais bien ses plus chers amis et les plus proches de son Cœur qui l’avaient mis dans cet état. Je conçus par-là que Notre-Seigneur avait le Cœur touché de ce que ceux qui étaient ses plus intimes amis le persécutaient. » En réparation, il lui demandait de souffrir sans murmurer, de ne point chercher à adoucir ses peines intérieures et de ne perdre aucune occasion de pratiquer la charité.

Le 12 juin, saint Jean de Brébeuf la visita en compagnie de saint Joseph qu’elle voyait tout dépité des désordres dans ce pays dont il est le patron. Il lui témoigna alors que ceux qui travaillent à porter remède à cette situation lui rendent un bon service.

Le 15 septembre, Mgr de Laval était de retour à Québec, ses démarches à Versailles couronnées de succès.

Pourtant, monsieur de Mésy, le nouveau gouverneur qu’il avait choisi à cause de sa piété, se retourna contre lui et reprit la vente de l’alcool aux Sauvages. Catherine de Saint-Augustin redoubla alors ses pénitences. Saint Michel et saint Ignace, touchés de compassion, lui proposèrent d’intervenir pour atténuer ses peines, mais elle refusa.

Monsieur de Mésy mourut prématurément après une courte maladie, malgré les soins de notre sainte religieuse. Elle assista à son jugement particulier, pria pour le repos de son âme, obtenant son salut moyennant un long purgatoire d’autant d’années que d’heures passées en Nouvelle-France, c’est-à-dire un peu plus de cinq mille.

Qui à Québec aurait pu imaginer que cette religieuse hospitalière modèle, tout occupée à son devoir, avait contemplé la gloire de l’Immaculée, avait vécu au Ciel les fêtes de la Nativité, de l’Immaculée Conception, de saint Pierre, de l’Assomption, ou encore la consécration de la cathédrale, le 11 juillet 1666 ? Son récit de cette dernière vision serait à méditer au moment où nous fermons nos églises.

En fait, si soixante ans après l’arrivée des premiers colons, la cathédrale put être consacrée, c’est que l’Église était fondée durablement sur les rives du Saint-Laurent. La mission de la sœur Catherine touchait donc à sa fin.

Trois semaines après, le 2 août 1666, elle tomba malade. Saint François de Sales la guérit, ce qui ne lui convint pas ; elle aurait volontiers fait sienne l’exclamation de sainte Marguerite-Marie quelques années plus tard à Paray-le-Monial : « Plus de croix, quelle croix ! »

Puisqu’elle en réclamait, d’autres tentations l’assaillirent, cette fois de désespoir. Elle allait vivre ainsi encore une année, sans répit dans ses peines comme dans son dévouement, mais l’âme extraordinairement en paix.

Le 20 avril 1668, elle fut prise d’un crachement de sang. Il était temps pour elle d’avoir sa récompense. En ce printemps, le régiment de Carignan regagnait la France, la colonie comptait maintenant six mille âmes environ et commençait à être autosuffisante, l’Église surtout était bien implantée.

Sa mort fut aussi étrange et déroutante que sa vie. Son mal empira à partir du 3 mai, jour de son 36e anniversaire. Le 7, on lui donna les derniers sacrements. Sa supérieure, la bonne mère Marie de Saint-Bonaventure, ne la quittait pas, sinon pour aller prier devant le tabernacle pour implorer sa guérison.

Au milieu de la nuit, sœur Catherine eut une grande faiblesse. La communauté appelée en hâte fut témoin d’une extase, elle était ravie en Dieu, son pouls ayant cessé de battre. Mais, tout d’un coup, retrouvant l’usage de ses sens, elle s’écria : « J’adore vos divines perfections, ô mon Dieu, j’adore votre divine justice ! je m’y abandonne de tout mon cœur. » Puis elle regarda ses sœurs, rayonnante de joie. « Voilà qui va bien, dit-elle gaiement. Entre cinq et six heures, il y aura du changement dans nos affaires. En attendant, me voici guérie. On vient de me dire que tous mes maux sont finis, que tout est fait et qu’il n’y a plus de douleur. »

Elle réclama d’aller à la chapelle, on le lui refusa ; elle entonna alors le Te Deum. Puis elle demanda à manger. Elle trouva insuffisant ce qu’on lui servit, mais voulut bien attendre. Comme elle se sentait fatiguée, on la laissa se reposer. La communauté se dispersa, heureuse de cette guérison miraculeuse. Restèrent à ses côtés la supérieure et l’infirmière qui, vers 6 heures, constatèrent que son âme avait quitté son corps sans que personne ne s’en fût aperçu ! C’était le 8 mai 1668, jour de la fête de saint Michel qui lui avait promis son assistance spéciale.

Pas de doute : Dieu voulait cette colonie de la Nouvelle-France. Les saints qui ont permis ou affermi cette fondation nous font comprendre son dessein. Aussi doivent-ils nous servir de modèles pour le combat à mener afin de triompher de ces démons, et de reprendre leur œuvre.

LA RENAISSANCE CATHOLIQUE, N° 254 – Novembre 2020. Rédaction : Maison Sainte-Thérèse

SOURCE : https://crc-canada.net/liens-utiles/archives-de-notre-bulletin/la-bienheuseuse-catherine-de-saint-augustin-victime-pour-la-nouvelle-france.html

Une statue représentant Catherine de Saint-Augustin se dresse à côté de l'église du monastère des Augustines.


Blessed Catherine de St-Augustin

Written by Thérèse Tardif on Thursday, 01 May 2008. Posted in Saints & Blessed

MISSIONARY "IN CANADA" AT AGE 16

On April 23, 1989, France and Quebec had the joy of seeing Marie Catherine of Saint Augustine (Catherine of Longpré) raised to the altar, the Augustinian Hospitaller Sister of the Mercy of Jesus of the "Hotel Dieu" in Quebec City. She was nicknamed "co-foundress of the Catholic Church in Canada." A French flower that blossomed in Canada, she was declared "blessed" in Rome by His Holiness Pope John Paul II.

A French flower

Catherine of Longpré was born on May 3, 1632, at St. Sauveur le Vicomte in Normandy, France. Catherine was baptized in her parish church dedicated to Saint John the Baptist, future patron of French Canadians.

Catherine’s parents had several children, for that reason her maternal grandmother took her home and took care of her education. In her grandparent’s home they received the poor, the disinherited, and the sick. Catherine grew up amidst this charitable school. Barely three and a half years of age, the child already burned with an ardent desire to accomplish the Will of God in all things. She did nothing without asking permission from a picture of the Blessed Virgin and she reveals in her journal that this Good Mother answered her prayers, and that she played with the Child Jesus.

At ten years of age she signed in blood, her total consecration to the Blessed Virgin, an act she composed herself. In 1643, Saint John Eudes came to preach a mission at Saint Sauveur and predicted to Catherine that she would be a religious.

On October 7, 1644, our young heroine and her sister, knocked at the door of the "Hotel Dieu" in Bayeux with the intention of consecrating themselves totally to God and to His works in the Institute of the Augustinian Hospitaller Sisters of the Mercy of Jesus. On October 24, 1646, she took the religious habit, at the same time as her grandmother who, having been widowed, went to join her in the monastery. She took the name of Sister Marie Catherine of St. Augustine.

Canadian Epic

It was the time of the great Canadian Epic. Sister Marie Catherine hears about it and she nurtures the idea of joining these pioneers in this savage country. She signs her engagement to go to Canada on April 12, 1648.

The ship "The Cardinal" that carries our heroine sails on May 31, 1648. The crossing is dangerous and long, it lasted 3 months. Illness causes many deaths. Sister Marie Catherine herself falls ill to the incurable disease. She was going to die; she saw a horrible dragon attacking her. However, God wants her in Canada, He watches over her and the Blessed Virgin cures her so the dragon flees.

"The Cardinal" anchors in Quebec City on August 19, 1648. All the tribes, except the Iroquois, are friendly with the French.

There are eleven Ursulines who are teaching the French and Indian girls. And the Hospitaller Sisters, who number five when Sister Marie Catherine arrived, take care of the sick. They had to endure the rigors of the Canadian winters, bad food, lack of necessities, continuous fear of the Iroquois and total isolation from civilization across the ocean.

To work

Having arrived in QuebecCity, Sister Marie Catherine courageously goes to work, sharing the hard work of the forefathers and learning the Indian languages. She quickly manifests good nursing qualities and shows a remarkable common sense, and all love her. She acts in the bosom of the Community as economist, mistress of novices and director general of the hospital, being entirely devoted to the sick and the dispossessed. The Superior, Mother Saint Bonaventure rejoiced to have Sister Marie Catherine, she was such a dependable person of such high perfection.

On March 16, 1649, Father Jean de Brebeuf is martyred by the Iroquois. He is 56 years old. His only wish was to pour out his blood for Jesus Christ. Sister Marie Catherine is guided in her ascension towards sanctity by Father Paul Raguenau, superior of the "Hotel Dieu" and one of the greatest apostles of New France; and also by Father Jean de Brebeuf who appears to her frequently.

Because of her grace and charity, our young hospitaller nun swiftly wins the friendship of the Indians. She teaches them the catechism. She even faces death with courage. In 1651, she writes admirable letters to the vicar-general of Bayeux: "We are between life and death. No one is sure of being guaranteed escape from the fury of the barbarians. All this, I assure you, does not frighten me. I feel my heart disposed towards suffering for all that will please my Good Master to send me…"

In 1652, Sister Marie Catherine is assailed by two temptations: impurity and returning to France. She valiantly fights the first by prayer, fasting, discipline, sleeping on a hard bed, etc. As for the temptation to leave Canada, she responds by a perpetual vow to remain in her adopted country.

Sister Marie Catherine is blessed with many ecstasies and visions: visions of the Blessed Virgin at Her Assumption, beautiful visions of the Marian City in Paradise, frequent visions of Our Lord, of Saint Michael, Saint Joseph, and Father de Brebeuf, whom God Himself gives her as spiritual director. She also receives visions of the souls in Purgatory that she saved; visions of consciences and of persons who died in France whose deaths she announces in Canada before the news can arrive by boat.

Bishop de Laval

Bishop de Laval is appointed apostolic vicar of Canada on June 24, 1658 (Feast of Saint John the Baptist), and consecrated bishop on December 8, (Feast of the Immaculate Conception). He arrives in Quebec City on June 9, 1659.

On August 24, (Feast of Saint Bartholomew) of the same year, he administers the sacrament of Confirmation to Sister Marie Catherine and 100 Indians. At this time, Sister Marie Catherine sees the heavens unfold in a scene of the sacrament of Confirmation, in a mystical way.

Bishop de Laval already understands the holy treasure that the "Hotel Dieu" has in the person of Sister Marie Catherine; he consults her often and recommends to her prayers the most important affairs of the diocese.

Obsession by the devils

In 1660, one possessed by the devil was given into the good care of Sister Marie Catherine. The devils, enraged against the holy religious, appeared to her and beat her terribly. They gave her an awful aversion to Communion. And when she prayed for sinners, God permitted that she be like a prison where the devils are forced to live, thereby they could do no evil to others.

Earthquake

The firewater trade erupted like a plague on New France. Bishop de Laval decided to return to France to have recourse to the authority of the King.

Sister Marie Catherine saw Our Lord very angry, so she prayed for the conversion of the guilty parties and increased her penances.

On February 5, 1663, there began the amazing earthquake across all of Canada that lasted seven long months. God granted Sister Marie Catherine the vision of the earthquake in Canada before it took place, in order to incite her to pray and to offer herself as a holocaust for the sins of the people. During the earthquake, she offered herself as a holocaust, so finally God allowed Himself to be touched and permitted all the people to convert and despite violent quakes of 6.9, there was no loss of life.

Our Lord scourged

Sister Marie Catherine saw Our Lord scourged and covered with blood. The hate the devils inspire in her against God changes into love so strong and so tender that she is completely transformed by it and she conceives a very strong horror of sin.

She also offers her sufferings for the souls in Purgatory and delivers many of them.

Sister Marie Catherine obtains through her prayers and her sufferings the conversion of the governor of New France, Mr. de Mésy, who gave free reign to the firewater trade. Would that she also obtained the conversion of our ministers and deputies today!

Model of the hospitaller sister at the bedside of the sick, even as she gave them every care for the body, she was a thousand times more preoccupied with the salvation of their souls. She asked God to obtain the favor that no one from her hospital would die without being in the state of grace.

Heaven opens

April 20, 1668, she begins to spit blood. She died on May 8, 1668, Feast of Saint Michael the Archangel. The beautiful soul of Sister Marie Catherine flew to Heaven at the "Hotel Dieu" in Quebec at the age of 36. The body of the holy hospitaller sister was exposed in the chapel of the "Hotel Dieu". "Her countenance, says the ‘Relation des Jesuites’ stayed like that of a person who was in contemplation." All the people of Quebec City who visited the body of the saint testified to this marvel.

For having offered her life for the Church and the salvation of New France, Marie Catherine of Saint Augustine is considered the cofounder of the Church in Canada. Pope John Paul II proclaimed her "blessed" on April 23, 1989.

Our country founded by saints

Yes, our country was founded by the blood of martyrs, the holocaust of the saints and the sweat of our settlers. Those who took possession of it did so in the name of Christ.

We can say the same for New France as Cardinal Pie said for France:

"Jesus Christ is the cornerstone of our country, the summary of our history, Jesus Christ, is all our future…"

Source: Documents from the Catherine de Saint-Augustin Center, 32 Charlevoix, Quebec, QC, G1R 3R9 – Tel. 418-692-2492

 SOURCE : http://www.michaeljournal.org/articles/roman-catholic-church/item/blessed-catherine-de-st-augustin


Blessed Catherine of St. Augustine

Virgin

(1632-1668)

A young future missionary to New France, Catherine de Longpré, in religion Sister Marie-Catherine of Saint Augustine, was a nursing nun in the community of the Hospitaler Sisters of Saint Augustine in Evreux. Born in France in 1632, she went to Quebec at the age of sixteen. Having offered her life for the sick and the sanctification of souls, she found in Quebec City a newly-established and very poor hospital, where she would labor for twenty years with unfailing devotion and courage.

Blessed Catherine's physical and moral sufferings increased to a measure which few Saints have surpassed; she was chosen as a victim by God for the expiation of sins, in this territory which He destined for Himself in a particular way. To sustain her in the terrible obsessions which she endured, to preserve other souls who could not have withstood hell's assaults, she was given for her heavenly spiritual director, Saint John de Brebeuf, the North American martyr who had died not long before, in what is now Ontario. The entire history of her interior life was written by her confessor, the Jesuit Paul Ragueneau, who had been a friend of the great Martyr and had labored with him. Father Ragueneau recognized as authentic his fellow Jesuit's spiritual role in the life of this remarkable religious.

The sale of alcoholic beverages to the Indians in exchange for furs was a grievous abuse which the saintly first bishop of Quebec, Monsignor Francis Montmorency de Laval, was striving to abolish; sins of the tongue, immodesty and impiety were rampant in the city and surroundings. Monsignor de Laval recognized in Sister Catherine a soul of predilection, and he often asked her intercession for particular persons, for the colony and the Indians, whose souls were his great concern, as they were also of his clergy and missionaries. She, for her part, complied by her prayers and sacrifices, and saw in vision how the demons of hell were working for the ruin of the colony, in various places and in various ways. A spiritual battle of great proportions was underway, to win Canada for Christ.

Blessed Catherine died at the age of 36, saying shortly before she expired: My God, I adore Your divine perfections; I adore Your divine Justice; I abandon myself to it with my whole heart. One of the great mystics of the Church, her life remains a prodigy of sacrifice and love, a gold mine of doctrine for those who seek understanding of God's ways with His Saints and His people.

Fr. Paul Ragueneau, S.J., La vie de la Mère Catherine de Saint Augustin, (F. Lambert: Paris, 1671). Reprinted in Quebec City, 1923, by the Augustinian nuns.


Catherine de Saint-Augustin arrives

8 MAY

Blessed Marie-Catherine de Saint-Augustin, AMJ

Catherine of Saint-Augustin was born on May 3, 1632, in Saint-Sauveur-le-Vicomte, Normandy (France). She is raised by her maternal grandparents who are used to offer hospitality to the poor and sick and teach Catherine the virtue of charity. As early as age three, she expresses a strong desire to do God’s will and at age five she has strong mystical prayer experiences. When she is only eight, she understands that the Holy Spirit is calling her to be a saint and at age ten she writes a note giving herself to “Lady Mary”.

Catherine is a witty and attractive girl and has a cheerful character. Despite her enjoyment of worldly life, when she is twelve, she decides to enter the community of Hotel-Dieu of Bayeux, which is directed by the Augustinian nuns, Hospital Sisters of the Mercy of Jesus. She enters their novitiate on October 24, 1646, taking the name in religion of Catherine of St. Augustin. When she is fifteen, she offers herself for the Canada mission and promises “to live and die in Canada if God will open its door” for her. She makes solemn profession as a nun on May 4, 1648, in Nantes, and sets sail for Canada on May 27.

The ship arrives in Quebec on August 19. Catherine learns the languages of the First Nations people and looks after the sick. In the spring of 1649, she adopts as her model Saint Jean de Brebeuf, who has just been martyred. Between 1654 and 1668 she fills, one after the other, the offices of treasurer, director of the hospital and novice director for her community. Catherine continues to experience deep prayer and, at the same time, inner temptations cause her great turmoil. She often has health problems. In 1654 she promises to remain in Canada and, in 1658, she offers herself in a spirit of reparation for the salvation of New France. In 1665 she promises to work for “everything that I know to be most perfect and for the greater glory of God”. She gets sick and dies on May 8, 1668. She was beatified on April 23, 1989.

LINK: http://www.augustines.org

QUOTATION:

I offered myself to the Divine Majesty to serve him as a victim whenever it pleased him; I took no care for my life or my possessions. I only want God to dispose of them according to his holy will.


Statue de Marie-Catherine de Saint-Augustin, Bayeux


SIMON DE LONGPRÉ, MARIE-CATHERINE DE, dite de Saint-Augustin, nun of the Hôtel-Dieu of Quebec, daughter of Jacques Simon, Sieur de Longpré, and of Françoise Jourdan; b. 3 May 1632 at Saint-Sauveur-le-Vicomte (Lower Normandy); d. 8 May 1668 at Quebec.

A precocious child, Catherine grew up under the care of her grandmother and her maternal grandfather, M. de Launé-Jourdan, “a man of prayer and grand almoner, whose virtue has been appreciated by everyone.” At the age of three she showed herself to be imbued with a desire for the heroic and the absolute, and asked how she might in all things do God’s will. Her spiritual adviser, the Jesuit Father Malherbe, explained this to her in the presence of a pauper covered with sores. Catherine concluded from his illustration that it is easier to find God in humiliation and suffering than in prosperity. The tiny tot then began, “with unbelievable earnestness,” to wish for “many maladies.” An ear infection that degenerated into bone decay started to torment her. Catherine undertook to accept everything joyfully and she was cured, despite the treatments of the surgeons of the period, wretched quacks whom Molière rightly held up to ridicule. Without turning a hair, Father Paul Ragueneau describes one of these “operators” in the act of pouring red-hot ashes into the ears of Mlle de Longpré.

At the age of ten, “unaided by any visible person,” Catherine composed a “Donation” to the Blessed Virgin, a text worthy of an adult. Like her contemporaries in the first part of the 17th century, the little girl affirmed her yearning for epic deeds. And so her impetuosity burst forth in uncompromising formulas: “Remove from my heart every impurity, let me die now rather than allow my heart and soul to be soiled by the slightest blemish.”

Despite their predisposition to panegyrize, the hagiographers record a complete reversal of Catherine’s attitude. Was this a normal adolescent crisis, or an awareness of her deep and engaging femininity? Catherine realized that she was pretty, intelligent, and attractive, and made use of her charms to conquer those about her. To some extent she imitated the precious ladies of the Hôtel de Rambouillet; she sang love songs, and read novels, perhaps L’Astrée and Polexandre. In summarizing this brief period of exuberance, Catherine wrote: “I took pleasure then in being loved and in seeking friendship without wanting to appear to be doing so; on the contrary, I gave the appearance of much severity, in order to be considered an independent thinker.”

When she was twelve and a half, Catherine underwent a “bad shakeup”: she felt that God was calling her to the cloister, but she balked, because the world attracted her. “I tried,” she said, “to stifle it all by seeking diversions.” But ever pursued by her obsession with pleasing God, she became a Hospitaller of Bayeux on 7 October 1644, joining her elder sister there. Thinking herself “too young and too small” to make a final decision, she jauntily notified the authorities of the hospital that she was not coming to the noviciate with the express intention of staying there, “but merely to try it out and to see something of how the nuns live.” She was put to the test “twofold,” for fear that her vocation might have sprung from a desire for human esteem. Catherine remained firm, however, and openly challenged the mistress of novices: “Do what you like to me, you will not make me give up the nun’s habit and I will not leave here except to go to Canada.”

These prophetic words were not long in being fulfilled. The Hospitallers of Quebec were at that moment requesting reinforcements from their Mothers in France. The two de Longpré sisters were among the first to offer themselves, especially Catherine who was not old enough to make her profession. Her family became alarmed. The older sister yielded to her parents’ entreaties, but the younger one resisted all pressures. M. de Longpré became annoyed and “petitioned the court” to prevent his daughter’s departure. The novice was adamant and vowed to live and die in Canada if God would let her go there. Her father softened and gave his consent. The nuns, for their part, were reluctant to lose a recruit who gave promise of rendering such great services to the Bayeux convent. At last Catherine took ship for Quebec. She was not yet 16, the minimum age for profession. She was allowed to take ordinary vows, which she did in the chapel of Notre-Dame-de-Toute-Joie at Nantes. At sea she almost died of the plague. After three months on the ocean, she reached New France on 19 Aug. 1648.

At this period Quebec was only a little town in the midst of barbarism. Catherine was lodged in an Hôtel-Dieu that seemed “more like a hut than a hospital.” And what an atmosphere there was in the country! The Iroquois were massacring the Hurons, martyring the missionaries, burning the dwellings, and threatening to destroy the colony. In a letter dated 9 Nov. 1651, Mother Catherine wrote: “We are in no hurry to finish the rest of our buildings, because of our uncertainty whether we shall be staying here for long.”

Mother Catherine soon established for herself a reputation as an exemplary nun: she was considered to be a treasure, she was loved and was thought to be perfect by nature. But her health was so fragile that the Hospitallers of Bayeux became concerned and invited her to return to France. The young nun declined these offers: “I am too much absorbed in Canada,” she exclaimed, “to be able to tear myself away. Believe, me, my dear aunt, only death or a general upheaval in this country can break this bond.”

We find her becoming in turn depositary (1659), senior Hospitaller (1663), and mistress of novices (1665). In 1668 the community contemplated electing her superior, but on 20 April of that year she began spitting blood. On 8 May, she died at the age of 36.

After 1668, Mother Catherine’s secrets were brought to light. In Canada, even in Europe, there was talk of the extraordinary occurrences at the Hôtel-Dieu in Quebec. In 1671 Father Paul Ragueneau published La vie de Mère Catherine de Saint-Augustin. At once the public penetrated into the innermost existence of the young nun. Until then she had appeared to be at peace with this world and the next; but suddenly a host of disturbing things were learned about this Hospitaller who had seemed so serene and so intent upon passing unnoticed. What a price she had paid for her saintliness! God had allowed her to be possessed, that is, to be tormented in visible and external fashion by the devil. At times, says Ragueneau, so great a horde of demons assailed Mother Catherine that they seemed as numerous “as the specks one sees in the air in sunlight” (p.160). In the presence of these dark angels, she underwent a kind of psychological dissociation from herself: despite her refined nature she was cohabiting with depraved beings. This ontological torture was aggravated by a sort of moral dualism: on the one hand she felt an unspeakable loathing for the slightest impurity; on the other hand she felt as if sin were imprinted in her heart and she regretted that she was not utterly impious, not “fully and completely like the demons” (p.125). It is not surprising that she skirted the abyss of despair: “I experienced a violent desire to be damned without delay” (pp.206–7).

Instead of crying for help and begging for deliverance, Mother Catherine advanced to the limit of magnanimity and uttered this pathetic prayer: “My Saviour and my All! If the demons’ sojourn in my body is pleasing in your sight, I am willing that they should stay there as long as you wish; provided that sin does not creep in with them, I fear nothing, and I hope that you will grant me grace to love you for all eternity, even though I were in the depths of hell.” (P.50)

Catherine de Saint-Augustin tells that God gave her as director the Jesuit Father Jean de Brébeuf, another native of Bayeux, who had died in 1649. This missionary had never during his lifetime met Mother Catherine de Saint-Augustin. The nun says that from 1662 on, she frequently received visits from this blessed Jesuit, who was entrusted with guiding, comforting, and at times restraining her in her mortifications. But on certain days even he seemed to elude her. To win him to her, Mother Catherine spoke to him with childlike simplicity: “How happy I am, Father, that you are deriving some small joy and satisfaction now from seeing me thus crucified: be vexed with me as much as you like; I shall always look upon you and love you as my kind and charitable Father.” (P.207.)

On many occasions Mother Catherine stated that it was for Canada, which was in danger of undergoing grave punishments for the crimes being committed there, that she was enduring suffering. This role of assumed victim for the colony has placed Mother Catherine among the founders of the Canadian Church. While others overcame the forest, the rivers, the winter and the Indians, Mother Catherine bore the sins of her adopted country and grappled in close quarters with the powers of darkness.

What are we to think of these unusual revelations? In the first place, Father Ragueneau recounts them in uninspired fashion, in the style of the ancient hagiographers who were more skilful in giving a distaste for virture than in effectively presenting their personages. This first biographer of Mother Catherine advises us, however, that he composed the Vie from the Hospitaller’s own “Journal.” Since the latter document has disappeared, internal criticism is required to evaluate Father Ragueneau’s work. Until this scientific study is made, there are left to us a number of pieces of testimony in Mother Catherine’s favour: the opinions of contemporaries who concur in their praise of the heroic nun.

First of all, the Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec published an obituary notice which should be mentioned. Let us note this paragraph: “This dear Mother died in odour of sanctity, 8 May 1668, aged 36 years and 5 days, universally mourned by the whole Community and the whole colony as a soul who brought great blessings upon this poor land. She spent 20 years in Canada, where she was a source of great edification to everyone and gave great glory to God by the heroic acts of virtue she accomplished there, although externally she led an ordinary life that carefully concealed the treasures of grace that God had bestowed upon her.”

Further on, the annalist noted that the Vie had the merit of displeasing the members of Port Royal “who contemplated submitting it to the Sorbonne” apparently in the hope of having it condemned.

Here is how Mother Marie Forestier de Saint-Bonaventure, superior of the Hôtel-Dieu in 1668, announced the death of her daughter in religion to the Hospitallers of Bayeux: “We cannot possibly convey to you our sentiments at such a loss, for we have lost what we shall never regain, the best and most lovable person one might ever hope to see: the best formed and most attractive disposition one can conceive of; a girl who was as quiet, charitable, and prudent as anyone could imagine: her virtue was as exceptional as God’s behaviour with her was unusual. Our grief is so legitimate and so palpable that we can speak of it and think of it only with tears.”

Bishop François de Laval* for his part wrote personally to the Superior of the Hospitallers of Bayeux: “My dear Mother, there is every reason to glorify God for the course of action he has followed with respect to our Sister Catherine de Saint-Augustin. She was a soul he had chosen in order to impart to her very great and very special blessings. Her saintliness will be better known in heaven than in this life, for assuredly she is exceptional. She has accomplished much and suffered much with inviolable faithfulness and with a courage that was above the ordinary: her love for her fellow man was able to take in anything, no matter how difficult. I have no need of the extraordinary things which took place within her in order to be convinced of her saintliness; her real virtues make it perfectly known to me.”

His interest aroused by all the marvellous stories which were circulating about Mother Catherine, Father Joseph-Antoine Poncet de La Rivière, a former missionary in New France, consulted Marie de l’Incarnation. [see Guyart]. After the burning of her monastery (30 Dec. 1650), the latter had lived for three weeks at the Hôtel-Dieu in Quebec. This stay had allowed her to meet Mother Catherine and to develop an admiration for her. Mother Marie de l’Incarnation was nevertheless cautious in her reply to Father Poncet: “I am quite unable to tell you my feeling about such extraordinary matters, as you ask me to, and I beg you to excuse me from doing so, seeing that persons of learning and virtue are suspending judgment on the question and are continuing in doubt, not daring to give credence to unusual visions of this type. Reverend Father Ragueneau is a scholar in these matters and he considers her blessed, because she has always been faithful in her duty, and has never yielded to the demon, over whom she has always been victorious. I am of the opinion that this fidelity in her obligations and her struggles makes her great in heaven, and I rely on that more readily than on the visions that I hear about. And what has further astonished persons of virtue and experience is the fact that she never said a word about her behaviour to her superior, who is a very enlightened person of great, experience and of exceptional virtue.” Further on, Marie de l’Incarnation was more explicit: “It was not for lack of loyalty or submissiveness that she kept all that secret, but because of the order she had received from her directors in view of the nature of her case which might well have been upsetting.”

By the overflowing activity of her life as well as by her discretion and her good humour, Mother Catherine proved that she was by no means a hysterical woman. Aware that he was writing a book likely to arouse controversy, Father Ragueneau began it by a foreword. In this preliminary vindication, Mother Catherine appeared as a well-balanced person, secure from all the snares of the imagination. The Vie began with a symbolic picture engraved at Bishop Laval’s request. At the bottom were to be seen Satan and the souls in purgatory; in the centre, angels helped Mother Catherine to support a large cross; in the sky Father Brébeuf was holding a palm in his hand; at the very top were the Virgin and Our Lord. This picture is a sort of condensed biography, which makes no impression on the 20th century. Instead of this complicated iconography, we prefer the likeness of the delicate face of Mother Catherine de Longpré that adorns the little private chapel in the Hôtel-Dieu in Quebec. Lively and wide-awake, this delightful young Norman girl hurled herself into paradise at a heroic pace. She must be depicted above all as a missionary on foreign soil, as a nurse, as an enterprising woman who died with a “Te Deum” on her lips. In that way she will emerge gloriously from the shadows, reassuring both theologians and psychiatrists.


Marie Guyart de l’Incarnation, Lettres (Martin); Lettres (Richaudeau). JR (Thwaites), XXXII. Juchereau, Annales (Jamet). Paul Ragueneau, La vie de Mère Catherine de Saint-Augustin (Paris, 1671). P.-G. Roy, La Fille de Québec, I, 207–8. Les Ursulines de Québec, I, 9.

General Bibliography

SOURCE : http://biographi.ca/en/bio/simon_de_longpre_marie_catherine_de_1F.html


Beata Maria Caterina di Sant’Agostino (Catherine Simon de Longpré) Vergine


Saint-Sauvuer-le-Vicompte, Francia, 3 maggio 1632 – Quebéc, Canada, 8 maggio 1668

La beata francese Maria Caterina di Sant’Agostino (al secolo Catherine Simon de Longpré), Suora Ospedaliera della Misericordia dell’Ordine di Sant’Agostino, si dedicò alla cura degli infermi confortandoli ed infondendo speranza nei loro cuori. Giovanni Paolo II la beatificò il 23 aprile 1989.
Martirologio Romano: Nel Québec in Canada, beata Maria Caterina di Sant’Agostino (Caterina) Symon de Longprey, vergine delle Suore Ospedaliere delle Misericordia dell’Ordine di Sant’Agostino, che, dedita alla cura degli infermi, si distinse nel dare loro speranza e consolazione.

Se non si avesse la certezza, che la Chiesa prima di proclamare Beato o Santo, qualche suo eroico e virtuoso figlio o figlia, mette in atto tante indagini conoscitive e vari processi sull’intera vita del Servo di Dio, non si potrebbe credere alle notizie biografiche che riguardano la beata Maria Caterina di Sant’Agostino, al secolo Catherine Simon de Longpré. 

Tutto fu precoce in lei, visse le tappe della sua fanciullezza, adolescenza, giovinezza, in modo del tutto diverso e veloce dalle sue coetanee e dalle stesse Suore sue consorelle, concludendo dopo tante esperienze, la sua giovane vita a soli 36 anni di età. 

Catherine Simon de Longpré, nacque il 3 maggio 1632 a Saint-Sauvuer-le-Vicompte, nella diocesi di Coutances, in Francia, attuale Dipartimento della Manica; figlia dell’avvocato Giacomo Simon de Longpré e di Francesca Jourdan de Launay, figlia di magistrato. 

Fu battezzata lo stesso giorno della nascita con il nome di Caterina; i genitori erano ferventi cristiani e in buoni rapporti con san Giovanni Eudes (1601-1680), fondatore di due Congregazioni religiose e uomo di profonda spiritualità, che tanto influsso ebbe nella formazione spirituale di Caterina. 

Nel 1634, a due anni, la bimba fu affidata ai nonni materni, forse per la morte della madre, che avevano nella loro casa, una specie di piccolo ospedale per gli ammalati poveri. 

In quella casa, ebbe l’opportunità di conoscere sacerdoti e religiosi che la frequentavano, inoltre per l’attività di assistenza che vi si svolgeva, poté formarsi al suo futuro stato di suora ospedaliera, ed aprirsi ad una vita spirituale più intensa. 

Qui si ebbero i primi segni della sua precocità, a tre anni e mezzo, a seguito di conversazioni con il gesuita padre Malherbe, manifestò il proposito di fare sempre la volontà di Dio; a quattro anni si confessò per la prima volta. 

Ad otto anni fece la Prima Comunione e si iscrisse alla Confraternita del Rosario; a 10 anni, nel 1642, si consacrò volontariamente alla Vergine Santissima, con un documento scritto e firmato poi col suo sangue. 

Forse su consiglio del già citato s. Giovanni Eudes, ad 11 anni fece tre voti privati: non commettere mai peccato mortale, vivere in castità perpetua, prendere come madre la Beata Vergine; condusse la sua esistenza di preadolescente, dedita alla preghiera e alla meditazione, confessandosi due volte la settimana e facendo la Comunione settimanalmente, coltivando nel contempo il desiderio di farsi suora, come le aveva predetto anche san Giovanni Eudes. 

Aveva 12 anni, quando il 7 ottobre 1644, entrò con la sorella maggiore, come aspirante nel monastero delle Agostiniane Ospedaliere di Bayeux, alla cui fondazione, i suoi parenti avevano generosamente contribuito. 

Dopo due anni di preparazione come aspirante, fu ammessa al Noviziato, ricevendo l’abito religioso il 24 ottobre 1646 a 14 anni, nello stesso giorno in cui la nonna materna, rimasta vedova, entrava anch’ella in convento. 

Durante il Noviziato, il suo fervore e zelo, era di una intensità che ci si sarebbe aspettato più da una suora adulta e matura spiritualmente, che da un’adolescente. 

Al termine del noviziato, il 25 aprile del 1648, a 16 anni, emise i voti semplici e il 4 maggio successivo, poté fare a Nantes la professione religiosa, prendendo il nome di suor Maria Caterina di Sant’Agostino. 

La Congregazione delle “Canonichesse Regolari Ospedaliere della Misericordia di Gesù”, aveva fondato nel 1639, l’Ospedale “Hôtel Dieu” a Quebec in Canada, e si trovava nella necessità di inviare forze giovani di rinforzo, in questa città nordamericana. 

Pertanto, fu chiesto anche al monastero di Bayeux qualche volontaria, Caterina si offrì subito, ma non aveva ancora 16 anni; si cercò di dissuaderla e suo padre si oppose fermamente. 

Suor Maria Caterina, confusa per le difficoltà, fece allora il voto di “vivere e morire in Canada, se Dio gliene avesse aperto la porta”; alla fine tutti si arresero alla sua volontà; padre, superiora e vescovo diocesano, acconsentirono alla sua partenza. 

Il 27 maggio 1648, insieme alla consorella madre Anna dell’Assunzione, suor Maria Caterina s’imbarcò a La Rochelle per Quebec, dove arrivò il 19 agosto 1648. 

In Canada trovò di che essere insoddisfatta, clima rigido, i compiti molto impegnativi, la minaccia alla città da parte degli Irochesi in guerra; ma sentiva che era la strada scelta da Dio per lei e quindi di buon grado si mise all’opera per superare le difficoltà, impegnandosi anche ad imparare le lingue locali. 

La sua opera, si rivelò di grande aiuto alla comunità delle Canonichesse Regolari Ospedaliere della Misericordia, lavorando instancabilmente all’interno del monastero e nell’ospedale “Hôtel Dieu”, espletando tutti i compiti che le venivano affidati; a 22 anni fu eletta una prima volta amministratrice, sia della Casa che dell’Ospedale, più tardi divenne direttrice dell’ospedale, consigliere della superiora e maestra delle novizie. 

Nel suo primo triennio come amministratrice, curò la costruzione del nuovo ospedale; mentre si dedicava all’apostolato e alla catechesi. 

Intanto lei così giovane e attiva, era nel contempo spesso ammalata; la beata Maria dell’Incarnazione (Maria Guyart, 1599-1672), fondatrice delle Orsoline a Quebec, che la conosceva bene, disse di lei: “Ebbe la febbre per più di otto anni senza andare a letto, senza lamentarsi, senza omettere di fare l’obbedienza, senza perdere gli esercizi, sia del coro, sia del suo ufficio, sia della comunità”. 

Sempre dotata di un’accoglienza amabile ed incantevole, era considerata dalle consorelle solo come una buona religiosa, ma il suo animo, la sua spiritualità, le sue ricchezze interiori, erano note solo al direttore spirituale e al primo vescovo di Quebec, il beato Francesco de Laval (1623-1708). 

E da mons. de Laval, giunto in Canada nel giugno 1659, ricevette il sacramento della Cresima, il 24 agosto 1659 a 27 anni; Maria Caterina di S. Agostino, continuò in silenzio il suo stile di vita, di suora prudente, obbediente, caritatevole, umile e precisa; era gratificata di straordinarie grazie mistiche, visioni e rivelazioni, ma dovette sopportare anche continue lotte contro il demonio, che la tormentava con violente tentazioni. 

Suor Maria Caterina, ebbe però la consolazione di vedere spiritualmente, padre Jean de Brébeuf (1593-1649), martire gesuita in Canada nel 1649, proclamato Beato nel 1925 e Santo nel 1930, insieme ad altri sette gesuiti, martiri fra il 1622 e il 1649, Gabriele Lalemont, Isacco Jogues, Antonio Daniel, Carlo Garnier, Natale Chabanel, Renato Goupil, Giovanni de La Lande. 

Il santo gesuita, che era stato ucciso dagli Irochesi, le apparve rattristato, dicendole: “Che era per lui una pena vedere che un Paese, per cui egli aveva tanto lavorato e dove aveva versato il sangue, ora fosse terra di abominio e d’empietà”; proseguendo: “Sorella di Sant’Agostino! Avrete pietà di noi? Aiutateci ve ne prego”. 

Suor Caterina, allora rispose abbandonandosi “alla giustizia divina, come una pubblica vittima per gli altrui peccati”. 

Nel mese di febbraio 1663, ebbe ancora delle visioni di padre Jean de Brébeuf, che le fece capire che Dio, voleva servirsi di lui per proteggere il Paese, e quanti avrebbero ricorso a lui, ne avrebbero ricevuto un aiuto sicuro. 

Nella sua offerta totale al servizio della gloria di Dio e della salvezza delle anime dei francesi e degli indigeni, Maria Caterina ebbe sofferenze enormi, attaccata dai demoni, che non le concedevano alcun riposo, torturandola moralmente e anche picchiandola fisicamente. 

Tutte queste esperienze ci sono state tramandate dal gesuita padre Paul Ragueneau, che fu suo confessore e poi suo biografo; purtroppo il suo “Journal spirituel”, da lei scritto su richiesta dei consiglieri spirituali e dal quale il biografo Ragueneau, trasse i suoi pensieri, andò distrutto nell’incendio scoppiato nel 1775 all’”Hôtel Dieu” di Quebec. 

Il 20 aprile 1668, suor Maria Caterina, si ammalò gravemente di tisi e dopo aver ricevuto i santi Sacramenti, morì serenamente a Quebec, l’8 maggio 1668, a soli 36 anni d’età appena compiuti. 

Suor Maria Caterina di Sant’Agostino de Longpré, è stata proclamata Beata a Roma, il 23 aprile 1989 da papa Giovanni Paolo II; la sua festa liturgica è l’8 maggio.

Autore: Antonio Borrelli


Hudon, L. et Bégin, Louis-Nazaire. Vie de la mère Marie-Catherine de Saint-Augustin, religieuse de l'Hôtel-Dieu du Précieux-Sang de Québec, 1632-1668 : http://www.ourroots.ca/e/toc.aspx?id=1733