vendredi 9 décembre 2011

CREDO- SYMBOLE DES APÔTRES (IX) : ascendit ad caelos



Saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Luc (XXIV 46-53).

Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur disait [1] : « Il fallait que s'accomplît ce qui était annoncé par l'Ecriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d'entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem [2]. C'est vous qui en êtes les témoins[3]. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus d'une force venue d'en haut ».

Puis il les emmena jusque vers Béthanie [4] et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux [5] et fut emporté au ciel [6]. Ils se prosternèrent devant lui [7], puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie [8]. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu [9].

Textes liturgiques © AELF, Paris

[1] Les jours qui s'écoulèrent entre la résurrection du Seigneur et son ascension, mes bien-aimés, n'ont pas été dépourvus d'événements : de grands mystères y ont reçu leur confirmation, de grandes vérités y ont été révélées. C'est alors que la crainte d'une mort amère est écartée, et que l'immortalité, non seulement de l'âme mais aussi de la chair, est manifestée. C'est alors que, par le souffle du Seigneur, le Saint-Esprit est communiqué à tous les Apôtres ; et le bienheureux Apôtre Pierre, après avoir reçu les clefs du Royaume, se voit confier, de préférence aux autres, la garde du bercail du Seigneur. En ces jours-là, le Seigneur se joint à deux disciples et les accompagne en chemin ; et, afin de dissiper en nous toute l'obscurité du doute, il reproche à ces hommes apeurés leur lenteur à comprendre. Les cœurs qu'il éclaire voient s'allumer en eux la flamme de la foi ; ils étaient tièdes, et ils deviennent brûlants lorsque le Seigneur leur fait comprendre les Ecritures. A la fraction du pain, les yeux des convives s'ouvrent. Ils ont un bonheur bien plus grand, eux qui voient se manifester la glorification de leur nature humaine, que nos premiers parents qui conçoivent de la honte pour leur désobéissance. (…) Pendant tout ce temps qui s'est écoulé entre la résurrection du Seigneur et son ascension, voilà, mes bien-aimés, de quoi la providence divine s'est occupée, voilà ce qu'elle a enseigné, voilà ce qu'elle a fait comprendre aux yeux et aux cœurs de ses amis : on reconnaîtrait que le Seigneur Jésus était vraiment ressuscité, lui qui vraiment était né, avait souffert et était mort vraiment. Aussi les bienheureux Apôtres et tous les disciples que la mort de la croix avait apeurés et qui doutaient de la foi en la résurrection furent-ils raffermis par l'évidence de la vérité ; si bien que, lorsque le Seigneur partit vers les hauteurs des cieux, ils ne furent affectés d'aucune tristesse, mais comblés d'une grande joie. Certes, c'était pour eux un motif puissant et indicible de se réjouir puisque, devant le groupe des Apôtres, la nature humaine recevait une dignité supérieure à celle de toutes les créatures célestes ; elle allait dépasser les chœurs des anges et monter plus haut que les archanges ; les êtres les plus sublimes ne pourraient mesurer son dogré d'élévation, car elle allait être admise à trôner auprès du Père éternel en étant associée à sa gloire, puisque la nature divine lui était unie dans la personne du Fils (saint Léon le Grand : premier sermon pour l’Ascension, 2-4).

[2] Il fallait que tout s'accomplît (…) Quoi donc ? Que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât d'entre les morts le troisième jour. Ils l'ont vu : ils l'ont vu souffrir, ils l'ont vu attaché à la croix, et ils le voient après sa résurrection, vivant et présent parmi eux. Que ne voient-ils pas ? Son corps, c'est-à-dire l’Eglise. Le Christ, ils le voient, mais elle, ils ne la voient pas. Ils voient l’Epoux, l’Epouse est encore cachée (…) La conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Voilà ce que les disciples ne voient pas encore : l'Eglise répandue à travers toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Ils voient la tête et, sur sa parole, ils croient à son corps (…) Nous leur sommes semblables : nous voyons quelque chose qu'ils ne voyaient pas, mais nous ne voyons pas quelque chose qu’ils voyaient. Que voyons-nous qu'ils ne voyaient pas ? L'Eglise répandue à travers les nations. Que ne voyons-nous pas, mais qu'ils voyaient ? Le Christ vivant dans la chair. Comment le voyaient-ils, tandis qu'ils croyaient à son corps ? De la même façon que nous voyons le corps et croyons à la tête. En revanche, que ce que nous ne voyons pas vienne à notre aide ! Voir le Christ a aidé les Onze à croire à l’Eglise future. L’Eglise que nous voyons nous aide à croire que le Christ est ressuscité. Leur foi a reçu son accomplissement : de même la nôtre. La leur a été accomplie en ce qui concerne la tête, la nôtre l'est en ce qui concerne le corps. Le Christ total s'est fait connaître d'eux et de nous. Mais il n'a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous. Eux, ils ont vu la tête, et ils ont cru au corps. Nous, nous avons vu le corps et nous avons cru à la tête. Cependant le Christ ne fait défaut à personne: il est tout entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché (saint Augustin : sermon CXVI, 1, 5-6).

[3] Si vous voulez comprendre vous aussi vous serez les témoins du Christ. Vous êtes tentés par l'esprit d'impureté mais craignant le jugement de Jésus-Christ vous avez voulu conserver intacte la pureté de votre âme et de votre corps : vous êtes les témoins de Jésus-Christ. Vous êtes tentés par l’esprit d’avarice qui vous porte à usurper sur les droits du faible mais vous souvenant des préceptes divins vous êtes résolus à prêter votre assistance plutôt qu'à commettre une injustice : vous êtes les témoins du Christ. Vous êtes tentés par l’esprit de superbe mais voyant votre Sauveur pauvre et humble votre cœur est touché et vous choisissez l'humilité plutôt que l'arrogance : vous êtes les témoins du Christ, non seulement les témoins de ce qu'il a dit mais de ce qu'il a fait (...) Combien chaque jour sont nombreux ces martyrs du Christ qui lui rendent témoignage dans le secret ! (saint Ambroise : commentaire du psaume CXVIII, sermon XX 47-48).

[4] Béthanie est située sur le flanc oriental du mont des Oliviers, à moins de trois kilomètres de Jérusalem. Comme Béthanie équivaut pratiquement au mont des Oliviers, on peut déduire une remarque théologique de la précision topographique. Deux textes de l'Ancien Testament font mention de « la montagne qui se trouve à l'orient de la ville » (Ezéchiel, XI 22-23), c'est-à-dire le Mont des Oliviers (Zacharie, XIV 4). Chez le prophète Ezéchiel, la gloire de Yahvé abandonne le Temple profané et voué à la destruction, pour aller se poser sur la montagne à l’orient de la ville. Chez le prophète Zacharie, à la fin des temps, lorsque Yahvé sortira pour le combat et le jugement eschatologiques, « ses pieds se poseront sur le Mont des Oliviers. » Ainsi le Mont des Oliviers est-il le lieu du départ et de la venue glorieuse de Yahvé. En transférant ce qui est dit de Yahvé à Jésus qui s'en va et qui viendra, saint Luc fait une profession de foi en la divinité de Jésus.

[5] Elie était monté au ciel dans un char de feu, emporté par des chevaux de feu : il n’était qu’un homme et il avait besoin d’être soulevé par une force extérieure. Notre Sauveur n’est pas emporté dans un char, il n’est pas soulevé par les anges : celui qui a fait toutes choses s’élève par sa propre puissance au-dessus de toutes choses (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques, 5).

[6] Il repartait ainsi vers le lieu d'où il était, il revenait d'un lieu où il continuait de séjourner : en effet, au moment où il montait au Ciel avec son humanité, il unissait par sa divinité le Ciel et la terre. Ce que nous avons à remarquer sérieusement dans la solennité de ce jour, c'est la suppression du décret qui nous condamnait, du jugement qui nous vouait à la corruption. En effet, la nature à qui s'adressait ces mots : « Tu es poussière, et tu retourneras en poussière », cette nature est aujourd'hui montée au Ciel avec le Christ. Voilà pourquoi il nous faut, de tout notre cœur, le suivre là où nous savons par la foi qu'il est monté avec son corps. Fuyons les désirs de la terre : qu'aucun des liens d'ici-bas ne nous plaise, à nous qui avons un Père dans les Cieux. Pensons aussi au fait que Celui qui est monté au Ciel plein de douceur sera terrible à son retour ; ce qu'il nous a demandé avec bonté, il l'exigera de nous avec fermeté. Par conséquent, que personne ne néglige le temps qui lui reste pour faire pénitence ; que chacun pense à son salut, pendant que cela lui est encore possible, car, au jour du jugement, le Rédempteur sera d'autant plus sévère qu'il aura été plus patient avant ce jugement. Voilà, mes frères, ce qui doit guider votre action. Pensez-y continuellement. Même si vous êtes ballottés dans le remous des affaires, jetez pourtant dès aujourd'hui l'ancre de l'espérance dans la patrie éternelle. Que votre âme ne recherche que la véritable lumière. Nous venons d'entendre lire que le Seigneur est monté au Ciel : pensons sérieusement à ce que nous croyons. Malgré la faiblesse de la nature humaine qui nous retient encore ici-bas, que l'amour nous attire à sa suite, car nous sommes bien sûrs que celui qui nous a inspiré ce désir, Jésus-Christ, ne nous décevra pas dans notre espérance (saint Grégoire le Grand : homélies sur les péricopes évangéliques, XXIX 10-11).

[7] Il s'en allait en tant qu'homme, mais demeurait en tant que Dieu. Ils allaient être privés de cette présence restreinte à un lieu particulier, mais il devait demeurer avec eux par cette présence qui remplit le monde entier. Devaient-ils se troubler quand il se dérobait à leurs yeux, mais sans s'éloigner de leur coeur ? (Saint Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », LXVIII 1).

[8] Puisque l’Ascension du Christ est notre propre élévation, que le corps a l’espérance d’être un jour où l’a précédé son chef glorieux, tressaillons donc de la plus grande joie et marquons cette allégresse par de ferventes actions de grâces. Aujourd’hui, nous n’avons pas seulement été affermis comme possesseurs du Paradis, mais, dans la personne du Christ, nous avons pénétré au plus haut des cieux, obtenant plus par sa grâce ineffable que nous n’avions perdu par l’envie du diable. En effet, ceux là que le venimeux ennemi avait banis de la félicité de leur première demeure, le Fils de Dieu se les est incorporés pour les placer à la droite du Père (saint Léon le Grand : sermon I sur la fête de l’Ascension).

[9] Il nous faut, de tout notre cœur, le suivre là où nous savons par la foi qu'il est monté avec son corps. Fuyons les désirs de la terre : qu'aucun des liens d'ici-bas ne nous plaise, à nous qui avons un Père dans les Cieux. Pensons aussi que Celui qui est monté au Ciel plein de douceur sera terrible à son retour; ce qu'il nous a demandé avec bonté, il l'exigera de nous avec fermeté. Donc que nul ne néglige le temps qui lui reste pour faire pénitence ; que chacun pense à son salut, pendant que c’est encore possible, car, au jour du jugement, le Rédempteur sera d'autant plus sévère qu'il aura été plus patient avant. Voilà ce qui doit guider votre action. Pensez-y continuellement. Même si vous êtes ballottés dans le remous des affaires, jetez pourtant dès aujourd'hui l'ancre de l'espérance dans la patrie éternelle. Que votre âme ne recherche que la véritable lumière. Nous venons d'entendre lire que le Seigneur est monté au Ciel : pensons sérieusement à ce que nous croyons. Malgré la faiblesse de la nature humaine qui nous retient encore ici-bas, que l'amour nous attire à sa suite, car nous sommes bien sûrs que celui qui nous a inspiré ce désir, Jésus-Christ, ne nous décevra pas dans notre espérance (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques, 11).

SOURCE : http://missel.free.fr/Annee_C/paques/ascension_3.html




Saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Matthieu (XXVIII 16-20).

Au temps de Pâques, les onze disciples s'en allèrent en Galilée, à la montagne [1] où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles :« Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre [2]. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples [3], baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit [4] ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés [5]. Et moi, je suis avec vous [6] tous les jours jusqu'à la fin des temps [7]. »


Textes liturgiques © AELF, Paris

[1]Il veut nous apprendre que pas sa résurrection, il a revêtu d’une vertu céleste ce corps qu’il a pris de la famille humaine, et qu’il est déjà au dessus de la terre. Il veut avertir ses fidèles que, s’ils veulent contempler les grandeurs de la Résurrection, ils doivent s’élever au dessus des pensées terrestres, et n’avoir plus que le désir des choses d’en-haut (Raban Maur).

[2] Le démon devait être vaincu par la justice plus encore que par la puissance (…) Car il avait péché, par son amour excessif de la puissance, en attaquant la justice ; et les hommes le suivent, quand négligeant ou haïssant la justice, ils recherchent la puissance. Pour arracher l’homme à la puissance du démon, Dieu voulut donc que le démon fût vaincu non par la puissance mais par la justice (Saint Augustin : « De Trinitate », XIII 17).

[3]« Faites des disciples » : cette mission répond tout à fait à la place importante que ce mot occupe dans le premier évangile. L'emploi de ce mot après la Résurrection signifie que la condition du disciple n'est pas réservée aux seuls compagnons de Jésus durant sa vie, mais elle est la condition dans laquelle tout homme est invité à rentrer. Devenir chrétien signifie devenir disciple.

[4]  « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » : l'expression « au nom de »indique que le baptisé se trouve mis en relation étroite avec le Nom, c'est-à-dire avec les personnes mêmes du Père, du Fils et de l'Esprit. Cette expérience du Dieu Trinité, l'Eglise la fait à travers la célébration du Christ ressuscité dans les sacrements.

[5] « Apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés » : ce passage souligne l'importance dans la communauté chrétienne de la nécessité pour les croyants de comprendre ce qu'ils croient, de la nécessité de l'intelligence de la foi, une foi qui est vivante et agissante. Cet enseignement consiste à rappeler les commandements du Seigneur, ceux qu'il a donnés dans le Sermon sur la Montagne. Par ses commandements, Jésus accomplit en les dépassant les lois de Moïse : « il a été dit... moi je vous dis. »(évangile selon saint Matthieu, V 22 ss). Au commandement de l'amour sont suspendus la loi et les prophètes, car pour Matthieu la véritable adoration de Dieu ne consiste pas seulement à prononcer son nom du bout des lèvres, mais à faire sa volonté (évangile selon saint Matthieu, VII 21).

[6] Il s'en allait en tant qu'homme, et il demeurait en tant que Dieu. Ils allaient être privés de cette présence qui est restreinte à un lieu particulier, mais il devait demeurer avec eux par cette présence qui remplit le monde entier. Devaient-ils se troubler quand il se dérobait à leurs yeux, mais sans s'éloigner de leur cœur ? (Saint Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », LXVIII 1).


[7] Comme les apôtres à qui il parle en ce moment doivent mourir un jour, il promet donc cette assistance à tous les fidèles qui doivent croire en eux, et qui formeront un seul corps avec eux (saint Jean Chrysostome : homélie XC sur l’évangile selon saint Matthieu, 2).


Ascension, Apocalypse de Bamberg


Lecture du livre des Actes des Apôtres (I 1-11)

Mon cher Théophile [1], dans mon premier livre [2] j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel après avoir, dans l’Esprit-Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu'il avait choisis. C'est à eux qu'il s'était montré vivant après sa Passion : il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur était apparu, et leur avait parlé du Royaume de Dieu [3].

Au cours d'un repas qu'il prenait avec eux [4], il leur donna l'ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis[5]. Il leur disait : « C'est la promesse que vous avez entendue de ma bouche. Jean a baptisé avec de l'eau ; mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés[6] d'ici quelques jours »[7]. Réunis autour de lui, les Apôtres lui demandaient : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine [8]. Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins [9] à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre » [10].

Après ces paroles, ils le virent s'élever [11] et disparaître à leurs yeux dans une nuée [12]. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs [13] se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller au ciel » [14].

Textes liturgiques © AELF, Paris

[1] Théophile, en grec Theophilos (ami de Dieu), est le destinataire de l'évangile et des Actes des Apôtres écrits par saint Luc ; il s'agit d'un chrétien de l'Eglise d'Antioche qui appartient à un rang élevé de la société puisque, dans la dédicace de son évangile, saint Luc le qualifie de kratiste (éminent ou excellent), titre dont on honorait les hauts fonctionnaires.

[2] L'évangile selon saint Luc commence ainsi : « Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des évènements qui se sont accomplis parmi nous, selon ce que nous ont transmis ceux qui, témoins oculaires dès le commencement, sont devenus ensuite serviteurs de la Parole, j'ai décidé, moi aussi, après m'être informé exactement de tout depuis le début, d'en écrire pour toi l'exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus ».

[3] Le Nouveau Testament cite onze apparitions de Jésus ressuscité :

- à Marie-Madeleine (S.Marc XVI 9 et S. Jean XX 16) ;

- aux saintes femmes (S. Matthieu XXVIII 9) ;

- à saint Pierre (S. Luc XXIV 34, I Corinthiens XV 5) ;

- aux disciples d'Emmaüs (S. Luc XXIV 13-32) ;

- aux disciples sans Thomas (S. Luc XXIV 36-43, S. Jean XX 19-23)

- aux disciples avec Thomas (S. Jean XX 26-29) ;

- aux disciples sur le lac de Tibériade (S. Jean XXI 1-23) ;

- à plus de cinq cents disciples en même temps (I Co.XV) ;

- à Jacques (I Corinthiens XV 7) ;

- aux apôtres avant l'Ascension (S. Marc XVI 19) ;

- à saint Paul (Actes IX 1-6, I Corinthiens XV 8).

[4] Le corps glorieux n’a pas besoin de nourriture, aussi Jésus n’a pas mangé par nécessité mais par condescendance, voulant fonder dans ses apôtres, sur des bases solides, la foi en sa résurrection ; il a pris une preuve qui était à la portée des apôtres.

Il mangea avant de monter au ciel afin de bien établir la réalité de son corps (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques).

Pour moi, je sais et je crois que, même après la Résurrection, Jésus était dans la chair (…) Après la Résurrection, Jésus mangea et but avec eux, comme un être de chair, quoiqu’il fût spirituellement uni à son Père (saint Ignace d’Antioche : lettre aux Smyrniotes, III 1-3).

Avec quel soin ce bon architecte travaille à l'édifice de notre foi ! Il n'avait pas faim, et il demande à manger ; et quand il mange, il le fait par puissance et non par nécessité (saint Augustin : sermon CXVI).

Le soleil quand il absorbe, ne se comporte pas comme la terre quand elle a faim : l'un agit par puissance et l'autre par indigence (saint Bède le Vénérable : commentaire de l'évangile selon saint Luc).

[5] La première des consignes que Jésus donne à ses apôtres est l'ordre de ne pas s'éloigner de Jérusalem, que saint Luc a déjà rapporté (XXIV 47-49). Cette répétition souligne le lien entre la présence des apôtres dans la ville et la première manifestation de la « promesse du Père », à savoir le baptême dans l'Esprit Saint. Jérusalem, qui a été au centre des événements de la Rédemption (passion, mort et résurrection de Jésus) sera aussi le centre d'où rayonnera la prédication apostolique.

[6] L’effusion de l'Esprit Saint est mise par Jésus en parallèle avec le baptême de Jean : de même que, dans le baptême de Jean, le corps était plongé dans l'eau, ainsi les apôtres recevront bientôt une telle abondance de grâces où ils seront comme plongés dans l’Esprit-Saint. Les apôtres y seront plongés comme en un brasier; ils en ressortiront flammes brillantes et ardentes, devenus à leur tour foyers de chaleur et de lumière. Le baptême dans l'Esprit désigne la Pentecôte.

[7] Source de sanctification, lumière intelligible, il fournit par lui-même comme une sorte de clarté à toute puissance rationnelle qui veut découvrir la vérité. Il est inaccessible de sa nature, mais on peut saisir sa bonté. Il remplit tout par sa puissance, mais il se communique seulement à ceux qui en sont dignes, et non pas dans une mesure uniforme mais en distribuant son activité en proportion de la foi. Il est simple par son essence, mais se manifeste par des miracles variés. Il est tout entier présent à chacun, mais tout entier partout. Il se divise, mais sans subir aucune atteinte. Il se donne en partage, mais garde son intégrité: à l'image d'un rayon de soleil, dont la grâce est présente à celui qui en jouit comme s'il était seul, mais qui brille sur la terre et la mer, et s'est mélangé à l'air. C'est ainsi que l'Esprit, présent à chacun de ceux qui peuvent le recevoir comme si celui-ci était seul, répand sur tous la grâce en plénitude. Ceux qui y participent en jouissent autant qu'il est possible à leur nature, mais non pas autant que lui-même peut se donner. Par lui les cœurs s'élèvent, les faibles sont conduits par la main, ceux qui progressent deviennent parfaits. C'est lui, en brillant chez ceux qui se sont purifiés de toute souillure, qui les rend spirituels par leur communion avec lui. Comme les objets nets et transparents, lorsqu'un rayon les frappe, deviennent eux-mêmes resplendissants et tirent d'eux-mêmes une autre lumière; de même les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres. De là viennent la prévision de l'avenir, I'intelligence des mystères, la compréhension des choses cachées, la distribution des dons spirituels, la citoyenneté céleste, la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu, et le comble de ce que l'on peut désirer: devenir Dieu (saint Basile de Césarée : « Le Saint-Esprit » XV 35).

[8] Si le Père « a tout remis dans la main du Fils », le Fils a donc la plénitude de la puissance et de la science divines, mais il aime à rappeler sa dépendance vis-à-vis du Père.

Adorons l’impénétrable secret de Dieu et renfermons-nous dans les bornes où il a voulu terminer les lumières de son Eglise (Bossuet : Méditations sur l’Evangile, 76° journée).

L’Apôtre nous a dit que « tous les trésors de la sagesse et de la science étaient cachés en lui » (Colossiens, II 3). Pourquoi a-t-il dit « cachés » ? Après sa résurrection, interrogés une fois encore par les apôtres, il répondit : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les moments qui dépendent de la puissance du Père » (Actes des Apôtres, I 7), montrant par là qu’il connaît ce jour, mais qu’il n’est pas bon pour les apôtres de le connaître, afin qu’ignorant le moment de l’arrivée du juge, ils vivent chaque jour comme s’ils devaient être jugés le lendemain » (saint Jérôme : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, V).

Ces trésors sont cachés en lui : ils y sont parce qu’il est Dieu ; et ils sont cachés à cause du mystère qu’il accomplit pour nous (saint Hilaire de Poitiers : De Trinitate, IX 6).

[9] Nous leur sommes semblables : nous voyons quelque chose qu'ils ne voyaient pas ; et nous ne voyons pas quelque chose qu'ils voyaient. Que voyons-nous qu'ils ne voyaient pas ? L'Eglise répandue à travers les nations. Et qu'est-ce que nous ne voyons pas, mais qu'ils voyaient ? Le Christ vivant dans la chair. Comment le voyaient-ils tandis qu'ils croyaient à son corps ? De la même façon que nous-mêmes voyons le corps et croyons à la tête. En revanche, que ce que nous ne voyons pas vienne à notre aide ! Voir le Christ a aidé les Onze à croire à l'Eglise future. L'Eglise que nous voyons nous aide à croire que le Christ est ressuscité. Leur foi a reçu son accomplissement : de même la nôtre. La leur a été accomplie en ce qui concerne la tête, la nôtre l'est en ce qui concerne le corps. Le Christ total s'est fait connaître d'eux et s'est fait connaître de nous. Mais il n'a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous. Eux, ils ont vu la tête, et ils ont cru au corps. Nous, nous avons vu le corps et nous avons cru à la tête. Cependant le Christ ne fait défaut à personne : il est tout entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché (Saint Augustin : sermon CXVI).

[10] Quand notre Seigneur Jésus Christ est monté au ciel le quarantième jour, il a recommandé son corps qui devait rester sur la terre: il voyait que beaucoup de gens devaient l'honorer parce qu'il était monté au ciel, et il voyait que cet honneur est inutile si on foule aux pieds ses membres qui restent sur la terre... Voyez où s'étend son corps, voyez où il ne veut pas être foulé aux pieds : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre. » Voilà où je reste, moi qui monte ; je monte parce que je suis la tête. Mon corps reste encore sur la terre. Où est-il ? Sur toute la terre. Prends garde à ne pas le frapper, à ne pas lui faire violence, à ne pas le fouler aux pieds. Ce sont là les dernières paroles du Christ qui monte au ciel (saint Augustin : Traité sur l’épître de saint Jean, X 9).

[11] Elie était monté au ciel dans un char de feu, emporté par des chevaux de feu. Il n’était qu’un homme, et il avait besoin d’être soulevé par une force extérieure. Notre Sauveur n'est pas emporté dans un char, il n'est pas soulevé par les anges : celui qui a fait toutes choses s'élève par sa propre puissance au-dessus de toutes choses (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques, 5).

[12] C'était un signe qu’il allait bien au ciel. Ce n’était plus le char de feu qui avait enlevé le prophète Elie ; c’était la nuée dont le Prophète avait dit en parlant de Dieu : « il fait de la nuée son trône » (Psaume CIII 3). Sans doute cela avait était dit du Père : la nuée sur laquelle il était représenté siégeant, était le symbole de la puissance suprême. Si Jésus monte au ciel porté sur les nuées, il y monte en Dieu (saint Jean Chrysostome : homélie II sur les Actes des Apôtres, 2).

[13] Les anges ont pris des visages d'hommes afin de mieux rassurer les apôtres. Ils sont là, en vêtements blancs, comme étaient les anges de la Résurrection. Ils sont deux : le témoignage de deux témoins ne peut être contesté. Comme les anges de la Résurrection, ils annoncent ce qu'avaient prédit les prophètes. Ils leur montrent qu'ils connaissent leurs pensées secrètes (saint Jean Chrysostome : homélie II sur les Actes des Apôtres, 3).

[14] Il est allé de lui-même au ciel, il n’y a pas été emporté ; il en reviendra de même : il en reviendra par lui-même, il ne sera pas envoyé. Il est remonté avec une puissance souveraine, il en reviendra pour juger le monde. Il est remonté avec son corps, il reviendra dans son corps pour exercer sa puissance judiciaire. Il est allé par lui-même, la nuée n’a fait que venir à sa rencontre. De même quand il reviendra, les nuées seront sous ses pieds et l'environneront (saint Jean Chrysostome : homélie II sur les Actes des Apôtres, 3).


Psaume 46

Tous les peuples, battez des mains,

acclamez Dieu par vos cris de joie :

c'est le Seigneur, le Très Haut, l'Adorable,

le grand roi sur toute la terre.

Dieu monte parmi l'acclamation,

le Seigneur aux éclats du cor !

Sonnez pour notre Dieu, sonnez,

sonnez pour notre roi, sonnez.

Car Dieu est le roi de la terre :

que vos hymnes et vos chants nous l'apprennent !

Dieu s'est fait le roi des nations,

il est monté au-dessus de tout.


SOURCE : http://missel.free.fr/Annee_C/paques/ascension_ps.html


Andrei Rublev, Ascension, 1408, 125 X 92

Lecture de la première lettre de saint Paul aux Éphésiens, (I 17-23)[1].

Frères, que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment. Qu'il ouvre votre cœur à sa lumière pour vous faire comprendre l'espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l'héritage que vous partagez avec les fidèles, et la puissance infinie qu'il déploie pour nous, les croyants. C'est la force même, le pouvoir, la vigueur, qu'il a mis en œuvre dans le Christ quand il l'a ressuscité d'entre les morts et qu'il l'a fait asseoir à sa droite dans les cieux. Il l'a établi au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent, quels que soient leurs noms, aussi bien dans le monde présent que dans le monde à venir. Il lui a tout soumis et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l'Église qui est son corps, et l'Église est l'accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de tout.

Textes liturgiques © AELF, Paris

[1] Dans ce passage de l’épître aux Ephésiens qui célèbre le triomphe du Christ, transparaissent la sagesse et la force de Dieu. A la bénédiction qui ouvre cette lettre (I 3-14), saint Paul ajoute une prière qui remplace l’habituelle action de grâces ; il fait monter vers Dieu les vœux qu'il formule pour des communautés qu'il n'a pas fondées, mais dont il porte la continuelle sollicitude. Là (I 15-23), il joint étroitement action de grâces et intercession (I 16). L'action de grâces jaillit de la contemplation du salut actualisé dans la vie de la communauté. L'intercession souligne que cela ne se réalise pas par notre propre force. L'intercession est l'attitude de celui qui, en face de la grandeur de Dieu, prend conscience de la faiblesse de l'homme et donc de la nécessité du dynamisme de l'Esprit Saint. Ensemble l’action de grâces et l’intercession nous situent dans le dynamisme qui emporte l’Eglise vers la plénitude que Dieu lui réserve. Saint Paul rend grâces à Dieu pour la foi et pour l’amour au sein de la communauté (I 15). L'espérance apparaît plus loin dans la prière d'intercession (I 18), comme fruit d'une sagesse, d'une révélation, d'une connaissance (I 17).

SOURCE : http://missel.free.fr/Annee_C/paques/ascension_2.html



Ascension du Christ, icône de Novgorod, XIVe siècle


Commentaires liturgiques du Jour de l’Ascension

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le jour s’est levé radieux, la terre qui s’émut à la naissance de l’Emmanuel [1] éprouve un tressaillement inconnu ; l’ineffable succession des mystères de l’Homme-Dieu est sur le point de recevoir son dernier complément. Mais l’allégresse de la terre est montée jusqu’aux cieux ; les hiérarchies angéliques s’apprêtent à recevoir le divin chef qui leur fut promis, et leurs princes sont attentifs aux portes, prêts à les lever quand le signal de l’arrivée du triomphateur va retentir. Les âmes saintes, délivrées des limbes depuis quarante jours, planent sur Jérusalem, attendant l’heureux moment où la voie du ciel, fermée depuis quatre mille ans par le péché, s’ouvrant tout à coup, elles vont s’y précipiter à la suite de leur Rédempteur. L’heure presse, il est temps que notre divin Ressuscité se montre, et qu’il reçoive les adieux de ceux qui l’attendent d’heure en heure, et qu’il doit laisser encore dans cette vallée de larmes.

Tout à coup il apparaît au milieu du Cénacle. Le cœur de Marie a tressailli, les disciples et les saintes femmes adorent avec attendrissement celui qui se montre ici-bas pour la dernière fois. Jésus daigne prendre place à table avec eux ; il condescend jusqu’à partager un dernier repas, non plus dans le but de les rendre certains de sa résurrection ; il sait qu’ils n’en doutent plus ; mais, au moment d’aller s’asseoir à la droite du Père, il tient à leur donner cette marque si chère de sa divine familiarité. O repas ineffable, où Marie goûte une dernière fois en ce monde le charme d’être assise aux côtés de son fils, où la sainte Église représentée par les disciples et par les saintes femmes est encore présidée visiblement par son Chef et son Époux ! Qui pourrait exprimer le respect, le recueillement, l’attention des convives, peindre leurs regards fixés avec tant d’amour sur le Maître tant aimé ? Ils aspirent à entendre encore une fois sa parole ; elle leur sera si chère à ce moment du départ ! Enfin Jésus ouvre la bouche ; mais son accent est plus grave que tendre. Il débute en leur rappelant l’incrédulité avec laquelle ils accueillirent la nouvelle de sa résurrection [2]. Au moment de leur confier la plus imposante mission qui ait jamais été transmise à des hommes, il veut les rappeler à l’humilité. Sous peu de jours ils seront les oracles du monde, le monde devra croire sur leur parole, et croire ce qu’il n’a pas vu, ce qu’eux seuls ont vu. C’est la foi qui met les hommes en rapport avec Dieu ; et cette foi, eux-mêmes ne l’ont pas eue tout d’abord : Jésus veut recevoir d’eux une dernière réparation pour leur incrédulité passée, afin que leur apostolat soit établi sur l’humilité.

Prenant ensuite le ton d’autorité qui convient à lui seul, il leur dit : « Allez dans le monde entier, prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné » [3]. Et cette mission de prêcher l’Évangile au monde entier, comment l’accompliront-ils ? Par quel moyen réussiront-ils à accréditer leur parole ? Jésus le leur indique : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront des langues nouvelles ; ils prendront les serpents avec la main ; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur nuira pas ; ils imposeront les mains sur les malades, et les malades seront guéris » [4]. Il veut que le miracle soit le fondement de son Église, comme il l’a choisi pour être l’argument de sa mission divine. La suspension des lois de la nature annonce aux hommes que l’auteur de la nature va parler ; c’est à eux alors d’écouter et de croire humblement.

Voilà donc ces hommes inconnus au monde, dépourvus de tout moyen humain, les voilà investis de la mission de conquérir la terre et d’y faire régner Jésus-Christ. Le monde ignore jusqu’à leur existence ; sur son trône impérial, Tibère, qui vit dans la frayeur des conjurations, ne soupçonne en rien cette expédition d’un nouveau genre qui va s’ouvrir, et dont l’empire romain doit être la conquête. Mais à ces guerriers il faut une armure, et une armure de trempe céleste. Jésus leur annonce qu’ils sont au moment de la recevoir. « Demeurez dans la ville, leur dit-il, jusqu’à ce que vous ayez été revêtus de la vertu d’en haut » [5]. Or, quelle est cette armure ? Jésus va le leur expliquer. Il leur rappelle la promesse du Père, « cette promesse, dit-il, que vous avez entendue par ma bouche. Jean a baptisé dans l’eau ; mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans le Saint-Esprit » [6].

Mais l’heure de la séparation est venue. Jésus se lève, et l’assistance tout entière se dispose à suivre ses pas. Cent vingt personnes se trouvaient là réunies avec la mère du divin triomphateur que le ciel réclamait. Le Cénacle était situé sur la montagne de Sion, l’une des deux collines que renfermait l’enceinte de Jérusalem. Le cortège traverse une partie de la ville, se dirigeant vers la porte orientale qui ouvre sur la vallée de Josaphat. C’est la dernière fois que Jésus parcourt les rues de la cité réprouvée. Invisible désormais aux yeux de ce peuple qui l’a renié, il s’avance à la tête des siens, comme autrefois la colonne lumineuse qui dirigeait les pas du peuple israélite. Qu’elle est belle et imposante cette marche de Marie, des disciples et des saintes femmes, à la suite de Jésus qui ne doit plus s’arrêter qu’au ciel, à la droite du Père ! La piété du moyen âge la célébrait jadis par une solennelle procession qui précédait la Messe de ce grand jour. Heureux siècles, où les chrétiens aimaient à suivre chacune des traces du Rédempteur, et ne savaient pas se contenter, comme nous, de quelques vagues notions qui ne peuvent enfanter qu’une piété vague comme elles !

On songeait aussi alors aux sentiments qui durent occuper le cœur de Marie durant ces derniers instants qu’elle jouissait de la présence de son fils. On se demandait qui devait l’emporter dans ce cœur maternel, de la tristesse de ne plus voir Jésus, ou du bonheur de sentir qu’il allait entrer enfin dans la gloire qui lui était due. La réponse venait promptement à la pensée de ces véritables chrétiens, et nous aussi, nous nous la ferons à nous-mêmes. Jésus n’avait-il pas dit à ses disciples : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m’en vais à mon Père ? » [7] Or, qui aima plus Jésus que ne l’aima Marie ? Le cœur de la mère était donc dans l’allégresse au moment de cet ineffable adieu. Marie ne pouvait songer à elle-même, quand il s’agissait du triomphe dû à son fils et à son Dieu. Après les scènes du Calvaire, pouvait-elle aspirer à autre chose qu’à voir glorifié enfin celui qu’elle connaissait pour le souverain Seigneur de toutes choses, celui qu’elle avait vu si peu de jours auparavant renié, blasphémé, expirant dans toutes les douleurs.

Le cortège sacré a traversé la vallée de Josaphat, il a passé le torrent de Cédron, et il se dirige sur la pente du mont des Oliviers. Quels souvenirs se pressent à la pensée ! Ce torrent, dont le Messie dans ses humiliations avait bu l’eau bourbeuse, est devenu aujourd’hui le chemin de la gloire pour ce même Messie. Ainsi l’avait annoncé David [8]. On laisse sur la gauche le jardin qui fut témoin de la plus terrible des agonies, cette grotte où le calice de toutes les expiations du monde fut présenté à Jésus et accepté par lui. Après avoir franchi un espace que saint Luc mesure d’après celui qu’il était permis aux Juifs de parcourir le jour du Sabbat, on arrive sur le territoire de Béthanie, cet heureux village où Jésus, dans les jours de sa vie mortelle, recherchait l’hospitalité dé Lazare et de ses sœurs. De cet endroit de la montagne des Oliviers on avait la vue de Jérusalem, qui apparaissait superbe avec son temple et ses palais. Cet aspect émeut les disciples. La patrie terrestre fait encore battre le cœur de ces hommes ; un moment ils oublient la malédiction prononcée sur l’ingrate cité de David, et semblent ne plus se souvenir que Jésus vient de les faire citoyens et conquérants du monde entier. Le rêve de la grandeur mondaine de Jérusalem les a séduits tout à coup, et ils osent adresser cette question à leur Maître : « Seigneur, est-ce à ce moment que vous rétablirez le royaume d’Israël ? »

Jésus répond avec une sorte de sévérité à cette demande indiscrète : « Il ne vous appartient pas de savoir les temps et les moments que le Père a réservés à son pouvoir. » Ces paroles n’enlevaient pas l’espoir que Jérusalem fût un jour réédifiée par Israël devenu chrétien ; mais ce rétablissement de la cité de David ne devant avoir lieu que vers la fin des temps, il n’était pas à propos que le Sauveur fît connaître le secret divin. La conversion du monde païen, la fondation de l’Église, tels étaient les objets qui devaient préoccuper les disciples. Jésus les ramène tout aussitôt à la mission qu’il leur donnait il y a peu d’instants : « Vous allez recevoir, leur dit-il, la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins dans Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » [9].

Selon une tradition qui remonte aux premiers siècles du christianisme [10], il était l’heure de midi, l’heure à laquelle Jésus avait été élevé sur la croix, lorsque, jetant sur l’assistance un regard de tendresse qui dut s’arrêter avec une complaisance filiale sur Marie, il éleva les mains et les bénit tous. A ce moment ses pieds se détachèrent de la terre, et il s’élevait au ciel [11]. Les assistants le suivaient du regard ; mais bientôt il entra dans une nuée qui le déroba à leurs yeux [12].

C’en était fait : la terre avait perdu son Emmanuel. Quarante siècles l’avaient attendu, et il s’était rendu enfin aux soupirs des Patriarches et aux vœux enflammés des Prophètes. Nous l’adorâmes, captif de notre amour, dans les chastes flancs de la Vierge bénie. Bientôt l’heureuse mère nous le présenta sous l’humble toit d’une étable à Bethléhem. Nous le suivîmes en la terre d’Égypte, nous l’accompagnâmes au retour, et nous vînmes nous fixer avec lui à Nazareth. Lorsqu’il partit pour exercer sa mission de trois ans dans sa patrie terrestre, nous nous attachâmes à ses pas, ravis des charmes de sa personne, écoutant ses discours et ses paraboles, assistant à ses prodiges. La malice de ses ennemis étant montée à son comble, et l’heure venue où il devait mettre le sceau à cet amour qui l’avait attiré du ciel en terre par la mort sanglante et ignominieuse de la croix, nous recueillîmes son dernier soupir et nous fûmes inondés de son sang divin. Le troisième jour, il s’échappait de son sépulcre vivant et victorieux, et nous étions là encore pour applaudir à son triomphe sur la mort, par lequel il nous assurait la gloire d’une résurrection semblable à la sienne. Durant les jours qu’il a daigné habiter encore cette terre, notre foi ne l’a pas quitté ; nous eussions voulu le conserver toujours ; et voici qu’à cette heure même il échappe à nos regards, et notre amour n’a pu le retenir ! Plus heureuses que nous, les âmes des justes qu’il avait délivrées des limbes l’ont suivi dans son vol rapide, et elles jouissent pour l’éternité des délices de sa présence.

Les disciples tenaient encore les yeux fixés au ciel, lorsque soudain deux Anges vêtus de blanc se présentèrent à eux et leur dirent : « Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui vous a quittés pour s’élever au ciel reviendra un jour en la même manière que vous l’avez vu monter » [13]. Ainsi, le Sauveur est remonté, et le juge doit un jour redescendre : toute la destinée de l’Église est comprise entre ces deux termes. Nous vivons donc présentement sous le régime du Sauveur ; car notre Emmanuel nous a dit que « le fils de l’homme n’est pas venu pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui » [14] ; et c’est dans ce but miséricordieux que les disciples viennent de recevoir la mission d’aller par toute la terre et de convier les hommes au salut, pendant qu’il en est temps encore.

Quelle tâche immense Jésus leur a confiée ! Et au moment où il s’agit pour eux de s’y livrer, il les quitte ! Il leur faut descendre seuls cette montagne des Oliviers d’où il est parti pour le ciel. Leur cœur cependant n’est pas triste ; ils ont Marie avec eux, et la générosité de cette mère incomparable se communique à leurs âmes. Ils aiment leur Maître ; leur bonheur est désormais de penser qu’il est entré dans son repos. Les disciples rentrèrent dans Jérusalem, « remplis d’une « vive allégresse », nous dit saint Luc [15], exprimant par ce seul mot l’un des caractères de cette ineffable fête de l’Ascension, de cette fête empreinte d’une si douce mélancolie, mais qui respire en même temps plus qu’aucune autre la joie et le triomphe.

Durant son Octave, nous essayerons d’en pénétrer les mystères et de la montrer dans toute sa magnificence ; aujourd’hui nous nous bornerons à dire que cette solennité est le complément de tous les mystères de notre divin Rédempteur, qu’elle est du nombre de celles qui ont été instituées par les Apôtres eux-mêmes [16] ; enfin qu’elle a rendu sacré pour jamais le jeudi de chaque semaine, jour rendu déjà si auguste par l’institution de la divine Eucharistie.

Nous avons parlé de la procession solennelle par laquelle on célébrait, au moyen âge, la marche de Jésus et de ses disciples vers le mont des Oliviers ; nous devons rappeler aussi qu’en ce jour on bénissait solennellement du pain et des fruits nouveaux, en mémoire du dernier repas que le Sauveur avait pris dans le Cénacle. Imitons la piété de ces temps où les chrétiens avaient à cœur de recueillir les moindres traits de la vie de l’Homme-Dieu, et de se les rendre propres, pour ainsi dire, en reproduisant dans leur manière de vivre toutes les circonstances que le saint Évangile leur révélait. Jésus-Christ était véritablement aimé et adoré dans ces temps où les hommes se souvenaient sans cesse qu’il est le souverain Seigneur, comme il est le commun Rédempteur. De nos jours, c’est l’homme qui règne, à ses risques et périls ; Jésus-Christ est refoulé dans l’intime de la vie privée. Et pourtant il a droit à être notre préoccupation de tous les jours et de toutes les heures ! Les Anges dirent aux Apôtres : « En la manière que vous l’avez vu monter, ainsi un jour il descendra. » Puissions-nous l’avoir aimé et servi durant son absence avec assez d’empressement, pour oser soutenir ses regards lorsqu’il apparaîtra tout à coup !

Nous ne donnons point ici l’Office des premières Vêpres de l’Ascension, parce que cette fête étant fixe au jeudi, sa Vigile ne peut jamais se rencontrer le dimanche, tandis qu’il en est autrement pour les solennités auxquelles nous avons accordé ce développement. Au reste, sauf le Verset et l’Antienne de Magnificat, les premières et les secondes Vêpres de l’Ascension sont entièrement semblables.

A LA MESSE.

L’Église romaine indique aujourd’hui pour la Station la basilique de Saint-Pierre. C’est une belle pensée de réunir en un tel jour l’assemblée des fidèles autour du glorieux tombeau d’un des principaux témoins de la triomphante Ascension de son Maître. Cette Station est toujours maintenue ; mais, depuis plusieurs siècles, le Pape se rend avec le sacré Collège des Cardinaux à la basilique du Latran, afin de terminer dans cet antique sanctuaire, dédié par Constantin au Sauveur des hommes, la série annuelle des mystères par lesquels le Fils de Dieu a opéré et consomme aujourd’hui notre salut.

Dans ces deux augustes basiliques, comme dans les plus humbles églises de la chrétienté, le symbole liturgique de la fête est le Cierge pascal, que nous vîmes allumer dans la nuit de la résurrection, et qui était destiné à figurer, par sa lumière de quarante jours, la durée du séjour de notre divin Ressuscité au milieu de ceux qu’il a daigné appeler ses frères. Les regards des fidèles rassemblés s’arrêtent avec complaisance sur sa flamme scintillante, qui semble briller d’un éclat plus vif, à mesure qu’approche l’instant où elle va succomber. Bénissons notre mère la sainte Église à qui l’Esprit-Saint a inspiré l’art de nous instruire et de nous émouvoir à l’aide de tant d’ineffables symboles, et rendons gloire au Fils de Dieu qui a daigné nous dire : « Je suis la lumière du monde » [17].

L’Introït annonce avec éclat la grande solennité qui nous rassemble. Il est formé des paroles des Anges aux Apôtres sur le mont des Oliviers. Jésus est monté aux cieux ; Jésus en doit redescendre un jour.
La sainte Église recueillant les vœux de ses enfants dans la Collecte, demande pour eux à Dieu la grâce de tenir leurs cœurs attachés au divin Rédempteur, que leurs désirs doivent désormais chercher jusqu’au ciel où il est monté le premier.

ÉPÎTRE.

Nous venons d’assister, en suivant cet admirable récit, au départ de notre Emmanuel pour les cieux. Est-il rien de plus attendrissant que ce regard des disciples fixé sur leur Maître divin qui s’élève tout à coup en les bénissant ? Mais un nuage vient s’interposer entre Jésus et eux, et leurs yeux mouillés de larmes ont perdu la trace de son passage. Ils sont seuls désormais sur la montagne ; Jésus leur a enlevé sa présence visible. Dans ce monde désert, quel ne serait pas leur ennui, si sa grâce ne les soutenait, si l’Esprit divin n’était au moment de descendre sur eux et de créer en eux un nouvel être ? Ce n’est donc plus qu’au ciel qu’ils le reverront, celui qui, étant Dieu, daigna durant trois années être leur Maître, et qui, à la dernière Cène, voulut bien les appeler ses amis !

Mais le deuil n’est pas pour eux seulement. Cette terre qui recevait en frémissant de bonheur la trace des pas du Fils de Dieu, ne sera plus foulée par ses pieds sacrés. Elle a perdu cette gloire qu’elle attendit quatre mille ans, la gloire de servir d’habitation à son divin auteur. Les nations sont dans l’attente d’un Libérateur ; mais, hors de la Judée et de la Galilée, les hommes ignorent que ce Libérateur est venu et qu’il est remonté aux cieux. L’œuvre de Jésus cependant n’en demeurera pas là. Le genre humain connaîtra sa venue ; et, quant à son Ascension au ciel en ce jour, écoutez la voix de la sainte Église qui dans les cinq parties du monde retentit et proclame le triomphe de l’Emmanuel. Dix-huit siècles se sont écoulés depuis son départ, et nos adieux pleins de respect et d’amour s’unissent encore à ceux que lui adressèrent ses disciples, pendant qu’il s’élevait au ciel. Nous aussi nous pleurons son absence ; mais nous sommes heureux aussi de le voir glorifié, couronné, assis à la droite de son Père. Vous êtes entré dans votre repos, Seigneur ; nous vous adorons sur votre trône, nous qui sommes vos rachetés, votre conquête. Bénissez-nous, attirez-nous à vous, et daignez faire que votre dernier avènement soit notre espoir et non notre crainte.

Les deux Versets de l’Alléluia répètent les accents de David célébrant d’avance le Christ qui monte dans sa gloire, les acclamations des Anges, les sons éclatants des trompettes célestes, le superbe trophée que le vainqueur entraîne après lui dans ces heureux captifs qu’il a délivrés de la prison des limbes.

ÉVANGILE.

Le diacre ayant achevé l’Évangile, un acolyte monte à l’ambon, et éteint silencieusement le Cierge mystérieux qui nous rappelait la présence de Jésus ressuscité. Ce rite expressif annonce le commencement du veuvage de la sainte Église, et avertit nos âmes que pour contempler désormais notre Sauveur, il nous faut aspirer au ciel où il réside. Que rapide a été son passage ici-bas ! Que de générations se sont succédé, que de générations se succéderont encore jusqu’à ce qu’il se montre de nouveau !

Loin de lui, la sainte Église ressent les langueurs de l’exil ; elle persévère néanmoins à habiter cette vallée de larmes ; car c’est là qu’elle doit élever les enfants dont le divin Époux l’a rendue mère par son Esprit ; mais la vue de son Jésus lui manque, et si nous sommes chrétiens, elle doit nous manquer aussi à nous-mêmes. Oh ! Quand viendra le jour où de nouveau revêtus de notre chair, a nous nous élancerons dans les airs à la rencontre du Seigneur, pour demeurer avec lui à jamais ! » [18] C’est alors, et seulement alors, que nous aurons atteint la fin pour laquelle nous fûmes créés.

Tous les mystères du Verbe incarné que nous avons vu se dérouler jusqu’ici devaient aboutir à son Ascension ; toutes les grâces que nous recevons jour par jour doivent se terminer à la nôtre. « Ce monde n’est qu’une figure qui passe » [19] ; et nous sommes en marche pour aller rejoindre notre divin Chef. En lui est notre vie, notre félicité ; c’est en vain que nous voudrions les chercher ailleurs. Tout ce qui nous rapproche de Jésus nous est bon ; tout ce qui nous en éloigne est mauvais et funeste. Le mystère de l’Ascension est le dernier éclair que Dieu fait luire à nos regards pour nous montrer la voie. Si notre cœur aspire à retrouver Jésus, c’est qu’il vit de la vraie vie ; s’il est concentré dans les choses créées, en sorte qu’il ne ressente plus l’attraction du céleste aimant qui est Jésus, c’est qu’il serait mort.

Levons donc les yeux comme les disciples, et suivons en désir celui qui monte aujourd’hui et qui va nous préparer une place. En haut les cœurs ! Sursum corda ! C’est le cri d’adieu que nous envoient nos frères qui montent à la suite du divin Triomphateur ; c’est le cri des saints Anges accourus au-devant de l’Emmanuel, et qui nous invitent à venir renforcer leurs rangs.

Sois donc béni, ô Cierge de la Pâque, colonne lumineuse, qui nous as réjouis quarante jours par ta flamme joyeuse et brillante. Tu nous parlais de Jésus, notre flambeau dans la nuit de ce monde ; maintenant ta lumière éteinte nous avertit qu’ici-bas on ne voit plus Jésus, et que pour le voir désormais, il faut s’élever au ciel. Symbole chéri que la main maternelle de la sainte Église avait créé pour parler à nos cœurs en attirant nos regards, nous te faisons nos adieux ; mais nous conservons le souvenir des saintes émotions que ta vue nous fit ressentir dans tout le cours de cet heureux Temps pascal que tu fus chargé de nous annoncer, et qui à peine te survivra de quelques jours.

Pour Antienne de l’Offertoire, l’Église emploie les mêmes paroles de David qu’elle a fait retentir avant la lecture de l’Évangile. Elle n’a qu’une pensée : le triomphe de son Époux, la joie du ciel qu’elle veut voir partagée par les habitants de la terre.

Entrer à la suite de Jésus dans la vie éternelle, éviter les obstacles qui peuvent se rencontrer dans la voie, tels doivent être nos désirs en ce jour, telle est aussi la demande que la sainte Église adresse pour nous à Dieu dans l’oraison Secrète.

Un nouveau verset de David fournit l’Antienne de la Communion. Le roi-prophète y annonce, mille ans à l’avance, que c’est à l’Orient que l’Emmanuel s’élèvera aux cieux. C’est en effet de la montagne des Oliviers située au Levant de Jérusalem que nous avons vu aujourd’hui Jésus partir pour le royaume de son Père.
Le peuple fidèle vient de sceller son alliance avec son divin Chef en participant à l’auguste Sacrement ; l’Église demande à Dieu que ce mystère, qui contient Jésus désormais invisible, opère en nous ce qu’il exprime à l’extérieur.

MIDI.

Une tradition descendue des premiers siècles et confirmée par les révélations des saints, nous apprend que l’heure de l’Ascension du Sauveur fut l’heure de midi. Les Carmélites de la réforme de sainte Thérèse honorent d’un culte particulier ce pieux souvenir. A l’heure où nous sommes, elles sont réunies au chœur, vaquant debout à la contemplation du dernier des mystères de Jésus, et suivant l’Emmanuel de la pensée et du cœur aussi haut que son vol divin l’emporte.

Suivons-le aussi nous-mêmes ; mais avant de fixer nos regards sur le radieux midi qui éclaire son triomphe, revenons un moment par la pensée à son point de départ. C’est à minuit, au sein des ténèbres, qu’il éclata tout à coup dans l’étable de Bethléhem. Cette heure nocturne et silencieuse convenait au début de sa mission. Son œuvre tout entière était devant lui, et trente-trois années devaient être employées à l’accomplir. Cette mission se déroula année par année, jour par jour, et elle allait touchant à sa fin, lorsque les hommes, dans leur malice, se saisirent de lui et l’attachèrent à une croix. On était au milieu du jour, lorsqu’il parut élevé dans les airs ; mais son Père ne voulut pas que le soleil éclairât ce qui était une humiliation et non un triomphe. D’épaisses ténèbres couvrirent la terre entière ; cette journée fut sans midi. Quand le soleil reparut, il était déjà l’heure de None. Trois jours après, il sortait du tombeau aux premiers rayons de l’aurore.

Aujourd’hui, à ce moment même, son œuvre est consommée. Jésus a payé de son sang la rançon de nos péchés, il a vaincu la mort en ressuscitant glorieux ; n’a-t-il pas le droit de choisir pour son départ l’heure où le soleil, son image, verse tous ses feux et inonde de lumière cette terre que son Rédempteur va échanger pour le ciel ? Salut donc, heure de midi deux fois sacrée, puisque tu nous redis chaque jour et la miséricorde et la victoire de notre Emmanuel ! Gloire à toi pour la double auréole que tu portes : le salut de l’homme par la croix, et rentrée de l’homme au royaume des cieux !

Mais n’êtes-vous pas aussi vous-même le Midi de nos âmes, ô Jésus, Soleil de justice ! Cette plénitude de lumière à laquelle nous aspirons, cette ardeur de l’amour éternel qui seul peut nous rendre heureux, où les trouverons-nous, sinon en vous qui êtes venu ici-bas éclairer nos ténèbres et fondre nos glaces ? Dans cette espérance, nous écoutons les mélodieuses paroles de Gertrude votre fidèle épouse, et nous sollicitons la grâce de pouvoir un jour les répéter après elle : « O amour, ô Midi dont l’ardeur est si douce, vous êtes a l’heure du repos sacré, et la paix entière que l’on goûte en vous fait nos délices. O mon Bien-Aimé, élu et choisi au-dessus de toute créature, faites-moi savoir, montrez-moi le lieu où vous paissez votre troupeau, où vous prenez votre repos à l’heure de midi. Mon cœur s’enflamme à la pensée de vos doux loisirs à ce moment. Oh ! S’il m’était donné d’approcher de vous assez près pour n’être plus seulement près de vous, mais en vous ! Par votre influence, ô Soleil de justice, toutes les fleurs des vertus sortiraient de moi qui ne suis que cendre et poussière. Fécondée par vos rayons, ô mon Maître et mon Époux, mon âme produirait les nobles fruits de toute perfection. Enlevée de cette vallée de misère, admise à contempler vos traits si désirés, mon bonheur éternel serait de a penser que vous n’avez pas dédaigné, ô miroir sans tache, de vous unir à une pécheresse telle que moi » [20].

A VÊPRES.

Le Seigneur Jésus a disparu de la terre ; mais son souvenir et ses promesses sont demeurés au fond du cœur de la sainte Église. Elle suit par la pensée le triomphe si splendide de son Époux, triomphe si mérité après l’œuvre accomplie du salut des hommes. Elle ressent son veuvage ; mais elle attend d’une foi ferme le Consolateur promis. Cependant les heures s’écoulent, le soir approche ; elle rassemble alors ses enfants, et dans l’Office des Vêpres, elle repasse avec eux le profond mystère de ce grand jour.

Les Antiennes des Psaumes reproduisent le récit de l’événement qui s’est accompli à l’heure de midi ; elles sont mélodieuses, mais non sans une expression triste comme il convient au jour des adieux.

L’Hymne, pleine de suavité, a pour auteur saint Ambroise ; mais elle a été retouchée plus ou moins heureusement au XVIIe siècle.

L’Antienne qui accompagne le cantique de Marie est une invitation à Jésus de se souvenir de sa promesse, et de ne pas tarder à consoler son Épouse par l’envoi du divin Esprit. La sainte Église la répétera chaque jour, jusqu’à l’arrivée du don céleste.

Nous entendrons, dans tout le cours de l’Octave, le concert des antiques Églises de la chrétienté, célébrant sur des modes divers, mais dans un même sentiment, le médiateur de Dieu et des hommes qui s’élève aux cieux par sa propre vertu. Donnons aujourd’hui la parole à l’Église grecque qui, dans son génie pompeux, cherche à rendre les magnificences du mystère. C’est l’Hymne de l’Office du soir.

IN ASSUMPTIONE DOMINI, AD VESPERAS.

Lorsque tu fus arrivé, ô Christ, sur le mont des Oliviers, afin d’accomplir la volonté du Père, les Anges célestes furent dans l’étonnement, et les esprits infernaux frémirent. Les disciples éprouvaient un sentiment de bonheur mêlé de crainte, tandis que tu leur parlais. En face, à l’Orient, un nuage apparaissait semblable à un trône prépare ; le ciel dont les portes étaient ouvertes se montrait dans toute sa beauté ; et la terre allait apprendre comment Adam, après sa chute, pourra remonter encore. Mais tout à coup tes pieds s’élèvent dans les airs, comme si une main les soutenait, ô Christ ! Ta bouche répète des bénédictions aussi longtemps que ses accents se font entendre ; le nuage te reçoit, et bientôt le ciel lui-même. Telle est l’œuvre sublime que tu as opérée, Seigneur, pour accomplir le salut de nos âmes.

La nature d’Adam qui était tombée jusque dans les profondeurs de la terre, cette nature que tu as renouvelée, ô Dieu, tu l’élevés aujourd’hui avec toi au-dessus des Principautés et des Puissances. Dans ton amour pour elle, tu l’établis là même où tu résides ; dans ta compassion, tu te l’étais unie, tu avais souffert en elle, toi qui es impassible : et à cause de ses souffrances que tu as partagées, tu l’associes aujourd’hui à ta gloire. Les esprits célestes se sont écriés : « Quel est cet homme éclatant de beauté, et qui n’est pas seulement un homme, mais un Dieu-homme, ayant les deux natures ? » Cependant, d’autres Anges au vol rapide et vêtus de longues tuniques, descendaient vers les disciples et leur disaient : « Hommes de Galilée, Jésus, homme-Dieu, qui vient de vous quitter, reviendra Dieu-homme, pour juger les vivants et les morts, et pour faire part à ceux qui croient en lui du pardon et de sa grande miséricorde. »

Lorsque tu fus enlevé dans la gloire aux regards de tes disciples, ô Christ Dieu, un nuage reçut ton humanité, les portes du ciel s’élevèrent, le chœur des Anges tressaillit d’allégresse et les Vertus célestes criaient avec transport : « Princes, élevez vos portes, et le Roi de gloire entrera. » Cependant, tes disciples dans la stupeur disaient : « Ne vous séparez pas de nous, ô bon Pasteur, mais envoyez-nous votre Esprit très saint, pour diriger et affermir nos âmes. » Après avoir accompli dans ta bonté, Seigneur, le mystère qui avait été caché aux siècles et aux générations, tu es venu sur le mont des Oliviers avec tes disciples, ayant avec toi celle qui t’a enfanté, ô créateur et auteur de toutes choses ! Il était juste que celle qui, dans ta Passion, avait souffert plus que tout autre dans son cœur maternel, fût appelée à jouir aussi plus que tout autre du triomphe de ton humanité. Nous donc qui entrons en participation de sa joie dans ton Ascension, Seigneur, nous glorifions ta grande miséricorde envers nous.

Terminons la journée par cette belle prière du Bréviaire mozarabe.

ORATIO.

Unigenite Dei Filius, qui devicta morte de terrenis ad cœlestia transitum faciens, quasi filius hominis apparens, in throno magnam claritatem habens, quem omnis militia cœlestis exercitus Angelorum laudat : præbe nobis, ut nullis flagitiorum vinculis in corde hujus sæculi illigemur, qui te ad Patrem ascendisse gloriosa fidei devotione concinimus ; ut illic indesinenter cordis nostri dirigatur obtutus, quo tu ascendisti post vulnera gloriosus. Amen.

Fils unique de Dieu, ô vous qui, vainqueur de la mort, avez passé de la terre au ciel ; Fils de l’Homme dans votre nature extérieure, éblouissant d’éclat sur votre trône, objet continuel des louanges de toutes les milices célestes, ne permettez pas que nous nous laissions enchaîner par les liens coupables de ce monde, nous qui, dans les transports de notre foi, célébrons votre Ascension vers le Père. Faites que l’œil de notre cœur soit à jamais fixe là où vous êtes monté plein de gloire, après avoir été blessé ici-bas. Amen.

O notre Emmanuel ! Vous êtes donc enfin par-parvenu au terme de votre œuvre, et c’est aujourd’hui même que nous vous voyons entrer dans votre repos. Au commencement du monde, vous aviez employé six jours pour disposer toutes les parties de cet univers créé par votre puissance ; après quoi vous rentrâtes dans votre repos. Plus tard, lorsque vous eûtes résolu de relever votre œuvre tombée par la malice de l’ange rebelle, votre amour vous fit passer, durant le cours de trente-trois années, par une succession sublime d’actes à l’aide desquels s’opéraient notre rédemption et notre rétablissement au degré de sainteté et de gloire dont nous étions déchus. Vous n’avez rien oublié, ô Jésus, de ce qui avait été arrêté éternellement dans les conseils de la glorieuse Trinité, de ce que les Prophètes avaient annoncé de vous. Votre triomphante Ascension met le sceau à la mission que vous avez daigné accomplir dans votre miséricorde. Pour la seconde fois vous entrez dans votre repos ; mais vous y entrez avec la nature humaine appelée désormais aux honneurs divins. Déjà les justes de notre race que vous avez retirés des limbes prennent rang dans les chœurs angéliques, et en partant vous nous avez dit à nous-mêmes : « Je vais vous préparer une place » [21].

Confiants dans votre parole, ô Emmanuel, résolus à vous suivre dans tous vos mystères qui n’ont été accomplis que pour nous, à vous accompagner dans l’humilité de votre Bethléhem, dans la participation aux douleurs de votre Calvaire, dans la résurrection de votre Pâque, nous aspirons à imiter aussi, quand l’heure sera venue, votre triomphante Ascension. En attendant, nous nous unissons aux chœurs des saints Apôtres qui saluent votre arrivée, à nos Pères dont l’heureuse multitude vous accompagne et vous suit. Tenez vos regards divins fixés sur nous, ô divin Pasteur ! Le moment de la réunion n’est pas arrivé encore. Gardez vos brebis, et veillez à ce que pas une ne s’égare et ne manque au rendez-vous. Instruits désormais de la fin qui nous attend, fermes dans l’amour et la méditation des mystères qui nous ont conduits à celui d’aujourd’hui, nous l’adoptons en ce jour comme l’objet de notre attente, comme le terme de nos désirs. C’est le but que vous vous êtes proposé en venant en ce monde, descendant jusqu’à notre bassesse, pour nous enlever ensuite jusqu’à vos grandeurs, vous faisant homme afin de faire de nous des dieux. Mais jusqu’au moment qui nous réunira à vous, que ferions-nous ici-bas, si la Vertu du Très-Haut que vous nous avez promise ne descendait bientôt sur nous, si elle ne nous apportait la patience dans l’exil, la fidélité dans l’absence, l’amour seul capable de soutenir un cœur qui soupire après la possession ? Venez donc, ô divin Esprit ! Ne nous laissez pas languir, afin que notre œil demeure fixé au ciel où Jésus règne et nous attend, et ne permettez pas que cet œil mortel soit tenté, dans sa lassitude, de s’abaisser sur un monde terrestre où Jésus ne se laissera plus voir.

[1] Psalm. XCV, XCVI, XCVII.

[2] Marc. XVI.

[3] Ibid.

[4] Ibid.

[5] Luc. XXIV, 49.

[6] Act. 1.

[7] Johan. XIV, 28.

[8] Psalm. CIX.

[9] Act. 1, 6-8.

[10] Constit. apost. lib. V, cap. XIX.

[11] Luc. XXIV, 51.

[12] Act. I.

[13] Act. I.

[14] Johan. III, 17.

[15] Luc. XXIV, 52.

[16] AUGUSTIN. Epist. ad Januar.

[17] Johan. VIII, 12.

[18] I Thess. IV, 16.

[19] I Cor. VII, 31.

[20] Exercitia S. Gertrudis. Die V.

[21] Johan. XIV, 2.



Andrea Mantegna. Ascension, panneaux du Triptyque des Offices,
vers 1461, tempera sur bois, 86 X 42,5

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station à Saint-Pierre.

La solennité liturgique de l’Ascension, moins antique que celle de la Pentecôte, est toutefois parmi les plus anciennes du cycle, et bien qu’on ne la trouve pas dans les témoignages documentaires antérieurs à Eusèbe [22], cette fête était pourtant déjà si universelle que saint Augustin put en attribuer la première institution aux apôtres eux-mêmes. Dans l’antiquité, la caractéristique de la fête de ce jour était une solennelle procession qui se faisait vers midi en souvenir des Apôtres accompagnant Jésus hors de la ville sur le mont des Oliviers. A Rome, après les offices nocturnes et la messe célébrée sur l’autel de Saint-Pierre, le Pape était couronné par les cardinaux et, vers l’heure de sexte, se rendait au Latran, accompagné par les évêques et par le clergé.

Aujourd’hui Jésus s’est dérobé à la vue de ses fidèles disciples, lesquels gardent toutefois leurs yeux levés au ciel, s’efforçant de revoir encore une fois le divin Maître. Mais cette vie contemplative, toute absorbée dans la vision béatifique du Paradis, est réservée aux élus de l’Église triomphante. Ceux-ci ont leur récompense in mercede contemplationis [23], comme le dit saint Augustin dans une homélie célèbre que la liturgie nous fait lire au Bréviaire le jour de saint Jean l’Évangéliste. Notre vocation au contraire doit être in opere actionis ; aussi, en ce jour, la liturgie, dans l’introït, avec une mélodie qui est parmi les plus belles du recueil grégorien, nous répète-t-elle les paroles des Anges aux Apôtres : « O Galiléens, que regardez-vous dans le ciel ? Ce Jésus qui y est allé sous vos yeux reviendra dans la même majesté. »

Ita veniet. Voilà notre consolation dans les douleurs et l’isolement de la vie. Jésus s’est éloigné, mais il reviendra certainement. Cette attente de Jésus doit déterminer, pour ainsi dire, tout le rythme de notre vie intérieure, le cœur palpitant et les yeux de la foi fixés là-haut vers le ciel.

La collecte est pleine de beauté. Le Maître est monté au ciel pour nous y préparer une place. Il est notre Chef, et c’est seulement par une espèce de violence que ses membres mystiques sont contraints à rester encore sur la terre. Ne pouvant tout de suite rejoindre Jésus en paradis, nous devons du moins habiter dans le ciel par nos affections, nos pensées, nos désirs, en sorte que, exilés ici-bas avec notre corps, nous puissions dire pourtant avec saint Paul : conversatio nostra in cælis est [24].

La lecture est tirée des Actes (I, 1-11) ; c’est le récit de l’Ascension. Jésus s’élève au ciel du mont des Oliviers, où précisément il avait commencé la Passion, et par là il nous enseigne que la Croix est l’unique moyen d’arriver au paradis. Il promet aux Apôtres l’Esprit Saint, seulement après son entrée triomphale dans son royaume, parce qu’il convenait que la plénitude de la gloire se répandît du Chef dans les membres. Avant de se dérober à leurs regards, Jésus bénit les Apôtres, pour les assurer de sa continuelle assistance, intime et invisible, dans le secret du cœur. C’est là que Jésus, par l’opération du Saint-Esprit, établit le temple où il vient résider avec son Divin Père. Les Anges invitent les Apôtres à détourner du ciel leurs regards, parce que la vie présente est le temps du labeur et non celui du repos. Maintenant l’on sème ; ensuite on moissonnera. On sème dans les sueurs et dans la douleur, et l’on moissonnera dans la joie. C’est pourquoi nous devons travailler ; mais même en ceci il y a une règle à observer. Nous devons travailler comme font les Anges, quand ils exercent leur fidèle ministère de garde à notre endroit. Ils nous assistent et se tiennent continuellement à nos côtés, mais en même temps leur regard est fixé en paradis, extasié dans la contemplation de la splendeur du Père Éternel in quem desiderant Angeli prospicere [25].

Suit le verset alléluiatique tiré du psaume 46 : Dieu s’est élevé dans la jubilation et au son des trompettes des milices angéliques, qui l’acclament leur chef et sauveur, et lui rendent grâces parce qu’au moyen de la rédemption des hommes il comble dans leurs rangs les vides autrefois laissés par les Anges apostats.

Un autre motif qui rendit plus belle l’Ascension de Jésus fut le fait que, selon toute probabilité, le Sauveur fut accompagné dans son triomphe par ces saints Patriarches et Prophètes qui sortirent de leurs tombes au moment où Jésus expira sur la croix, et qui, après sa résurrection, se montrèrent visiblement à de nombreuses personnes à Jérusalem.

Le verset précédant l’Évangile provient du psaume 67 : Dieu qui se montra sur le Sinaï s’élève maintenant et entraîne avec lui esclave l’esclavage lui-même, c’est-à-dire qu’il triomphe du péché et du démon dont il foule aux pieds la puissance qu’il tient enchaînée. Le chrétien ne doit donc pas craindre Satan. Il est comme un chien attaché, qui ne peut mordre que ceux qui s’approchent imprudemment de lui.

La lecture évangélique avec le récit de l’Ascension est tirée de saint Marc (XVI, 14-20), lequel, dans un unique tableau, recueille toute l’histoire des quarante jours passés par Jésus ressuscité avec ses Apôtres, et aussi l’histoire ultérieure de l’Église. Les disciples reçoivent la puissance d’opérer des miracles, pour confirmer la divinité de leur mission, et ils vont prêcher sur tous les points de la terre. Du haut du ciel, Jésus donne l’efficacité à leur parole, et ainsi l’Église, à l’image du Divin Maître dont elle continue l’œuvre bienfaisante, passe à travers le monde : pertransiit benefaciendo et sanando [26]. Il ne faut pas croire que ce tableau convient seulement à l’âge apostolique. Non, l’Église est encore maintenant telle qu’elle était alors. Il n’est aucun genre de bienfaisance corporelle et spirituelle auquel elle ne se consacre, encore à présent, spécialement au moyen de ses admirables corporations religieuses. Quant au don des miracles, lui aussi est un charisme qui n’a jamais manqué à l’Église. Bien plus, il est en si intime relation avec sa note de sainteté, que, dans sa sage prudence, l’Église, avant d’inscrire l’un de ses membres au catalogue des Saints, exige que les prodiges obtenus par son intercession soient d’abord juridiquement discutés, démontrés et approuvés. Et ces procès apostoliques jugés par la Sacrée Congrégation des Rites, tribunal compétent en la matière, sont toujours très nombreux.

L’antienne de l’offertoire provient du psaume 46 : « Dieu monte au ciel au milieu de la jubilation des anges qui soufflent dans les trompettes. » Le jour de l’incarnation, ils annonçaient la gloire seulement au ciel : Gloria in excelsis Deo ; sur la terre, tandis que le Sauveur s’humiliait, le don le plus à propos était celui de la paix entre Dieu et les hommes : et in terra pax hominibus bonae voluntatis. Mais aujourd’hui qu’est accomplie la magnifique rédemption, la gloire du ciel se reflète aussi sur la terre, puisque la barrière de division ayant été ôtée, des deux familles, angélique et humaine, il ne s’en fait plus qu’une ; aussi, tandis que Jésus, caput hominum et Angelorum [27], s’assied glorieux à la droite du Père, les membres de son corps mystique, en qui il vit et opère encore, se trouvent ici sur la terre. De même donc que le Sauveur réunit ces deux attributions : le Chef est glorieux au ciel et les membres travaillent dans le monde, ainsi l’Église milite ici-bas, mais, dans la personne de son Chef, elle a déjà commencé la vie glorieuse du Paradis.

Dans la collecte sur les oblations, nous rappelons aujourd’hui au Seigneur que l’offrande des dons est consacrée à commémorer l’immense gloire de l’Ascension du Christ, conséquence de sa Passion. C’est pourquoi nous le supplions d’aplanir aussi pour nous la voie du ciel, étant de devant nos pas toutes les pierres d’achoppement, en sorte que nous puissions sûrement atteindre le but désiré.

Il faut d’ailleurs remarquer qu’ici nous ne demandons point que les soldats du Christ soient absolument soustraits au combat et maintenus dans les quartiers d’hiver ; — non, car la vie est le temps de la lutte — mais nous supplions Dieu d’écarter de notre route l’unique vrai mal et péril que nous puissions rencontrer, celui de l’offenser.

Dans l’anaphore eucharistique d’introduction au trisagion, selon l’usage romain dont parlait le pape Vigile écrivant à Profuturus de Braga, nous insérons durant toute l’octave de l’Ascension la commémoration de ce sublime mystère : « Qui (le Christ), après sa Résurrection, apparut indiscutablement à ses disciples, et, sous leurs yeux, s’éleva au ciel, dans le but de nous donner part à sa divinité » [28].

Voilà la signification de la fête de ce jour, et la fin que se propose le Christ en montant au ciel. Il atteint pleinement ce but le jour de la Pentecôte, quand il nous donne avec l’Esprit Saint, sa vie divine elle-même, le cœur même de la divinité.

Au commencement des diptyques apostoliques, l’on fait aussi mémoire de la solennité du jour : « Commémorant le jour très sacré où votre Fils unique et notre Seigneur fit asseoir à votre droite glorieuse notre fragile nature, qu’il avait voulu unir à sa personne divine... » [29]

L’antienne pour la Communion est tirée du psaume 67 : « Chantez des hymnes au Seigneur qui, du côté de l’Orient, monte au plus haut des cieux. » Le plus haut des cieux signifie ici le trône même de la divinité, qu’aujourd’hui va occuper la sainte humanité de Jésus. Il s’élève du côté de l’Orient, parce que toutes les œuvres de Dieu sont resplendissantes, lumineuses, sans que l’Église ait jamais eu, comme les théosophes modernes, deux doctrines, l’une cachée, réservée aux initiés, et l’autre commune, pour le grand public. Dieu fait ses œuvres à la lumière du soleil. Le Christ meurt sur une colline, en présence de tout un peuple, au grand jour de la Parascève de Jérusalem ; Jésus ressuscite et se fait voir, non seulement aux Apôtres mais aux saintes Femmes et même à cinq cents personnes rassemblées. Aujourd’hui il monte au ciel, mais sur une colline, en présence de onze personnes au moins, sans compter la Bienheureuse Vierge et les membres de sa parenté.

Dans l’Eucharistie, ou prière de remerciement, nous supplions la divine clémence de faire que le signe visible de la grâce, c’est-à-dire le Sacrement, atteigne intérieurement la plénitude de son effet. Nous demandons par là que l’incorporation matérielle à la Victime du sacrifice eucharistique nous unisse spirituellement à Jésus.

La suprême glorification du Chef qui, aujourd’hui, va s’asseoir à la droite du Père dans le ciel, se répand dans les membres, à l’égal de ce baume parfumé qui, selon le psaume 132, descendit de la tête d’Aaron sur sa barbe et sur ses splendides vêtements pontificaux. Cette onction spirituelle est le charisme du Saint-Esprit qu’en ce jour Jésus, du ciel, obtient à l’Église. Le lien est donc très intime, entre l’Ascension et la Pentecôte. L’une ne s’explique pas sans l’autre.

[22] De Sol. Pasch., c. v. P. G., XXIV, col. 699.

[23] « Dans la récompense de la contemplation », St Augustin, Tract. 124 in Joan. Post med. : 7ème leçon des Matines du 27 décembre.

[24] « Notre vie est dans les cieux », Philip. 3, 20.

[25] « Que les Anges désirent contempler à fond », I Petr. 1, 12.

[26] « Il est allé de lieu en lieu en faisant le bien, et en guérissant », Act. 10, 38.

[27] « Chef des hommes et des Anges ».

[28] « Qui post resurrectiónem suam
ómnibus discípulis suis maniféstus appáruit,
et, ipsis cernéntibus, est elevátus in cælum,
ut nos divinitátis suæ
tribúeret esse partícipes. », Préface de l’Ascension.


[29] « Diem sacratíssimum celebrántes quo Dóminus noster, unigénitus Fílius tuus, unítam sibi fragilitátis nostræ substántiam in glóriæ tuæ déxtera collocávit », Communicántes de l’Ascension.

STATION A SAINT PIERRE

L’Ascension du Christ est notre élévation.

Après le chant de l’Évangile, le diacre éteint le cierge pascal, le symbole de la Résurrection. Par cette simple cérémonie, la liturgie veut exprimer que le Christ est monté aujourd’hui au ciel. A chaque messe, le prêtre dit : « Nous nous rappelons la bienheureuse Passion, la Résurrection des morts et la glorieuse Ascension de ton Fils... » [30].

1. Premières impressions. — Quand des personnes chères se séparent de nous, nous nous affligeons, même si nous savons qu’elles rencontreront un sort meilleur. Aussi nous pourrions penser que l’Église assistera à l’Ascension avec mélancolie. Il n’en est rien. La fête est exclusivement une fête de joie. Une double joie remplit nos cœurs ; nous nous réjouissons pour le Seigneur et pour nous-mêmes.

a) La journée de l’Ascension est un triomphe du Christ, une fête de victoire. Le Seigneur a bien mérité son triomphe. Rappelons-nous toutes les phases et toutes les étapes de sa vie terrestre. Il a quitté le trône de son Père et s’est abaissé dans le sein de la Vierge, il a été couché sur la rude paille de la Crèche de Bethléem, il a dû fuir en Égypte, fuir son propre peuple ; il a vécu dans l’obscurité à Nazareth, comme un simple artisan ; puis il s’est fatigué à parcourir la Galilée et la Judée à la recherche de la brebis perdue. Il a été méconnu, il n’a pas été aimé par ses frères. Enfin, il a enduré sa Passion rédemptrice depuis le mont des Oliviers jusqu’au Golgotha. Pourquoi tout cela ? Parce qu’il nous a aimés. Quel but poursuivait-il ? Nous racheter du pouvoir du diable et nous introduire dans la patrie céleste. Et maintenant son œuvre, à laquelle il a consacré son amour et le sang de ses veines, est achevée. Il peut, aujourd’hui, jeter un regard joyeux sur sa vie écoulée. Hier, la liturgie nous a montré son Ascension en deux images : le vainqueur s’avance triomphant, il entraîne avec lui dans son triomphe les prisonniers, c’est-à-dire nous-mêmes, les enfants de Dieu rachetés par lui ; il fait part de son butin, c’est-à-dire des grâces de la Rédemption à l’Église. Le Fils rentre dans la maison paternelle, il est reçu avec joie par son Père ; mais il lui présente des nouveaux frères et sœurs, l’humanité rachetée. Nous pouvons dire que la fête de l’Ascension est, en même temps, l’accession au trône et le couronnement du Christ comme Roi du ciel et de la terre.

b) Cette fête est aussi un jour de joie pour nous. La glorification du Seigneur dans son Ascension est aussi l’élévation de la nature humaine ; c’est notre glorification. C’est là une pensée qui a profondément impressionné les Pères. Notre nature humaine participe aux plus hauts honneurs divins. Le Christ. en effet, est entré au ciel avec son corps humain, avec sa nature humaine ; il est assis sur le trône de Dieu et il restera avec sa nature humaine éternellement. C’est là une distinction inouïe pour les hommes. L’un des nôtres, notre chef, est assis sur le trône de Dieu ; ainsi donc nous aussi, les membres de son corps, nous sommes divinisés. C’est pourquoi la préface de la fête chante d’une manière significative : « Il a été élevé pour nous faire participer à sa divinité ». C’est là une divine noblesse qui nous est communiquée par l’Ascension. Mais cela constitue, pour nous, une impérieuse exigence : Sursum corda. Le péché ne monte pas au ciel avec le Christ. Le péché est comme une chaîne qui nous lie à la terre. Brisons ces liens du péché. Nous devons d’abord monter au ciel avec la volonté et le désir (« demeurer de cœur au ciel »). Ensuite, nous y suivrons le Seigneur en corps et en âme.

2. Solennité du jour. — Cette fois encore, célébrons cette fête entièrement avec l’Église, dans la prière des Heures et à la messe. Hier, nous avons récité les Heures du soir en commun ou, tout au moins, nous avons récité les vêpres dans notre particulier. Dans les antiennes, nous voyons le Roi montant au ciel. L’image centrale, au bréviaire comme à la messe, est celle-ci : « Hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous vers le ciel ? Comme vous l’avez vu monter au ciel, ainsi il reviendra, Alléluia » (I. Ant. Intr.). L’hymne est d’un magnifique mouvement (Salutis humanae Sator) :

Auteur du salut des humains,
Jésus, délices de nos cœurs,
Du monde racheté tu fus le Créateur
Et te chaste clarté brille sur ceux qui t’aiment.

Sois, vers le ciel, le guide et le sentier,
Sois l’idéal de tous nos cœurs,
Sois, dans nos pleurs, le réconfort,
Sois, de la vie, la douce récompense.

A l’antienne de Magnificat, nous voyons le Seigneur sur le seuil de la céleste maison paternelle : « Père, j’ai annoncé ton nom parmi les hommes que tu m’as donnés : maintenant, je te prie pour eux, non pour le monde, car je viens vers toi, Alléluia »

Dans la nuit ou de bonne heure le matin, nous récitons les Matines. C’est la réunion des psaumes royaux. Les antiennes font ressortir avec prédilection des expressions comme celle-ci : exalter, élever (exaltare, elevare). Les leçons du deuxième et du troisième nocturnes sont très riches de pensées et d’autant plus précieuses que toutes les deux furent prononcées comme homélies par les papes saint Léon 1er et saint Grégoire 1er. « Il y avait vraiment une grande et ineffable cause de nous réjouir quand la nature humaine qui était unie au Fils de Dieu s’éleva devant les yeux de la sainte troupe des disciples, bien au-dessus de tous les Esprits célestes, bien au-dessus des chœurs des anges et même au-dessus des hauteurs des archanges. Elle devait dépasser toutes les hiérarchies célestes et ne s’arrêter qu’au trône de Dieu, où elle participerait à sa gloire puisqu’elle est unie à sa nature dans la Personne du Fils. Puisque l’Ascension du Christ est notre propre élévation, et puisque là où nous a précédés le Chef glorieux le corps (mystique) peut lui aussi diriger son espérance, tressaillons, mes bien-aimés, d’une joie profonde et que de pieuses actions de grâces s’unissent à notre joie. Aujourd’hui, en effet, nous ne recouvrons pas seulement le paradis (perdu), mais nous avons pénétré dans les hauteurs du ciel. Nous avons beaucoup plus reçu par la grâce ineffable du Christ que nous n’avions perdu par l’envie du diable. Car les enfants d’Adam, que l’ennemi venimeux avait chassés du bonheur de leur premier séjour, le Fils de Dieu se les est incorporés et les a placés à la droite du Père » (Saint Léon).

« Quand nous lisons que les disciples ne crurent à la Résurrection du Seigneur qu’après une longue hésitation, pensons moins à leur faiblesse qu’à ce que je pourrais appeler notre future fermeté dans la foi. Car, précisément, par ce fait qu’ils doutèrent, la Résurrection fut démontrée par de nombreuses preuves. Et nous qui lisons maintenant ce récit, nous sommes, par leur doute, affermis dans la foi. Assurément Marie-Madeleine m’a moins servi que Thomas qui douta longtemps. Celui-ci, en effet, parce qu’il douta, toucha les cicatrices des blessures et, ainsi, guérit les blessures du doute dans notre cœur » (Saint Grégoire).

Il conviendrait de réciter les Laudes sur une hauteur (de se transporter en esprit sur le mont des Oliviers). Notre âme ressent aujourd’hui toute la fraîcheur de la joie et tous les transports de l’allégresse. Quand le soleil se lève, nous entendons le Sauveur qui nous quitte nous adresser ces paroles : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu, Alléluia ».

3. La messe (Viri Galilæi). — Après les petites Heures de Prime et de Tierce, nous célébrons la messe solennelle. C’est le point culminant de la fête et la réalisation mystique de son mystère. L’église de station est Saint-Pierre. Nous nous réunissons dans la grande église mondiale de Rome pour célébrer les saints mystères, dans cette église où saint Léon et saint Grégoire prononcèrent les homélies que nous avons lues au bréviaire. Les fêtes du Christ-Roi se célèbrent à Saint-Pierre (Noël, Épiphanie). Mais Saint-Pierre est aujourd’hui, pour nous, Jérusalem ; nous y prenons notre repas avec le Christ (Leçon et Évang.). C’est aussi le mont des Oliviers où nous accompagnons le Seigneur et d’où nous le voyons monter au ciel.

L’Introït nous présente une belle image. Les Apôtres lèvent les yeux vers le ciel. C’est un symbole de l’Église. Depuis que le Christ est remonté au ciel, elle ne cesse de regarder vers le ciel dans une ardente attente jusqu’à ce qu’il « revienne » (Ici aussi, le désir de parousie de l’Église se fait jour). Nous chantons le psaume proprement dit de l’Ascension (46) qui revient aujourd’hui dans presque tous les chants psalmodiques : « Que tous les peuples battent des mains » (nous sommes dans l’église Saint-Pierre qui est l’église des gentils).

Oraison : Depuis que le Maître est au ciel, « nous devons aussi demeurer de cœur au ciel ». Dans la leçon et l’Évangile, nous prenons part aux dernières heures terrestres du Seigneur.

Les deux lectures font remarquer que le Seigneur apparut aux siens « pendant le repas ». Il nous apparaît aussi à nous, maintenant, pendant le banquet eucharistique : Après le chant de l’Évangile, on éteint le cierge pascal, le symbole au Ressuscité. Dans la procession de l’Offrande, nous formons un cortège de fête et nous accompagnons le Seigneur montant au ciel, avec des chants d’allégresse et au son des trompettes. A la procession de la Communion, nous nous dirigeons encore vers l’« Est » et nous voyons le Seigneur s’élever au-dessus de tous les cieux.

4. Le psaume de l’Ascension (ps. 46).

I. Le Roi de son peuple

Vous tous, peuples, battez des mains, célébrez Dieu par des cris d’allégresse ;
Car Dieu, le Très-Haut, est redoutable, le grand Roi du monde entier.
C’est lui qui nous assujettit les peuples, qui met les nations sous nos pieds.
Pour nous, il nous a choisis pour son héritage, il a aimé le beau pays de Jacob.

II. Le Roi des Gentils.

Dieu s’élève au milieu des acclamations, le Seigneur monte au son des trompettes.
Louez notre Dieu, oui, louez-le, chantez notre Roi, chantez,
Car Dieu est le Roi de toute la terre ; jouez d’une main habile
Dieu règne aussi sur les Gentils, il siège sur son trône saint.
Les princes des peuples se réunissent au Dieu d’Abraham ;
Les puissants rois de la terre se sont élevés bien haut.

Sens littéral et construction. — Le psaume est court, d’une construction simple et facile à comprendre. Ce cantique se divise en deux strophes de quatre vers (le dernier vers est peut-être une addition postérieure.)

Nous nous demandons quelle fut l’occasion du psaume et quel fut son sens originaire. Le peuple juif était en guerre avec les païens. On apporta l’arche d’alliance au-dessus de laquelle se manifestait la présence de Dieu dans la nuée sainte, car le Dieu d’alliance s’avançait lui-même au combat avec l’armée de son peuple. L’objet du combat était le saint « héritage », la « gloire de Jacob », la terre promise. Israël fut vainqueur de ses ennemis et le peuple, dans des chants de victoire et d’allégresse, accompagne le divin Roi, le Dieu de l’alliance qui trône sur l’arche d’alliance, jusque sur les hauteurs du mont Sion. — Maintenant, le psaume est intelligible : Tous les peuples sont invités à rendre hommage au Dieu vainqueur (le battement de mains était un signe d’hommage, cf. IV Rois, XI, 12). Cette victoire est la continuation de celle de Josué qui prit possession de la terre promise. Il « assujettit » les peuples de Chanaan (« les nations sous nos pieds »). Depuis, le divin Roi a « choisi Israël pour son héritage et a aimé le beau pays de Jacob ». Dans la seconde strophe, nous suivons le cortège triomphal vers le mont Sion « au milieu des acclamations et au son des trompettes » ; le Roi monte. Les musiciens du temple sont invités à jouer de leurs instruments pour recevoir le Roi. Le psaume s’achève par une vue de l’avenir messianique. Le psalmiste voit, dans une vision prophétique, les gentils, sous la direction de leurs princes, entrer dans le royaume de Dieu et le Christ régner sur l’Église unie des Gentils et des Juifs (le dernier verset est un peu obscur).

Application liturgique. Pour nous, chrétiens, le Christ est le divin Roi. Lui aussi est entré en lutte avec les princes du monde. Ce fut le combat de la Rédemption ; sur le champ de bataille du Golgotha, l’ennemi héréditaire fut vaincu et le Christ conquit un butin (Psaume LXVII, 18-19) : Tu montes sur la hauteur, emmenant la foule des captifs, tu partages le butin parmi les hommes, et maintenant tu emmènes dans les hauteurs l’humanité rachetée, y compris les rebelles (les Gentils). Aujourd’hui, en la fête de l’Ascension, nous suivons le Christ dans son entrée triomphale au ciel « avec des acclamations et au son des trompettes ». Nous rendons hommage au Roi de tous les peuples, au Père de son peuple. Le verset typique de l’Ascension est celui-ci. « Dieu s’élève dans les hauteurs au milieu des acclamations, le Seigneur monte au son des trompettes ». Nous entendons trois fois ce verset au cours de la messe, à des moments profondément impressionnants. La première fois, c’est au moment de l’entrée du prêtre (de l’évêque) : L’Église voit dans le prêtre qui s’avance vers l’autel, revêtu de ses ornements de fête, le Christ-Roi faisant son entrée dans le sanctuaire du ciel (vers. ad repetendum). La seconde fois, c’est au moment de la procession de l’Évangile : Le diacre porte l’Évangile sur l’ambon — c’est encore l’image du Christ montant au ciel. La troisième fois, c’est au moment de la procession de l’Offrande. Les fidèles eux-mêmes participent à la procession d’Offrande du ciel avec le Christ, leur Roi.

[30] Canon Romain.


Andrea della Robbia, pulpito di S. Fiora


L’Ascension : un mystère toujours actuel ?

P. Benedikt Mohelník | 18 mai 2017

L’Ascension est l’avant dernier mystère du Christ en sa chair. Avant dernier ? Quel est alors le dernier ?

L’Incarnation, célébrée à l’Annonciation, et la Nativité, célébrée le jour de Noël, se rapportent évidemment à des événements passés. Comme d’ailleurs le Baptême et la Transfiguration, signes donnés aux disciples pour saisir quelle était la mission de Jésus. Même sa Passion, sa mort et sa Résurrection, rendues présentes par le sacrement de l’Eucharistie et dont les fruits demeureront actifs tant que durera le monde, s’inscrivent dans la vie temporelle de Jésus. L’Ascension également, que les Actes des Apôtres situent quarante jours après la Résurrection. Pour autant ce jour-là, le Christ s’est assis à la droite du Père où il demeure aujourd’hui, continuant à se donner, à Lui et pour nous. À l’Ascension, l’humanité s’est donc rapprochée de Dieu en la personne du Christ qui nous ouvre la voie. Quel sera, alors, le dernier mystère du Christ en sa chair ? La Parousie, son retour dans la gloire, au dernier jour.

Nos vies quotidiennes avec ce qu’elles ont de banal et d’ordinaire : couple, enfants, famille, travail, loisirs, vie politique, joies, querelles et soucis, quand nous portons sur elles un regard chrétien, se révèlent appartenir à la fois au présent de nos existences et au présent des mystères du Christ en sa chair, avec son passé dernière nous et l’avenir devant nous. Le passé, où Dieu s’est fait homme, a souffert, est mort et a été ressuscité par son Père ; le présent, où il vit à la droite du Père depuis l’Ascension ; le futur, quand il reviendra et nous prendra avec lui. L’histoire de chacune de nos vies est en permanence contemporaine avec l’historicité des mystères du Verbe incarné.

« Quand l’homme touche le fond de l’échec et de l’incapacité, a déclaré le pape François en Égypte, quand il se défait de l’illusion d’être le meilleur, d’être autosuffisant, d’être le centre du monde, alors Dieu lui tend la main pour transformer sa nuit en aube, son affliction en joie, sa mort en résurrection, sa marche en un retour vers Jérusalem, c’est-à-dire vers la vie et vers la victoire de la Croix. » (29 avril 2017).

Pour tenir notre place de témoin dans le monde d’aujourd’hui, il faut bien sûr s’efforcer de vivre en chrétien. Mais que signifie : « Vivre en chrétien » ? Être toujours fidèle, saint, sans défaut, sans maladresse, généreux, détaché de tout ? Qui pourrait prétendre vivre sur ces hauteurs ? Vivre en chrétien, n’est-ce pas plutôt développer d’abord un regard de foi sur la réalité – visible et invisible –, sur le cadre contemporain de nos vies : nous, et Jésus assis à la droite du Père ? Alors, il devient possible de s’orienter. « Ces moments où l’on se sent mauvais et tout à l’envers, explique le cardinal Journet, ils peuvent être des moments de grande humilité devant Dieu. On voit bien que l’on ne peut rien de soi-même. Alors on comprend qu’on a le droit de tout lui demander. Et que c’est pour qu’on le fasse, qu’il permet que nous nous sentions si désemparés, si impuissants à l’égard de nous-mêmes. » (Comme une flèche de feu, Ad Solem).

« Est-ce que nous pouvons aimer notre propre cœur, continue-t-il, avec tous ses égoïsmes, ses hypocrisies, ses nœuds ? À certains moments, non, non, non. C’est Dieu qui vient nous délivrer de notre pauvre cœur. Et ce pauvre cœur qui est en nous, il est aussi dans les autres. Alors pour pouvoir aimer les autres, il n’y a pas d’autre moyen que de passer par Dieu, et descendre à travers Dieu, à partir de Dieu, vers eux. Alors on voit qu’il y a un regard de tendresse… ». Ce regard de tendresse nous accompagne depuis que Jésus siège à la droite du Père et nous accompagnera inlassablement jusqu’à son retour dans la gloire.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2017/05/18/lascension-un-mystere-toujours-actuel/

Giotto di Bondone. Ascension, vers 1300, fresque, 500 X  400, Upper Basilica of San Francesco d'Assisi

Qu’est-ce que la fête de l’Ascension ?

Aliénor Gamerdinger | 19 mai 2017

Le jour de l'Ascension est important au point d'être classé par l'Église comme fête d'obligation. Cela signifie que les catholiques sont obligés d'assister à la messe ce jour-là. Mais pourquoi cet événement mystérieux, assez peu décrit dans les Évangiles, est-il essentiel pour l'Église ?

Retour sur le texte. Saint Luc dit : « Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au Ciel » (24, 51), et les Actes des apôtres ajoutent : « Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : “Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.” » (1, 9-11)

Le sens de l’Ascension se trouve dans les paroles des anges

Mener sa vie dans le désir constant du Ciel, c’est être focalisé sur ses fins dernières, sur l’éternité, sur le Salut. C’est ce qu’ont fait les apôtres après l’Ascension. Pour Dieu, ils n’ont eu peur ni du martyre ni de la prison, « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra » (Mc 8, 35). Pour les disciples, plus rien d’autre que le Ciel, ne comptait.

À quoi ressemblerait notre vie si nous vivions dans la même optique que les apôtres après l’Ascension ? Tous nos malheurs ne seraient-ils pas de moindre importance ? Lorsque l’on fait face à un deuil, à une maladie, ou à une épreuve quelconque, et que l’on a la présence d’esprit de penser à Dieu et au Paradis, le poids de la souffrance ne diminue-t-il pas ? Les chrétiens ont pour patrie le Ciel, ils appartiennent au Ciel, que peut-il y avoir de plus rassurant, de plus réjouissant, et de plus important ? La Sainte Vierge, en dévoilant son identité aux enfants à Fatima en 1917, s’en est tenue à : « Je suis du Ciel »… Elle l’a dit comme si aucun nom ne pouvait mieux la décrire. Alors, toutes les choses du monde présent, souvent difficiles, parfois cruelles, ne semblent-elles pas futiles par leur caractère éphémère ? Pourrait-on dire que nous n’envions pas les apôtres d’avoir connu le Christ sur Terre, alors même qu’ils sont presque tous morts dans d’affreux martyres ? Nous ne le dirions pas, et ce toujours pour la même raison : ce qui compte, c’est le Ciel.

En tant que chrétiens, nous appartenons à la communion des saints, à l’armée qui se bat contre Satan. Nous connaissons la gravité du péché car « Nul ne peut servir deux maîtres » (Mat 6, 24), et que « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » (Mat 12, 30). Le désir du Ciel permet de ne jamais perdre de vue ces réalités, à la différence de Lucifer et Ève, les deux premiers à les avoir oubliées.

L’Ascension, ou l’annonce de la Pentecôte

« Il déclara : cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » (Actes 1, 4-5)

Alors qu’à la Pentecôte les juifs fêtent la réception des dix commandements sur le Mont Sinaï, les chrétiens fêtent le don de l’Esprit saint, bien plus fort, car ne touchant pas l’intelligence, il touche le cœur. C’est alors l’occasion de se remémorer que l’on a reçu l’Esprit saint, par la confirmation pour les catholiques, et qu’il nous a donné ses sept dons (sagesse, intelligence, connaissance, conseil, force, amour du Père, crainte de Dieu). Avec lui, la vie peut être vécue main dans la main avec Dieu : « Mais, quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » (Mat 10, 19)

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2017/05/19/quest-ce-que-la-fete-de-lascension/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr


Ascension : pourquoi Jésus monte-t-il au Ciel ?

Jean-Michel Castaing | 29 mai 2019

Le mystère de l'Ascension nous invite à nous préoccuper des réalités d'en haut, à fixer nos yeux sur notre patrie véritable : le Ciel. Mais qu'est-ce que le Ciel, où Jésus s'élève le jour de l'Ascension ?  

Le monde céleste n’est pas seulement un espace différent par nature du nôtre, ici-bas. Il représente surtout une nouvelle façon d’exister : vivre avec la Trinité. C’est Jésus qui « inaugure » le Ciel pour la nature humaine, en s’élevant du mont des Oliviers vers son Père, quarante jours après Pâques. Avant son Ascension, le Ciel n’existait pas pour nous. Faisant entrer la nature humaine dans la Vie divine en ce Jour, le Christ nous y réserve une place, ainsi qu’il l’a assuré à ses disciples : « Je vais vous préparer une place » (Jn 14,2). Le Ciel consiste en effet à passer l’éternité en sa compagnie, comme il l’a promis au bon larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi au paradis ».

Jésus nous a-t-il abandonnés ?

Après l’Ascension, Jésus ne nous est plus présent charnellement. À l’instar des apôtres, nous devons accepter cette absence corporelle afin de le suivre dans son élan vers Dieu, à nous approprier son désir de monter vers son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu. Comme cet élan vers le Père s’opère maintenant pour nous en l’absence sensible de Jésus, il est tout spirituel. Mais nous ne montons pas vers le Père sans Jésus, mais avec lui. Après son départ, le Fils vivra en effet en nous afin que son élan vers Dieu devienne le nôtre.

Durant les quarante jours des apparitions post-pascales, qui courent dudimanche de Pâques jusqu’au jour de l’Ascension, Jésus est resté encore extérieur à ses disciples. Il était proche d’eux, face à eux, en un face à face incarné, très concret. Cependant, il ne vivait pas encore en eux. Pourtant, saint Paul nous dit qu’il est rendu « esprit vivifiant » par sa résurrection. Comment comprendre cette expression ? Un esprit peut-il rester extérieur à ceux auxquels il est censé donner la vie ? Est-il en mesure d’agir à distance ? Ne doit-il pas au contraire opérer de l’intérieur même des personnes qu’il sanctifie, de telle sorte que cette sanctification soit à la fois l’œuvre de Dieu et celle de l’homme ?

Le Christ intérieur

Comment Jésus devient-il alors intérieur à ses disciples ? Ce sera là l’œuvre de l’Esprit-Saint qui, prenant le relais de Jésus après ses apparitions sensibles d’après Pâques (sensibles parce que ses disciples sont encore en mesure, jusqu’à l’Ascension, de le voir avec leurs yeux de chair, de le toucher avec les mains, de manger avec lui), intériorisera le Christ en eux à Pentecôte. En effet, Jésus avait fait de son départ pour la maison du Père la condition de l’envoi du second Paraclet, l’Esprit-Saint : « Il vaut mieux pour vous que je parte ; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16,7). Voilà pourquoi ces mêmes disciples sont sevrés d’apparitions à partir de la montée au Ciel de leur Maître. Désormais, le Christ ne sera plus extérieur à eux, mais vivra en eux. Telle est la raison d’être de l’Ascension dans l’économie du salut. Avec la fin des apparitions d’après Pâques débute l’intériorisation du Christ en nous.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/05/29/ascension-pourquoi-jesus-monte-t-il-au-ciel/

John Singleton Copley, Jesus' Ascension, 1775, 81,2 X 73, The Museum of Fine Arts, Boston


La fête de l’Ascension éclairée par Dom Guéranger

Angélique Provost | 24 mai 2017

Jeudi 25 mai, l’Église fêtera l’Ascension du Christ. Dom Guéranger, refondateur de Solesmes, a laissé de superbes méditations sur ce rendez-vous majeur du calendrier liturgique.

« Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au Ciel » (Luc 24, 51). « Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : “Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.” » (Actes, 1, 9-11)

Le jour de son Ascension dans le Ciel, quarante jours après la Résurrection, le Christ s’est assis à la droite du Père où il demeure aujourd’hui et pour « les siècles des siècles ». À l’Ascension, l’humanité s’est donc rapprochée de Dieu en la personne du Christ qui nous ouvre la voie. Quel sera, alors, le dernier mystère du Christ en sa chair ? La Parousie, son retour dans la gloire, au dernier jour. De manière surprenante, Dom Guéranger propose une lecture mariale du mystère « christocentré » par excellence. Maître spirituel, Dom Prosper Guéranger fut le refondateur de l’abbaye de Solesmes (un 14 juillet 1837) et de tout l’ordre bénédictin en France, balayé par la Révolution Française en 1790. Son influence fut essentielle dans le renouveau liturgique français du XIXesiècle.

« On songeait (…) aux sentiments qui durent occuper le cœur de Marie durant ces derniers instants qu’elle jouissait de la présence de son fils. On se demandait qui devait l’emporter dans ce cœur maternel, de la tristesse de ne plus voir Jésus, ou du bonheur de sentir qu’il allait entrer enfin dans la gloire qui lui était due. La réponse venait promptement à la pensée de ces véritables chrétiens, et nous aussi, nous nous la ferons à nous-mêmes. Jésus n’avait-il pas dit à ses disciples : “Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m’en vais à mon Père ?” (Jean, 14, 28). Or, qui aima plus Jésus que ne l’aima Marie ? Le cœur de la mère était donc dans l’allégresse au moment de cet ineffable adieu. Marie ne pouvait songer à elle-même, quand il s’agissait du triomphe dû à son fils et à son Dieu. Après les scènes du calvaire, pouvait-elle aspirer à autre chose qu’à voir glorifié enfin celui qu’elle connaissait pour le souverain Seigneur de toutes choses, celui qu’elle avait vu si peu de jours auparavant renié, blasphémé, expirant dans toutes les douleurs. » (L’année liturgique, commentaires liturgiques du jour de l’Ascension, 1845)

Il dut être beau, ce dernier repas d’une mère et son Fils. Ce fut une seconde cène, devenue légère après que la Croix ait passée du rang de fardeau à celui de triomphe. Dom Guéranger continue ainsi, passant de la mariologie à l’ecclésiologie :

« C’en était fait : la terre avait perdu son Emmanuel. Quarante siècles l’avaient attendu, et il s’était rendu, enfin, aux soupirs des patriarches et aux vœux enflammés des prophètes. »

Quarante siècles ont spéculé sur la venue du Messie. Et le voilà qui a vécu, qui est mort, ressuscité, et retourné au Père. Que fait-on maintenant ? Les prophètes ne l’ont pas dit. Le monde est neuf, brillant de pureté, racheté par le Fils de Dieu, et pourtant les disciples se sentent seuls. Que fait-on quand la paix revient ? La réponse fut l’Église. Elle deviendra la gardienne de la Paix du Christ.

« Quelle tâche immense Jésus leur a confiée ! Et au moment où il s’agit pour eux de s’y livrer, il les quitte ! »

Il ne les laisse pas tout à fait seuls, puisque la Pentecôte vient leur insuffler l’élan nécessaire à la construction de cette Église. Nous pouvons conclure, à nouveau avec Dom Guéranger :

« Leur bonheur est désormais de penser qu’il est entré dans son repos. “Les disciples rentrèrent dans Jérusalem, remplis d’une vive allégresse”, dit saint Luc (Luc 24, 52), exprimant par ce seul mot l’un des caractères de cette ineffable fête de l’Ascension, de cette fête empreinte d’une si douce mélancolie, mais qui respire en même temps, plus qu’aucune autre la joie, et le triomphe. »

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2017/05/24/la-fete-de-lascension-eclairee-par-dom-gueranger/

Rembrandt  (1606–1669). L’Ascension, 1636, 93 X 68,7, 
Munich, Alte Pinakothek 

Les clefs d’une œuvre : « L’Ascension » de Rembrandt van Rijn

Sophie Roubertie | 29 mai 2019

Pleinement Dieu et pleinement homme, le Christ rejoint le Père sous les yeux des apôtres. "L’Ascension" de Rembrandt, peinte en 1636, nous invite à la méditation de ce mystère : Jésus emporté avec son corps dans la lumière du Ciel.

Les disciples semblent plongés dans la nuit, comme dans un grand vide. Et pourtant, ils savaient qu’il partirait, Jésus les y avaient préparés : « Mais moi, vous ne m’aurez pas toujours » (Ac 1,9). Oui, ils le savaient, mais, après la douleur de la Passion, ils L’avaient vu revenir, ressuscité, le jour de la Pâque. Alors, pourquoi ne resterait-Il pas avec eux, continuer à les enseigner ? Leurs sentiments sont mêlés, car, si leur surprise est grande, paraît aussi la peur, peur de rester seuls, à nouveau, dans ce noir absolu et l’émerveillement devant cet événement incroyable.

En blanc, le disciple aimé

Il est difficile de savoir qui, dans le cercle des apôtres, a été représenté. Il semble néanmoins que saint Jean, le disciple que Jésus aimait, puisse être reconnu sous les traits juvéniles de l’homme vêtu de blanc.


Le Christ tourne les yeux vers le Créateur, Esprit saint représenté sous la forme d’une colombe, nimbée de ce halo lumineux, source vivifiante qui rayonne jusque sur la terre. La figure du Père n’est pas montrée. Une seconde source de lumière provient de Jésus lui-même, éclairant les visages et les regards tournés lui. Son vêtement est blanc, couleur de la Résurrection et du baptême, couleur aussi des temps liturgiques de fête.

La joie du Ciel

« Sous leurs regards, il s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux » (Ac 1,9). Rembrandt donne à cette nuée la forme d’un nuage soutenu par un groupe de chérubins, petits anges nus aux ailes colorées, joie du Ciel, tandis que d’autres se cachent dans la lumière céleste pour accueillir leur divin maître.

Sur la terre enténébrée, le peintre ne nous donne rien à voir, nous laissant seulement deviner la silhouette d’un palmier qui unit le ciel et la terre. Maigre décor de la scène où l’essentiel n’est pas dans le paysage, mais dans une création nouvelle, puisque la terre que nous voyons ici « informe et vide », va accueillir à nouveau Jésus : « Ce Jésus qui été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Ac 1,9). Malgré l’inquiétude exprimée par les disciples, la Pentecôte est proche.

Il entre dans la gloire

Le Christ entre dans la gloire, les apôtres en sont témoins. Étienne le déclarera : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Ac 7, 56).

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/05/29/les-clefs-dune-oeuvre-lascension-de-rembrandt-van-rijn/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr


Dosso Dossi, L'Ascension, vers 1530, 128 X 95,5 

The Solemnity Of The Ascension

The Ascension of Our Lord, which occurred 40 days after Jesus Christ rose from the dead on Easter Sunday, is the final act of our redemption that Christ began on Good Friday. On this day, the risen Christ, in the sight of His apostles, ascended bodily into Heaven (Luke 24:51; Mark 16:19; Acts 1:9-11).

The reality of the Ascension is so important that the creeds (the basic statements of belief) of Christianity all affirm, in the words of the Apostles’ Creed, that “He ascended into heaven, sits at the right hand of God the Father almighty; from thence He shall come to judge the living and the dead.” The denial of the Ascension is as grave a departure from Christian teaching as is denial of Christ’s Resurrection.

Christ’s bodily Ascension foreshadows our own entrance into Heaven not simply as souls, after our death, but as glorified bodies, after the resurrection of the dead at the Final Judgment. In redeeming mankind, Christ not only offered salvation to our souls but began the restoration of the material world itself to the glory that God intended before Adam’s fall.

The Feast of the Ascension marks the beginning of the first novena, or nine days of prayer. Before His Ascension, Christ promised to send the Holy Spirt to His apostles. Their prayer for the coming of the Holy Spirit, which began on Ascension Thursday, ended with the descent of the Holy Spirit on Pentecost Sunday, ten days later.

The observance of this feast is of great antiquity. Although no documentary evidence of it exists prior to the beginning of the fifth century, St. Augustine says that it is of Apostolic origin, and he speaks of it in a way that shows it was the universal observance of the Church long before his time. Frequent mention of it is made in the writings of St. John Chrysostom, St. Gregory of Nyssa, and in the Constitution of the Apostles. The Pilgrimage of Sylvia (Peregrinatio Etheriae) speaks of the vigil of this feast and of the feast itself, as they were kept in the church built over the grotto in Bethlehem in which Christ was born (Duchesne, Christian Worship, 491-515).

It may be that prior to the fifth century the fact narrated in the Gospels was commemorated in conjunction with the feast of Easter or Pentecost. Some believe that the much-disputed forty-third decree of the Council of Elvira (c. 300) condemning the practice of observing a feast on the fortieth day after Easter and neglecting to keep Pentecost on the fiftieth day, implies that the proper usage of the time was to commemorate the Ascension along with Pentecost. Representations of the mystery are found in diptychs and frescoes dating as early as the fifth century.

Certain customs were connected with the liturgy of this feast, such as the blessing of beans and grapes after the Commemoration of the Dead in the Canon of the Mass, the blessing of first fruits, afterwards done on Rogation Days, the blessing of a candle, the wearing of mitres by deacon and subdeacon, the extinction of the paschal candle, and triumphal processions with torches and banners outside the churches to commemorate the entry of Christ into heaven. There was the English custom of carrying at the head of the procession the banner bearing the device of the lion and at the foot the banner of the dragon, to symbolize the triumph of Christ in His ascension over the evil one. In some churches the scene of the Ascension was vividly reproduced by elevating the figure of Christ above the altar through an opening in the roof of the church. In others, whilst the figure of Christ was made to ascend, that of the devil was made to descend.

In the liturgies generally the day is meant to celebrate the completion of the work of our salvation, the pledge of our glorification with Christ, and His entry into heaven with our human nature glorified.

Folio 13v des Rabula Gospels, Mésopotamie, VIe siècle


Ascension

The elevation of Christ into heaven by His own power in presence of His disciples the fortieth day after His Resurrection. It is narrated in Mark 16:19Luke 24:51, and in the first chapter of the Acts of the Apostles

Although the place of the Ascension is not distinctly stated, it would appear from the Acts that it was Mount Olivet. Since after the Ascension the disciples are described as returning to Jerusalem from the mount that is called Olivet, which is near Jerusalem, within a Sabbath day's journey. Tradition has consecrated this site as the Mount of Ascension and Christian piety has memorialized the event by erecting over the site a basilicaSt. Helena built the first memorial, which was destroyed by the Persians in 614, rebuilt in the eighth century, to be destroyed again, but rebuilt a second time by the crusaders. This the Moslems also destroyed, leaving only the octagonal structure which encloses the stone said to bear the imprint of the feet of Christ, that is now used as an oratory

Not only is the fact of the Ascension related in the passages of Scripture cited above, but it is also elsewhere predicted and spoken of as an established fact. Thus, in John 6:63Christ asks the Jews: "If then you shall see the son of Man ascend up where He was before?" and 20:17, He says to Mary Magdalen: "Do not touch Me, for I am not yet ascended to My Father, but go to My brethren, and say to them: I ascend to My Father and to your Father, to My God and to your God." Again, in Ephesians 4:8-10, and in Timothy 3:16, the Ascension of Christ is spoken of as an accepted fact. 

The language used by the Evangelists to describe the Ascension must be interpreted according to usage. To say that He was taken up or that He ascended, does not necessarily imply that they locate heaven directly above the earth; no more than the words "sitteth on the right hand of God" mean that this is His actual posture. In disappearing from their view "He was raised up and a cloud received Him out of their sight" (Acts 1:9), and entering into glory He dwells with the Father in the honour and power denoted by the scripture phrase. 

Wynne, John. "Ascension." The Catholic Encyclopedia. Vol. 1. New York: Robert Appleton Company, 1907. 28 May 2017<http://www.newadvent.org/cathen/01767a.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.


Copyright © 2020 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/01767a.htm

Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Les Très Riches Heures du duc de Berry


Feast of the Ascension

The fortieth day after Easter Sunday, commemorating the Ascension of Christ into heaven, according to Mark 16:19Luke 24:51, and Acts 1:2

In the Eastern Church this feast was known as analepsis, the taking up, and also as the episozomene, the salvation, denoting that by ascending into His glory Christ completed the work of our redemption. The terms used in the West, ascensio and, occasionally, ascensa, signify that Christ was raised up by His own powers. Tradition designates Mount Olivet near Bethany as the place where Christ left the earth. The feast falls on Thursday. It is one of the Ecumenical feasts ranking with the feasts of the Passion, of Easter and of Pentecost among the most solemn in the calendar, has a vigil and, since the fifteenth century, an octave which is set apart for a novena of preparation for Pentecost, in accordance with the directions of Leo XIII

History

The observance of this feast is of great antiquity. Although no documentary evidence of it exists prior to the beginning of the fifth century, St. Augustine says that it is of Apostolic origin, and he speaks of it in a way that shows it was the universal observance of the Church long before his time. Frequent mention of it is made in the writings of St. John ChrysostomSt. Gregory of Nyssa, and in the Constitution of the Apostles. The Pilgrimage of Sylvia (Peregrinatio Etheriae) speaks of the vigil of this feast and of the feast itself, as they were kept in the church built over the grotto in Bethlehem in which Christ was born (Duchesne, Christian Worship, 491-515). It may be that prior to the fifth century the fact narrated in the Gospels was commemorated in conjunction with the feast of Easter or Pentecost. Some believe that the much-disputed forty-third decree of the Council of Elvira (c. 300) condemning the practice of observing a feast on the fortieth day after Easter and neglecting to keep Pentecost on the fiftieth day, implies that the proper usage of the time was to commemorate the Ascension along with Pentecost. Representations of the mystery are found in diptychs and frescoes dating as early as the fifth century. 

Customs

Certain customs were connected with the liturgy of this feast, such as the blessing of beans and grapes after the Commemoration of the Dead in the Canon of the Mass, the blessing of first fruits, afterwards done on Rogation Days, the blessing of a candle, the wearing of mitres by deacon and subdeacon, the extinction of the paschal candle, and triumphal processions with torches and banners outside the churches to commemorate the entry of Christ into heavenRock records the English custom of carrying at the head of the procession the banner bearing the device of the lion and at the foot the banner of the dragon, to symbolize the triumph of Christ in His ascension over the evil one. In some churches the scene of the Ascension was vividly reproduced by elevating the figure of Christ above the altar through an opening in the roof of the church. In others, whilst the figure of Christ was made to ascend, that of the devil was made to descend. 

In the liturgies generally the day is meant to celebrate the completion of the work of our salvation, the pledge of our glorification with Christ, and His entry into heaven with our human nature glorified. 

Sources

DUCHESNE, Christian Worship (London, 1904); NILLES Kalendarium Utriusque Ecclesiae (Innsbruck, 1897), II. 362-374; CABROL, in Dict. d'arch. chrét. et liturg. BUTLER, Feasts and Fasts; GUÉRANGER, III, s.v.

Wynne, John. "Feast of the Ascension." The Catholic Encyclopedia. Vol. 1. New York: Robert Appleton Company, 1907. 28 May 2017 <http://www.newadvent.org/cathen/01767b.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by the Cloistered Dominican Nuns of the Monastery of the Infant Jesus, Lufkin, Texas. Dedicated to Christ the King.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2020 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/01767b.htm

Ascension de Jésus, ivoire, vers 400, Musée national de Bavière, ancienne collection Martin von Reider (Munich)

St. Leo the Great

Sermon 73

 (On the Lord's Ascension, I.)

I. The events recorded as happening after the Resurrection were intended to convince us of its truth

Since the blessed and glorious Resurrection of our Lord Jesus Christ, whereby the Divine power in three days raised the true Temple of God, which the wickedness of the Jews had overthrown, the sacred forty days, dearly-beloved, are today ended, which by most holy appointment were devoted to our most profitable instruction, so that, during the period that the Lord thus protracted the lingering of His bodily presence, our faith in the Resurrection might be fortified by needful proofs. For Christ's Death had much disturbed the disciples' hearts, and a kind of torpor of distrust had crept over their grief-laden minds at His torture on the cross, at His giving up the ghost, at His lifeless body's burial. For, when the holy women, as the Gospel-story has revealed, brought word of the stone rolled away from the tomb, the sepulchre emptied of the body, and the angels bearing witness to the living Lord, their words seemed like ravings to the Apostles and other disciples. Which doubtfulness, the result of human weakness, the Spirit of Truth would most assuredly not have permitted to exist in His own preacher's breasts, had not their trembling anxiety and careful hesitation laid the foundations of our faith. It was our perplexities and our dangers that were provided for in the Apostles: it was ourselves who in these men were taught how to meet the cavillings of the ungodly and the arguments of earthly wisdom. We are instructed by their lookings, we are taught by their hearings, we are convinced by their handlings. Let us give thanks to the Divine management and the holy Father.' necessary slowness of belief. Others doubted, that we might not doubt.

II. And therefore they are in the highest degree instructive

Those days, therefore, dearly-beloved, which intervened between the Lord's Resurrection and Ascension did not pass by in uneventful leisure, but great mysteries were ratified in them, deep truths revealed. In them the fear of awful death was removed, and the immortality not only of the soul but also of the flesh established. In them, through the Lord's breathing upon them, the Holy Ghost is poured upon all the Apostles, and to the blessed Apostle Peter beyond the rest the care of the Lord's flock is entrusted, in addition to the keys of the kingdom. Then it was that the Lord joined the two disciples as a companion on the way, and, to the sweeping away of all the clouds of our uncertainty, upbraided them with the slowness of their timorous hearts. Their enlightened hearts catch the flame of faith, and lukewarm as they have been, are made to burn while the Lord unfolds the Scriptures. In the breaking of bread also their eyes are opened as they eat with Him: how far more blessed is the opening of their eyes, to whom the glorification of their nature is revealed than that of our first parents, on whom fell the disastrous consequences of their transgression.

III. They prove the Resurrection of the flesh

And in the course of these and other miracles, when the disciples were harassed by bewildering thoughts, and the Lord had appeared in their midst and said, Peace be unto you , that what was passing through their hearts might not be their fixed opinion (for they thought they saw a spirit not flesh), He refutes their thoughts so discordant with the Truth, offers to the doubters' eyes the marks of the cross that remained in His hands and feet, and invites them to handle Him with careful scrutiny, because the traces of the nails and spear had been retained to heal the wounds of unbelieving hearts, so that not with wavering faith, but with most steadfast knowledge they might comprehend that the Nature which had been lain in the sepulchre was to sit on God the Father's throne.

IV. Christ's ascension has given us greater privileges and joys than the devil had taken from us

Accordingly, dearly-beloved, throughout this time which elapsed between the Lord's Resurrection and Ascension, God's Providence had this in view, to teach and impress upon both the eyes and hearts of His own people that the Lord Jesus Christ might be acknowledged to have as truly risen, as He was truly born, suffered, and died. And hence the most blessed Apostles and all the disciples, who had been both bewildered at His death on the cross and backward in believing His Resurrection, were so strengthened by the clearness of the truth that when the Lord entered the heights of heaven, not only were they affected with no sadness, but were even filled with great joy. And truly great and unspeakable was their cause for joy, when in the sight of the holy multitude, above the dignity of all heavenly creatures, the Nature of mankind went up, to pass above the angels' ranks and to rise beyond the archangels' heights, and to have Its uplifting limited by no elevation until, received to sit with the Eternal Father, It should be associated on the throne with His glory, to Whose Nature It was united in the Son. Since then Christ's Ascension is our uplifting, and the hope of the Body is raised, whither the glory of the Head has gone before, let us exult, dearly-beloved, with worthy joy and delight in the loyal paying of thanks. For today not only are we confirmed as possessors of paradise, but have also in Christ penetrated the heights of heaven, and have gained still greater things through Christ's unspeakable grace than we had lost through the devil's malice. For us, whom our virulent enemy had driven out from the bliss of our first abode, the Son of God has made members of Himself and placed at the right hand of the Father, with Whom He lives and reigns in the unity of the Holy Spirit, God for ever and ever. Amen.

Source. Translated by Charles Lett Feltoe. From Nicene and Post-Nicene Fathers, Second Series, Vol. 12. Edited by Philip Schaff and Henry Wace. (Buffalo, NY: Christian Literature Publishing Co., 1895.) Revised and edited for New Advent by Kevin Knight.<http://www.newadvent.org/fathers/360373.htm>.

SOURCE : http://www.newadvent.org/fathers/360373.htm




Ascensione del Signore nostro Gesù Cristo


Nel giorno dell'Ascensione Gesù, prima di salire al Padre, manda nel mondo i suoi testimoni: saranno loro, e tutto il popolo profetico, a manifestare Gesù Cristo salvatore.

Martirologio Romano: Solennità dell’Ascensione del Signore nostro Gesù Cristo, in cui egli, a quaranta giorni dalla risurrezione, fu elevato in cielo davanti ai suoi discepoli, per sedere alla destra del Padre, finché verrà nella gloria a giudicare i vivi e i morti.

La gloriosa Ascensione completa l’architettonica dei misteri cristologici. Per essa infatti, l’Uomo-Dio, compiuta la sua missione nel mondo, ritorna al suo principio, descrivendo un circolo. Gesù stesso lo sintetizza: «Io sono uscito dal Padre e venni nel mondo; ora lascio il mondo e vado al Padre» (Gv 18,28).

Il Verbo eterno discende dall’alto dei Cieli, dal seno del Padre, s’incarna nel Grembo della Vergine Immacolata, nasce a Betlemme, vive nascosto a Nazareth, esce a predicare il Vangelo del Regno (cf. Mt 4,23), è crocifisso e muore sulla croce, risuscita all’alba del terzo giorno e ascende al Cielo dalla cima del monte degli Olivi, che conobbe la sua dolorosa agonia e il suo «fiat» sanguinante.

Realmente mirabile, gloriosa, l’Ascensione del Signore: quella sua Umanità, debole come la nostra, soggetta all’infermità, alla sofferenza e alla morte, entra vittoriosa nei Cieli, ed è trapiantata, ormai impassibile, nella esistenza eterna di Dio. Gesù di Nazareth, che era apparso come «il figlio del fabbro» (Mt 13,55), entra nella sua Gloria (cf. Lc 24,26), in anima e corpo, e vive eterno nella pienezza divina.

Gesù dopo la sua Risurrezione appare agli Apostoli, ai Discepoli, alle pie donne; dà gli ultimi ammaestramenti; compare e scompare, quasi volesse abituare i suoi, per gradi, alla sua partenza definitiva. Poi li lascia. Lascia la terra, gli uomini; o meglio, li priva della sua presenza visibile, e si nasconde in Dio. Li ha preparati con tre anni d’insegnamento – ma non ha detto tutto: molte cose «non le avrebbero potute sostenere» (Gv 16,12) prima della sua morte e della venuta dello Spirito Santo –; li ha confortati dando loro le prove della sua vittoria sulla morte; poi si sottrae, e manda loro il Paraclito.

È come se li considerasse maturi per la prova, capaci di vivere di fede, senza nemmeno più la Sua presenza visibile – che pure esigeva la fede per credere alla sua Divinità –, come figli ormai usciti di tutela, che affrontano la vita con la loro piena responsabilità. Si inizia la vita della Chiesa, in cui il Cristo opera, ma in modo misterioso mediante il suo Spirito. Si inizia la «prova» per l’umanità, la grande storia dei secoli cristiani, l’espansione della Buona Novella, le persecuzioni e le lotte, le vicende dolorose e gloriose che avranno termine solo quando il Figlio dell’uomo verrà per la seconda volta in tutta la sua maestà, sulle nubi (cf. Mt 26,64), per giudicare tutti gli uomini.

Per questo i Cristiani delle prime generazioni, che avevano visto Gesù scomparire dietro le nubi del cielo, ne sentivano prossima la seconda venuta – «Il momento è vicino» – e l’invocavano: «Vieni, Signore Gesù» (Ap 1,3; 22,20). Non avevano torto: in realtà la storia dei secoli e dei millenni è un soffio di fronte all’eternità; un soffio questa vicenda umana in cui siamo ingolfati e che ci pare non aver fine: Cristo ieri è asceso al Cielo e domani ritornerà. Un soffio la vicenda dell’umanità che si conta a millenni; un lievissimo soffio la vicenda di ogni uomo che nasce e muore. La prova dell’umanità e la prova di ogni uomo è conchiusa entro brevissimi confini: e al termine dell’una e dell’altra sta il Cristo che, asceso al Cielo, ritorna; e si presenta Giudice a ogni uomo al termine della sua vita; e si presenterà giudice all’umanità intera alla fine dei tempi.

La vita come prova e come attesa: ecco l’insegnamento del mistero dell’Ascensione.

«Alla destra del Padre»

«Il Signore ha detto al mio Signore: “Siedi alla mia destra, finché io ponga i tuoi nemici come sgabello sotto i tuoi piedi”» (Sal 109,1). Il Salmo parla del Messia e ne predice la gloria con un’espressione figurata («sedere alla destra di Dio») di significato chiarissimo. Gesù stesso l’ha ripresa, richiamandosi espressamente al Salmo, e l’ha applicata a Sé (cf. Mt 22,41-44; Mc 12,35-37; Lc 20,41-44), gli Evangelisti (cf. Mc 26,19), san Paolo (cf. Rm 8,34; Col 3,1; Ef 1,20-22), il Simbolo della nostra Fede, la ripetono fedelmente (1).

Gesù dunque ha presentato agli uomini la fine della sua esistenza mortale come un ritorno al Padre e un ingresso nella gloria, a occupare, accanto a Lui, il posto d’onore. «Vado al Padre» ripete nel discorso dopo l’Ultima Cena; e più chiaramente: «Sono uscito dal Padre e sono venuto nel mondo; ora lascio il mondo e vado al Padre» (Gv 16,28). Sembra quasi che la Passione imminente non conti, per Lui, o sia solo una brevissima parentesi: Gesù guarda al di là, sente prossimo il suo ritorno al Padre, la sua glorificazione; chiede, anzi, questa glorificazione, a cui è stato predestinato «prima che il mondo fosse» (Gv 17,5). Di questa gloria parlerà apertamente anche davanti al sommo Pontefice, suscitandone lo sdegno: «Tu l’hai detto (che io sono il Figlio di Dio); e io vi dico: tra poco vedrete il Figlio dell’uomo seduto alla destra della Potenza (di Dio) venire sulle nubi del cielo» (Mt 26,64; Mc 14,62; Lc 22,69).

Stefano, il primo Martire, confermerà: «Ecco che io vedo i cieli aperti, e il Figlio dell’uomo seduto alla destra di Dio» (At 7,55-56). E san Paolo: «...l’ha risuscitato dai morti e l’ha fatto sedere alla sua destra nei cieli, al di sopra di ogni Principato, Potenza, Virtù, Dominazione... E ha messo tutto sotto i suoi piedi» (Ef 1,20-22).

Ma soprattutto nell’Epistola agli Ebrei, destinata proprio a coloro che erano depositari delle Scritture e delle Profezie, quell’espressione, «siede alla destra di Dio», che indica la suprema glorificazione di Cristo da parte del Padre, ritorna più volte, con un evidente richiamo al Salmo da cui deriva (cf. Eb 1,3.13; 8,1; 10,-12-13; 12,2)  (2).

Ma che portata ha in realtà questa espressione? Essa è quasi sempre messa in relazione con la Risurrezione e l’Ascensione di Cristo: indica la gloria che Egli ha stabilmente presso il Padre, dal momento in cui ne è entrato in possesso, e per tutta l’eternità. È un modo figurato, quasi plastico, per indicare il suo primato universale e l’onore che il Padre rende a Lui, proprio in quanto uomo.
Egli stesso infatti rivendica questo onore a Sé come «Figlio dell’uomo», e san Paolo lo presenta come una ricompensa (cf. Eb 22,2). Riferita al Verbo l’espressione sarebbe impropria e inesatta: il Verbo è sempre col Padre, non può «uscire da Lui e ritornare a Lui», non ha bisogno di alcun riconoscimento di una supremazia sulle creature «messe come sgabello sotto i suoi piedi», perché esse sono soggette al Verbo come al Padre e come allo Spirito Santo.

Gesù dunque ascende al Cielo con la sua Umanità per sedere alla destra del Padre: per dare inizio al «regno che non avrà mai fine», profetizzato dall’Angelo alla Madre sua al momento del suo verginale concepimento (Lc 1,33).
Ascende “per andare a preparare anche a noi un posto” (cf. Gv 14,2), per rimanere accanto al Padre con la sua Umanità gloriosa, e presentargli eternamente, nella beatitudine e nella gloria, l’omaggio di adorazione, di lode, di ringraziamento, di propiziazione che gli aveva offerto nel dolore, immolandosi sulla croce; per mostrargli le sue ferite gloriose, documento del suo amore a Dio e agli uomini, e «intercedere per noi», suoi fratelli, ripetendo la preghiera più sublime della sua carità misericordiosa: «Padre, perdona loro, poiché non sanno quello che fanno» (Lc 23,34), e la preghiera sacerdotale, che gli Apostoli udirono alla vigilia della sua morte, e che sembra già pronunciata al di là della morte, nella gloria dei Cieli: «Padre Santo, conserva nel Tuo nome quelli che mi hai dato; affinché siano una cosa sola, come noi... Non chiedo che Tu li tolga dal mondo, ma che Tu li preservi dal male... Santificali nella verità... Padre, quelli che mi hai dato, voglio che siano con me dove sono io, affinché vedano la gloria che Tu mi hai data...» (Gv 17).

Finché, alla fine dei tempi, Egli verrà ancora «nella gloria a giudicare i vivi e i morti, e il suo regno non avrà fine» (Simbolo niceno). È la Gerusalemme celeste vista dal Profeta di Patmos; la Città di Dio, che non ha bisogno «del sole né della luna, perché lo splendore di Dio la illumina, e l’Agnello ne è la lampada. E le genti cammineranno nella sua luce...». «E regneranno nei secoli dei secoli». «Ed essi saranno il suo popolo... e Dio astergerà ogni lacrima dai loro occhi, né vi sarà più la morte, né lutto, né grida, né dolore», ma «nuovi cieli e nuova terra». «Chi vincerà, possiederà ciò, e io gli sarò Dio, ed Egli mi sarà figlio».

Il primo, il più grande vincitore, è Lui, l’Agnello che è stato immolato, «Re dei re, e Signore dei dominanti» (Ap 19,16)  (3); e dietro a Lui la moltitudine innumerevole dei redenti dal suo Sangue.
Il significato profondo di questo mistero sta dunque nel trionfo di Cristo, che come Uomo prende possesso della sua gloria.

È la glorificazione dell’Umanità di Lui, anche come Capo del Corpo Mistico; una glorificazione che precede e prepara quella dei suoi membri, come un annuncio gioioso, che allarga il cuore alla speranza. È una glorificazione e un onore per Lui, ma lo è anche per noi; perché noi sappiamo che alla destra del Padre siede Uno di noi, il nostro Fratello maggiore, il migliore della nostra stirpe, il nostro Re.

Il mistero dell’Ascensione offre dunque alla nostra meditazione:

- il compimento del disegno divino con la glorificazione di Cristo;

- la beatitudine eterna a cui noi tutti siamo chiamati;

- la nostra conformità a Cristo che ne è la condizione;

- la vita concepita come attesa, nella speranza della gloria di Lassù, dove saremo eternamente con Cristo in Dio.

Note
1) Cf. il discorso di san Pietro in At 2,33-35, e in 1Pt 3,22.

2) Cf L. Cerfaus, Le Christ dans la theologie de saint Paul, Paris 1951, p. 44.

3) Sul mistero della glorificazione e dei Novissimi, cf. M. J. Scheeben, I misteri del Cristianesimo, cap. IX, pp. 645ss.

Autore: Padre Marciano M. Ciccarelli

Fonte: Il Settimanale di Padre Pio

Detail Bronzefünte Marienkirche Rostock



L’Ascensione di Gesù al Cielo, è la grandiosa conclusione della permanenza visibile di Dio fra gli uomini, preludio della Pentecoste, inizia la storia della Chiesa e apre la diffusione del cristianesimo nel mondo.

Senso biblico del termine ‘Ascensione’

Secondo una concezione spontanea e universale, riconosciuta dalla Bibbia, Dio abita in un luogo superiore e l’uomo per incontrarlo deve elevarsi, salire.

L’idea dell’avvicinamento con Dio, è data spontaneamente dal monte e nell’Esodo (19,3), a Mosè viene trasmessa la proibizione di salire verso il Sinai, che sottintendeva soprattutto quest’avvicinamento al Signore; “Delimita il monte tutt’intorno e dì al popolo; non salite sul monte e non toccate le falde. Chiunque toccherà le falde sarà messo a morte”.

Il comando di Iavhè non si riferisce tanto ad una salita locale, ma ad un avvicinamento spirituale; bisogna prima purificarsi e raccogliersi per poter udire la sua voce. Non solo Dio abita in alto, ma ha scelto i luoghi elevati per stabilirvi la sua dimora; anche per andare ai suoi santuari bisogna ‘salire’.

Così lungo tutta la Bibbia, i riferimenti al ‘salire’ sono tanti e continui e quando Gerusalemme prende il posto degli antici santuari, le folle dei pellegrini ‘salgono’ festose il monte santo; “Ascendere” a Gerusalemme, significava andare a Iavhè, e il termine, obbligato dalla reale posizione geografica, veniva usato sia dalla simbologia popolare per chi entrava nella terra promessa, come per chi ‘saliva’ nella città santa.

Nel Nuovo Testamento, lo stesso Gesù ‘sale’ a Gerusalemme con i genitori, quando si incontra con i dottori nel Tempio e ancora ‘sale’ alla città santa, quale preludio all’”elevazione” sulla croce e alla gloriosa Ascensione.

I testi che segnalano l’Ascensione

I Libri del Nuovo Testamento contengono sporadici accenni al mistero dell’Ascensione; i Vangeli di Matteo e di Giovanni non ne parlano e ambedue terminano con il racconto di apparizioni posteriori alla Resurrezione.

Marco finisce dicendo: “Gesù… fu assunto in cielo e si assise alla destra di Dio” (XVI, 10); ne parla invece Luca: “Poi li condusse fin verso Betania, e alzate le mani, li benedisse. E avvenne che nel benedirli si staccò da loro e fu portato verso il cielo” (XXIV, 50-51).

Ancora Luca negli Atti degli Apostoli, attribuitigli come autore sin dai primi tempi, al capitolo iniziale (1, 11), colloca l’Ascensione sul Monte degli Ulivi, al 40° giorno dopo la Pasqua e aggiunge: “Detto questo, fu elevato in alto sotto i loro occhi e una nube lo sottrasse al loro sguardo. E poiché essi stavano fissando il cielo mentre egli se ne andava, ecco due uomini in bianche vesti si presentarono a loro e dissero: Uomini di Galilea, perché state a guardare il cielo?
Questo Gesù, che è stato tra di voi assunto fino al cielo, tornerà un giorno allo stesso modo in cui l’avete visto andare in cielo”.

Gli altri autori accennano solo saltuariamente al fatto o lo presuppongono, lo stesso s. Paolo pur conoscendo il rapporto tra la Risurrezione e la glorificazione, non si pone il problema del come Gesù sia entrato nel mondo celeste e si sia trasfigurato; infatti nelle varie lettere egli non menziona il passaggio dalla fase terrestre a quella celeste.

Ma essi ribadiscono l’intronizzazione di Cristo alla destra del Padre, dove rimarrà fino alla fine dei secoli, ammantato di potenza e di gloria; “Se dunque siete risorti con Cristo, cercate le cose di lassù, dove Cristo sta assiso alla destra di Dio; pensate alle cose di lassù, non a quelle della terra; siete morti infatti, e la vostra vita è nascosta con Cristo in Dio!” (Colossesi, 3, 1-3).

I dati storici dell’Ascensione

Luca, il terzo evangelista, negli “Atti degli Apostoli” specifica che Gesù dopo la sua passione, si mostrò agli undici apostoli rimasti, con molte prove, apparendo loro per quaranta giorni e parlando del Regno di Dio; bisogna dire che il numero di ‘quaranta giorni’ è denso di simbolismi, che ricorre spesso negli avvenimenti del popolo ebraico errante, ma anche con Gesù, che digiunò nel deserto per 40 giorni.

San Paolo negli stessi ‘Atti’ (13, 31) dice che il Signore si fece vedere dai suoi per “molti giorni”, senza specificarne il numero, quindi è ipotesi attendibile, che si tratti di un numero simbolico.

L’Ascensione secondo Luca, avvenne sul Monte degli Ulivi, quando Gesù con gli Apostoli ai quali era apparso, si avviava verso Betania, dopo aver ripetuto le sue promesse e invocato su di loro la protezione e l’assistenza divina, ed elevandosi verso il cielo come descritto prima (Atti, 1-11).

Il monte Oliveto, da cui Gesù salì al Cielo, fu abbellito da sant’Elena, madre dell’imperatore Costantino con una bella basilica; verso la fine del secolo IV, la ricca matrona Poemenia edificò un’altra grande basilica, ricca di mosaici e marmi pregiati, sul tipo del Pantheon di Roma, nel luogo preciso dell’Ascensione segnato al centro da una piccola rotonda.

Poi nelle alterne vicende che videro nei secoli contrapposti Musulmani e Cristiani, Arabi e Crociati, alla fine le basiliche furono distrutte; nel 1920-27 per voto del mondo cattolico, sui resti degli scavi fu eretto un grandioso tempio al Sacro Cuore, mentre l’edicola rotonda della chiesa di Poemenia, divenne dal secolo XVI una piccola moschea ottagonale.

Il significato dell’Ascensione

San Giovanni nel quarto Vangelo, pone il trionfo di Cristo nella sua completezza nella Resurrezione, e del resto anche gli altri evangelisti dando scarso rilievo all’Ascensione, confermano che la vera ascensione, cioè la trasfigurazione e il passaggio di Gesù nel mondo della gloria, sia avvenuta il mattino di Pasqua, evento sfuggito ad ogni esperienza e fuori da ogni umano controllo.

Quindi correggendo una mentalità sufficientemente diffusa, i testi evangelici invitano a collocare l’ascensione e l’intronizzazione di Gesù alla destra del Padre, nello stesso giorno della sua morte, egli è tornato poi dal Cielo per manifestarsi ai suoi e completare la sua predicazione per un periodo di ‘quaranta’ giorni.

Quindi l’Ascensione raccontata da Luca, Marco e dagli Atti degli Apostoli, non si riferisce al primo ingresso del Salvatore nella gloria, quanto piuttosto l’ultima apparizione e partenza che chiude le sue manifestazioni visibili sulla terra.

Pertanto l’intento dei racconti dell’Ascensione non è quello di descrivere il reale ritorno al Padre, ma di far conoscere alcuni tratti dell’ultima manifestazione di Gesù, una manifestazione di congedo, necessaria perché Egli deve ritornare al Padre per completare tutta la Redenzione: “Se non vado non verrà a voi il Consolatore, se invece vado ve lo manderò” (Giov. 16, 5-7).

Il catechismo della Chiesa Cattolica dà all’Ascensione questa definizione: “Dopo quaranta giorni da quando si era mostrato agli Apostoli sotto i tratti di un’umanità ordinaria, che velavano la sua gloria di Risorto, Cristo sale al cielo e siede alla destra del Padre. Egli è il Signore, che regna ormai con la sua umanità nella gloria eterna di Figlio di Dio e intercede incessantemente in nostro favore presso il Padre. Ci manda il suo Spirito e ci dà la speranza di raggiungerlo un giorno, avendoci preparato un posto”.

La celebrazione della festa liturgica e civile

La prima testimonianza della festa dell’Ascensione, è data dallo storico delle origini della Chiesa, il vescovo di Cesarea, Eusebio (265-340); la festa cadendo nel giovedì che segue la quinta domenica dopo Pasqua, è festa mobile e in alcune Nazioni cattoliche è festa di precetto, riconosciuta nel calendario civile a tutti gli effetti.

In Italia previo accordo con lo Stato Italiano, che richiedeva una riforma delle festività, per eliminare alcuni ponti festivi, la CEI ha fissato la festa liturgica e civile, nella domenica successiva ai canonici 40 giorni dopo Pasqua.

Al giorno dell’Ascensione si collegano molte feste popolari italiane in cui rivivono antiche tradizioni, soprattutto legate al valore terapeutico, che verrebbe conferito da una benedizione divina alle acque (o in altre regioni alle uova). 

A Venezia aveva luogo una grande fiera, accompagnata dallo ‘Sposalizio del mare’, cerimonia nella quale il Doge a bordo del ‘Bucintoro’, gettava nelle acque della laguna un anello, per simboleggiare il dominio di Venezia sul mare; a Bari la benedizione delle acque marine, a Firenze si celebra la ‘Festa del grillo’.

L’Ascensione nell’arte

Il racconto scritturale dell’Ascensione di Gesù Cristo e la celebrazione liturgica di questo mistero, ispirarono numerose figurazioni, che possiamo trovare in miniature di codici famosi, fra tutti l’Evangeliario siriano di Rabula nella Biblioteca Laurenziana di Firenze, e in mosaici ed avori a partire dal sec. V.

Il tema dell’Ascensione, si adattò bene al ritmo verticaleggiante dei timpani, sovrastanti le porte delle chiese romaniche e gotiche; esempio insigne il timpano della porta settentrionale della cattedrale di Chartres (XII sec.).

Ma la rappresentazione, raggiunse notevole valore artistico con Giotto (1266-1337) che raffigurò l’Ascensione nella Cappella degli Scrovegni a Padova. Si ricorda inoltre un affresco di Buffalmacco (XIII sec.) nel Camposanto di Pisa; una terracotta di Luca Della Robbia (1400-1482) nel Museo Nazionale di Firenze; un affresco di Melozzo da Forlì († 1494) ora nel Palazzo del Quirinale a Roma; una tavola del Mantegna (1431-1506) a Firenze, Galleria degli Uffizi; una pala del Perugino († 1523) ora nel Museo di Lione; il noto affresco del Correggio († 1534) nella cupola della Chiesa di S. Giovanni a Parma; l’affresco del Tintoretto († 1594) nella Scuola di S. Rocco a Venezia; ecc.

In un’ampolla del tesoro del Duomo di Monza, Cristo ascende in cielo, secondo una tipica iconografia orientale, assiso in trono; in altre raffigurazioni Egli ascende al Cielo fra uno stuolo di Angeli, di fronte agli sguardi estatici degli Apostoli e della Vergine.

Autore:
Antonio Borrelli