Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur disait [1] : « Il fallait que s'accomplît ce qui était annoncé par l'Ecriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d'entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem [2]. C'est vous qui en êtes les témoins[3]. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus d'une force venue d'en haut ».
Puis il les emmena jusque vers Béthanie [4] et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux [5] et fut emporté au ciel [6]. Ils se prosternèrent devant lui [7], puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie [8]. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu [9].
[1] Les jours qui s'écoulèrent entre la résurrection du Seigneur et son ascension, mes bien-aimés, n'ont pas été dépourvus d'événements : de grands mystères y ont reçu leur confirmation, de grandes vérités y ont été révélées. C'est alors que la crainte d'une mort amère est écartée, et que l'immortalité, non seulement de l'âme mais aussi de la chair, est manifestée. C'est alors que, par le souffle du Seigneur, le Saint-Esprit est communiqué à tous les Apôtres ; et le bienheureux Apôtre Pierre, après avoir reçu les clefs du Royaume, se voit confier, de préférence aux autres, la garde du bercail du Seigneur. En ces jours-là, le Seigneur se joint à deux disciples et les accompagne en chemin ; et, afin de dissiper en nous toute l'obscurité du doute, il reproche à ces hommes apeurés leur lenteur à comprendre. Les cœurs qu'il éclaire voient s'allumer en eux la flamme de la foi ; ils étaient tièdes, et ils deviennent brûlants lorsque le Seigneur leur fait comprendre les Ecritures. A la fraction du pain, les yeux des convives s'ouvrent. Ils ont un bonheur bien plus grand, eux qui voient se manifester la glorification de leur nature humaine, que nos premiers parents qui conçoivent de la honte pour leur désobéissance. (…) Pendant tout ce temps qui s'est écoulé entre la résurrection du Seigneur et son ascension, voilà, mes bien-aimés, de quoi la providence divine s'est occupée, voilà ce qu'elle a enseigné, voilà ce qu'elle a fait comprendre aux yeux et aux cœurs de ses amis : on reconnaîtrait que le Seigneur Jésus était vraiment ressuscité, lui qui vraiment était né, avait souffert et était mort vraiment. Aussi les bienheureux Apôtres et tous les disciples que la mort de la croix avait apeurés et qui doutaient de la foi en la résurrection furent-ils raffermis par l'évidence de la vérité ; si bien que, lorsque le Seigneur partit vers les hauteurs des cieux, ils ne furent affectés d'aucune tristesse, mais comblés d'une grande joie. Certes, c'était pour eux un motif puissant et indicible de se réjouir puisque, devant le groupe des Apôtres, la nature humaine recevait une dignité supérieure à celle de toutes les créatures célestes ; elle allait dépasser les chœurs des anges et monter plus haut que les archanges ; les êtres les plus sublimes ne pourraient mesurer son dogré d'élévation, car elle allait être admise à trôner auprès du Père éternel en étant associée à sa gloire, puisque la nature divine lui était unie dans la personne du Fils (saint Léon le Grand : premier sermon pour l’Ascension, 2-4).
[2] Il fallait que tout s'accomplît (…) Quoi donc ? Que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât d'entre les morts le troisième jour. Ils l'ont vu : ils l'ont vu souffrir, ils l'ont vu attaché à la croix, et ils le voient après sa résurrection, vivant et présent parmi eux. Que ne voient-ils pas ? Son corps, c'est-à-dire l’Eglise. Le Christ, ils le voient, mais elle, ils ne la voient pas. Ils voient l’Epoux, l’Epouse est encore cachée (…) La conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Voilà ce que les disciples ne voient pas encore : l'Eglise répandue à travers toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Ils voient la tête et, sur sa parole, ils croient à son corps (…) Nous leur sommes semblables : nous voyons quelque chose qu'ils ne voyaient pas, mais nous ne voyons pas quelque chose qu’ils voyaient. Que voyons-nous qu'ils ne voyaient pas ? L'Eglise répandue à travers les nations. Que ne voyons-nous pas, mais qu'ils voyaient ? Le Christ vivant dans la chair. Comment le voyaient-ils, tandis qu'ils croyaient à son corps ? De la même façon que nous voyons le corps et croyons à la tête. En revanche, que ce que nous ne voyons pas vienne à notre aide ! Voir le Christ a aidé les Onze à croire à l’Eglise future. L’Eglise que nous voyons nous aide à croire que le Christ est ressuscité. Leur foi a reçu son accomplissement : de même la nôtre. La leur a été accomplie en ce qui concerne la tête, la nôtre l'est en ce qui concerne le corps. Le Christ total s'est fait connaître d'eux et de nous. Mais il n'a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous. Eux, ils ont vu la tête, et ils ont cru au corps. Nous, nous avons vu le corps et nous avons cru à la tête. Cependant le Christ ne fait défaut à personne: il est tout entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché (saint Augustin : sermon CXVI, 1, 5-6).
[3] Si vous voulez comprendre vous aussi vous serez les témoins du Christ. Vous êtes tentés par l'esprit d'impureté mais craignant le jugement de Jésus-Christ vous avez voulu conserver intacte la pureté de votre âme et de votre corps : vous êtes les témoins de Jésus-Christ. Vous êtes tentés par l’esprit d’avarice qui vous porte à usurper sur les droits du faible mais vous souvenant des préceptes divins vous êtes résolus à prêter votre assistance plutôt qu'à commettre une injustice : vous êtes les témoins du Christ. Vous êtes tentés par l’esprit de superbe mais voyant votre Sauveur pauvre et humble votre cœur est touché et vous choisissez l'humilité plutôt que l'arrogance : vous êtes les témoins du Christ, non seulement les témoins de ce qu'il a dit mais de ce qu'il a fait (...) Combien chaque jour sont nombreux ces martyrs du Christ qui lui rendent témoignage dans le secret ! (saint Ambroise : commentaire du psaume CXVIII, sermon XX 47-48).
[4] Béthanie est située sur le flanc oriental du mont des Oliviers, à moins de trois kilomètres de Jérusalem. Comme Béthanie équivaut pratiquement au mont des Oliviers, on peut déduire une remarque théologique de la précision topographique. Deux textes de l'Ancien Testament font mention de « la montagne qui se trouve à l'orient de la ville » (Ezéchiel, XI 22-23), c'est-à-dire le Mont des Oliviers (Zacharie, XIV 4). Chez le prophète Ezéchiel, la gloire de Yahvé abandonne le Temple profané et voué à la destruction, pour aller se poser sur la montagne à l’orient de la ville. Chez le prophète Zacharie, à la fin des temps, lorsque Yahvé sortira pour le combat et le jugement eschatologiques, « ses pieds se poseront sur le Mont des Oliviers. » Ainsi le Mont des Oliviers est-il le lieu du départ et de la venue glorieuse de Yahvé. En transférant ce qui est dit de Yahvé à Jésus qui s'en va et qui viendra, saint Luc fait une profession de foi en la divinité de Jésus.
[5] Elie était monté au ciel dans un char de feu, emporté par des chevaux de feu : il n’était qu’un homme et il avait besoin d’être soulevé par une force extérieure. Notre Sauveur n’est pas emporté dans un char, il n’est pas soulevé par les anges : celui qui a fait toutes choses s’élève par sa propre puissance au-dessus de toutes choses (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques, 5).
[6] Il repartait ainsi vers le lieu d'où il était, il revenait d'un lieu où il continuait de séjourner : en effet, au moment où il montait au Ciel avec son humanité, il unissait par sa divinité le Ciel et la terre. Ce que nous avons à remarquer sérieusement dans la solennité de ce jour, c'est la suppression du décret qui nous condamnait, du jugement qui nous vouait à la corruption. En effet, la nature à qui s'adressait ces mots : « Tu es poussière, et tu retourneras en poussière », cette nature est aujourd'hui montée au Ciel avec le Christ. Voilà pourquoi il nous faut, de tout notre cœur, le suivre là où nous savons par la foi qu'il est monté avec son corps. Fuyons les désirs de la terre : qu'aucun des liens d'ici-bas ne nous plaise, à nous qui avons un Père dans les Cieux. Pensons aussi au fait que Celui qui est monté au Ciel plein de douceur sera terrible à son retour ; ce qu'il nous a demandé avec bonté, il l'exigera de nous avec fermeté. Par conséquent, que personne ne néglige le temps qui lui reste pour faire pénitence ; que chacun pense à son salut, pendant que cela lui est encore possible, car, au jour du jugement, le Rédempteur sera d'autant plus sévère qu'il aura été plus patient avant ce jugement. Voilà, mes frères, ce qui doit guider votre action. Pensez-y continuellement. Même si vous êtes ballottés dans le remous des affaires, jetez pourtant dès aujourd'hui l'ancre de l'espérance dans la patrie éternelle. Que votre âme ne recherche que la véritable lumière. Nous venons d'entendre lire que le Seigneur est monté au Ciel : pensons sérieusement à ce que nous croyons. Malgré la faiblesse de la nature humaine qui nous retient encore ici-bas, que l'amour nous attire à sa suite, car nous sommes bien sûrs que celui qui nous a inspiré ce désir, Jésus-Christ, ne nous décevra pas dans notre espérance (saint Grégoire le Grand : homélies sur les péricopes évangéliques, XXIX 10-11).
[7] Il s'en allait en tant qu'homme, mais demeurait en tant que Dieu. Ils allaient être privés de cette présence restreinte à un lieu particulier, mais il devait demeurer avec eux par cette présence qui remplit le monde entier. Devaient-ils se troubler quand il se dérobait à leurs yeux, mais sans s'éloigner de leur coeur ? (Saint Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », LXVIII 1).
[8] Puisque l’Ascension du Christ est notre propre élévation, que le corps a l’espérance d’être un jour où l’a précédé son chef glorieux, tressaillons donc de la plus grande joie et marquons cette allégresse par de ferventes actions de grâces. Aujourd’hui, nous n’avons pas seulement été affermis comme possesseurs du Paradis, mais, dans la personne du Christ, nous avons pénétré au plus haut des cieux, obtenant plus par sa grâce ineffable que nous n’avions perdu par l’envie du diable. En effet, ceux là que le venimeux ennemi avait banis de la félicité de leur première demeure, le Fils de Dieu se les est incorporés pour les placer à la droite du Père (saint Léon le Grand : sermon I sur la fête de l’Ascension).
[9] Il nous faut, de tout notre cœur, le suivre là où nous savons par la foi qu'il est monté avec son corps. Fuyons les désirs de la terre : qu'aucun des liens d'ici-bas ne nous plaise, à nous qui avons un Père dans les Cieux. Pensons aussi que Celui qui est monté au Ciel plein de douceur sera terrible à son retour; ce qu'il nous a demandé avec bonté, il l'exigera de nous avec fermeté. Donc que nul ne néglige le temps qui lui reste pour faire pénitence ; que chacun pense à son salut, pendant que c’est encore possible, car, au jour du jugement, le Rédempteur sera d'autant plus sévère qu'il aura été plus patient avant. Voilà ce qui doit guider votre action. Pensez-y continuellement. Même si vous êtes ballottés dans le remous des affaires, jetez pourtant dès aujourd'hui l'ancre de l'espérance dans la patrie éternelle. Que votre âme ne recherche que la véritable lumière. Nous venons d'entendre lire que le Seigneur est monté au Ciel : pensons sérieusement à ce que nous croyons. Malgré la faiblesse de la nature humaine qui nous retient encore ici-bas, que l'amour nous attire à sa suite, car nous sommes bien sûrs que celui qui nous a inspiré ce désir, Jésus-Christ, ne nous décevra pas dans notre espérance (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques, 11).
Mon cher Théophile [1], dans mon premier livre [2] j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel après avoir, dans l’Esprit-Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu'il avait choisis. C'est à eux qu'il s'était montré vivant après sa Passion : il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur était apparu, et leur avait parlé du Royaume de Dieu [3].
Au cours d'un repas qu'il prenait avec eux [4], il leur donna l'ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis[5]. Il leur disait : « C'est la promesse que vous avez entendue de ma bouche. Jean a baptisé avec de l'eau ; mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés[6] d'ici quelques jours »[7]. Réunis autour de lui, les Apôtres lui demandaient : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine [8]. Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins [9] à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre » [10].
Après ces paroles, ils le virent s'élever [11] et disparaître à leurs yeux dans une nuée [12]. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs [13] se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller au ciel » [14].
[1] Théophile, en grec Theophilos (ami de Dieu), est le destinataire de l'évangile et des Actes des Apôtres écrits par saint Luc ; il s'agit d'un chrétien de l'Eglise d'Antioche qui appartient à un rang élevé de la société puisque, dans la dédicace de son évangile, saint Luc le qualifie de kratiste (éminent ou excellent), titre dont on honorait les hauts fonctionnaires.
[2] L'évangile selon saint Luc commence ainsi : « Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des évènements qui se sont accomplis parmi nous, selon ce que nous ont transmis ceux qui, témoins oculaires dès le commencement, sont devenus ensuite serviteurs de la Parole, j'ai décidé, moi aussi, après m'être informé exactement de tout depuis le début, d'en écrire pour toi l'exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus ».
- à Marie-Madeleine (S.Marc XVI 9 et S. Jean XX 16) ;
- aux saintes femmes (S. Matthieu XXVIII 9) ;
- à saint Pierre (S. Luc XXIV 34, I Corinthiens XV 5) ;
- aux disciples d'Emmaüs (S. Luc XXIV 13-32) ;
- aux disciples sans Thomas (S. Luc XXIV 36-43, S. Jean XX 19-23)
- aux disciples avec Thomas (S. Jean XX 26-29) ;
- aux disciples sur le lac de Tibériade (S. Jean XXI 1-23) ;
- aux apôtres avant l'Ascension (S. Marc XVI 19) ;
- à saint Paul (Actes IX 1-6, I Corinthiens XV 8).
[4] Le corps glorieux n’a pas besoin de nourriture, aussi Jésus n’a pas mangé par nécessité mais par condescendance, voulant fonder dans ses apôtres, sur des bases solides, la foi en sa résurrection ; il a pris une preuve qui était à la portée des apôtres.
Il mangea avant de monter au ciel afin de bien établir la réalité de son corps (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques).
Pour moi, je sais et je crois que, même après la Résurrection, Jésus était dans la chair (…) Après la Résurrection, Jésus mangea et but avec eux, comme un être de chair, quoiqu’il fût spirituellement uni à son Père (saint Ignace d’Antioche : lettre aux Smyrniotes, III 1-3).
Avec quel soin ce bon architecte travaille à l'édifice de notre foi ! Il n'avait pas faim, et il demande à manger ; et quand il mange, il le fait par puissance et non par nécessité (saint Augustin : sermon CXVI).
Le soleil quand il absorbe, ne se comporte pas comme la terre quand elle a faim : l'un agit par puissance et l'autre par indigence (saint Bède le Vénérable : commentaire de l'évangile selon saint Luc).
[5] La première des consignes que Jésus donne à ses apôtres est l'ordre de ne pas s'éloigner de Jérusalem, que saint Luc a déjà rapporté (XXIV 47-49). Cette répétition souligne le lien entre la présence des apôtres dans la ville et la première manifestation de la « promesse du Père », à savoir le baptême dans l'Esprit Saint. Jérusalem, qui a été au centre des événements de la Rédemption (passion, mort et résurrection de Jésus) sera aussi le centre d'où rayonnera la prédication apostolique.
[6] L’effusion de l'Esprit Saint est mise par Jésus en parallèle avec le baptême de Jean : de même que, dans le baptême de Jean, le corps était plongé dans l'eau, ainsi les apôtres recevront bientôt une telle abondance de grâces où ils seront comme plongés dans l’Esprit-Saint. Les apôtres y seront plongés comme en un brasier; ils en ressortiront flammes brillantes et ardentes, devenus à leur tour foyers de chaleur et de lumière. Le baptême dans l'Esprit désigne la Pentecôte.
[7] Source de sanctification, lumière intelligible, il fournit par lui-même comme une sorte de clarté à toute puissance rationnelle qui veut découvrir la vérité. Il est inaccessible de sa nature, mais on peut saisir sa bonté. Il remplit tout par sa puissance, mais il se communique seulement à ceux qui en sont dignes, et non pas dans une mesure uniforme mais en distribuant son activité en proportion de la foi. Il est simple par son essence, mais se manifeste par des miracles variés. Il est tout entier présent à chacun, mais tout entier partout. Il se divise, mais sans subir aucune atteinte. Il se donne en partage, mais garde son intégrité: à l'image d'un rayon de soleil, dont la grâce est présente à celui qui en jouit comme s'il était seul, mais qui brille sur la terre et la mer, et s'est mélangé à l'air. C'est ainsi que l'Esprit, présent à chacun de ceux qui peuvent le recevoir comme si celui-ci était seul, répand sur tous la grâce en plénitude. Ceux qui y participent en jouissent autant qu'il est possible à leur nature, mais non pas autant que lui-même peut se donner. Par lui les cœurs s'élèvent, les faibles sont conduits par la main, ceux qui progressent deviennent parfaits. C'est lui, en brillant chez ceux qui se sont purifiés de toute souillure, qui les rend spirituels par leur communion avec lui. Comme les objets nets et transparents, lorsqu'un rayon les frappe, deviennent eux-mêmes resplendissants et tirent d'eux-mêmes une autre lumière; de même les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres. De là viennent la prévision de l'avenir, I'intelligence des mystères, la compréhension des choses cachées, la distribution des dons spirituels, la citoyenneté céleste, la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu, et le comble de ce que l'on peut désirer: devenir Dieu (saint Basile de Césarée : « Le Saint-Esprit » XV 35).
[8] Si le Père « a tout remis dans la main du Fils », le Fils a donc la plénitude de la puissance et de la science divines, mais il aime à rappeler sa dépendance vis-à-vis du Père.
Adorons l’impénétrable secret de Dieu et renfermons-nous dans les bornes où il a voulu terminer les lumières de son Eglise (Bossuet : Méditations sur l’Evangile, 76° journée).
L’Apôtre nous a dit que « tous les trésors de la sagesse et de la science étaient cachés en lui » (Colossiens, II 3). Pourquoi a-t-il dit « cachés » ? Après sa résurrection, interrogés une fois encore par les apôtres, il répondit : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les moments qui dépendent de la puissance du Père » (Actes des Apôtres, I 7), montrant par là qu’il connaît ce jour, mais qu’il n’est pas bon pour les apôtres de le connaître, afin qu’ignorant le moment de l’arrivée du juge, ils vivent chaque jour comme s’ils devaient être jugés le lendemain » (saint Jérôme : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, V).
Ces trésors sont cachés en lui : ils y sont parce qu’il est Dieu ; et ils sont cachés à cause du mystère qu’il accomplit pour nous (saint Hilaire de Poitiers : De Trinitate, IX 6).
[9] Nous leur sommes semblables : nous voyons quelque chose qu'ils ne voyaient pas ; et nous ne voyons pas quelque chose qu'ils voyaient. Que voyons-nous qu'ils ne voyaient pas ? L'Eglise répandue à travers les nations. Et qu'est-ce que nous ne voyons pas, mais qu'ils voyaient ? Le Christ vivant dans la chair. Comment le voyaient-ils tandis qu'ils croyaient à son corps ? De la même façon que nous-mêmes voyons le corps et croyons à la tête. En revanche, que ce que nous ne voyons pas vienne à notre aide ! Voir le Christ a aidé les Onze à croire à l'Eglise future. L'Eglise que nous voyons nous aide à croire que le Christ est ressuscité. Leur foi a reçu son accomplissement : de même la nôtre. La leur a été accomplie en ce qui concerne la tête, la nôtre l'est en ce qui concerne le corps. Le Christ total s'est fait connaître d'eux et s'est fait connaître de nous. Mais il n'a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous. Eux, ils ont vu la tête, et ils ont cru au corps. Nous, nous avons vu le corps et nous avons cru à la tête. Cependant le Christ ne fait défaut à personne : il est tout entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché (Saint Augustin : sermon CXVI).
[10] Quand notre Seigneur Jésus Christ est monté au ciel le quarantième jour, il a recommandé son corps qui devait rester sur la terre: il voyait que beaucoup de gens devaient l'honorer parce qu'il était monté au ciel, et il voyait que cet honneur est inutile si on foule aux pieds ses membres qui restent sur la terre... Voyez où s'étend son corps, voyez où il ne veut pas être foulé aux pieds : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre. » Voilà où je reste, moi qui monte ; je monte parce que je suis la tête. Mon corps reste encore sur la terre. Où est-il ? Sur toute la terre. Prends garde à ne pas le frapper, à ne pas lui faire violence, à ne pas le fouler aux pieds. Ce sont là les dernières paroles du Christ qui monte au ciel (saint Augustin : Traité sur l’épître de saint Jean, X 9).
[11] Elie était monté au ciel dans un char de feu, emporté par des chevaux de feu. Il n’était qu’un homme, et il avait besoin d’être soulevé par une force extérieure. Notre Sauveur n'est pas emporté dans un char, il n'est pas soulevé par les anges : celui qui a fait toutes choses s'élève par sa propre puissance au-dessus de toutes choses (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques, 5).
[12] C'était un signe qu’il allait bien au ciel. Ce n’était plus le char de feu qui avait enlevé le prophète Elie ; c’était la nuée dont le Prophète avait dit en parlant de Dieu : « il fait de la nuée son trône » (Psaume CIII 3). Sans doute cela avait était dit du Père : la nuée sur laquelle il était représenté siégeant, était le symbole de la puissance suprême. Si Jésus monte au ciel porté sur les nuées, il y monte en Dieu (saint Jean Chrysostome : homélie II sur les Actes des Apôtres, 2).
[13] Les anges ont pris des visages d'hommes afin de mieux rassurer les apôtres. Ils sont là, en vêtements blancs, comme étaient les anges de la Résurrection. Ils sont deux : le témoignage de deux témoins ne peut être contesté. Comme les anges de la Résurrection, ils annoncent ce qu'avaient prédit les prophètes. Ils leur montrent qu'ils connaissent leurs pensées secrètes (saint Jean Chrysostome : homélie II sur les Actes des Apôtres, 3).
[14] Il est allé de lui-même au ciel, il n’y a pas été emporté ; il en reviendra de même : il en reviendra par lui-même, il ne sera pas envoyé. Il est remonté avec une puissance souveraine, il en reviendra pour juger le monde. Il est remonté avec son corps, il reviendra dans son corps pour exercer sa puissance judiciaire. Il est allé par lui-même, la nuée n’a fait que venir à sa rencontre. De même quand il reviendra, les nuées seront sous ses pieds et l'environneront (saint Jean Chrysostome : homélie II sur les Actes des Apôtres, 3).
le grand roi sur toute la terre.
sonnez pour notre roi, sonnez.
il est monté au-dessus de tout.
Frères, que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment. Qu'il ouvre votre cœur à sa lumière pour vous faire comprendre l'espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l'héritage que vous partagez avec les fidèles, et la puissance infinie qu'il déploie pour nous, les croyants. C'est la force même, le pouvoir, la vigueur, qu'il a mis en œuvre dans le Christ quand il l'a ressuscité d'entre les morts et qu'il l'a fait asseoir à sa droite dans les cieux. Il l'a établi au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent, quels que soient leurs noms, aussi bien dans le monde présent que dans le monde à venir. Il lui a tout soumis et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l'Église qui est son corps, et l'Église est l'accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de tout.
[1] Dans ce passage de l’épître aux Ephésiens qui célèbre le triomphe du Christ, transparaissent la sagesse et la force de Dieu. A la bénédiction qui ouvre cette lettre (I 3-14), saint Paul ajoute une prière qui remplace l’habituelle action de grâces ; il fait monter vers Dieu les vœux qu'il formule pour des communautés qu'il n'a pas fondées, mais dont il porte la continuelle sollicitude. Là (I 15-23), il joint étroitement action de grâces et intercession (I 16). L'action de grâces jaillit de la contemplation du salut actualisé dans la vie de la communauté. L'intercession souligne que cela ne se réalise pas par notre propre force. L'intercession est l'attitude de celui qui, en face de la grandeur de Dieu, prend conscience de la faiblesse de l'homme et donc de la nécessité du dynamisme de l'Esprit Saint. Ensemble l’action de grâces et l’intercession nous situent dans le dynamisme qui emporte l’Eglise vers la plénitude que Dieu lui réserve. Saint Paul rend grâces à Dieu pour la foi et pour l’amour au sein de la communauté (I 15). L'espérance apparaît plus loin dans la prière d'intercession (I 18), comme fruit d'une sagesse, d'une révélation, d'une connaissance (I 17).
SOURCE :
http://missel.free.fr/Annee_C/paques/ascension_2.html
Commentaires
liturgiques du Jour de l’Ascension
Le jour s’est levé
radieux, la terre qui s’émut à la naissance de l’Emmanuel [1] éprouve un
tressaillement inconnu ; l’ineffable succession des mystères de
l’Homme-Dieu est sur le point de recevoir son dernier complément. Mais
l’allégresse de la terre est montée jusqu’aux cieux ; les hiérarchies
angéliques s’apprêtent à recevoir le divin chef qui leur fut promis, et leurs
princes sont attentifs aux portes, prêts à les lever quand le signal de
l’arrivée du triomphateur va retentir. Les âmes saintes, délivrées des limbes
depuis quarante jours, planent sur Jérusalem, attendant l’heureux moment où la
voie du ciel, fermée depuis quatre mille ans par le péché, s’ouvrant tout à
coup, elles vont s’y précipiter à la suite de leur Rédempteur. L’heure presse,
il est temps que notre divin Ressuscité se montre, et qu’il reçoive les adieux
de ceux qui l’attendent d’heure en heure, et qu’il doit laisser encore dans
cette vallée de larmes.
Tout à coup il
apparaît au milieu du Cénacle. Le cœur de Marie a tressailli, les disciples et
les saintes femmes adorent avec attendrissement celui qui se montre ici-bas
pour la dernière fois. Jésus daigne prendre place à table avec eux ; il
condescend jusqu’à partager un dernier repas, non plus dans le but de les rendre
certains de sa résurrection ; il sait qu’ils n’en doutent plus ;
mais, au moment d’aller s’asseoir à la droite du Père, il tient à leur donner
cette marque si chère de sa divine familiarité. O repas ineffable, où Marie
goûte une dernière fois en ce monde le charme d’être assise aux côtés de son
fils, où la sainte Église représentée par les disciples et par les saintes
femmes est encore présidée visiblement par son Chef et son Époux ! Qui
pourrait exprimer le respect, le recueillement, l’attention des convives, peindre
leurs regards fixés avec tant d’amour sur le Maître tant aimé ? Ils
aspirent à entendre encore une fois sa parole ; elle leur sera si chère à
ce moment du départ ! Enfin Jésus ouvre la bouche ; mais son accent
est plus grave que tendre. Il débute en leur rappelant l’incrédulité avec
laquelle ils accueillirent la nouvelle de sa résurrection [2]. Au moment de leur confier la plus imposante
mission qui ait jamais été transmise à des hommes, il veut les rappeler à
l’humilité. Sous peu de jours ils seront les oracles du monde, le monde devra
croire sur leur parole, et croire ce qu’il n’a pas vu, ce qu’eux seuls ont vu.
C’est la foi qui met les hommes en rapport avec Dieu ; et cette foi,
eux-mêmes ne l’ont pas eue tout d’abord : Jésus veut recevoir d’eux une
dernière réparation pour leur incrédulité passée, afin que leur apostolat soit
établi sur l’humilité.
Prenant ensuite le ton
d’autorité qui convient à lui seul, il leur dit : « Allez dans le
monde entier, prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera
baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera
condamné » [3]. Et cette mission de prêcher l’Évangile au
monde entier, comment l’accompliront-ils ? Par quel moyen réussiront-ils à
accréditer leur parole ? Jésus le leur indique : « Voici les
miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les
démons en mon nom ; ils parleront des langues nouvelles ; ils
prendront les serpents avec la main ; s’ils boivent quelque breuvage
mortel, il ne leur nuira pas ; ils imposeront les mains sur les malades,
et les malades seront guéris » [4]. Il veut que le miracle soit le fondement de
son Église, comme il l’a choisi pour être l’argument de sa mission divine. La
suspension des lois de la nature annonce aux hommes que l’auteur de la nature
va parler ; c’est à eux alors d’écouter et de croire humblement.
Voilà donc ces hommes
inconnus au monde, dépourvus de tout moyen humain, les voilà investis de la
mission de conquérir la terre et d’y faire régner Jésus-Christ. Le monde ignore
jusqu’à leur existence ; sur son trône impérial, Tibère, qui vit dans la
frayeur des conjurations, ne soupçonne en rien cette expédition d’un nouveau
genre qui va s’ouvrir, et dont l’empire romain doit être la conquête. Mais à
ces guerriers il faut une armure, et une armure de trempe céleste. Jésus leur
annonce qu’ils sont au moment de la recevoir. « Demeurez dans la ville,
leur dit-il, jusqu’à ce que vous ayez été revêtus de la vertu d’en
haut » [5]. Or, quelle est cette
armure ? Jésus va le leur expliquer. Il leur rappelle la promesse du Père,
« cette promesse, dit-il, que vous avez entendue par ma bouche. Jean a
baptisé dans l’eau ; mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés
dans le Saint-Esprit » [6].
Mais l’heure de la
séparation est venue. Jésus se lève, et l’assistance tout entière se dispose à
suivre ses pas. Cent vingt personnes se trouvaient là réunies avec la mère du
divin triomphateur que le ciel réclamait. Le Cénacle était situé sur la
montagne de Sion, l’une des deux collines que renfermait l’enceinte de
Jérusalem. Le cortège traverse une partie de la ville, se dirigeant vers la
porte orientale qui ouvre sur la vallée de Josaphat. C’est la dernière fois que
Jésus parcourt les rues de la cité réprouvée. Invisible désormais aux yeux de
ce peuple qui l’a renié, il s’avance à la tête des siens, comme autrefois la
colonne lumineuse qui dirigeait les pas du peuple israélite. Qu’elle est belle
et imposante cette marche de Marie, des disciples et des saintes femmes, à la
suite de Jésus qui ne doit plus s’arrêter qu’au ciel, à la droite du
Père ! La piété du moyen âge la célébrait jadis par une solennelle
procession qui précédait la Messe de ce grand jour. Heureux siècles, où les
chrétiens aimaient à suivre chacune des traces du Rédempteur, et ne savaient
pas se contenter, comme nous, de quelques vagues notions qui ne peuvent
enfanter qu’une piété vague comme elles !
On songeait aussi
alors aux sentiments qui durent occuper le cœur de Marie durant ces derniers
instants qu’elle jouissait de la présence de son fils. On se demandait qui
devait l’emporter dans ce cœur maternel, de la tristesse de ne plus voir Jésus,
ou du bonheur de sentir qu’il allait entrer enfin dans la gloire qui lui était
due. La réponse venait promptement à la pensée de ces véritables chrétiens, et
nous aussi, nous nous la ferons à nous-mêmes. Jésus n’avait-il pas dit à ses
disciples : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je
m’en vais à mon Père ? » [7] Or, qui aima plus Jésus
que ne l’aima Marie ? Le cœur de la mère était donc dans l’allégresse au
moment de cet ineffable adieu. Marie ne pouvait songer à elle-même, quand il
s’agissait du triomphe dû à son fils et à son Dieu. Après les scènes du
Calvaire, pouvait-elle aspirer à autre chose qu’à voir glorifié enfin celui
qu’elle connaissait pour le souverain Seigneur de toutes choses, celui qu’elle
avait vu si peu de jours auparavant renié, blasphémé, expirant dans toutes les
douleurs.
Le cortège sacré a
traversé la vallée de Josaphat, il a passé le torrent de Cédron, et il se
dirige sur la pente du mont des Oliviers. Quels souvenirs se pressent à la
pensée ! Ce torrent, dont le Messie dans ses humiliations avait bu l’eau
bourbeuse, est devenu aujourd’hui le chemin de la gloire pour ce même Messie.
Ainsi l’avait annoncé David [8]. On laisse sur la gauche le jardin qui fut
témoin de la plus terrible des agonies, cette grotte où le calice de toutes les
expiations du monde fut présenté à Jésus et accepté par lui. Après avoir
franchi un espace que saint Luc mesure d’après celui qu’il était permis aux
Juifs de parcourir le jour du Sabbat, on arrive sur le territoire de Béthanie,
cet heureux village où Jésus, dans les jours de sa vie mortelle, recherchait
l’hospitalité dé Lazare et de ses sœurs. De cet endroit de la montagne des
Oliviers on avait la vue de Jérusalem, qui apparaissait superbe avec son temple
et ses palais. Cet aspect émeut les disciples. La patrie terrestre fait encore
battre le cœur de ces hommes ; un moment ils oublient la malédiction
prononcée sur l’ingrate cité de David, et semblent ne plus se souvenir que Jésus
vient de les faire citoyens et conquérants du monde entier. Le rêve de la
grandeur mondaine de Jérusalem les a séduits tout à coup, et ils osent adresser
cette question à leur Maître : « Seigneur, est-ce à ce moment que
vous rétablirez le royaume d’Israël ? »
Jésus répond avec une
sorte de sévérité à cette demande indiscrète : « Il ne vous
appartient pas de savoir les temps et les moments que le Père a réservés à son
pouvoir. » Ces paroles n’enlevaient pas l’espoir que Jérusalem fût un jour
réédifiée par Israël devenu chrétien ; mais ce rétablissement de la cité
de David ne devant avoir lieu que vers la fin des temps, il n’était pas à
propos que le Sauveur fît connaître le secret divin. La conversion du monde
païen, la fondation de l’Église, tels étaient les objets qui devaient
préoccuper les disciples. Jésus les ramène tout aussitôt à la mission qu’il
leur donnait il y a peu d’instants : « Vous allez recevoir, leur
dit-il, la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins
dans Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de
la terre » [9].
Selon une tradition
qui remonte aux premiers siècles du christianisme [10], il était l’heure de
midi, l’heure à laquelle Jésus avait été élevé sur la croix, lorsque, jetant
sur l’assistance un regard de tendresse qui dut s’arrêter avec une complaisance
filiale sur Marie, il éleva les mains et les bénit tous. A ce moment ses pieds
se détachèrent de la terre, et il s’élevait au ciel [11]. Les assistants le
suivaient du regard ; mais bientôt il entra dans une nuée qui le déroba à
leurs yeux [12].
C’en était fait :
la terre avait perdu son Emmanuel. Quarante siècles l’avaient attendu, et il
s’était rendu enfin aux soupirs des Patriarches et aux vœux enflammés des
Prophètes. Nous l’adorâmes, captif de notre amour, dans les chastes flancs de
la Vierge bénie. Bientôt l’heureuse mère nous le présenta sous l’humble toit
d’une étable à Bethléhem. Nous le suivîmes en la terre d’Égypte, nous
l’accompagnâmes au retour, et nous vînmes nous fixer avec lui à Nazareth.
Lorsqu’il partit pour exercer sa mission de trois ans dans sa patrie terrestre,
nous nous attachâmes à ses pas, ravis des charmes de sa personne, écoutant ses
discours et ses paraboles, assistant à ses prodiges. La malice de ses ennemis
étant montée à son comble, et l’heure venue où il devait mettre le sceau à cet
amour qui l’avait attiré du ciel en terre par la mort sanglante et ignominieuse
de la croix, nous recueillîmes son dernier soupir et nous fûmes inondés de son
sang divin. Le troisième jour, il s’échappait de son sépulcre vivant et
victorieux, et nous étions là encore pour applaudir à son triomphe sur la mort,
par lequel il nous assurait la gloire d’une résurrection semblable à la sienne.
Durant les jours qu’il a daigné habiter encore cette terre, notre foi ne l’a
pas quitté ; nous eussions voulu le conserver toujours ; et voici
qu’à cette heure même il échappe à nos regards, et notre amour n’a pu le
retenir ! Plus heureuses que nous, les âmes des justes qu’il avait
délivrées des limbes l’ont suivi dans son vol rapide, et elles jouissent pour
l’éternité des délices de sa présence.
Les disciples tenaient
encore les yeux fixés au ciel, lorsque soudain deux Anges vêtus de blanc se
présentèrent à eux et leur dirent : « Hommes de Galilée, pourquoi
vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui vous a quittés pour
s’élever au ciel reviendra un jour en la même manière que vous l’avez vu
monter » [13]. Ainsi, le Sauveur est remonté, et le juge
doit un jour redescendre : toute la destinée de l’Église est comprise
entre ces deux termes. Nous vivons donc présentement sous le régime du
Sauveur ; car notre Emmanuel nous a dit que « le fils de l’homme
n’est pas venu pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par
lui » [14] ; et c’est dans
ce but miséricordieux que les disciples viennent de recevoir la mission d’aller
par toute la terre et de convier les hommes au salut, pendant qu’il en est
temps encore.
Quelle tâche immense
Jésus leur a confiée ! Et au moment où il s’agit pour eux de s’y livrer,
il les quitte ! Il leur faut descendre seuls cette montagne des Oliviers
d’où il est parti pour le ciel. Leur cœur cependant n’est pas triste ; ils
ont Marie avec eux, et la générosité de cette mère incomparable se communique à
leurs âmes. Ils aiment leur Maître ; leur bonheur est désormais de penser
qu’il est entré dans son repos. Les disciples rentrèrent dans Jérusalem,
« remplis d’une « vive allégresse », nous dit saint Luc [15], exprimant par ce
seul mot l’un des caractères de cette ineffable fête de l’Ascension, de cette
fête empreinte d’une si douce mélancolie, mais qui respire en même temps plus
qu’aucune autre la joie et le triomphe.
Durant son Octave,
nous essayerons d’en pénétrer les mystères et de la montrer dans toute sa
magnificence ; aujourd’hui nous nous bornerons à dire que cette solennité
est le complément de tous les mystères de notre divin Rédempteur, qu’elle est
du nombre de celles qui ont été instituées par les Apôtres eux-mêmes [16] ; enfin qu’elle
a rendu sacré pour jamais le jeudi de chaque semaine, jour rendu déjà si
auguste par l’institution de la divine Eucharistie.
Nous avons parlé de la
procession solennelle par laquelle on célébrait, au moyen âge, la marche de
Jésus et de ses disciples vers le mont des Oliviers ; nous devons rappeler
aussi qu’en ce jour on bénissait solennellement du pain et des fruits nouveaux,
en mémoire du dernier repas que le Sauveur avait pris dans le Cénacle. Imitons
la piété de ces temps où les chrétiens avaient à cœur de recueillir les
moindres traits de la vie de l’Homme-Dieu, et de se les rendre propres, pour
ainsi dire, en reproduisant dans leur manière de vivre toutes les circonstances
que le saint Évangile leur révélait. Jésus-Christ était véritablement aimé et
adoré dans ces temps où les hommes se souvenaient sans cesse qu’il est le
souverain Seigneur, comme il est le commun Rédempteur. De nos jours, c’est
l’homme qui règne, à ses risques et périls ; Jésus-Christ est refoulé dans
l’intime de la vie privée. Et pourtant il a droit à être notre préoccupation de
tous les jours et de toutes les heures ! Les Anges dirent aux
Apôtres : « En la manière que vous l’avez vu monter, ainsi un jour il
descendra. » Puissions-nous l’avoir aimé et servi durant son absence avec
assez d’empressement, pour oser soutenir ses regards lorsqu’il apparaîtra tout
à coup !
Nous ne donnons point
ici l’Office des premières Vêpres de l’Ascension, parce que cette fête étant
fixe au jeudi, sa Vigile ne peut jamais se rencontrer le dimanche, tandis qu’il
en est autrement pour les solennités auxquelles nous avons accordé ce
développement. Au reste, sauf le Verset et l’Antienne de Magnificat, les
premières et les secondes Vêpres de l’Ascension sont entièrement semblables.
A LA MESSE.
L’Église romaine
indique aujourd’hui pour la Station la basilique de Saint-Pierre. C’est une
belle pensée de réunir en un tel jour l’assemblée des fidèles autour du
glorieux tombeau d’un des principaux témoins de la triomphante Ascension de son
Maître. Cette Station est toujours maintenue ; mais, depuis plusieurs
siècles, le Pape se rend avec le sacré Collège des Cardinaux à la basilique du
Latran, afin de terminer dans cet antique sanctuaire, dédié par Constantin au
Sauveur des hommes, la série annuelle des mystères par lesquels le Fils de Dieu
a opéré et consomme aujourd’hui notre salut.
Dans ces deux augustes
basiliques, comme dans les plus humbles églises de la chrétienté, le symbole
liturgique de la fête est le Cierge pascal, que nous vîmes allumer dans la nuit
de la résurrection, et qui était destiné à figurer, par sa lumière de quarante
jours, la durée du séjour de notre divin Ressuscité au milieu de ceux qu’il a
daigné appeler ses frères. Les regards des fidèles rassemblés s’arrêtent avec
complaisance sur sa flamme scintillante, qui semble briller d’un éclat plus
vif, à mesure qu’approche l’instant où elle va succomber. Bénissons notre mère
la sainte Église à qui l’Esprit-Saint a inspiré l’art de nous instruire et de
nous émouvoir à l’aide de tant d’ineffables symboles, et rendons gloire au Fils
de Dieu qui a daigné nous dire : « Je suis la lumière du
monde » [17].
L’Introït annonce avec
éclat la grande solennité qui nous rassemble. Il est formé des paroles des
Anges aux Apôtres sur le mont des Oliviers. Jésus est monté aux cieux ;
Jésus en doit redescendre un jour.
La sainte Église
recueillant les vœux de ses enfants dans la Collecte, demande pour eux à Dieu
la grâce de tenir leurs cœurs attachés au divin Rédempteur, que leurs désirs
doivent désormais chercher jusqu’au ciel où il est monté le premier.
ÉPÎTRE.
Nous venons
d’assister, en suivant cet admirable récit, au départ de notre Emmanuel pour
les cieux. Est-il rien de plus attendrissant que ce regard des disciples fixé
sur leur Maître divin qui s’élève tout à coup en les bénissant ? Mais un
nuage vient s’interposer entre Jésus et eux, et leurs yeux mouillés de larmes
ont perdu la trace de son passage. Ils sont seuls désormais sur la
montagne ; Jésus leur a enlevé sa présence visible. Dans ce monde désert,
quel ne serait pas leur ennui, si sa grâce ne les soutenait, si l’Esprit divin
n’était au moment de descendre sur eux et de créer en eux un nouvel être ?
Ce n’est donc plus qu’au ciel qu’ils le reverront, celui qui, étant Dieu,
daigna durant trois années être leur Maître, et qui, à la dernière Cène, voulut
bien les appeler ses amis !
Mais le deuil n’est
pas pour eux seulement. Cette terre qui recevait en frémissant de bonheur la
trace des pas du Fils de Dieu, ne sera plus foulée par ses pieds sacrés. Elle a
perdu cette gloire qu’elle attendit quatre mille ans, la gloire de servir
d’habitation à son divin auteur. Les nations sont dans l’attente d’un
Libérateur ; mais, hors de la Judée et de la Galilée, les hommes ignorent
que ce Libérateur est venu et qu’il est remonté aux cieux. L’œuvre de Jésus
cependant n’en demeurera pas là. Le genre humain connaîtra sa venue ; et,
quant à son Ascension au ciel en ce jour, écoutez la voix de la sainte Église
qui dans les cinq parties du monde retentit et proclame le triomphe de l’Emmanuel.
Dix-huit siècles se sont écoulés depuis son départ, et nos adieux pleins de
respect et d’amour s’unissent encore à ceux que lui adressèrent ses disciples,
pendant qu’il s’élevait au ciel. Nous aussi nous pleurons son absence ;
mais nous sommes heureux aussi de le voir glorifié, couronné, assis à la droite
de son Père. Vous êtes entré dans votre repos, Seigneur ; nous vous
adorons sur votre trône, nous qui sommes vos rachetés, votre conquête.
Bénissez-nous, attirez-nous à vous, et daignez faire que votre dernier
avènement soit notre espoir et non notre crainte.
Les deux Versets de
l’Alléluia répètent les accents de David célébrant d’avance le Christ qui monte
dans sa gloire, les acclamations des Anges, les sons éclatants des trompettes
célestes, le superbe trophée que le vainqueur entraîne après lui dans ces
heureux captifs qu’il a délivrés de la prison des limbes.
ÉVANGILE.
Le diacre ayant achevé
l’Évangile, un acolyte monte à l’ambon, et éteint silencieusement le Cierge
mystérieux qui nous rappelait la présence de Jésus ressuscité. Ce rite
expressif annonce le commencement du veuvage de la sainte Église, et avertit
nos âmes que pour contempler désormais notre Sauveur, il nous faut aspirer au
ciel où il réside. Que rapide a été son passage ici-bas ! Que de générations
se sont succédé, que de générations se succéderont encore jusqu’à ce qu’il se
montre de nouveau !
Loin de lui, la sainte
Église ressent les langueurs de l’exil ; elle persévère néanmoins à
habiter cette vallée de larmes ; car c’est là qu’elle doit élever les
enfants dont le divin Époux l’a rendue mère par son Esprit ; mais la vue
de son Jésus lui manque, et si nous sommes chrétiens, elle doit nous manquer
aussi à nous-mêmes. Oh ! Quand viendra le jour où de nouveau revêtus de
notre chair, a nous nous élancerons dans les airs à la rencontre du Seigneur,
pour demeurer avec lui à jamais ! » [18] C’est alors, et
seulement alors, que nous aurons atteint la fin pour laquelle nous fûmes créés.
Tous les mystères du
Verbe incarné que nous avons vu se dérouler jusqu’ici devaient aboutir à son
Ascension ; toutes les grâces que nous recevons jour par jour doivent se
terminer à la nôtre. « Ce monde n’est qu’une figure qui passe » [19] ; et nous sommes
en marche pour aller rejoindre notre divin Chef. En lui est notre vie, notre
félicité ; c’est en vain que nous voudrions les chercher ailleurs. Tout ce
qui nous rapproche de Jésus nous est bon ; tout ce qui nous en éloigne est
mauvais et funeste. Le mystère de l’Ascension est le dernier éclair que Dieu
fait luire à nos regards pour nous montrer la voie. Si notre cœur aspire à
retrouver Jésus, c’est qu’il vit de la vraie vie ; s’il est concentré dans
les choses créées, en sorte qu’il ne ressente plus l’attraction du céleste
aimant qui est Jésus, c’est qu’il serait mort.
Levons donc les yeux
comme les disciples, et suivons en désir celui qui monte aujourd’hui et qui va
nous préparer une place. En haut les cœurs ! Sursum corda ! C’est le
cri d’adieu que nous envoient nos frères qui montent à la suite du divin
Triomphateur ; c’est le cri des saints Anges accourus au-devant de
l’Emmanuel, et qui nous invitent à venir renforcer leurs rangs.
Sois donc béni, ô
Cierge de la Pâque, colonne lumineuse, qui nous as réjouis quarante jours par
ta flamme joyeuse et brillante. Tu nous parlais de Jésus, notre flambeau dans
la nuit de ce monde ; maintenant ta lumière éteinte nous avertit
qu’ici-bas on ne voit plus Jésus, et que pour le voir désormais, il faut
s’élever au ciel. Symbole chéri que la main maternelle de la sainte Église
avait créé pour parler à nos cœurs en attirant nos regards, nous te faisons nos
adieux ; mais nous conservons le souvenir des saintes émotions que ta vue
nous fit ressentir dans tout le cours de cet heureux Temps pascal que tu fus
chargé de nous annoncer, et qui à peine te survivra de quelques jours.
Pour Antienne de
l’Offertoire, l’Église emploie les mêmes paroles de David qu’elle a fait
retentir avant la lecture de l’Évangile. Elle n’a qu’une pensée : le
triomphe de son Époux, la joie du ciel qu’elle veut voir partagée par les
habitants de la terre.
Entrer à la suite de
Jésus dans la vie éternelle, éviter les obstacles qui peuvent se rencontrer
dans la voie, tels doivent être nos désirs en ce jour, telle est aussi la
demande que la sainte Église adresse pour nous à Dieu dans l’oraison Secrète.
Un nouveau verset de
David fournit l’Antienne de la Communion. Le roi-prophète y annonce, mille ans
à l’avance, que c’est à l’Orient que l’Emmanuel s’élèvera aux cieux. C’est en
effet de la montagne des Oliviers située au Levant de Jérusalem que nous avons
vu aujourd’hui Jésus partir pour le royaume de son Père.
Le peuple fidèle vient
de sceller son alliance avec son divin Chef en participant à l’auguste
Sacrement ; l’Église demande à Dieu que ce mystère, qui contient Jésus
désormais invisible, opère en nous ce qu’il exprime à l’extérieur.
MIDI.
Une tradition
descendue des premiers siècles et confirmée par les révélations des saints,
nous apprend que l’heure de l’Ascension du Sauveur fut l’heure de midi. Les
Carmélites de la réforme de sainte Thérèse honorent d’un culte particulier ce
pieux souvenir. A l’heure où nous sommes, elles sont réunies au chœur, vaquant
debout à la contemplation du dernier des mystères de Jésus, et suivant
l’Emmanuel de la pensée et du cœur aussi haut que son vol divin l’emporte.
Suivons-le aussi
nous-mêmes ; mais avant de fixer nos regards sur le radieux midi qui
éclaire son triomphe, revenons un moment par la pensée à son point de départ.
C’est à minuit, au sein des ténèbres, qu’il éclata tout à coup dans l’étable de
Bethléhem. Cette heure nocturne et silencieuse convenait au début de sa
mission. Son œuvre tout entière était devant lui, et trente-trois années
devaient être employées à l’accomplir. Cette mission se déroula année par
année, jour par jour, et elle allait touchant à sa fin, lorsque les hommes,
dans leur malice, se saisirent de lui et l’attachèrent à une croix. On était au
milieu du jour, lorsqu’il parut élevé dans les airs ; mais son Père ne
voulut pas que le soleil éclairât ce qui était une humiliation et non un triomphe.
D’épaisses ténèbres couvrirent la terre entière ; cette journée fut sans
midi. Quand le soleil reparut, il était déjà l’heure de None. Trois jours
après, il sortait du tombeau aux premiers rayons de l’aurore.
Aujourd’hui, à ce
moment même, son œuvre est consommée. Jésus a payé de son sang la rançon de nos
péchés, il a vaincu la mort en ressuscitant glorieux ; n’a-t-il pas le
droit de choisir pour son départ l’heure où le soleil, son image, verse tous
ses feux et inonde de lumière cette terre que son Rédempteur va échanger pour
le ciel ? Salut donc, heure de midi deux fois sacrée, puisque tu nous
redis chaque jour et la miséricorde et la victoire de notre Emmanuel !
Gloire à toi pour la double auréole que tu portes : le salut de l’homme par
la croix, et rentrée de l’homme au royaume des cieux !
Mais n’êtes-vous pas
aussi vous-même le Midi de nos âmes, ô Jésus, Soleil de justice ! Cette
plénitude de lumière à laquelle nous aspirons, cette ardeur de l’amour éternel
qui seul peut nous rendre heureux, où les trouverons-nous, sinon en vous qui
êtes venu ici-bas éclairer nos ténèbres et fondre nos glaces ? Dans cette
espérance, nous écoutons les mélodieuses paroles de Gertrude votre fidèle
épouse, et nous sollicitons la grâce de pouvoir un jour les répéter après elle :
« O amour, ô Midi dont l’ardeur est si douce, vous êtes a l’heure du repos
sacré, et la paix entière que l’on goûte en vous fait nos délices. O mon
Bien-Aimé, élu et choisi au-dessus de toute créature, faites-moi savoir,
montrez-moi le lieu où vous paissez votre troupeau, où vous prenez votre repos
à l’heure de midi. Mon cœur s’enflamme à la pensée de vos doux loisirs à ce
moment. Oh ! S’il m’était donné d’approcher de vous assez près pour n’être
plus seulement près de vous, mais en vous ! Par votre influence, ô Soleil
de justice, toutes les fleurs des vertus sortiraient de moi qui ne suis que
cendre et poussière. Fécondée par vos rayons, ô mon Maître et mon Époux, mon
âme produirait les nobles fruits de toute perfection. Enlevée de cette vallée
de misère, admise à contempler vos traits si désirés, mon bonheur éternel
serait de a penser que vous n’avez pas dédaigné, ô miroir sans tache, de vous
unir à une pécheresse telle que moi » [20].
A VÊPRES.
Le Seigneur Jésus a
disparu de la terre ; mais son souvenir et ses promesses sont demeurés au
fond du cœur de la sainte Église. Elle suit par la pensée le triomphe si
splendide de son Époux, triomphe si mérité après l’œuvre accomplie du salut des
hommes. Elle ressent son veuvage ; mais elle attend d’une foi ferme le
Consolateur promis. Cependant les heures s’écoulent, le soir approche ;
elle rassemble alors ses enfants, et dans l’Office des Vêpres, elle repasse
avec eux le profond mystère de ce grand jour.
Les Antiennes des
Psaumes reproduisent le récit de l’événement qui s’est accompli à l’heure de
midi ; elles sont mélodieuses, mais non sans une expression triste comme
il convient au jour des adieux.
L’Hymne, pleine de
suavité, a pour auteur saint Ambroise ; mais elle a été retouchée plus ou
moins heureusement au XVIIe siècle.
L’Antienne qui
accompagne le cantique de Marie est une invitation à Jésus de se souvenir de sa
promesse, et de ne pas tarder à consoler son Épouse par l’envoi du divin
Esprit. La sainte Église la répétera chaque jour, jusqu’à l’arrivée du don
céleste.
Nous entendrons, dans
tout le cours de l’Octave, le concert des antiques Églises de la chrétienté,
célébrant sur des modes divers, mais dans un même sentiment, le médiateur de
Dieu et des hommes qui s’élève aux cieux par sa propre vertu. Donnons
aujourd’hui la parole à l’Église grecque qui, dans son génie pompeux, cherche à
rendre les magnificences du mystère. C’est l’Hymne de l’Office du soir.
IN ASSUMPTIONE DOMINI,
AD VESPERAS.
Lorsque tu fus arrivé,
ô Christ, sur le mont des Oliviers, afin d’accomplir la volonté du Père, les
Anges célestes furent dans l’étonnement, et les esprits infernaux frémirent.
Les disciples éprouvaient un sentiment de bonheur mêlé de crainte, tandis que
tu leur parlais. En face, à l’Orient, un nuage apparaissait semblable à un
trône prépare ; le ciel dont les portes étaient ouvertes se montrait dans
toute sa beauté ; et la terre allait apprendre comment Adam, après sa
chute, pourra remonter encore. Mais tout à coup tes pieds s’élèvent dans les
airs, comme si une main les soutenait, ô Christ ! Ta bouche répète des
bénédictions aussi longtemps que ses accents se font entendre ; le nuage
te reçoit, et bientôt le ciel lui-même. Telle est l’œuvre sublime que tu as
opérée, Seigneur, pour accomplir le salut de nos âmes.
La nature d’Adam qui
était tombée jusque dans les profondeurs de la terre, cette nature que tu as
renouvelée, ô Dieu, tu l’élevés aujourd’hui avec toi au-dessus des Principautés
et des Puissances. Dans ton amour pour elle, tu l’établis là même où tu
résides ; dans ta compassion, tu te l’étais unie, tu avais souffert en
elle, toi qui es impassible : et à cause de ses souffrances que tu as
partagées, tu l’associes aujourd’hui à ta gloire. Les esprits célestes se sont
écriés : « Quel est cet homme éclatant de beauté, et qui n’est pas
seulement un homme, mais un Dieu-homme, ayant les deux natures ? »
Cependant, d’autres Anges au vol rapide et vêtus de longues tuniques,
descendaient vers les disciples et leur disaient : « Hommes de
Galilée, Jésus, homme-Dieu, qui vient de vous quitter, reviendra Dieu-homme,
pour juger les vivants et les morts, et pour faire part à ceux qui croient en
lui du pardon et de sa grande miséricorde. »
Lorsque tu fus enlevé
dans la gloire aux regards de tes disciples, ô Christ Dieu, un nuage reçut ton
humanité, les portes du ciel s’élevèrent, le chœur des Anges tressaillit
d’allégresse et les Vertus célestes criaient avec transport :
« Princes, élevez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »
Cependant, tes disciples dans la stupeur disaient : « Ne vous séparez
pas de nous, ô bon Pasteur, mais envoyez-nous votre Esprit très saint, pour
diriger et affermir nos âmes. » Après avoir accompli dans ta bonté,
Seigneur, le mystère qui avait été caché aux siècles et aux générations, tu es
venu sur le mont des Oliviers avec tes disciples, ayant avec toi celle qui t’a
enfanté, ô créateur et auteur de toutes choses ! Il était juste que celle
qui, dans ta Passion, avait souffert plus que tout autre dans son cœur
maternel, fût appelée à jouir aussi plus que tout autre du triomphe de ton
humanité. Nous donc qui entrons en participation de sa joie dans ton Ascension,
Seigneur, nous glorifions ta grande miséricorde envers nous.
Terminons la journée
par cette belle prière du Bréviaire mozarabe.
ORATIO.
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Unigenite Dei Filius, qui devicta morte de
terrenis ad cœlestia transitum faciens, quasi filius hominis apparens, in
throno magnam claritatem habens, quem omnis militia cœlestis exercitus
Angelorum laudat : præbe nobis, ut nullis flagitiorum vinculis in corde
hujus sæculi illigemur, qui te ad Patrem ascendisse gloriosa fidei devotione
concinimus ; ut illic indesinenter cordis nostri dirigatur obtutus, quo
tu ascendisti post vulnera gloriosus. Amen.
Fils unique de Dieu, ô vous qui, vainqueur de la
mort, avez passé de la terre au ciel ; Fils de l’Homme dans votre nature
extérieure, éblouissant d’éclat sur votre trône, objet continuel des louanges
de toutes les milices célestes, ne permettez pas que nous nous laissions
enchaîner par les liens coupables de ce monde, nous qui, dans les transports
de notre foi, célébrons votre Ascension vers le Père. Faites que l’œil de
notre cœur soit à jamais fixe là où vous êtes monté plein de gloire, après
avoir été blessé ici-bas. Amen.
|
|
O notre
Emmanuel ! Vous êtes donc enfin par-parvenu au terme de votre œuvre, et
c’est aujourd’hui même que nous vous voyons entrer dans votre repos. Au
commencement du monde, vous aviez employé six jours pour disposer toutes les
parties de cet univers créé par votre puissance ; après quoi vous
rentrâtes dans votre repos. Plus tard, lorsque vous eûtes résolu de relever
votre œuvre tombée par la malice de l’ange rebelle, votre amour vous fit
passer, durant le cours de trente-trois années, par une succession sublime
d’actes à l’aide desquels s’opéraient notre rédemption et notre rétablissement
au degré de sainteté et de gloire dont nous étions déchus. Vous n’avez rien
oublié, ô Jésus, de ce qui avait été arrêté éternellement dans les conseils de
la glorieuse Trinité, de ce que les Prophètes avaient annoncé de vous. Votre
triomphante Ascension met le sceau à la mission que vous avez daigné accomplir
dans votre miséricorde. Pour la seconde fois vous entrez dans votre
repos ; mais vous y entrez avec la nature humaine appelée désormais aux
honneurs divins. Déjà les justes de notre race que vous avez retirés des limbes
prennent rang dans les chœurs angéliques, et en partant vous nous avez dit à
nous-mêmes : « Je vais vous préparer une place » [21].
Confiants dans votre
parole, ô Emmanuel, résolus à vous suivre dans tous vos mystères qui n’ont été
accomplis que pour nous, à vous accompagner dans l’humilité de votre Bethléhem,
dans la participation aux douleurs de votre Calvaire, dans la résurrection de
votre Pâque, nous aspirons à imiter aussi, quand l’heure sera venue, votre
triomphante Ascension. En attendant, nous nous unissons aux chœurs des saints
Apôtres qui saluent votre arrivée, à nos Pères dont l’heureuse multitude vous
accompagne et vous suit. Tenez vos regards divins fixés sur nous, ô divin
Pasteur ! Le moment de la réunion n’est pas arrivé encore. Gardez vos
brebis, et veillez à ce que pas une ne s’égare et ne manque au rendez-vous.
Instruits désormais de la fin qui nous attend, fermes dans l’amour et la
méditation des mystères qui nous ont conduits à celui d’aujourd’hui, nous
l’adoptons en ce jour comme l’objet de notre attente, comme le terme de nos
désirs. C’est le but que vous vous êtes proposé en venant en ce monde,
descendant jusqu’à notre bassesse, pour nous enlever ensuite jusqu’à vos
grandeurs, vous faisant homme afin de faire de nous des dieux. Mais jusqu’au
moment qui nous réunira à vous, que ferions-nous ici-bas, si la Vertu du
Très-Haut que vous nous avez promise ne descendait bientôt sur nous, si elle ne
nous apportait la patience dans l’exil, la fidélité dans l’absence, l’amour
seul capable de soutenir un cœur qui soupire après la possession ? Venez
donc, ô divin Esprit ! Ne nous laissez pas languir, afin que notre œil
demeure fixé au ciel où Jésus règne et nous attend, et ne permettez pas que cet
œil mortel soit tenté, dans sa lassitude, de s’abaisser sur un monde terrestre
où Jésus ne se laissera plus voir.
[1] Psalm. XCV, XCVI, XCVII.
[10] Constit. apost. lib. V, cap. XIX.
[16] AUGUSTIN. Epist. ad Januar.
[20] Exercitia S. Gertrudis. Die V.
[21] Johan. XIV, 2.
vers
1461, tempera sur bois, 86 X 42,5
La solennité
liturgique de l’Ascension, moins antique que celle de la Pentecôte, est
toutefois parmi les plus anciennes du cycle, et bien qu’on ne la trouve pas
dans les témoignages documentaires antérieurs à Eusèbe [22],
cette fête était pourtant déjà si universelle que saint Augustin put en
attribuer la première institution aux apôtres eux-mêmes. Dans l’antiquité, la
caractéristique de la fête de ce jour était une solennelle procession qui se
faisait vers midi en souvenir des Apôtres accompagnant Jésus hors de la ville
sur le mont des Oliviers. A Rome, après les offices nocturnes et la messe
célébrée sur l’autel de Saint-Pierre, le Pape était couronné par les cardinaux
et, vers l’heure de sexte, se rendait au Latran, accompagné par les évêques et
par le clergé.
Aujourd’hui Jésus
s’est dérobé à la vue de ses fidèles disciples, lesquels gardent toutefois
leurs yeux levés au ciel, s’efforçant de revoir encore une fois le divin
Maître. Mais cette vie contemplative, toute absorbée dans la vision béatifique
du Paradis, est réservée aux élus de l’Église triomphante. Ceux-ci ont leur
récompense in mercede contemplationis [23],
comme le dit saint Augustin dans une homélie célèbre que la liturgie nous fait
lire au Bréviaire le jour de saint Jean l’Évangéliste. Notre vocation au
contraire doit être in opere actionis ; aussi, en ce jour, la liturgie,
dans l’introït, avec une mélodie qui est parmi les plus belles du recueil
grégorien, nous répète-t-elle les paroles des Anges aux Apôtres : « O
Galiléens, que regardez-vous dans le ciel ? Ce Jésus qui y est allé sous
vos yeux reviendra dans la même majesté. »
Ita veniet. Voilà notre consolation dans les
douleurs et l’isolement de la vie. Jésus s’est éloigné, mais il reviendra
certainement. Cette attente de Jésus doit déterminer, pour ainsi dire, tout le
rythme de notre vie intérieure, le cœur palpitant et les yeux de la foi fixés
là-haut vers le ciel.
La collecte est pleine
de beauté. Le Maître est monté au ciel pour nous y préparer une place. Il est
notre Chef, et c’est seulement par une espèce de violence que ses membres
mystiques sont contraints à rester encore sur la terre. Ne pouvant tout de
suite rejoindre Jésus en paradis, nous devons du moins habiter dans le ciel par
nos affections, nos pensées, nos désirs, en sorte que, exilés ici-bas avec
notre corps, nous puissions dire pourtant avec saint Paul : conversatio
nostra in cælis est [24].
La lecture est tirée
des Actes (I, 1-11) ; c’est le récit de l’Ascension. Jésus s’élève au ciel
du mont des Oliviers, où précisément il avait commencé la Passion, et par là il
nous enseigne que la Croix est l’unique moyen d’arriver au paradis. Il promet
aux Apôtres l’Esprit Saint, seulement après son entrée triomphale dans son
royaume, parce qu’il convenait que la plénitude de la gloire se répandît du
Chef dans les membres. Avant de se dérober à leurs regards, Jésus bénit les
Apôtres, pour les assurer de sa continuelle assistance, intime et invisible,
dans le secret du cœur. C’est là que Jésus, par l’opération du Saint-Esprit,
établit le temple où il vient résider avec son Divin Père. Les Anges invitent
les Apôtres à détourner du ciel leurs regards, parce que la vie présente est le
temps du labeur et non celui du repos. Maintenant l’on sème ; ensuite on
moissonnera. On sème dans les sueurs et dans la douleur, et l’on moissonnera
dans la joie. C’est pourquoi nous devons travailler ; mais même en ceci il
y a une règle à observer. Nous devons travailler comme font les Anges, quand
ils exercent leur fidèle ministère de garde à notre endroit. Ils nous assistent
et se tiennent continuellement à nos côtés, mais en même temps leur regard est
fixé en paradis, extasié dans la contemplation de la splendeur du Père Éternel
in quem desiderant Angeli prospicere [25].
Suit le verset
alléluiatique tiré du psaume 46 : Dieu s’est élevé dans la jubilation et
au son des trompettes des milices angéliques, qui l’acclament leur chef et
sauveur, et lui rendent grâces parce qu’au moyen de la rédemption des hommes il
comble dans leurs rangs les vides autrefois laissés par les Anges apostats.
Un autre motif qui
rendit plus belle l’Ascension de Jésus fut le fait que, selon toute
probabilité, le Sauveur fut accompagné dans son triomphe par ces saints
Patriarches et Prophètes qui sortirent de leurs tombes au moment où Jésus
expira sur la croix, et qui, après sa résurrection, se montrèrent visiblement à
de nombreuses personnes à Jérusalem.
Le verset précédant
l’Évangile provient du psaume 67 : Dieu qui se montra sur le Sinaï s’élève
maintenant et entraîne avec lui esclave l’esclavage lui-même, c’est-à-dire
qu’il triomphe du péché et du démon dont il foule aux pieds la puissance qu’il
tient enchaînée. Le chrétien ne doit donc pas craindre Satan. Il est comme un
chien attaché, qui ne peut mordre que ceux qui s’approchent imprudemment de lui.
La lecture évangélique
avec le récit de l’Ascension est tirée de saint Marc (XVI, 14-20), lequel, dans
un unique tableau, recueille toute l’histoire des quarante jours passés par
Jésus ressuscité avec ses Apôtres, et aussi l’histoire ultérieure de l’Église.
Les disciples reçoivent la puissance d’opérer des miracles, pour confirmer la
divinité de leur mission, et ils vont prêcher sur tous les points de la terre.
Du haut du ciel, Jésus donne l’efficacité à leur parole, et ainsi l’Église, à
l’image du Divin Maître dont elle continue l’œuvre bienfaisante, passe à
travers le monde : pertransiit benefaciendo et sanando [26].
Il ne faut pas croire que ce tableau convient seulement à l’âge apostolique.
Non, l’Église est encore maintenant telle qu’elle était alors. Il n’est aucun
genre de bienfaisance corporelle et spirituelle auquel elle ne se consacre,
encore à présent, spécialement au moyen de ses admirables corporations
religieuses. Quant au don des miracles, lui aussi est un charisme qui n’a
jamais manqué à l’Église. Bien plus, il est en si intime relation avec sa note
de sainteté, que, dans sa sage prudence, l’Église, avant d’inscrire l’un de ses
membres au catalogue des Saints, exige que les prodiges obtenus par son
intercession soient d’abord juridiquement discutés, démontrés et approuvés. Et
ces procès apostoliques jugés par la Sacrée Congrégation des Rites, tribunal
compétent en la matière, sont toujours très nombreux.
L’antienne de
l’offertoire provient du psaume 46 : « Dieu monte au ciel au milieu
de la jubilation des anges qui soufflent dans les trompettes. » Le jour de
l’incarnation, ils annonçaient la gloire seulement au ciel : Gloria in
excelsis Deo ; sur la terre, tandis que le Sauveur s’humiliait, le don le
plus à propos était celui de la paix entre Dieu et les hommes : et in
terra pax hominibus bonae voluntatis. Mais aujourd’hui qu’est accomplie la
magnifique rédemption, la gloire du ciel se reflète aussi sur la terre, puisque
la barrière de division ayant été ôtée, des deux familles, angélique et
humaine, il ne s’en fait plus qu’une ; aussi, tandis que Jésus, caput
hominum et Angelorum [27], s’assied glorieux à
la droite du Père, les membres de son corps mystique, en qui il vit et opère
encore, se trouvent ici sur la terre. De même donc que le Sauveur réunit ces
deux attributions : le Chef est glorieux au ciel et les membres
travaillent dans le monde, ainsi l’Église milite ici-bas, mais, dans la
personne de son Chef, elle a déjà commencé la vie glorieuse du Paradis.
Dans la collecte sur
les oblations, nous rappelons aujourd’hui au Seigneur que l’offrande des dons
est consacrée à commémorer l’immense gloire de l’Ascension du Christ,
conséquence de sa Passion. C’est pourquoi nous le supplions d’aplanir aussi
pour nous la voie du ciel, étant de devant nos pas toutes les pierres
d’achoppement, en sorte que nous puissions sûrement atteindre le but désiré.
Il faut d’ailleurs
remarquer qu’ici nous ne demandons point que les soldats du Christ soient
absolument soustraits au combat et maintenus dans les quartiers d’hiver ;
— non, car la vie est le temps de la lutte — mais nous supplions Dieu d’écarter
de notre route l’unique vrai mal et péril que nous puissions rencontrer, celui
de l’offenser.
Dans l’anaphore
eucharistique d’introduction au trisagion, selon l’usage romain dont parlait le
pape Vigile écrivant à Profuturus de Braga, nous insérons durant toute l’octave
de l’Ascension la commémoration de ce sublime mystère : « Qui (le
Christ), après sa Résurrection, apparut indiscutablement à ses disciples, et,
sous leurs yeux, s’éleva au ciel, dans le but de nous donner part à sa
divinité » [28].
Voilà la signification
de la fête de ce jour, et la fin que se propose le Christ en montant au ciel.
Il atteint pleinement ce but le jour de la Pentecôte, quand il nous donne avec
l’Esprit Saint, sa vie divine elle-même, le cœur même de la divinité.
Au commencement des
diptyques apostoliques, l’on fait aussi mémoire de la solennité du jour :
« Commémorant le jour très sacré où votre Fils unique et notre Seigneur
fit asseoir à votre droite glorieuse notre fragile nature, qu’il avait voulu
unir à sa personne divine... » [29]
L’antienne pour la
Communion est tirée du psaume 67 : « Chantez des hymnes au Seigneur
qui, du côté de l’Orient, monte au plus haut des cieux. » Le plus haut des
cieux signifie ici le trône même de la divinité, qu’aujourd’hui va occuper la
sainte humanité de Jésus. Il s’élève du côté de l’Orient, parce que toutes les
œuvres de Dieu sont resplendissantes, lumineuses, sans que l’Église ait jamais
eu, comme les théosophes modernes, deux doctrines, l’une cachée, réservée aux
initiés, et l’autre commune, pour le grand public. Dieu fait ses œuvres à la
lumière du soleil. Le Christ meurt sur une colline, en présence de tout un
peuple, au grand jour de la Parascève de Jérusalem ; Jésus ressuscite et
se fait voir, non seulement aux Apôtres mais aux saintes Femmes et même à cinq
cents personnes rassemblées. Aujourd’hui il monte au ciel, mais sur une
colline, en présence de onze personnes au moins, sans compter la Bienheureuse
Vierge et les membres de sa parenté.
Dans l’Eucharistie, ou
prière de remerciement, nous supplions la divine clémence de faire que le signe
visible de la grâce, c’est-à-dire le Sacrement, atteigne intérieurement la
plénitude de son effet. Nous demandons par là que l’incorporation matérielle à
la Victime du sacrifice eucharistique nous unisse spirituellement à Jésus.
La suprême
glorification du Chef qui, aujourd’hui, va s’asseoir à la droite du Père dans
le ciel, se répand dans les membres, à l’égal de ce baume parfumé qui, selon le
psaume 132, descendit de la tête d’Aaron sur sa barbe et sur ses splendides
vêtements pontificaux. Cette onction spirituelle est le charisme du
Saint-Esprit qu’en ce jour Jésus, du ciel, obtient à l’Église. Le lien est donc
très intime, entre l’Ascension et la Pentecôte. L’une ne s’explique pas sans l’autre.
[22] De Sol. Pasch., c. v. P. G., XXIV, col. 699.
[23] « Dans la récompense de la
contemplation », St Augustin, Tract. 124 in Joan. Post med. :
7ème leçon des Matines du 27 décembre.
[24] « Notre vie est dans les cieux »,
Philip. 3, 20.
[25] « Que les Anges désirent contempler à
fond », I Petr. 1, 12.
[26] « Il est allé de lieu en lieu en
faisant le bien, et en guérissant », Act. 10, 38.
[27] « Chef des hommes et des Anges ».
[28] « Qui post resurrectiónem suam
ómnibus discípulis suis maniféstus appáruit,
et, ipsis cernéntibus, est elevátus in cælum,
ut nos divinitátis suæ
tribúeret esse partícipes. », Préface de l’Ascension.
[29] « Diem sacratíssimum celebrántes quo
Dóminus noster, unigénitus Fílius tuus, unítam sibi fragilitátis nostræ
substántiam in glóriæ tuæ déxtera collocávit », Communicántes de
l’Ascension.
L’Ascension du Christ
est notre élévation.
Après le chant de
l’Évangile, le diacre éteint le cierge pascal, le symbole de la Résurrection.
Par cette simple cérémonie, la liturgie veut exprimer que le Christ est monté
aujourd’hui au ciel. A chaque messe, le prêtre dit : « Nous nous
rappelons la bienheureuse Passion, la Résurrection des morts et la glorieuse
Ascension de ton Fils... » [30].
1. Premières
impressions. — Quand des personnes chères se séparent de nous,
nous nous affligeons, même si nous savons qu’elles rencontreront un sort
meilleur. Aussi nous pourrions penser que l’Église assistera à l’Ascension avec
mélancolie. Il n’en est rien. La fête est exclusivement une fête de joie. Une
double joie remplit nos cœurs ; nous nous réjouissons pour le Seigneur et
pour nous-mêmes.
a) La journée de
l’Ascension est un triomphe du Christ, une fête de victoire. Le Seigneur a bien
mérité son triomphe. Rappelons-nous toutes les phases et toutes les étapes de
sa vie terrestre. Il a quitté le trône de son Père et s’est abaissé dans le
sein de la Vierge, il a été couché sur la rude paille de la Crèche de Bethléem,
il a dû fuir en Égypte, fuir son propre peuple ; il a vécu dans
l’obscurité à Nazareth, comme un simple artisan ; puis il s’est fatigué à
parcourir la Galilée et la Judée à la recherche de la brebis perdue. Il a été
méconnu, il n’a pas été aimé par ses frères. Enfin, il a enduré sa Passion
rédemptrice depuis le mont des Oliviers jusqu’au Golgotha. Pourquoi tout
cela ? Parce qu’il nous a aimés. Quel but poursuivait-il ? Nous
racheter du pouvoir du diable et nous introduire dans la patrie céleste. Et
maintenant son œuvre, à laquelle il a consacré son amour et le sang de ses
veines, est achevée. Il peut, aujourd’hui, jeter un regard joyeux sur sa vie
écoulée. Hier, la liturgie nous a
montré son Ascension en deux images : le vainqueur s’avance
triomphant, il entraîne avec lui dans son triomphe les prisonniers,
c’est-à-dire nous-mêmes, les enfants de Dieu rachetés par lui ; il fait
part de son butin, c’est-à-dire des grâces de la Rédemption à l’Église. Le Fils
rentre dans la maison paternelle, il est reçu avec joie par son Père ;
mais il lui présente des nouveaux frères et sœurs, l’humanité rachetée. Nous
pouvons dire que la fête de l’Ascension est, en même temps, l’accession au
trône et le couronnement du Christ comme Roi du ciel et de la terre.
b) Cette fête est
aussi un jour de joie pour nous. La glorification du Seigneur dans son
Ascension est aussi l’élévation de la nature humaine ; c’est notre
glorification. C’est là une pensée qui a profondément impressionné les Pères.
Notre nature humaine participe aux plus hauts honneurs divins. Le Christ. en
effet, est entré au ciel avec son corps humain, avec sa nature humaine ;
il est assis sur le trône de Dieu et il restera avec sa nature humaine
éternellement. C’est là une distinction inouïe pour les hommes. L’un des nôtres,
notre chef, est assis sur le trône de Dieu ; ainsi donc nous aussi, les
membres de son corps, nous sommes divinisés. C’est pourquoi la préface de la
fête chante d’une manière significative : « Il a été élevé pour nous
faire participer à sa divinité ». C’est là une divine noblesse qui nous
est communiquée par l’Ascension. Mais cela constitue, pour nous, une impérieuse
exigence : Sursum corda. Le péché ne monte pas au ciel avec le Christ. Le
péché est comme une chaîne qui nous lie à la terre. Brisons ces liens du péché.
Nous devons d’abord monter au ciel avec la volonté et le désir (« demeurer
de cœur au ciel »). Ensuite, nous y suivrons le Seigneur en corps et en
âme.
2. Solennité
du jour. — Cette fois encore, célébrons cette fête entièrement
avec l’Église, dans la prière des Heures et à la messe. Hier, nous avons récité
les Heures du soir en commun ou, tout au moins, nous avons récité les vêpres
dans notre particulier. Dans les antiennes, nous voyons le Roi montant au ciel.
L’image centrale, au bréviaire comme à la messe, est celle-ci :
« Hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous vers le ciel ? Comme vous
l’avez vu monter au ciel, ainsi il reviendra, Alléluia » (I. Ant. Intr.).
L’hymne est d’un magnifique mouvement (Salutis humanae Sator) :
Auteur du salut des humains,
Jésus, délices de nos cœurs,
Du monde racheté tu fus le Créateur
Et te chaste clarté brille sur ceux qui t’aiment.
Sois, vers le ciel, le guide et le sentier,
Sois l’idéal de tous nos cœurs,
Sois, dans nos pleurs, le réconfort,
Sois, de la vie, la douce récompense.
A l’antienne de
Magnificat, nous voyons le Seigneur sur le seuil de la céleste maison
paternelle : « Père, j’ai annoncé ton nom parmi les hommes que tu
m’as donnés : maintenant, je te prie pour eux, non pour le monde, car je
viens vers toi, Alléluia »
Dans la nuit ou de
bonne heure le matin, nous récitons les Matines. C’est la réunion des psaumes
royaux. Les antiennes font ressortir avec prédilection des expressions comme
celle-ci : exalter, élever (exaltare, elevare). Les leçons du deuxième et
du troisième nocturnes sont très riches de pensées et d’autant plus précieuses
que toutes les deux furent prononcées comme homélies par les papes saint Léon
1er et saint Grégoire 1er. « Il y avait vraiment une grande et ineffable
cause de nous réjouir quand la nature humaine qui était unie au Fils de Dieu
s’éleva devant les yeux de la sainte troupe des disciples, bien au-dessus de
tous les Esprits célestes, bien au-dessus des chœurs des anges et même
au-dessus des hauteurs des archanges. Elle devait dépasser toutes les
hiérarchies célestes et ne s’arrêter qu’au trône de Dieu, où elle participerait
à sa gloire puisqu’elle est unie à sa nature dans la Personne du Fils. Puisque
l’Ascension du Christ est notre propre élévation, et puisque là où nous a
précédés le Chef glorieux le corps (mystique) peut lui aussi diriger son
espérance, tressaillons, mes bien-aimés, d’une joie profonde et que de pieuses
actions de grâces s’unissent à notre joie. Aujourd’hui, en effet, nous ne
recouvrons pas seulement le paradis (perdu), mais nous avons pénétré dans les
hauteurs du ciel. Nous avons beaucoup plus reçu par la grâce ineffable du
Christ que nous n’avions perdu par l’envie du diable. Car les enfants d’Adam,
que l’ennemi venimeux avait chassés du bonheur de leur premier séjour, le Fils
de Dieu se les est incorporés et les a placés à la droite du Père » (Saint
Léon).
« Quand nous
lisons que les disciples ne crurent à la Résurrection du Seigneur qu’après une
longue hésitation, pensons moins à leur faiblesse qu’à ce que je pourrais
appeler notre future fermeté dans la foi. Car, précisément, par ce fait qu’ils
doutèrent, la Résurrection fut démontrée par de nombreuses preuves. Et nous qui
lisons maintenant ce récit, nous sommes, par leur doute, affermis dans la foi.
Assurément Marie-Madeleine m’a moins servi que Thomas qui douta longtemps.
Celui-ci, en effet, parce qu’il douta, toucha les cicatrices des blessures et,
ainsi, guérit les blessures du doute dans notre cœur » (Saint Grégoire).
Il conviendrait de
réciter les Laudes sur une hauteur (de se transporter en esprit sur le mont des
Oliviers). Notre âme ressent aujourd’hui toute la fraîcheur de la joie et tous
les transports de l’allégresse. Quand le soleil se lève, nous entendons le
Sauveur qui nous quitte nous adresser ces paroles : « Je monte vers
mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu, Alléluia ».
3. La
messe (Viri Galilæi). — Après les petites Heures de Prime et de
Tierce, nous célébrons la messe solennelle. C’est le point culminant de la fête
et la réalisation mystique de son mystère. L’église de station est
Saint-Pierre. Nous nous réunissons dans la grande église mondiale de Rome pour
célébrer les saints mystères, dans cette église où saint Léon et saint Grégoire
prononcèrent les homélies que nous avons lues au bréviaire. Les fêtes du
Christ-Roi se célèbrent à Saint-Pierre (Noël, Épiphanie). Mais Saint-Pierre est
aujourd’hui, pour nous, Jérusalem ; nous y prenons notre repas avec le
Christ (Leçon et Évang.). C’est aussi le mont des Oliviers où nous accompagnons
le Seigneur et d’où nous le voyons monter au ciel.
L’Introït nous
présente une belle image. Les Apôtres lèvent les yeux vers le ciel. C’est un
symbole de l’Église. Depuis que le Christ est remonté au ciel, elle ne cesse de
regarder vers le ciel dans une ardente attente jusqu’à ce qu’il
« revienne » (Ici aussi, le désir de parousie de l’Église se fait
jour). Nous chantons le psaume proprement dit de l’Ascension (46) qui revient
aujourd’hui dans presque tous les chants psalmodiques : « Que tous
les peuples battent des mains » (nous sommes dans l’église Saint-Pierre
qui est l’église des gentils).
Oraison : Depuis
que le Maître est au ciel, « nous devons aussi demeurer de cœur au
ciel ». Dans la leçon et l’Évangile, nous prenons part aux dernières
heures terrestres du Seigneur.
Les deux lectures font
remarquer que le Seigneur apparut aux siens « pendant le repas ». Il
nous apparaît aussi à nous, maintenant, pendant le banquet eucharistique :
Après le chant de l’Évangile, on éteint le cierge pascal, le symbole au
Ressuscité. Dans la procession de l’Offrande, nous formons un cortège de fête
et nous accompagnons le Seigneur montant au ciel, avec des chants d’allégresse
et au son des trompettes. A la procession de la Communion, nous nous dirigeons
encore vers l’« Est » et nous voyons le Seigneur s’élever au-dessus
de tous les cieux.
4. Le
psaume de l’Ascension (ps. 46).
I. Le Roi de son
peuple
Vous tous, peuples,
battez des mains, célébrez Dieu par des cris d’allégresse ;
Car Dieu, le Très-Haut, est redoutable, le grand Roi du monde entier.
C’est lui qui nous assujettit les peuples, qui met les nations sous nos pieds.
Pour nous, il nous a choisis pour son héritage, il a aimé le beau pays de
Jacob.
II. Le Roi des
Gentils.
Dieu s’élève au milieu
des acclamations, le Seigneur monte au son des trompettes.
Louez notre Dieu, oui, louez-le, chantez notre Roi, chantez,
Car Dieu est le Roi de toute la terre ; jouez d’une main habile
Dieu règne aussi sur les Gentils, il siège sur son trône saint.
Les princes des peuples se réunissent au Dieu d’Abraham ;
Les puissants rois de la terre se sont élevés bien haut.
Sens littéral et
construction. — Le psaume est court, d’une construction simple et facile à
comprendre. Ce cantique se divise en deux strophes de quatre vers (le dernier
vers est peut-être une addition postérieure.)
Nous nous demandons
quelle fut l’occasion du psaume et quel fut son sens originaire. Le peuple juif
était en guerre avec les païens. On apporta l’arche d’alliance au-dessus de
laquelle se manifestait la présence de Dieu dans la nuée sainte, car le Dieu
d’alliance s’avançait lui-même au combat avec l’armée de son peuple. L’objet du
combat était le saint « héritage », la « gloire de Jacob »,
la terre promise. Israël fut vainqueur de ses ennemis et le peuple, dans des
chants de victoire et d’allégresse, accompagne le divin Roi, le Dieu de
l’alliance qui trône sur l’arche d’alliance, jusque sur les hauteurs du mont
Sion. — Maintenant, le psaume est intelligible : Tous les peuples sont
invités à rendre hommage au Dieu vainqueur (le battement de mains était un
signe d’hommage, cf. IV Rois, XI, 12). Cette victoire est la continuation de
celle de Josué qui prit possession de la terre promise. Il
« assujettit » les peuples de Chanaan (« les nations sous nos
pieds »). Depuis, le divin Roi a « choisi Israël pour son héritage et
a aimé le beau pays de Jacob ». Dans la seconde strophe, nous suivons le
cortège triomphal vers le mont Sion « au milieu des acclamations et au son
des trompettes » ; le Roi monte. Les musiciens du temple sont invités
à jouer de leurs instruments pour recevoir le Roi. Le psaume s’achève par une
vue de l’avenir messianique. Le psalmiste voit, dans une vision prophétique,
les gentils, sous la direction de leurs princes, entrer dans le royaume de Dieu
et le Christ régner sur l’Église unie des Gentils et des Juifs (le dernier
verset est un peu obscur).
Application
liturgique. Pour nous, chrétiens, le Christ est le divin Roi. Lui aussi est
entré en lutte avec les princes du monde. Ce fut le combat de la
Rédemption ; sur le champ de bataille du Golgotha, l’ennemi héréditaire
fut vaincu et le Christ conquit un butin (Psaume LXVII, 18-19) : Tu montes
sur la hauteur, emmenant la foule des captifs, tu partages le butin parmi les
hommes, et maintenant tu emmènes dans les hauteurs l’humanité rachetée, y
compris les rebelles (les Gentils). Aujourd’hui, en la fête de l’Ascension,
nous suivons le Christ dans son entrée triomphale au ciel « avec des
acclamations et au son des trompettes ». Nous rendons hommage au Roi de
tous les peuples, au Père de son peuple. Le verset typique de l’Ascension est
celui-ci. « Dieu s’élève dans les hauteurs au milieu des acclamations, le
Seigneur monte au son des trompettes ». Nous entendons trois fois ce
verset au cours de la messe, à des moments profondément impressionnants. La
première fois, c’est au moment de l’entrée du prêtre (de l’évêque) :
L’Église voit dans le prêtre qui s’avance vers l’autel, revêtu de ses ornements
de fête, le Christ-Roi faisant son entrée dans le sanctuaire du ciel (vers. ad
repetendum). La seconde fois, c’est au moment de la procession de
l’Évangile : Le diacre porte l’Évangile sur l’ambon — c’est encore l’image
du Christ montant au ciel. La troisième fois, c’est au moment de la procession
de l’Offrande. Les fidèles eux-mêmes participent à la procession d’Offrande du
ciel avec le Christ, leur Roi.
Andrea della Robbia, pulpito di S. Fiora
L’Ascension : un mystère toujours actuel ?
P.
Benedikt Mohelník | 18 mai 2017
L’Ascension est l’avant dernier mystère du Christ en
sa chair. Avant dernier ? Quel est alors le dernier ?
L’Incarnation, célébrée à l’Annonciation, et la
Nativité, célébrée le jour de Noël, se rapportent évidemment à des événements
passés. Comme d’ailleurs le Baptême et la Transfiguration, signes donnés aux
disciples pour saisir quelle était la mission de Jésus. Même sa Passion, sa
mort et sa Résurrection, rendues présentes par le sacrement de l’Eucharistie et
dont les fruits demeureront actifs tant que durera le monde, s’inscrivent dans
la vie temporelle de Jésus. L’Ascension également, que les Actes des Apôtres
situent quarante jours après la Résurrection. Pour autant ce jour-là, le Christ
s’est assis à la droite du Père où il demeure aujourd’hui, continuant à se
donner, à Lui et pour nous. À l’Ascension, l’humanité s’est donc rapprochée de
Dieu en la personne du Christ qui nous ouvre la voie. Quel sera, alors, le
dernier mystère du Christ en sa chair ? La Parousie, son retour dans la
gloire, au dernier jour.
Nos vies quotidiennes avec ce qu’elles ont de banal et
d’ordinaire : couple, enfants, famille, travail, loisirs, vie politique,
joies, querelles et soucis, quand nous portons sur elles un regard chrétien, se
révèlent appartenir à la fois au présent de nos existences et au présent des
mystères du Christ en sa chair, avec son passé dernière nous et l’avenir devant
nous. Le passé, où Dieu s’est fait homme, a souffert, est mort et a été
ressuscité par son Père ; le présent, où il vit à la droite du Père depuis
l’Ascension ; le futur, quand il reviendra et nous prendra avec lui.
L’histoire de chacune de nos vies est en permanence contemporaine avec
l’historicité des mystères du Verbe incarné.
« Quand l’homme touche le fond de l’échec et de
l’incapacité, a déclaré le pape François en Égypte, quand il se défait de
l’illusion d’être le meilleur, d’être autosuffisant, d’être le centre du monde,
alors Dieu lui tend la main pour transformer sa nuit en aube, son affliction en
joie, sa mort en résurrection, sa marche en un retour vers Jérusalem,
c’est-à-dire vers la vie et vers la victoire de la Croix. » (29 avril
2017).
Pour tenir notre place de témoin dans le monde
d’aujourd’hui, il faut bien sûr s’efforcer de vivre en chrétien. Mais que
signifie : « Vivre en chrétien » ? Être toujours fidèle,
saint, sans défaut, sans maladresse, généreux, détaché de tout ? Qui
pourrait prétendre vivre sur ces hauteurs ? Vivre en chrétien, n’est-ce
pas plutôt développer d’abord un regard de foi sur la réalité – visible et invisible
–, sur le cadre contemporain de nos vies : nous, et Jésus assis à la
droite du Père ? Alors, il devient possible de s’orienter. « Ces
moments où l’on se sent mauvais et tout à l’envers, explique le cardinal
Journet, ils peuvent être des moments de grande humilité devant Dieu. On voit
bien que l’on ne peut rien de soi-même. Alors on comprend qu’on a le droit de
tout lui demander. Et que c’est pour qu’on le fasse, qu’il permet que nous nous
sentions si désemparés, si impuissants à l’égard de nous-mêmes. » (Comme
une flèche de feu, Ad Solem).
« Est-ce que nous pouvons aimer notre propre
cœur, continue-t-il, avec tous ses égoïsmes, ses hypocrisies, ses nœuds ?
À certains moments, non, non, non. C’est Dieu qui vient nous délivrer de notre
pauvre cœur. Et ce pauvre cœur qui est en nous, il est aussi dans les autres.
Alors pour pouvoir aimer les autres, il n’y a pas d’autre moyen que de passer
par Dieu, et descendre à travers Dieu, à partir de Dieu, vers eux. Alors on
voit qu’il y a un regard de tendresse… ». Ce regard de tendresse nous
accompagne depuis que Jésus siège à la droite du Père et nous accompagnera
inlassablement jusqu’à son retour dans la gloire.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2017/05/18/lascension-un-mystere-toujours-actuel/
Qu’est-ce que la fête de l’Ascension ?
Aliénor
Gamerdinger | 19 mai 2017
Le jour de l'Ascension est important au point d'être
classé par l'Église comme fête d'obligation. Cela signifie que les catholiques
sont obligés d'assister à la messe ce jour-là. Mais pourquoi cet événement
mystérieux, assez peu décrit dans les Évangiles, est-il essentiel pour l'Église
?
Retour sur le texte. Saint Luc dit :
« Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au
Ciel » (24, 51),
et les Actes des apôtres ajoutent : « Et comme ils fixaient encore le
ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en
vêtements blancs, qui leur dirent : “Galiléens, pourquoi restez-vous là à
regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de
vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.” »
(1,
9-11)
Le sens de l’Ascension se trouve dans les paroles des
anges
Mener sa vie dans le désir constant du Ciel, c’est
être focalisé sur ses fins dernières, sur l’éternité, sur le Salut. C’est ce
qu’ont fait les apôtres après l’Ascension. Pour Dieu, ils n’ont eu peur ni du
martyre ni de la prison, « Car celui qui veut sauver sa vie la
perdra » (Mc
8, 35). Pour les disciples, plus rien d’autre que le Ciel, ne comptait.
À quoi ressemblerait notre vie si nous vivions
dans la même optique que les apôtres après l’Ascension ? Tous nos malheurs
ne seraient-ils pas de moindre importance ? Lorsque l’on fait face à un
deuil, à une maladie, ou à une épreuve quelconque, et que l’on a la présence
d’esprit de penser à Dieu et au Paradis, le poids de la souffrance ne
diminue-t-il pas ? Les chrétiens ont pour patrie le Ciel, ils
appartiennent au Ciel, que peut-il y avoir de plus rassurant, de plus
réjouissant, et de plus important ? La Sainte Vierge, en dévoilant son
identité aux enfants à Fatima en
1917, s’en est tenue à : « Je suis du Ciel »… Elle l’a dit comme
si aucun nom ne pouvait mieux la décrire. Alors, toutes les choses du monde
présent, souvent difficiles, parfois cruelles, ne semblent-elles pas futiles
par leur caractère éphémère ? Pourrait-on dire que nous n’envions pas les
apôtres d’avoir connu le Christ sur Terre, alors même qu’ils sont presque tous
morts dans d’affreux martyres ? Nous ne le dirions pas, et ce toujours
pour la même raison : ce qui compte, c’est le Ciel.
En tant que chrétiens, nous appartenons à la communion
des saints, à l’armée qui se bat contre Satan. Nous connaissons la gravité du
péché car « Nul ne peut servir deux maîtres » (Mat
6, 24), et que « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » (Mat
12, 30). Le désir du Ciel permet de ne jamais perdre de vue ces réalités, à
la différence de Lucifer et Ève, les deux premiers à les avoir oubliées.
L’Ascension, ou l’annonce de la Pentecôte
« Il déclara : cette promesse, vous l’avez
entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est
dans l’Esprit saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » (Actes
1, 4-5)
Alors qu’à la Pentecôte les
juifs fêtent la réception des dix commandements sur le Mont Sinaï, les
chrétiens fêtent le don de l’Esprit saint, bien plus fort, car ne touchant pas
l’intelligence, il touche le cœur. C’est alors l’occasion de se remémorer que
l’on a reçu l’Esprit saint, par la confirmation pour les catholiques, et qu’il
nous a donné ses sept dons (sagesse, intelligence, connaissance,
conseil, force, amour du Père, crainte de Dieu). Avec lui, la vie peut être
vécue main dans la main avec Dieu : « Mais, quand on vous livrera, ne vous
inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz : ce que
vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même car ce n’est pas vous qui
parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » (Mat
10, 19)
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2017/05/19/quest-ce-que-la-fete-de-lascension/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr
Ascension : pourquoi Jésus monte-t-il au Ciel ?
Jean-Michel
Castaing | 29 mai 2019
Le mystère de l'Ascension nous invite à nous
préoccuper des réalités d'en haut, à fixer nos yeux sur notre patrie véritable
: le Ciel. Mais qu'est-ce que le Ciel, où Jésus s'élève le jour de l'Ascension
?
Le monde céleste n’est pas seulement un espace
différent par nature du nôtre, ici-bas. Il représente surtout une nouvelle
façon d’exister : vivre avec la
Trinité. C’est Jésus qui « inaugure » le Ciel pour la nature
humaine, en s’élevant du mont des Oliviers vers son Père, quarante jours après
Pâques. Avant son Ascension, le Ciel n’existait pas pour nous. Faisant entrer
la nature humaine dans la Vie divine en ce Jour, le Christ nous y réserve une
place, ainsi qu’il l’a assuré à ses disciples : « Je vais vous
préparer une place » (Jn
14,2). Le Ciel consiste en effet à passer l’éternité en sa compagnie, comme
il l’a promis au bon larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi au
paradis ».
Jésus nous a-t-il abandonnés ?
Après l’Ascension, Jésus ne nous est plus présent
charnellement. À l’instar des apôtres, nous devons accepter cette absence
corporelle afin de le suivre dans son élan vers Dieu, à nous approprier son
désir de monter vers son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu. Comme cet
élan vers le Père s’opère maintenant pour nous en l’absence sensible de Jésus,
il est tout spirituel. Mais nous ne montons pas vers le Père sans Jésus, mais
avec lui. Après son départ, le Fils vivra en effet en nous afin que son élan
vers Dieu devienne le nôtre.
Durant les quarante jours des apparitions
post-pascales, qui courent dudimanche
de Pâques jusqu’au jour de l’Ascension, Jésus est resté encore
extérieur à ses disciples. Il était proche d’eux, face à eux, en un face à face
incarné, très concret. Cependant, il ne vivait pas encore en eux. Pourtant,
saint Paul nous dit qu’il est rendu « esprit vivifiant » par sa résurrection.
Comment comprendre cette expression ? Un esprit peut-il rester extérieur à ceux
auxquels il est censé donner la vie ? Est-il en mesure d’agir à distance ? Ne
doit-il pas au contraire opérer de l’intérieur même des personnes qu’il
sanctifie, de telle sorte que cette sanctification soit à la fois l’œuvre de
Dieu et celle de l’homme ?
Le Christ intérieur
Comment Jésus devient-il alors intérieur à ses
disciples ? Ce sera là l’œuvre de l’Esprit-Saint qui, prenant le relais de
Jésus après ses apparitions sensibles d’après Pâques (sensibles parce que ses
disciples sont encore en mesure, jusqu’à l’Ascension, de le voir avec leurs
yeux de chair, de le toucher avec les mains, de manger avec lui), intériorisera
le Christ en eux à Pentecôte. En effet, Jésus avait fait de son départ pour la
maison du Père la condition de l’envoi du second Paraclet, l’Esprit-Saint :
« Il vaut mieux pour vous que je parte ; car si je ne pars pas, le
Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous
l’enverrai » (Jn
16,7). Voilà pourquoi ces mêmes disciples sont sevrés d’apparitions à
partir de la montée au Ciel de leur Maître. Désormais, le Christ ne sera plus
extérieur à eux, mais vivra en eux. Telle est la raison d’être de
l’Ascension dans l’économie du salut. Avec la fin des apparitions d’après
Pâques débute l’intériorisation du Christ en nous.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/05/29/ascension-pourquoi-jesus-monte-t-il-au-ciel/
John Singleton Copley, Jesus' Ascension, 1775, 81,2 X 73, The Museum of Fine Arts, Boston
La fête de l’Ascension éclairée par Dom Guéranger
Angélique
Provost | 24 mai 2017
Jeudi 25 mai, l’Église fêtera l’Ascension du Christ.
Dom Guéranger, refondateur de Solesmes, a laissé de superbes méditations sur ce
rendez-vous majeur du calendrier liturgique.
« Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux
et fut emporté au Ciel » (Luc 24, 51).
« Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que,
devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent :
“Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui
a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous
l’avez vu s’en aller vers le ciel.” » (Actes, 1,
9-11)
Le jour de son Ascension dans le Ciel, quarante jours
après la Résurrection, le Christ s’est assis à la droite du Père où il demeure
aujourd’hui et pour « les siècles des siècles ». À
l’Ascension, l’humanité s’est donc rapprochée de Dieu en la personne du Christ
qui nous ouvre la voie. Quel sera, alors, le dernier mystère du Christ en
sa chair ? La Parousie, son retour dans la gloire, au dernier jour. De
manière surprenante, Dom Guéranger propose une
lecture mariale du mystère « christocentré » par excellence.
Maître spirituel, Dom Prosper Guéranger fut le refondateur de l’abbaye de
Solesmes (un 14 juillet 1837) et de tout l’ordre bénédictin en France, balayé
par la Révolution Française en 1790. Son influence fut essentielle dans le
renouveau liturgique français du XIXesiècle.
« On songeait (…) aux sentiments qui durent occuper
le cœur de Marie durant ces derniers instants qu’elle jouissait de la présence
de son fils. On se demandait qui devait l’emporter dans ce cœur maternel, de la
tristesse de ne plus voir Jésus, ou du bonheur de sentir qu’il allait entrer
enfin dans la gloire qui lui était due. La réponse venait promptement à la
pensée de ces véritables chrétiens, et nous aussi, nous nous la ferons à
nous-mêmes. Jésus n’avait-il pas dit à ses disciples : “Si vous m’aimiez,
vous vous réjouiriez de ce que je m’en vais à mon Père ?” (Jean, 14,
28). Or, qui aima plus Jésus que ne l’aima Marie ? Le cœur de la mère
était donc dans l’allégresse au moment de cet ineffable adieu. Marie ne pouvait
songer à elle-même, quand il s’agissait du triomphe dû à son fils et à son
Dieu. Après les scènes du calvaire, pouvait-elle aspirer à autre chose qu’à
voir glorifié enfin celui qu’elle connaissait pour le souverain Seigneur de
toutes choses, celui qu’elle avait vu si peu de jours auparavant renié,
blasphémé, expirant dans toutes les douleurs. » (L’année liturgique, commentaires
liturgiques du jour de l’Ascension, 1845)
Il dut être beau, ce dernier repas d’une mère et son
Fils. Ce fut une seconde cène, devenue légère après que la Croix ait passée du
rang de fardeau à celui de triomphe. Dom Guéranger continue ainsi, passant de
la mariologie à l’ecclésiologie :
« C’en était fait : la terre avait perdu son
Emmanuel. Quarante siècles l’avaient attendu, et il s’était rendu, enfin, aux
soupirs des patriarches et aux vœux enflammés des prophètes. »
Quarante siècles ont spéculé sur la venue du Messie.
Et le voilà qui a vécu, qui est mort, ressuscité, et retourné au Père. Que
fait-on maintenant ? Les prophètes ne l’ont pas dit. Le monde est neuf,
brillant de pureté, racheté par le Fils de Dieu, et pourtant les disciples se
sentent seuls. Que fait-on quand la paix revient ? La réponse fut
l’Église. Elle deviendra la gardienne de la Paix du Christ.
« Quelle tâche immense Jésus leur a
confiée ! Et au moment où il s’agit pour eux de s’y livrer, il les
quitte ! »
Il ne les laisse pas tout à fait seuls, puisque la
Pentecôte vient leur insuffler l’élan nécessaire à la construction de cette
Église. Nous pouvons conclure, à nouveau avec Dom Guéranger :
« Leur bonheur est désormais de penser qu’il est
entré dans son repos. “Les disciples rentrèrent dans Jérusalem, remplis d’une
vive allégresse”, dit saint Luc (Luc 24, 52), exprimant par ce seul mot
l’un des caractères de cette ineffable fête de l’Ascension, de cette fête
empreinte d’une si douce mélancolie, mais qui respire en même temps, plus
qu’aucune autre la joie, et le triomphe. »
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2017/05/24/la-fete-de-lascension-eclairee-par-dom-gueranger/
Rembrandt (1606–1669). L’Ascension, 1636, 93 X 68,7,
Les clefs d’une œuvre : « L’Ascension » de
Rembrandt van Rijn
Sophie
Roubertie | 29 mai 2019
Pleinement Dieu et pleinement homme, le Christ rejoint
le Père sous les yeux des apôtres. "L’Ascension" de Rembrandt, peinte
en 1636, nous invite à la méditation de ce mystère : Jésus emporté avec son
corps dans la lumière du Ciel.
Les disciples semblent plongés dans la nuit, comme
dans un grand vide. Et pourtant, ils savaient qu’il partirait, Jésus les y
avaient préparés : « Mais moi, vous ne m’aurez pas toujours » (Ac
1,9). Oui, ils le savaient, mais, après la douleur de la Passion, ils
L’avaient vu revenir, ressuscité, le jour de la Pâque. Alors, pourquoi ne
resterait-Il pas avec eux, continuer à les enseigner ? Leurs sentiments
sont mêlés, car, si leur surprise est grande, paraît aussi la peur, peur de
rester seuls, à nouveau, dans ce noir absolu et l’émerveillement devant cet
événement incroyable.
En blanc, le disciple aimé
Il est difficile de savoir qui, dans le cercle des
apôtres, a été représenté. Il semble néanmoins que saint Jean, le disciple que
Jésus aimait, puisse être reconnu sous les traits juvéniles de l’homme vêtu de
blanc.
Le Christ tourne les yeux vers le Créateur, Esprit saint représenté sous la
forme d’une colombe, nimbée de ce halo lumineux, source vivifiante qui rayonne
jusque sur la terre. La figure du Père n’est pas montrée. Une seconde source de
lumière provient de Jésus lui-même, éclairant les visages et les regards
tournés lui. Son vêtement est blanc, couleur de la Résurrection et du baptême,
couleur aussi des temps liturgiques de fête.
La joie du Ciel
« Sous leurs regards, il s’éleva, et une nuée le
déroba à leurs yeux » (Ac
1,9). Rembrandt donne à cette nuée la forme d’un nuage soutenu par un
groupe de chérubins, petits anges nus aux ailes colorées, joie du Ciel, tandis
que d’autres se cachent dans la lumière céleste pour accueillir leur divin
maître.
Sur la terre enténébrée, le peintre ne nous donne rien
à voir, nous laissant seulement deviner la silhouette d’un palmier qui unit le
ciel et la terre. Maigre décor de la scène où l’essentiel n’est pas dans le
paysage, mais dans une création nouvelle, puisque la terre que nous voyons ici
« informe et vide », va accueillir à nouveau Jésus : « Ce
Jésus qui été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même
manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Ac
1,9). Malgré l’inquiétude exprimée par les disciples, la Pentecôte est
proche.
Il entre dans la gloire
Le Christ entre dans la gloire, les apôtres en sont
témoins. Étienne le déclarera : « Voici que je contemple les cieux ouverts
et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Ac
7, 56).
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/05/29/les-clefs-dune-oeuvre-lascension-de-rembrandt-van-rijn/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr
The Solemnity Of The Ascension
The Ascension of Our Lord, which occurred
40 days after Jesus Christ rose from the dead on Easter Sunday, is the final
act of our redemption that Christ began on Good Friday. On this day, the risen
Christ, in the sight of His apostles, ascended bodily into Heaven (Luke 24:51;
Mark 16:19; Acts 1:9-11).
The reality of the Ascension is so important that
the creeds (the basic statements of belief) of Christianity all affirm, in the
words of the Apostles’ Creed, that “He ascended into heaven, sits at the right
hand of God the Father almighty; from thence He shall come to judge the living
and the dead.” The denial of the Ascension is as grave a departure from
Christian teaching as is denial of Christ’s Resurrection.
Christ’s bodily Ascension foreshadows our own entrance
into Heaven not simply as souls, after our death, but as glorified bodies,
after the resurrection of the dead at the Final Judgment. In redeeming mankind,
Christ not only offered salvation to our souls but began the restoration of the
material world itself to the glory that God intended before Adam’s fall.
The Feast of the Ascension marks the beginning of
the first novena, or nine days of prayer. Before His Ascension, Christ promised
to send the Holy Spirt to His apostles. Their prayer for the coming of the Holy
Spirit, which began on Ascension Thursday, ended with the descent of the Holy
Spirit on Pentecost Sunday, ten days later.
The observance of this feast is of great antiquity.
Although no documentary evidence of it exists prior to the beginning of the
fifth century, St. Augustine says that it is of Apostolic origin, and he speaks
of it in a way that shows it was the universal observance of the Church long
before his time. Frequent mention of it is made in the writings of St. John
Chrysostom, St. Gregory of Nyssa, and in the Constitution of the Apostles. The
Pilgrimage of Sylvia (Peregrinatio Etheriae) speaks of the vigil of this feast
and of the feast itself, as they were kept in the church built over the grotto
in Bethlehem in which Christ was born (Duchesne, Christian Worship, 491-515).
It may be that prior to the fifth century the fact
narrated in the Gospels was commemorated in conjunction with the feast of
Easter or Pentecost. Some believe that the much-disputed forty-third decree of
the Council of Elvira (c. 300) condemning the practice of observing a feast on
the fortieth day after Easter and neglecting to keep Pentecost on the fiftieth
day, implies that the proper usage of the time was to commemorate the Ascension
along with Pentecost. Representations of the mystery are found in diptychs and
frescoes dating as early as the fifth century.
Certain customs were connected with the liturgy of
this feast, such as the blessing of beans and grapes after the Commemoration of
the Dead in the Canon of the Mass, the blessing of first fruits, afterwards
done on Rogation Days, the blessing of a candle, the wearing of mitres by
deacon and subdeacon, the extinction of the paschal candle, and triumphal
processions with torches and banners outside the churches to commemorate the
entry of Christ into heaven. There was the English custom of carrying at the
head of the procession the banner bearing the device of the lion and at the
foot the banner of the dragon, to symbolize the triumph of Christ in His
ascension over the evil one. In some churches the scene of the Ascension was
vividly reproduced by elevating the figure of Christ above the altar through an
opening in the roof of the church. In others, whilst the figure of Christ was
made to ascend, that of the devil was made to descend.
In the liturgies generally the day is meant to
celebrate the completion of the work of our salvation, the pledge of our
glorification with Christ, and His entry into heaven with our human nature
glorified.
Ascension
The elevation of Christ into heaven by
His own power in presence of His disciples the
fortieth day after His Resurrection.
It is narrated in Mark
16:19, Luke
24:51, and in the first
chapter of the Acts
of the Apostles.
Although the place of the Ascension is not distinctly stated, it
would appear from the Acts that
it was Mount
Olivet. Since after the Ascension the disciples are
described as returning to Jerusalem from
the mount that is called Olivet, which is near Jerusalem,
within a Sabbath
day's journey. Tradition has consecrated this
site as the Mount of Ascension and Christian piety has
memorialized the event by erecting over the site a basilica. St.
Helena built the first memorial, which was destroyed by the Persians in
614, rebuilt in the eighth century, to be destroyed again, but rebuilt a second
time by the crusaders.
This the Moslems also
destroyed, leaving only the octagonal structure which encloses the stone said
to bear the imprint of the feet of Christ,
that is now used as an oratory.
Not only is the fact of the Ascension related in the passages
of Scripture cited
above, but it is also elsewhere predicted and spoken of as an established fact.
Thus, in John
6:63, Christ asks
the Jews:
"If then you shall see the son
of Man ascend up where He was before?" and 20:17,
He says to Mary
Magdalen: "Do not touch Me, for I am not yet ascended to My Father,
but go to My brethren,
and say to them: I ascend to My Father and to your Father, to My God and
to your God."
Again, in Ephesians
4:8-10, and in Timothy
3:16, the Ascension of Christ is
spoken of as an accepted fact.
The language used by the Evangelists to
describe the Ascension must be interpreted according to usage. To say
that He was taken up or that He ascended, does not necessarily imply
that they locate heaven directly
above the earth; no more than the words "sitteth on the right hand
of God"
mean that this is His actual posture. In disappearing from their view "He
was raised up and a cloud received Him out of their sight" (Acts
1:9), and entering into glory He
dwells with the Father in
the honour and
power denoted by the scripture phrase.
Wynne, John. "Ascension." The
Catholic Encyclopedia. Vol. 1. New York: Robert Appleton
Company, 1907. 28 May 2017<http://www.newadvent.org/cathen/01767a.htm>.
Transcription. This article was transcribed for
New Advent by Joseph P. Thomas.
Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. March
1, 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal
Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/01767a.htm
Feast of the Ascension
The fortieth day after Easter
Sunday, commemorating the Ascension of Christ into heaven,
according to Mark
16:19, Luke
24:51, and Acts
1:2.
In the Eastern
Church this feast was
known as analepsis, the taking up, and also as the episozomene,
the salvation,
denoting that by ascending into His glory Christ completed
the work of our redemption.
The terms used in the West, ascensio and,
occasionally, ascensa, signify that Christ was
raised up by His own powers. Tradition designates Mount
Olivet near Bethany as
the place where Christ left
the earth. The feast falls
on Thursday. It is one of the Ecumenical feasts ranking
with the feasts of
the Passion,
of Easter and
of Pentecost among
the most solemn in
the calendar,
has a vigil and,
since the fifteenth century, an octave which
is set apart for a novena of
preparation for Pentecost,
in accordance with the directions of Leo
XIII.
History
The observance of this feast is
of great antiquity. Although no documentary evidence of it exists prior to the
beginning of the fifth century, St.
Augustine says that it is of Apostolic origin,
and he speaks of it in a way that shows it was the universal observance of
the Church long
before his time.
Frequent mention of it is made in the writings of St.
John Chrysostom, St.
Gregory of Nyssa, and in the Constitution
of the Apostles. The Pilgrimage of
Sylvia (Peregrinatio Etheriae) speaks of the vigil of
this feast and
of the feast itself,
as they were kept in the church built over the grotto in Bethlehem in
which Christ was
born (Duchesne, Christian Worship, 491-515). It may be that prior to the
fifth century the fact narrated in the Gospels was
commemorated in conjunction with the feast of Easter or Pentecost.
Some believe that
the much-disputed forty-third decree of
the Council
of Elvira (c. 300) condemning the practice of observing a feast on
the fortieth day after Easter and
neglecting to keep Pentecost on
the fiftieth day, implies that the proper usage of the time was
to commemorate the Ascension along
with Pentecost.
Representations of the mystery are
found in diptychs and
frescoes dating as early as the fifth century.
Customs
Certain customs were connected with the liturgy of
this feast,
such as the blessing of
beans and grapes after the Commemoration of the Dead in the Canon
of the Mass, the blessing of first
fruits, afterwards done on Rogation
Days, the blessing of
a candle,
the wearing of mitres by deacon and subdeacon,
the extinction of the paschal
candle, and triumphal processions with
torches and banners outside the churches to commemorate the entry
of Christ into heaven. Rock records
the English custom of
carrying at the head of the procession the
banner bearing the device of the lion and at the foot the banner of the dragon,
to symbolize the triumph of Christ in
His ascension over
the evil
one. In some churches the scene of the Ascension was
vividly reproduced by elevating the figure of Christ above
the altar through
an opening in the roof of the church. In others, whilst the figure
of Christ was
made to ascend, that of the devil was
made to descend.
In the liturgies generally
the day is meant to celebrate the completion of the work of our salvation,
the pledge of our glorification with Christ,
and His entry into heaven with
our human nature glorified.
Sources
DUCHESNE, Christian Worship (London, 1904);
NILLES Kalendarium Utriusque Ecclesiae (Innsbruck, 1897), II.
362-374; CABROL, in Dict. d'arch. chrét. et liturg. BUTLER, Feasts
and Fasts; GUÉRANGER, III, s.v.
Wynne, John. "Feast of the
Ascension." The Catholic Encyclopedia. Vol. 1. New York:
Robert Appleton Company, 1907. 28 May
2017 <http://www.newadvent.org/cathen/01767b.htm>.
Transcription. This article was transcribed for
New Advent by the Cloistered Dominican Nuns of the Monastery of the Infant
Jesus, Lufkin, Texas. Dedicated to Christ the King.
Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. March
1, 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal
Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/01767b.htm
Ascension de Jésus, ivoire, vers
400, Musée national de Bavière, ancienne collection Martin von
Reider (Munich)
St. Leo
the Great
Sermon 73
(On the Lord's Ascension,
I.)
I. The events recorded as happening
after the Resurrection were intended to convince us of its truth
Since the blessed
and glorious Resurrection of our Lord Jesus
Christ, whereby the
Divine power in three days raised the true Temple of
God, which
the wickedness
of the Jews had
overthrown, the sacred forty days, dearly-beloved, are
today ended, which by most holy appointment were devoted to our
most profitable instruction, so that, during the period that the Lord
thus protracted the lingering of His bodily presence, our faith in the Resurrection
might be fortified by needful proofs. For Christ's
Death had much disturbed the disciples' hearts, and a kind of torpor of
distrust had crept over their grief-laden minds at His
torture on the cross, at
His giving up the ghost, at His lifeless body's burial.
For, when the holy women, as the Gospel-story has revealed,
brought word of the stone rolled away from the tomb, the sepulchre
emptied of the body, and the angels bearing witness to the living Lord,
their words seemed like ravings to the Apostles and other disciples. Which doubtfulness, the result of human weakness, the Spirit
of Truth would most assuredly not have permitted to exist
in His own preacher's breasts, had not their trembling
anxiety and careful hesitation laid the foundations of our faith. It was our perplexities
and our dangers that were provided for in the Apostles: it
was ourselves who in these men were taught how to meet the cavillings
of the ungodly and the arguments of earthly wisdom. We are instructed by their lookings, we are taught by their hearings,
we are convinced by their handlings.
Let us give thanks to the Divine management and the holy Father.' necessary
slowness of belief. Others doubted, that we might not doubt.
II. And therefore they are in the
highest degree instructive
Those days, therefore,
dearly-beloved, which intervened between the Lord's Resurrection
and Ascension did not pass by in uneventful
leisure, but great mysteries were ratified in them, deep truths
revealed. In them the fear of awful death was removed, and the
immortality not only of the soul but also of the flesh established.
In them, through the Lord's breathing upon them, the Holy Ghost is poured upon all the Apostles,
and to the blessed Apostle Peter
beyond the rest the care of the Lord's flock is entrusted,
in addition to the keys of the kingdom.
Then it was that the Lord joined the two disciples as a companion on the way, and, to
the sweeping away of all the clouds of our uncertainty, upbraided them with the
slowness of their timorous hearts. Their enlightened hearts catch the flame of faith, and lukewarm as they have been,
are made to burn while the Lord unfolds the Scriptures. In the breaking of bread also
their eyes are opened as they eat with Him: how far more blessed
is the opening of their eyes, to whom the glorification of
their nature is revealed than that of
our first parents, on whom
fell the disastrous consequences of their transgression.
III. They prove the Resurrection of
the flesh
And in the course of these
and other miracles,
when the disciples
were harassed by bewildering thoughts, and the Lord
had appeared in their midst and said, Peace be unto you ,
that what was passing through their hearts might not be their fixed opinion
(for they thought they saw a spirit not flesh), He refutes
their thoughts so discordant with the Truth, offers
to the doubters' eyes the marks of the cross that
remained in His hands and feet, and invites them to handle Him with careful scrutiny,
because the traces of the nails and spear had been retained to heal the wounds
of unbelieving hearts, so that not with wavering faith, but with most steadfast knowledge they might comprehend that the Nature
which had been lain in the sepulchre was to sit on God the Father's throne.
IV. Christ's ascension has given us
greater privileges and joys than the devil had taken from us
Accordingly,
dearly-beloved, throughout this time which elapsed between
the Lord's Resurrection and Ascension,
God's Providence had this in view, to
teach and impress upon both the eyes and hearts of His own people that the Lord Jesus
Christ might be
acknowledged to have as truly risen, as
He was truly born,
suffered, and died. And hence the most blessed Apostles
and all the disciples,
who had been both bewildered at His death on the cross and
backward in believing His Resurrection,
were so strengthened by the clearness of the truth that when the Lord
entered the heights of heaven, not only were they affected
with no sadness, but were even filled with great joy. And truly great and unspeakable was their cause for joy, when in the sight of the holy multitude, above the dignity of all
heavenly creatures, the Nature of mankind went up, to pass above the angels' ranks and to rise
beyond the archangels' heights, and to have Its uplifting limited by
no elevation until, received to sit with the Eternal
Father, It should be associated on the throne with His glory, to Whose Nature
It was united in the Son. Since then Christ's Ascension
is our uplifting, and the hope of the Body is raised,
whither the glory of the
Head has gone before, let us exult, dearly-beloved, with worthy joy and delight in the loyal paying of
thanks. For today not only are we confirmed as possessors
of paradise, but have also in Christ
penetrated the heights of heaven, and have gained still
greater things through Christ's unspeakable grace than we had lost through the devil's malice. For us, whom our virulent enemy
had driven out from the bliss of our first abode, the Son of God has made members of Himself and
placed at the right hand of the Father, with Whom He lives and reigns in
the unity of the Holy Spirit, God for ever
and ever. Amen.
Source. Translated by Charles Lett Feltoe. From Nicene and Post-Nicene Fathers, Second Series, Vol. 12. Edited by Philip Schaff and Henry Wace. (Buffalo, NY: Christian Literature Publishing
Co., 1895.) Revised and edited for New Advent by Kevin Knight.<http://www.newadvent.org/fathers/360373.htm>.
SOURCE : http://www.newadvent.org/fathers/360373.htm
Ascensione del Signore nostro Gesù Cristo
Nel giorno dell'Ascensione Gesù, prima di salire al Padre, manda nel
mondo i suoi testimoni: saranno loro, e tutto il popolo profetico, a
manifestare Gesù Cristo salvatore.
Martirologio Romano: Solennità dell’Ascensione del Signore nostro Gesù
Cristo, in cui egli, a quaranta giorni dalla risurrezione, fu elevato in cielo
davanti ai suoi discepoli, per sedere alla destra del Padre, finché verrà nella
gloria a giudicare i vivi e i morti.
La gloriosa Ascensione completa l’architettonica dei misteri
cristologici. Per essa infatti, l’Uomo-Dio, compiuta la sua missione nel mondo,
ritorna al suo principio, descrivendo un circolo. Gesù stesso lo sintetizza:
«Io sono uscito dal Padre e venni nel mondo; ora lascio il mondo e vado al
Padre» (Gv 18,28).
Il Verbo eterno discende dall’alto dei Cieli, dal seno del Padre, s’incarna nel
Grembo della Vergine Immacolata, nasce a Betlemme, vive nascosto a Nazareth,
esce a predicare il Vangelo del Regno (cf. Mt 4,23), è crocifisso e muore sulla
croce, risuscita all’alba del terzo giorno e ascende al Cielo dalla cima del
monte degli Olivi, che conobbe la sua dolorosa agonia e il suo «fiat»
sanguinante.
Realmente
mirabile, gloriosa, l’Ascensione del Signore: quella sua Umanità, debole come
la nostra, soggetta all’infermità, alla sofferenza e alla morte, entra
vittoriosa nei Cieli, ed è trapiantata, ormai impassibile, nella esistenza
eterna di Dio. Gesù di Nazareth, che era apparso come «il figlio del fabbro» (Mt
13,55), entra nella sua Gloria (cf. Lc 24,26), in anima e corpo, e vive eterno
nella pienezza divina.
Gesù dopo la sua Risurrezione appare agli Apostoli, ai Discepoli, alle pie
donne; dà gli ultimi ammaestramenti; compare e scompare, quasi volesse abituare
i suoi, per gradi, alla sua partenza definitiva. Poi li lascia. Lascia la
terra, gli uomini; o meglio, li priva della sua presenza visibile, e si
nasconde in Dio. Li ha preparati con tre anni d’insegnamento – ma non ha detto
tutto: molte cose «non le avrebbero potute sostenere» (Gv 16,12) prima della
sua morte e della venuta dello Spirito Santo –; li ha confortati dando loro le
prove della sua vittoria sulla morte; poi si sottrae, e manda loro il
Paraclito.
È come se li considerasse maturi per la prova, capaci di vivere di fede, senza
nemmeno più la Sua presenza visibile – che pure esigeva la fede per credere
alla sua Divinità –, come figli ormai usciti di tutela, che affrontano la vita
con la loro piena responsabilità. Si inizia la vita della Chiesa, in cui il
Cristo opera, ma in modo misterioso mediante il suo Spirito. Si inizia la
«prova» per l’umanità, la grande storia dei secoli cristiani, l’espansione
della Buona Novella, le persecuzioni e le lotte, le vicende dolorose e gloriose
che avranno termine solo quando il Figlio dell’uomo verrà per la seconda volta
in tutta la sua maestà, sulle nubi (cf. Mt 26,64), per giudicare tutti gli
uomini.
Per questo i Cristiani delle prime generazioni, che avevano visto Gesù
scomparire dietro le nubi del cielo, ne sentivano prossima la seconda venuta –
«Il momento è vicino» – e l’invocavano: «Vieni, Signore Gesù» (Ap 1,3; 22,20).
Non avevano torto: in realtà la storia dei secoli e dei millenni è un soffio di
fronte all’eternità; un soffio questa vicenda umana in cui siamo ingolfati e
che ci pare non aver fine: Cristo ieri è asceso al Cielo e domani ritornerà. Un
soffio la vicenda dell’umanità che si conta a millenni; un lievissimo soffio la
vicenda di ogni uomo che nasce e muore. La prova dell’umanità e la prova di
ogni uomo è conchiusa entro brevissimi confini: e al termine dell’una e
dell’altra sta il Cristo che, asceso al Cielo, ritorna; e si presenta Giudice a
ogni uomo al termine della sua vita; e si presenterà giudice all’umanità intera
alla fine dei tempi.
La vita come prova e come attesa: ecco l’insegnamento del mistero
dell’Ascensione.
«Alla destra del Padre»
«Il Signore ha detto al mio Signore: “Siedi alla mia destra, finché io ponga i
tuoi nemici come sgabello sotto i tuoi piedi”» (Sal 109,1). Il Salmo parla del
Messia e ne predice la gloria con un’espressione figurata («sedere alla destra
di Dio») di significato chiarissimo. Gesù stesso l’ha ripresa, richiamandosi
espressamente al Salmo, e l’ha applicata a Sé (cf. Mt 22,41-44; Mc 12,35-37; Lc
20,41-44), gli Evangelisti (cf. Mc 26,19), san Paolo (cf. Rm 8,34; Col 3,1; Ef
1,20-22), il Simbolo della nostra Fede, la ripetono fedelmente (1).
Gesù dunque ha presentato agli uomini la fine della sua esistenza mortale come
un ritorno al Padre e un ingresso nella gloria, a occupare, accanto a Lui, il
posto d’onore. «Vado al Padre» ripete nel discorso dopo l’Ultima Cena; e più
chiaramente: «Sono uscito dal Padre e sono venuto nel mondo; ora lascio il
mondo e vado al Padre» (Gv 16,28). Sembra quasi che la Passione imminente non
conti, per Lui, o sia solo una brevissima parentesi: Gesù guarda al di là,
sente prossimo il suo ritorno al Padre, la sua glorificazione; chiede, anzi,
questa glorificazione, a cui è stato predestinato «prima che il mondo fosse»
(Gv 17,5). Di questa gloria parlerà apertamente anche davanti al sommo
Pontefice, suscitandone lo sdegno: «Tu l’hai detto (che io sono il Figlio di
Dio); e io vi dico: tra poco vedrete il Figlio dell’uomo seduto alla destra
della Potenza (di Dio) venire sulle nubi del cielo» (Mt 26,64; Mc 14,62; Lc
22,69).
Stefano, il primo Martire, confermerà: «Ecco che io vedo i cieli aperti, e il
Figlio dell’uomo seduto alla destra di Dio» (At 7,55-56). E san Paolo: «...l’ha
risuscitato dai morti e l’ha fatto sedere alla sua destra nei cieli, al di
sopra di ogni Principato, Potenza, Virtù, Dominazione... E ha messo tutto sotto
i suoi piedi» (Ef 1,20-22).
Ma soprattutto nell’Epistola agli Ebrei, destinata proprio a coloro che erano
depositari delle Scritture e delle Profezie, quell’espressione, «siede alla
destra di Dio», che indica la suprema glorificazione di Cristo da parte del
Padre, ritorna più volte, con un evidente richiamo al Salmo da cui deriva (cf.
Eb 1,3.13; 8,1; 10,-12-13; 12,2) (2).
Ma che portata ha in realtà questa espressione? Essa è quasi sempre messa in
relazione con la Risurrezione e l’Ascensione di Cristo: indica la gloria che
Egli ha stabilmente presso il Padre, dal momento in cui ne è entrato in
possesso, e per tutta l’eternità. È un modo figurato, quasi plastico, per indicare
il suo primato universale e l’onore che il Padre rende a Lui, proprio in quanto
uomo. Egli stesso infatti rivendica questo onore a Sé come «Figlio dell’uomo»,
e san Paolo lo presenta come una ricompensa (cf. Eb 22,2). Riferita al Verbo
l’espressione sarebbe impropria e inesatta: il Verbo è sempre col Padre, non
può «uscire da Lui e ritornare a Lui», non ha bisogno di alcun riconoscimento
di una supremazia sulle creature «messe come sgabello sotto i suoi piedi»,
perché esse sono soggette al Verbo come al Padre e come allo Spirito Santo.
Gesù dunque ascende al Cielo con la sua Umanità per sedere alla destra del
Padre: per dare inizio al «regno che non avrà mai fine», profetizzato
dall’Angelo alla Madre sua al momento del suo verginale concepimento (Lc 1,33).
Ascende
“per andare a preparare anche a noi un posto” (cf. Gv 14,2), per rimanere
accanto al Padre con la sua Umanità gloriosa, e presentargli eternamente, nella
beatitudine e nella gloria, l’omaggio di adorazione, di lode, di
ringraziamento, di propiziazione che gli aveva offerto nel dolore, immolandosi
sulla croce; per mostrargli le sue ferite gloriose, documento del suo amore a
Dio e agli uomini, e «intercedere per noi», suoi fratelli, ripetendo la
preghiera più sublime della sua carità misericordiosa: «Padre, perdona loro,
poiché non sanno quello che fanno» (Lc 23,34), e la preghiera sacerdotale, che
gli Apostoli udirono alla vigilia della sua morte, e che sembra già pronunciata
al di là della morte, nella gloria dei Cieli: «Padre Santo, conserva nel Tuo
nome quelli che mi hai dato; affinché siano una cosa sola, come noi... Non
chiedo che Tu li tolga dal mondo, ma che Tu li preservi dal male... Santificali
nella verità... Padre, quelli che mi hai dato, voglio che siano con me dove
sono io, affinché vedano la gloria che Tu mi hai data...» (Gv 17).
Finché, alla fine dei tempi, Egli verrà ancora «nella gloria a giudicare i vivi
e i morti, e il suo regno non avrà fine» (Simbolo niceno). È la Gerusalemme
celeste vista dal Profeta di Patmos; la Città di Dio, che non ha bisogno «del
sole né della luna, perché lo splendore di Dio la illumina, e l’Agnello ne è la
lampada. E le genti cammineranno nella sua luce...». «E regneranno nei secoli
dei secoli». «Ed essi saranno il suo popolo... e Dio astergerà ogni lacrima dai
loro occhi, né vi sarà più la morte, né lutto, né grida, né dolore», ma «nuovi
cieli e nuova terra». «Chi vincerà, possiederà ciò, e io gli sarò Dio, ed Egli
mi sarà figlio».
Il primo, il più grande vincitore, è Lui, l’Agnello che è stato immolato, «Re
dei re, e Signore dei dominanti» (Ap 19,16) (3); e dietro a Lui la
moltitudine innumerevole dei redenti dal suo Sangue.
Il significato profondo di questo mistero sta dunque nel trionfo di Cristo, che
come Uomo prende possesso della sua gloria.
È la glorificazione dell’Umanità di Lui, anche come Capo del Corpo Mistico; una
glorificazione che precede e prepara quella dei suoi membri, come un annuncio
gioioso, che allarga il cuore alla speranza. È una glorificazione e un onore
per Lui, ma lo è anche per noi; perché noi sappiamo che alla destra del Padre
siede Uno di noi, il nostro Fratello maggiore, il migliore della nostra stirpe,
il nostro Re.
Il mistero dell’Ascensione offre dunque alla nostra meditazione:
- il compimento del disegno divino con la glorificazione di Cristo;
- la beatitudine eterna a cui noi tutti siamo chiamati;
- la nostra conformità a Cristo che ne è la condizione;
- la vita concepita come attesa, nella speranza della gloria di Lassù, dove
saremo eternamente con Cristo in Dio.
Note
1) Cf. il discorso di san Pietro in At 2,33-35, e in 1Pt 3,22.
2) Cf L.
Cerfaus, Le Christ dans la theologie de saint Paul, Paris 1951, p. 44.
3) Sul mistero della glorificazione e dei Novissimi, cf. M. J. Scheeben,
I misteri del Cristianesimo, cap. IX, pp. 645ss.
Autore: Padre Marciano M. Ciccarelli
Fonte: Il
Settimanale di Padre Pio
Detail Bronzefünte Marienkirche Rostock
L’Ascensione
di Gesù al Cielo, è la grandiosa conclusione della permanenza visibile di Dio
fra gli uomini, preludio della Pentecoste, inizia la storia della Chiesa e apre
la diffusione del cristianesimo nel mondo.
Senso biblico del termine ‘Ascensione’
Secondo una concezione spontanea e universale, riconosciuta dalla Bibbia, Dio
abita in un luogo superiore e l’uomo per incontrarlo deve elevarsi, salire.
L’idea dell’avvicinamento con Dio, è data spontaneamente dal monte e nell’Esodo
(19,3), a Mosè viene trasmessa la proibizione di salire verso il Sinai, che
sottintendeva soprattutto quest’avvicinamento al Signore; “Delimita il monte
tutt’intorno e dì al popolo; non salite sul monte e non toccate le falde.
Chiunque toccherà le falde sarà messo a morte”.
Il comando di Iavhè non si riferisce tanto ad una salita locale, ma ad un
avvicinamento spirituale; bisogna prima purificarsi e raccogliersi per poter
udire la sua voce. Non solo Dio abita in alto, ma ha scelto i luoghi elevati
per stabilirvi la sua dimora; anche per andare ai suoi santuari bisogna
‘salire’.
Così lungo tutta la Bibbia, i riferimenti al ‘salire’ sono tanti e continui e
quando Gerusalemme prende il posto degli antici santuari, le folle dei
pellegrini ‘salgono’ festose il monte santo; “Ascendere” a Gerusalemme,
significava andare a Iavhè, e il termine, obbligato dalla reale posizione
geografica, veniva usato sia dalla simbologia popolare per chi entrava nella
terra promessa, come per chi ‘saliva’ nella città santa.
Nel Nuovo Testamento, lo stesso Gesù ‘sale’ a Gerusalemme con i genitori,
quando si incontra con i dottori nel Tempio e ancora ‘sale’ alla città santa,
quale preludio all’”elevazione” sulla croce e alla gloriosa Ascensione.
I testi che segnalano l’Ascensione
I Libri del Nuovo Testamento contengono sporadici accenni al mistero
dell’Ascensione; i Vangeli di Matteo e di Giovanni non ne parlano e ambedue
terminano con il racconto di apparizioni posteriori alla Resurrezione.
Marco finisce dicendo: “Gesù… fu assunto in cielo e si assise alla destra di
Dio” (XVI, 10); ne parla invece Luca: “Poi li condusse fin verso Betania, e
alzate le mani, li benedisse. E avvenne che nel benedirli si staccò da loro e
fu portato verso il cielo” (XXIV, 50-51).
Ancora Luca negli Atti degli Apostoli, attribuitigli come autore sin dai primi
tempi, al capitolo iniziale (1, 11), colloca l’Ascensione sul Monte degli
Ulivi, al 40° giorno dopo la Pasqua e aggiunge: “Detto questo, fu elevato in
alto sotto i loro occhi e una nube lo sottrasse al loro sguardo. E poiché essi
stavano fissando il cielo mentre egli se ne andava, ecco due uomini in bianche
vesti si presentarono a loro e dissero: Uomini di Galilea, perché state a
guardare il cielo? Questo Gesù, che è stato tra di voi assunto
fino al cielo, tornerà un giorno allo stesso modo in cui l’avete visto andare
in cielo”.
Gli altri
autori accennano solo saltuariamente al fatto o lo presuppongono, lo stesso s. Paolo
pur conoscendo il rapporto tra la Risurrezione e la glorificazione, non si pone
il problema del come Gesù sia entrato nel mondo celeste e si sia trasfigurato;
infatti nelle varie lettere egli non menziona il passaggio dalla fase terrestre
a quella celeste.
Ma essi ribadiscono l’intronizzazione di Cristo alla destra del Padre, dove
rimarrà fino alla fine dei secoli, ammantato di potenza e di gloria; “Se dunque
siete risorti con Cristo, cercate le cose di lassù, dove Cristo sta assiso alla
destra di Dio; pensate alle cose di lassù, non a quelle della terra; siete
morti infatti, e la vostra vita è nascosta con Cristo in Dio!” (Colossesi, 3,
1-3).
I dati storici dell’Ascensione
Luca, il terzo evangelista, negli “Atti degli Apostoli” specifica che Gesù dopo
la sua passione, si mostrò agli undici apostoli rimasti, con molte prove,
apparendo loro per quaranta giorni e parlando del Regno di Dio; bisogna dire
che il numero di ‘quaranta giorni’ è denso di simbolismi, che ricorre spesso
negli avvenimenti del popolo ebraico errante, ma anche con Gesù, che digiunò
nel deserto per 40 giorni.
San Paolo negli stessi ‘Atti’ (13, 31) dice che il Signore si fece vedere dai
suoi per “molti giorni”, senza specificarne il numero, quindi è ipotesi
attendibile, che si tratti di un numero simbolico.
L’Ascensione secondo Luca, avvenne sul Monte degli Ulivi, quando Gesù con gli
Apostoli ai quali era apparso, si avviava verso Betania, dopo aver ripetuto le
sue promesse e invocato su di loro la protezione e l’assistenza divina, ed elevandosi
verso il cielo come descritto prima (Atti, 1-11).
Il monte Oliveto, da cui Gesù salì al Cielo, fu abbellito da sant’Elena, madre
dell’imperatore Costantino con una bella basilica; verso la fine del secolo IV,
la ricca matrona Poemenia edificò un’altra grande basilica, ricca di mosaici e
marmi pregiati, sul tipo del Pantheon di Roma, nel luogo preciso
dell’Ascensione segnato al centro da una piccola rotonda.
Poi nelle alterne vicende che videro nei secoli contrapposti Musulmani e
Cristiani, Arabi e Crociati, alla fine le basiliche furono distrutte; nel
1920-27 per voto del mondo cattolico, sui resti degli scavi fu eretto un
grandioso tempio al Sacro Cuore, mentre l’edicola rotonda della chiesa di
Poemenia, divenne dal secolo XVI una piccola moschea ottagonale.
Il significato dell’Ascensione
San Giovanni nel quarto Vangelo, pone il trionfo di Cristo nella sua
completezza nella Resurrezione, e del resto anche gli altri evangelisti dando
scarso rilievo all’Ascensione, confermano che la vera ascensione, cioè la
trasfigurazione e il passaggio di Gesù nel mondo della gloria, sia avvenuta il
mattino di Pasqua, evento sfuggito ad ogni esperienza e fuori da ogni umano
controllo.
Quindi correggendo una mentalità sufficientemente diffusa, i testi evangelici
invitano a collocare l’ascensione e l’intronizzazione di Gesù alla destra del
Padre, nello stesso giorno della sua morte, egli è tornato poi dal Cielo per
manifestarsi ai suoi e completare la sua predicazione per un periodo di
‘quaranta’ giorni.
Quindi l’Ascensione raccontata da Luca, Marco e dagli Atti degli Apostoli, non
si riferisce al primo ingresso del Salvatore nella gloria, quanto piuttosto
l’ultima apparizione e partenza che chiude le sue manifestazioni visibili sulla
terra.
Pertanto l’intento dei racconti dell’Ascensione non è quello di descrivere il
reale ritorno al Padre, ma di far conoscere alcuni tratti dell’ultima
manifestazione di Gesù, una manifestazione di congedo, necessaria perché Egli
deve ritornare al Padre per completare tutta la Redenzione: “Se non vado non
verrà a voi il Consolatore, se invece vado ve lo manderò” (Giov. 16, 5-7).
Il catechismo della Chiesa Cattolica dà all’Ascensione questa definizione:
“Dopo quaranta giorni da quando si era mostrato agli Apostoli sotto i tratti di
un’umanità ordinaria, che velavano la sua gloria di Risorto, Cristo sale al
cielo e siede alla destra del Padre. Egli è il Signore, che regna ormai con la
sua umanità nella gloria eterna di Figlio di Dio e intercede incessantemente in
nostro favore presso il Padre. Ci manda il suo Spirito e ci dà la speranza di
raggiungerlo un giorno, avendoci preparato un posto”.
La celebrazione della festa liturgica e civile
La prima testimonianza della festa dell’Ascensione, è data dallo storico delle
origini della Chiesa, il vescovo di Cesarea, Eusebio (265-340); la festa
cadendo nel giovedì che segue la quinta domenica dopo Pasqua, è festa mobile e
in alcune Nazioni cattoliche è festa di precetto, riconosciuta nel calendario
civile a tutti gli effetti.
In Italia previo accordo con lo Stato Italiano, che richiedeva una riforma
delle festività, per eliminare alcuni ponti festivi, la CEI ha fissato la festa
liturgica e civile, nella domenica successiva ai canonici 40 giorni dopo
Pasqua.
Al giorno dell’Ascensione si collegano molte feste popolari italiane in cui
rivivono antiche tradizioni, soprattutto legate al valore terapeutico, che
verrebbe conferito da una benedizione divina alle acque (o in altre regioni
alle uova).
A Venezia aveva luogo una grande fiera, accompagnata dallo ‘Sposalizio del
mare’, cerimonia nella quale il Doge a bordo del ‘Bucintoro’, gettava nelle
acque della laguna un anello, per simboleggiare il dominio di Venezia sul mare;
a Bari la benedizione delle acque marine, a Firenze si celebra la ‘Festa del
grillo’.
L’Ascensione nell’arte
Il racconto scritturale dell’Ascensione di Gesù Cristo e la celebrazione
liturgica di questo mistero, ispirarono numerose figurazioni, che possiamo
trovare in miniature di codici famosi, fra tutti l’Evangeliario siriano di
Rabula nella Biblioteca Laurenziana di Firenze, e in mosaici ed avori a partire
dal sec. V.
Il tema dell’Ascensione, si adattò bene al ritmo verticaleggiante dei timpani,
sovrastanti le porte delle chiese romaniche e gotiche; esempio insigne il
timpano della porta settentrionale della cattedrale di Chartres (XII sec.).
Ma la rappresentazione, raggiunse notevole valore artistico con Giotto
(1266-1337) che raffigurò l’Ascensione nella Cappella degli Scrovegni a Padova.
Si ricorda inoltre un affresco di Buffalmacco (XIII sec.) nel Camposanto di
Pisa; una terracotta di Luca Della Robbia (1400-1482) nel Museo Nazionale di
Firenze; un affresco di Melozzo da Forlì († 1494) ora nel Palazzo del Quirinale
a Roma; una tavola del Mantegna (1431-1506) a Firenze, Galleria degli Uffizi;
una pala del Perugino († 1523) ora nel Museo di Lione; il noto affresco del
Correggio († 1534) nella cupola della Chiesa di S. Giovanni a Parma; l’affresco
del Tintoretto († 1594) nella Scuola di S. Rocco a Venezia; ecc.
In un’ampolla del tesoro del Duomo di Monza, Cristo ascende in cielo, secondo
una tipica iconografia orientale, assiso in trono; in altre raffigurazioni Egli
ascende al Cielo fra uno stuolo di Angeli, di fronte agli sguardi estatici
degli Apostoli e della Vergine.
Autore: Antonio Borrelli